Les Presses universitaires de France (PUF) ont renoncé, temporairement semble-t-il, à la publication d'un ouvrage consacré au « wokisme » au sein des universités françaises, intitulé Face à l’obscurantisme woke. Emmanuelle Hénin, Xavier-Laurent Salvador et Pierre Vermeren, qui ont dirigé l'ouvrage, et plusieurs autres contributeurs sont en effet proches de l'Observatoire d'éthique universitaire, crée en 2019 et notamment soutenu par le milliardaire Pierre-Édouard Stérin, par ailleurs investi dans la promotion de l'extrême droite et de ses idées.
Le 13/03/2025 à 16:56 par Antoine Oury
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13/03/2025 à 16:56
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Prévue pour le 9 avril prochain, la parution de l'ouvrage Face à l’obscurantisme woke a été repoussée sine die, ont indiqué les PUF au journal Libération et au Nouvel Obs qui ont fait état les premiers de cette décision de la maison d'édition.
« Nous estimons que les conditions nécessaires à un accueil serein de ce livre collectif ne sont plus réunies aujourd’hui, le projet de cet ouvrage ayant été conçu il y a plus de deux ans dans un contexte bien différent », précise un communiqué de presse consulté par ActuaLitté. La maison d'édition n'a pas souhaité apporter plus de précisions ni réponses à nos autres questions.
Selon la présentation de l'éditeur, l'ouvrage devait exposer la « pénétration des idéologies décoloniales, des théories de la race et du genre dans les milieux actuels de la recherche en lettres et sciences humaines, en droit et même dans les sciences dures ». Toutes les pages consacrées au titre sur les sites marchands ont été mises hors ligne au moment de la parution de cet article.
Dans leur communiqué, les Presses universitaires de France (propriété du groupe Humensis) font état d'un « contexte politique national et international » peu propice à l'« accueil serein » de l'ouvrage.
Le « wokisme », terme péjoratif utilisé par les opposants, désigne la volonté de défendre les intérêts et les représentations des minorités, qu'elles soient ethniques, de genre, sexuelles ou religieuses. Il recouvre donc l'antiracisme ou la lutte contre le sexisme, mais peut aussi s'étendre à la défense de l'environnement et plus généralement des droits humains.
Le terme a été popularisé par Donald Trump et l'alt-right américaine, puis repris en France par l'extrême droite - notamment par Éric Zemmour et Marion Maréchal-Le Pen - et une partie de la droite dite « républicaine » — comme Éric Ciotti.
Aux États-Unis, le procès en « wokisme » a irrigué, ces dernières années, une remise en cause franche de certains champs de la recherche. Depuis le retour au pouvoir de Donald Trump, l'administration s'en prend plus directement à certains sujets, sous couvert d'égalitarisme, en limitant les financements accordés, dès lors que certains termes apparaissent.
Ainsi, la National Science Foundation, principale agence de financement de la recherche, a banni les termes suivants, selon The Washington Post : antiracist (anti-raciste), biases (biais), disability (handicap), diversity (diversité), equity (égalité), gender (genre), female (femme), hate speech (discours de haine), ou encore inequities (inégalités) et, bien entendu, minority (minorité).
Cette attaque s'inscrit dans un contexte plus général de détricotage des mesures liées à la diversité, l'équité et l'inclusion (DEI), honnies par Trump et le camp républicain. Dans le domaine artistique, les subventions bannissent également les termes ou sujets liés à ces thématiques.
À LIRE - Aux États-Unis, les aides à la création ne riment plus avec la diversité
Les décisions politiques de Donald Trump rappellent en de nombreux points l'imposant rapport publié lors de la campagne par un laboratoire d'idées conservateur, la Heritage Foundation. L'homme d'affaires en campagne s'était défendu de tout lien avec cette organisation...
Alors que la campagne de dénigrement de l'administration Trump contre les sciences se déroule, l'apparition de Face à l’obscurantisme woke au catalogue des Presses universitaires de France aurait pu être comprise comme de l'eau apportée au moulin trumpiste. Par ailleurs, difficile de ne pas voir dans la cabale contre le « wokisme » une variation autour d'une « panique morale », comme celle survenue il y a quelques années autour du supposé « islamogauchisme » des universitaires...
Le 7 mars dernier, l'initiative Stand Up For Science s'est déployée dans plusieurs villes de France, à l'appel d'Olivier Berné, astrophysicien, Patrick Lemaire, biologiste et Emmanuelle Perez-Tisserant, historienne. Ils invitaient à « défendre les sciences et les humanités, la liberté académique et l’Université comme piliers d’une société démocratique », avec des collègues de la recherche, des sociétés savantes et des associations.
