De Space X au sexisme : la NASA supprime les femmes astronautes
Qui aurait pu le deviner ? Les pourfendeurs de la « cancel culture » sont finalement ceux qui s'y livrent sans vergogne. Depuis l'élection de Donald Trump, l'administration américaine procède à une vaste purge, qui vise la « diversité » et la présence de femmes ou de personnes non blanches. La NASA, agence fédérale spatiale, a ainsi supprimé deux bandes dessinées et une campagne destinées à inciter les femmes à entreprendre des carrières dans l'exploration spatiale.
Le 27/03/2025 à 10:03 par Antoine Oury
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27/03/2025 à 10:03
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La NASA, agence fédérale américaine dédiée à l'exploration spatiale et à la recherche aéronautique, semble avoir adopté la nouvelle ligne de conduite de l'administration américaine, imposée par Donald Trump et ses alliés. Au cours de sa campagne, l'homme d'affaires avait vilipendé les programmes destinés à améliorer la diversité et l'égalité au sein de la société américaine.
Assurant qu'il s'agissait là de « racisme » et de « sexisme », Trump indique qu'il défend le seul « mérite », ignorant les déterminants sociaux, les inégalités structurelles, mais aussi les éventuels biais systémiques de l'administration. Dès son retour à la Maison-Blanche, le président américain s'est attelé à détricoter les programmes DEI, pour « Diversity Equality, and Inclusion » (« Diversité, égalité et inclusion »).
De nombreux secteurs de la société américaine sont concernés, notamment celui des arts et de la culture. Ainsi, la National Endowment for the Arts, agence fédérale chargée du soutien public à la création, a modifié ses conditions générales pour exclure tous les projets artistiques qui comportent des activités relatives à la diversité, à l'équité et à l'inclusion.
Autrement dit, les œuvres évoquant le racisme, le sexisme, les inégalités économiques ou sociales sont potentiellement toutes concernées et exclues des dispositifs de soutien. Les thématiques liées à la sexualité, et plus particulièrement à l'identité sexuelle, souvent ramenées à la « théorie du genre » par l'administration Trump, sont aussi dans le collimateur.
Encourager les choix de carrière
En tant qu'agence fédérale, la NASA n'échappe pas à la doctrine discriminante de l'administration Trump. NASA Watch, un site spécialisé, indépendant de la National Aeronautics and Space Administration, signale ainsi la disparition d'une campagne entière consacrée à la place des femmes dans l'exploration spatiale, à l'avenir.
En 2021, à l'occasion du National Comic Book Day, qui célèbre la bande dessinée outre-Atlantique, la NASA publiait une bande dessinée numérique interactive, intitulée First Woman, NASA's Promise to Humanity, cosignée par Brad Gann, Steven List, Brent Donoho et Kaitlin Reid. Le communiqué de presse publié à l'époque, toujours accessible, soulignait que la NASA souhaitait ainsi « encourager la prochaine génération d'explorateurs ».
Le récit s'articulait autour de l'expérience de Callie Rodriguez, personnage fictif qui devenait la première femme non-blanche à marcher sur la Lune. En 2021, d'après un rapport produit par la NASA elle-même, les femmes ne représentaient que 35 % des effectifs de l'agence, contre 45 % dans le reste de l'administration fédérale. Les minorités ethniques, pour leur part, y représentaient 30 % de la force de travail, cette même année.
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Dans les domaines spécifiques des technologies et des postes scientifiques, les statistiques plafonnaient un peu plus, tout comme la diversité au sein de la hiérarchie de l'agence.
La campagne autour de First Woman — avec une deuxième bande dessinée en 2023 — et Callie Rodriguez cherchait ainsi à faciliter l'identification d'autres parties de la population américaine aux missions et activités de la NASA. Le poids des représentations dans les choix d'études et de carrière reste en effet significatif, avec des stéréotypes qui peuvent inciter, ou au contraire dissuader, de suivre une voie en particulier.
Bêtise intersidérale
Selon NASA Watch, l'agence « a supprimé toute trace de ces deux publications de ses différentes plateformes, dans le cadre de la purge du gouvernement fédéral de tout ce qui a trait à la diversité, aux femmes, etc. »
Si les communiqués de presse sont toujours en ligne, les liens vers les bandes dessinées qu'ils proposent mènent vers des pages d'erreur sur le site de la NASA. Une vidéo YouTube consacrée à la parution a également été mise hors ligne, mais la version audio, sur le compte SoundCloud de la NASA, reste pour l'instant disponible.
Une photographie des deux astronautes Jasmin Moghbeli et Loral O’Hara, posant avec un exemplaire de la bande dessinée First Woman, a également été censurée par l'agence fédérale. Le procédé a déjà été utilisé dans d'autres institutions et ministères, notamment celui de la Défense, qui a fait disparaitre des milliers de documents liés à la diversité — ou non, à la manière d'une photographie du bombardier Enola Gay, supprimée en raison de la présence du mot « gay ».
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Janet Petro, administratrice de la NASA par intérim depuis le 20 janvier dernier, nommée par Donald Trump, applique avec zèle sa politique : « Ces programmes ont divisé les Américains selon leurs ethnies, ont gaspillé de l'argent public et débouché sur une discrimination honteuse », assurait-elle dans un message envoyé aux employés le 22 janvier 2025.
Les deux bandes dessinées First Woman ont été archivées par Wikipédia, le tome 1 reste ainsi accessible par ce biais, tout comme le tome 2.
