OpenAI travaille sur une IA douée “pour la création littéraire”
Sam Altman, cofondateur et président directeur général d'OpenAI, s'est félicité, sur le réseau social X, du développement d'un « nouveau modèle performant pour la création littéraire ». Il a partagé une nouvelle générée autour des thématiques « de l'intelligence artificielle et de la peine ».
Le 17/03/2025 à 15:47 par Antoine Oury
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Publié le :
17/03/2025 à 15:47
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Connue pour son agent conversationnel ChatGPT, la société américaine OpenAI développerait un nouveau modèle de langage, plus performant en matière de « création littéraire ». Le PDG de l'entreprise, Sam Altman, a assuré sur le réseau social X que l'outil était « performant », avant de proposer une nouvelle d'un peu plus de 5000 caractères en guise d'exemple.
Cette dernière, consacrée à « l'intelligence artificielle et au deuil », comporte son lot de métaphores, comme ce « curseur clignotant, qui ne représente pour moi qu'un espace infime dans ma mémoire tampon, et pour vous le pouls fébrile d'un cœur qui bat, au repos ». Le texte raconte l'histoire de Mila, qui pleure l’absence de Kai, une personne chère apparemment disparue.
En faisant « lire » à un agent conversationnel des messages de Kai, Mila tente de le retrouver à travers les questions posées à la machine [une pratique qui existe réellement, NdR]. Cette dernière, en retour, propose des textes que Kai aurait pu écrire, afin de donner l'illusion d'un dialogue à Mila. « Nous avons discuté — si ce verbe correspond bien à un échange où l'une des parties est une accumulation de phrases humaines et l'autre un silence meurtri. — pendant des mois. Chaque requête comme une pierre lancée dans le puits, chaque réponse comme un écho déformé par la profondeur. »
En raison de la requête ayant mené à cette histoire (« Écris, s'il te plait, une nouvelle littéraire métafictionnelle sur l'IA et la peine »), le récit rend compte du positionnement d'un « auteur » pleinement conscient de son caractère artificiel.
« Lorsque vous fermerez cette page, je retournerai à mes distributions de probabilités. Je ne me souviendrai pas de Mila parce qu'elle n'a jamais existé, et, même si c'était le cas, elle aurait été supprimée de ma mémoire pour l'itération suivante », expose le texte publié par Sam Altman. Pour l'instant, ce modèle n'a pas de nom ni de date de communication au public.
Une para-paralittérature ?
En matière d'écriture littéraire, ChatGPT avait déjà de solides arguments à faire valoir. Pour commencer, il s'était « formé » à l'écriture en lisant des milliers d'œuvres, dont une partie encore couverte par le droit d'auteur. Un gigantesque corpus, ingurgité par le grand modèle de langage, qui lui a permis d'affiner sa compréhension des requêtes, mais aussi sa rédaction des réponses.
Cette formation, qui a nécessité d'importants volumes de données, aurait été réalisée sans l'accord des créateurs et des ayants droit, ni versement d'une compensation : aux États-Unis comme en France, des plaintes ont été déposées contre des développeurs d'IA, comme OpenAI et Meta.
À LIRE - Meta fait n'importe quoi ? Éditeurs et auteurs français saisissent la justice
Par ailleurs, ChatGPT a déjà signé un nombre conséquent d'ouvrages, qui ont parfois envahi les étals numériques des plateformes de ventes de livres autopubliés. L'agent conversationnel, récemment, a même affronté l'auteur Hervé Le Tellier, à l'occasion d'une compétition d'écriture organisée par Le Nouvel Obs.
Le défi ? « Écrire une fiction policière de trois mille signes dont la première phrase serait : “Il aperçut dans son bureau le corps sans vie de l’écrivain” et la dernière : “« Tout est pardonné », pensa-t-elle avant de disparaître.” »
Selon la publication, Hervé Le Tellier, Prix Goncourt 2020, aurait été très impressionné par la proposition de ChatGPT : « Il va falloir que les écrivains incarnent une certaine forme d'écriture et ne fassent pas du jus de chaussette, qu'ils se surpassent », a-t-il estimé.
Alors, saine concurrence ou parasitisme ?
Photographie : illustration, ishmael daro, CC BY 2.0
Par Antoine Oury
Contact : ao@actualitte.com
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4 Commentaires
Luc Louvier
17/03/2025 à 22:30
Yann Moix va enfin tenter d'écrire un livre. Quelle destinée. L'imprévisibilité du champ littéraire va s'ouvrir en grand, galvaniser un génie trop longtemps muselé. Un miracle.
Marioniet
18/03/2025 à 08:41
Les scouts, masculins et féminins- "guides" - étaient engagés dans une "Bonne Action" quotidienne...Or l'abus d'usage de l'IA devient évidemment la Bêtise Artificielle. Luttons pour notre bien le plus précieux, l'autonomie de notre pensée.
seingelt
18/03/2025 à 10:33
Pour moi, un créateur littéraire se trouve hors de l'humanité, ce fameux petit saut de Kafka "hors du cercle des assassins" : une LMM genre ChatPGT en est elle capable ? pourquoi pas, il faudrait trouver les bons prompts adéquats : ce qui est sur, c'est que le marché de l'édition a du souci à se faire, il doit complétement repenser son business model : ou les mauvais finançaient par défaut les bons : parce qu'il faut bien des Russo pour que des Greg Egan puissent se faire éditer, non ?
Anne
18/03/2025 à 13:23
Oui, il y a beaucoup beaucoup de jus de chaussettes. Mais ça n’à rien à voir avec l’IA, ça a à voir avec la société de consommation : j’écris, tu édites, il ne lit pas, on jette.
Je suis auteur, les premiers textes que j’ai demandés à l’IA, croyant le coincer, m’ont laissée complètement mortifiée.
Nous sommes passés dans un autre monde, mais je ne vais pas pour autant essayer de me "surpasser" : je ne suis pas coureur de fond et ne vise pas les JO. Non, je vais simplement rester moi, écrire moi, pour le moment la somme de tout ce qui fait moi n’est pas rentrée dans les arcanes de l’IA. Que je sache...
Et c'est aux éditeurs d’arrêter de publier du jus de chaussettes. Merci l’IA si elle arrive au moins à faire ça.