Comme le rapporte Le Monde, l’historien Patrick Boucheron, ouvrant un des événements au Collège de France, avait dénoncé la parution prochaine de l'ouvrage aux PUF devant l'assemblée. La maison d'édition, dont le catalogue repose en partie sur le travail des chercheurs et chercheuses français, aurait donc choisi de renoncer pour préserver son image.
Auprès du titre d'extrême droite Valeurs actuelles, Xavier-Laurent Salvador, un des directeurs de l'ouvrage, assure que les Presses universitaires de France s'étaient montrées très enthousiastes : « À l’origine, notre éditeur souhaitait même qu’on intitule le livre “Manifeste anti-woke”. Nous avons travaillé en collaboration avec cette maison d’édition pendant deux ans et demi, elle a été associée dès le début du projet », assure-t-il.
L'intérêt présumé de la maison d'édition pour ce titre ne serait pas si étonnant : Jean-Claude Seys, ancien propriétaire du groupe Humensis [détenu par Albin Michel depuis le 31 décembre 2024, NdR], a également cofondé un laboratoire d'idées, l'Institut Diderot, qu'il a même présidé pendant quelques années. Cette organisation tente de peser dans le débat public en assurant la diffusion des idées de ses intervenants, parmi lesquels se trouve un certain Pierre Vermeren, un des directeurs du livre Face à l'obscurantisme woke.
On y repère aussi d'autres personnalités qui critiquent ouvertement le « wokisme », avec, parfois, une forte résonnance médiatique : Jean-François Braunstein, auteur de plusieurs livres sur le sujet, Jean-Pierre Chevènement, Gilles Kepel, ou encore Caroline Fourest.
« Cette affaire illustre ce que notre livre démontre : il suffit aujourd’hui qu’un quelconque mandarin, professeur au Collège de France, lance une fatwa sur un ouvrage pour qu’il soit déprogrammé », déplore encore Xavier-Laurent Salvador. D'après Pierre Vermeren, qui s'exprime auprès de Franceinfo, « une dizaine » d'autres éditeurs seraient partants pour publier le titre.
La décision des PUF intervient aussi, selon le communiqué de la maison, « après l’officialisation du financement par l’institut Périclès (Pierre-Edouard Stérin) de l’Observatoire de l’éthique universitaire courant février 2025, dont un certain nombre d’auteurs font partie ».
La rumeur, relayée en 2024 par L'Express, s'est avérée vraie : l’institut Périclès, outil du milliardaire Pierre-Edouard Stérin pour amener l'extrême droite au pouvoir, a financé l’Observatoire de l’éthique universitaire crée en 2019 et d'abord nommé Observatoire du décolonialisme, puis Observatoire des idéologies identitaires.
Or, la politique éditoriale de ce même Observatoire est assurée par le Conseil Scientifique de l’association LAIC, présidé par Pierre Vermeren et au sein duquel siège Emmanuelle Hénin. Quant à Xavier-Laurent Salvador, il est le président de l'association, et par ailleurs le rédacteur en chef du site de l’Observatoire de l’éthique universitaire.
Emmanuelle Hénin et Pierre Vermeren figurent bien sûr parmi les contributeurs du site de l'Observatoire, même si la page qui les recense a été mise hors ligne (accessible à cette adresse). Certains membres de l'Observatoire, apprenant son financement par l'institut Périclès, ont préféré prendre leurs distances, comme Nathalie Heinich et Pierre-André Taguieff.
« Notre association reçoit des soutiens financiers de diverses personnes et organisations, via des dons effectués sur un site internet. Nous avons constaté que le Fonds du bien commun [fonds philanthropique de Pierre-Édouard Stérin, NdR] a choisi de soutenir notre démarche, comme d’autres donateurs ont pu le faire. Toutefois, notre indépendance demeure totale : nous ne recevons aucune instruction et nous ne sommes liés à aucun agenda politique », a assuré Xavier-Laurent Salvador à L'Humanité.
Arnaud Rérolle, directeur général de Périclès, s'est montré plus direct : « Périclès a accompagné l’ensemble des projets dont le logo se trouve sur notre site, que ce soit financièrement ou opérationnellement. Ces organisations sont libres de communiquer ou non sur la nature et la profondeur de notre collaboration. »
Le site de Périclès affiche le logo de l'Observatoire du décolonialisme (devenu Observatoire de l’éthique universitaire) dans la section « Nous les soutenons ».