Photographie : détail de la couverture du tome 1 de First Woman, NASA's Promise to Humanity, par Brad Gann, Steven List, Brent Donoho et Kaitlin Reid
Par Antoine Oury
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6 Commentaires
Edco
27/03/2025 à 14:19
Ce qui est démoralisant avec ces affreux ignares, c est qu on croit chaque jour qu on a touché le fond.....et le lendemain , on voit qu il y a un double fond....ad aeternam....😭
Gina Kazu
27/03/2025 à 15:40
Le titre, volontiers alarmiste, ne correspond pas au fond de l'article.
Oui, rien n'interdira aux femmes de devenir astronaute.
Et non, supprimer la discrimination positive n'est pas faire preuve de discrimination.
Petit rappel franco-français :
- Les hommes naissent et demeurent libres et égaux en droits. Les distinctions sociales ne peuvent être fondées que sur l'utilité commune.
(Art. 1 de la DDHC de 1789)
En gros, on revient à ce qui fonde les évolutions des individus au sein des démocraties : le mérite et la compétence. Pas l'appartenance à une nomenklatura, un groupe ou un genre...
Elsangels
28/03/2025 à 09:02
Naïf, ou stupide ?
N’avez-vous jamais entendu parler de l’égalité des chances ?
Si oui, vous n’avez apparemment rien compris
Marie
28/03/2025 à 11:15
Lisez "Femmes invisibles" de Caroline Criado Perez.
Comment travaillez dans tel ou tel secteurs quand tout est fait pour les hommes, que ce soit la taille des uniformes, des sièges, des meubles, quand même les airbags sont dangereux pour les femmes puisqu'ils n'ont jamais été testés depuis 1950 sur des mannequins de la taille des femmes. Par conséquent, les femmes ne sont pas représentées dans telle ou telle entreprise et donc ne font pas partie dd la société.
Ellie
01/04/2025 à 21:59
Hmmm...non...
C'est toujours les mêmes discours que l'on voit des mêmes gus aux idéologies politiques franchement douteuses et c'est franchement énervant...
Les femmes, hommes non blancs qui ont été recrutés par la NASA et les autres entreprises quand la DEI était toujours en place, ont été recrutées parce qu'ils étaient compétents... et non par ce que c'était des femmes ou des personnes non blanches. Ils n'ont pas été recrutés grâce à leur genre ou leur ethnie, mais parce qu'ils étaient compétents point. Ensuite, la DEI n'est pas là pour que des femmes, personnes non blanches soient recrutées parce que femmes ou personnes non blanches au détriment des hommes blancs et plus compétant, mes pour faire passer un message comme quoi même si vous êtes une femme ou une personne non blanche, si vous êtes compétent, ces métiers sont aussi faits pour vous parce qu’effectivement jusqu'à aujourd'hui entre deux personnes à compétences égales, avec l'une homme blanc et l'autre femme blanche, on prenait toujours l'homme, car on a toujours pensé et véhiculé que c'est un métier d'hommes blanc, car les hommes non blancs sont de toute façon moins intelligents que les blancs.
Nier qu'il y a encore aujourd'hui des entreprises, et dans la tête de certaines personnes qu'il y a des goûts de femmes et d'hommes, des métiers de femmes et d'hommes c'est être de mauvaise foi...
Par exemple, j'ai fait des études supérieures à l'université, et je connaissais une personne (femmes) qui à toujours adoré la physique quand elle est arrivée à l'université en toute logique elle devait se lancer dans une licence de physique, en plus elle pouvait largement, car elle avait un très bon niveau, pareil en math d'ailleurs. Finalement, elle est partie en licence de chimie, car elle s'est dit que la physique c'était surtout pour les hommes et qu'elle allait se retrouver entourée d’hommes qui vont lui en faire voir de toutes les couleurs. En chimie, pas de problème, c'est beaucoup plus homogène. Mais bon elle c'est surtout dit c'est un truc d'hommes... ce qui est complètement faux.
Nier qu'il n'y a pas ce genre d'idées qui cours et qui empêchent des personnes qui sont compétentes de si orienter parce qu’il est véhiculé que ce n'est pas fait pour eux, c'est clairement, comme dit plus haut de la mauvaise foi ou simplement une ignorance crasse. La DEI servait à ça... changé les idées reçues justement pour que tout le monde puisse se présenter, être recruté sans discrimination, car ce n'est soi-disant pas fait pour eux, même s'ils ont prouvé qu'ils étaient compétents. Le problème c'est que Trump, son administration et vous-même n'avez tout simplement pas compris à quoi cela servait vraiment. Avec le temps, les changements et les idées préconçues fausses auraient disparu et la DEI avec, car devenue inutile, les mentalités auraient changé. Le problème c'est que ça prend du temps, pour un certain métier c'est 50 voir 100 ans pour que ces fausses mentalisé changent.
Pidel
28/03/2025 à 07:47
Tous égaux avec les mêmes chances et si on veut, on peut et si tu n'y arrives pas, c'est parce que tu le voulais pas et il suffit de traverser la rue en chevauchant un tigre pour trouver...
Marrant de ne pas avoir bien lu l'article avec son rappel disant que si la société ne corrigé pas les injustices alors, elle est injuste!
Nous n'avons pas tous sur la ligne de départ le même accés au savoir, la culture, la santé: c'est une question d'héritage.
Mais pour ceux qui ont tout, c'est facile de faire la morale aux autres et d'essayer de leur faire croire que leur "réussite" est de leur seul fait.
Et Trump et compagnie sont des profiteurs qui détruisent tout