Photographie : couverture de Face à l'obscurantisme woke, prévue par les PUF
Par Antoine Oury
Contact : ao@actualitte.com
25 Commentaires
Anne Stase
13/03/2025 à 17:53
Lu rapidement l'article et surprise de ne pas y avoir vu une seule fois le mot "censure".
Etonnant dans un lieu où son usage est rapide dès lors qu'un ouvrage un peu litigieux est retiré d'une bibliothèque scolaire américaine.
Deux poids deux mesures ?
Petit mot sur le wokisme qui n'existerait pas ailleurs que dans les yeux des antis.
La lutte contre le racisme ou le sexisme sont de nobles combats.
C'est leur excès qui devient problématique. Quand dès qu'un quidam n'est pas blanc, le voilà affublé du terme "racisé", ça veut dire quoi ? Qu'il y a un racisme d'Etat !
Et ça dans des démocraties où règnent les droits de l'homme, ça, c'est une accusation scandaleuse.
Le wokisme, personne ne s'en réclamerait ? Personne ne se pretendrait woke ? Rien n'est moins faux.
https://www.lepoint.fr/eureka/mais-au-fait-ou-est-vraiment-ne-le-wokisme-10-03-2025-2584330_4706.php#11
Voilà, je regrette que cette prestigieuse maison se fasse dicter sa conduite par quelques censeurs aux idées courtes.
Lu
14/03/2025 à 17:42
Oui le racisme systémique existe, désolée mais quand il se retrouve dans toutes les sphères de la société, de la justice au logement, en passant par les institutions telles que la police, oui c’est systémique, et c’est pas scandaleux de le dire
NAUWELAERS
14/03/2025 à 18:06
Lu,
Vous écrivez des choses vraies qui n'ont strictement rien à voir avec la scandaleuse intolérance woke qui nuit aux bonnes causes !
Comme Gribouille qui plonge dans la rivière pour échapper à la pluie...
CHRISTIAN NAUWELAERS
Anne Stase
14/03/2025 à 18:37
Vous illustrez nolens volens mon propos.
Il y a un monde, ne vous en déplaise, entre un racisme ponctuel, isolé, heureusement éradicable par la loi et la justice et un racisme systémique, donc d'Etat.
Le même monde qu'entre une démocratie libérale et un régime d'apartheid (Afrique du sud, Etats-Unis jusque dans les années 60...).
Heureusement pour ceux que vos excès horripilent, ce sont vos propres excès qui vous condamnent/ront à la marginalité et à l'oubli.
Le Français moyen n'est pas prêt d'accepter que chacun des opposants de vos hyperboles soit systématiquement (là, c'est bien systématique) ramené à l'extrême-droite, dans un discours binaire et manichéen, soit systématiquement "cancellé", qu'il soit impossible de discuter avec vous, d'exprimer la moindre nuance sans subir ce double préjudice, d'extrême-droitisation et de cancelisation. Etc.
En réalité, comme ne parvenez pas à faire taire vos opposants (soit disant racistes, sexistes, fachistes...) par les tribunaux ordinaires - et pour cause puisque la plupart de vos critiques sont sans fondements légaux - vous érigez des tribunaux populaires qui peuvent faire, sans procès équitable, tomber les têtes qui ne vous reviennent pas.
J'ai lu plus bas "panique morale". Quand on hystérise le débat au point de vouloir invisibiliser le contradicteur, je considère que ce terme vous définit à la perfection.
Lu
14/03/2025 à 17:55
Oh non, une idéologie décoloniale, antiraciste et antisexiste ! Quel obscurantisme ! Go publier un ouvrage soutenu par un observatoire qui diffuse les idées d’extrême droite, comme ça on est sûr d’éradiquer l’obscurantisme, bien sûr traditionnellement combattu par l’extrême droite 🙃 Non mais vraiment, cette chasse au « wokisme » devient ridicule. Surtout que woke de base ça veut juste dire « éveillé aux injustices sociales », « conscient ». Donc si vous êtes anti woke vous êtes anti reconnaissance des injustices, pour rester « endormi, inconscient ». Les prétendues « dérives du wokisme » dénoncées sont toujours en fait des paniques morales qui se basent sur du vent. Et je vois que ça prend même en commentaire ici. Et puis désolée, mais quand les universités sont censées être un lieu de savoir, d’ouverture et d’égalité, que vient faire un ouvrage « anti woke » dans ses publications ? Les gens se sont à mon avis indignés à raison contre cette publication. Si encore c’était oublié par une maison d’édition de droite, mais non là c’est les PUF quoi. La honte.
Lu
14/03/2025 à 18:03
Lu,
Désolé mais vous n'avez absolument rien compris au film.
Rien de rien et vous mélangez tout.
CHRISTIAN NAUWELAERS
NAUWELAERS
13/03/2025 à 20:28
Le problème: à cause de Trump...impossible de critiquer les excès du wokisme dorénavant.
Vu le sens des nuances qui caractérise cette époque, si on s'en prend au wokisme, on est trumpiste !
«Malheur à moi, je suis nuance», de Nietzche...
CHRISTIAN NAUWELAERS
Jean de Rotrou
13/03/2025 à 23:04
Voilà qui ne grandit pas les PUF et donne raison à une intervention récente de M. (ou Mr. en l'occurrence) JD Vance.
seingelt
14/03/2025 à 07:19
N'importe quoi cet article, que du bla bla pour cacher le fait que la gauche morale censure, ce qui n'est pas bien du tout 😂 n'oublions pas que la gauche morale s'auto- absout du mal, elle est incapable d'être autre chose que du côté du bien, par définition. Donc elle bouc-émissairise, elle categorise, elle se crée des diablotins et des lutins méchants : ici un monsieur nommé Serin, ailleurs un autre nommé Bolloré, là-bas, le satan nommé Trump 😀 . Elle est athée la gauche morale mais croit au diable. Elle croit aussi a la réincarnation : un certain gros méchant du nom d'Hitler serait revenu parmi nous, et elle seule a les capacités d'exorcisme suffisant pour le reconnaître. Que du bullshit bien sûr 😂 . La gauche auto-morale est tellement superieur, et monsieur Boucheron est son grand timonier, son guide merveilleux 😀 que lui seul sait ce qui existe, il a accès à l'Etre lui monsieur Boucheron, il sait que l'islamo-gauchisme, c'est comme le Dahut et Dieu, ça n'existe pas, c'est un phantasme 😉 et le woke, c'est un truc cool qui soutient les minorités 🤣 , contre le racisme, le sexisme, etc. de ces grands cons de blancs mâles de plus de 50 balais, et que c'est eux les vrais salauds qui m'empêche d'accéder à l'Etre merveilleux de monsieur Boucheron 😅😂🤣😂 , à sa belle science toute pure qui me délivrera de tous les Infâmes 😠, en fait j'ai adoré cet article, il est très drôle 😂
Le Nouveau
14/03/2025 à 08:27
La preuve de « l’obscurantisme woke » en pleine action.
C’est fou, de se de dire que la preuve elle-même de la nécessité de sortir cet ouvrage ainsi que le message dit par ce dernier est finalement l’arrêt de sa sortie.
Que de paradoxes au sein de cette idéologie.
« Nous voulons que chacun soit libre d’exprimer son avis sur quelque sujet qui soit peu importe son origine, son genre, etc. » —> On fait pression pour faire taire cet ouvrage qui ne va pas dans notre sens.
C’est toujours comme ça avec cette idéologie, ouvert à toute forme de pensée tant que cela va dans leur sens. Belle dictature d’idée que vous avez là messieurs dames.
Le monde est aux portes de la guerre et l’Europe faiblit sa population par cette idéologie. La Russie, la Chine, les États-Unis se foutent bien de nous.
Vous croyez que ces couards de wokistes qui aiment ouvrir leur grande bouche nous défendront lorsque éclateront les combats ? Ce seront les premiers à fuir ou à rester à l’arrière.
On abrutit le peuple avec des discussions sur des choses qui n’ont pas lieu d’être. Sans blague, les gens ne savent même plus dire ce qu’est une femme mais disent que n’importe qui peut l’être…
Vous nous faites partir de notre pays adoré qu’est la France puisque vous voulez changer le fondement des valeurs hérités de Clovis et de la République.
Ainsi Rome tomba à nouveau.
Eleonor Burt
14/03/2025 à 09:43
Merci pour cet article qui manifeste clairement le vrai problème qui se pose quand on parle d'anti-wokisme. Il ne s'agit pas d'un positionnement intellectuel mais plutôt de manœuvres d'extrême-droite.
Car que reproche-t-on au wokisme (même si le terme n'est pas satisfaisant en lui-même et mériterait d'être mieux défini) ? La défense des droits, des minorités, de l'environnement et l'anti-racisme ? Je me demande quelle inversion des valeurs peut-elle nous mener à une telle situation...
Rien d'étonnant de voir apparaître des noms de l'extrême-droite dans les coulisses des financements de ce genre d'écrits comme celui de Pierre Édouard Stérin. Autre fait, on voit défiler les mêmes noms d'auteurs : les Emmanuelle Hénin, les Caroline Fourest, les Xavier-Laurent Salvador, les Nathalie Heinich (et j'en passe) qui n'ont plus d'autres sujets que celui-là précisément.
Car, le propre de l'extrême droite est de s'enfermer dans une position et d'entamer une croisade qui se nourrit de sa propre radicalité. Dans ce retour sans fin sur le même sujet, ils ne dérogent pas à la règle comme tous les extrémistes.
Quant aux PUF, cette action les honore. Les PUF ne doivent pas s'engager dans la voie qui mène aux idées d'extrême-droite.
Il y a désormais en France un panel très large de maisons d'éditions récupérées par Bolloré, Stérin et autres milliardaires d'extrême-droite. Ceux qui crient à la censure peuvent s'orienter vers ces éditeurs et ils n'auront aucun souci à se faire publier.
La censure, ici, est un faux problème car le choix d'un éditeur ne signifie pas censure. La censure, c'est l'impossibilité de se faire publier, de s'exprimer. Comme à l'accoutumée, on assiste à des cris d'orfraie pour exagérer une situation en employant des mots définitifs... Rien de nouveau sous le soleil : c'est un style hyperbolique et définitif qui est celui-là même qu'on retrouve dans les livres de ces auteurs.
Le choix des PUF ne peut qu'aider le lecteur : en achetant un livre publié ailleurs, chez des maisons d'éditions qui n'ont aucun scrupule par rapport à ce genre d'idées, le lecteur saura parfaitement quel écrit il acquiert et qui le signent.
NAUWELAERS
14/03/2025 à 12:51
Dès qu'on s'en prend aux dérives avérées du wokisme, on est taxé d'extrême droite et maintenant de trumpisme !
Pour rappel: même Obama a donné une conférence contre la cancel culture à des étudiants, il y a déjà quelques années...
Ce qui fut écrit dans un post sur ce site !
Lionel Singer, Douglas Kennedy et autres grandes plumes s'y opposent...
D'extrême droite ?
Non mais on se calme !
Fatigant, ces cris d'orfraie qui stigmatisent des gens raisonnables et pas d'extrême droite.
La fenêtre d'Overton chez certaines personnes ressemble à un trou de serrure bouché à l'émeri !
Pénible, ce sectarisme !
CHRISTIAN NAUWELAERS
humaine24
14/03/2025 à 18:27
Le « wokisme » est une énième panique morale en -isme comme le « bolchevisme culturel » des années 20 et 30 que l’on est bien en peine de définir, mais qui résume toutes les peurs liées à l’évolution des mœurs (féminisme, homosexualité, mode de vie urbain…) et à l’élévation générale du niveau d’éducation. Nourrir cette panique morale est, à tout le moins, mortifère et fait indéniablement le lit de l’extrême droite, laquelle a de tout temps et en tout lieu aspiré à détruire nos droits humains fondamentaux et dénie l’existence des personnes ne répondant pas à sa norme.
NAUWELAERS
14/03/2025 à 23:22
Le wokisme est au contraire une panique morale d'essence anti-démocratique et totalitaire !
Non dans le socle de ses valeurs (antiracisme, féminisme...) que partagent la plupart de ses adversaires de bonne foi, humanistes et intelligents et réduits au traitement «reductio ad hitlerum» par ces modernes comités d'épuration qui existent et nuisent.
Mais par ses méthodes abjectes et totalement contre-productives.
N'en déplaise aux aveugles et aux hypocrites !
Ce livre paraîtra chez un éditeur qui ne rampe pas devant les injonctions totalitaires et l'ouvrage écarté par l'éditeur soumis et tremblotant sera sera nimbé de l'auréole du martyr.
Tant mieux !
Effet boomerang à la face de gargouille de la censure plus bête que jamais.
Qui ne comprendra jamais rien !
J'espère que des éditeurs se battent déjà pour éditer ce livre !
CHRISTIAN NAUWELAERS
Eleonor Burt
14/03/2025 à 23:36
Humaine 24,
Merci d'avoir si pertinemment résumé cette affaire. Entre "islamo-gauchisme", "wokisme" et tant d'autres -ismes aux contours flous, la même misère intellectuelle humaine : peur de l'autre et sa mise en accusation, défaite de l'humain.
Autrement dit, une pensée d'extrême-droite qui comme à chaque fois veut avancer sous des appellations fumeuses. Toutes les idéologies s'assument sauf cette dernière et pour cause !
Toutoune
14/03/2025 à 10:16
Sage décision, bien que tardive, des PUF qui se seraient déshonorées en publiant cet ouvrage réactionnaire écrit pas des auteurs ne supportant pas que des minorités se battent pour l'égalité des droits. Des fois qu'ils perdraient leurs privilèges de petit bourgeois, blancs pour l'essentiel. La censure, c'est de ces gens-là qu'elle vient ! Qu'ils aillent donc se faire publier chez Fayard.
NAUWELAERS
14/03/2025 à 12:55
Toutoune,
Parfaite manifestation d'intolérance de votre part, se croyant progressiste, et amalgame malhonnête (périssologie !).
Les excès et l'intolérance woke menant à la cancel culture doivent être combattus.
Cela n'a rien à voir avec du racisme ni sexisme etc.
Vous mélangez tout comme d'autres censeurs au petit pied
Lamentable éditeur tout à coup indigne de sa réputation.
Lâche !
CHRISTIAN NAUWELAERS
Le médiathécaire
14/03/2025 à 11:15
Pour le coup, bien qu'étant "woke" au sens où je suis opposé à toutes les formes d’injustices et de discriminations subies par les minorités ethniques, sexuelles ou religieuses, le mot « censure » m’est rapidement venu.
Je suis pour l’échange d’idées, le dialogue et le débat.
Traité du mouvement woke dans sa globalité est tout à fait louable et nécessaire, encore faut-il partir d’une définition juste du mot woke et non une vision fantasmée/biaisée comme Trump, Le Pen, Zemmour ou encore Mathieu Bock-Côté (sociologue, chroniqueur et essayiste) qui définit le wokisme comme « une gauche haineuse, sectaire, intolérante et fanatique » (JDD : https://www.lejdd.fr/Societe/cest-quoi-le-wokisme-4066399 ).
Certes il y a toujours des excès à gauche… Comme à droite. Si l’on ne peut réduire l’extrême-droite aux rares néo-nazis dans leurs rangs, on ne peut réduire le mouvement woke à ses défenseurs les plus radicaux.
Or, nous attendons des éditions PUF une rigueur, une objectivité, un sérieux dans des publications à vocation scientifique.
Le fait que le projet soit subventionné par l’institut Périclès pose problème.
Ce projet du milliardaire catholique Pierre-Edouard Stérin a pour vocation de promouvoir des valeurs conservatrices et soutenu par le RN (https://www.francetvinfo.fr/politique/front-national/plan-pericles-ce-que-l-on-sait-du-projet-du-milliardaire-catholique-pierre-edouard-sterin-pour-promouvoir-des-valeurs-conservatrices-et-faire-gagner-la-droite-aux-elections_6677268.html ).
« D’inspiration libérale-conservatrice » déployant « plus de 20M€ par an dans la création ou le soutien de médias, think tank, innovations technologiques et programmes de formation » son but est de « transformer durablement le paysage politique et social français » en offrant « aux décideurs et aux entrepreneurs de notre famille de pensée un soutien opérationnel et financier ainsi que les ressources technologiques et scientifiques nécessaires pour agir » (https://periclesfrance.org/ ). Le but est clair et politique.
Cet ouvrage doit être édité car je m’oppose à la censure, y compris pour les ouvrages ne correspondant pas à mes idées. Mais « Face à l’obscurantisme woke » ne correspond tout simplement pas à la politique éditoriale des éditions PUF et au sérieux que l’on attend.
NAUWELAERS
14/03/2025 à 13:01
Bonjour à la médiathécaire,
Il existe hélas un obscurantisme woke avéré, combattu par des gens sérieux non liés du tout à l'extrême droite.
Vous ne pouvez juger un ouvrage qui n'existe pas, ce n'est pas sérieux.
Je veux bien reconnaître néanmoins que la source du financement peut poser problème.
Mais je n'émets un jugement que sur un livre qui au moins...existe !
Respectueusement de la part d'un vrai progressiste mais sans oeillères.
Une fois pour toutes: l'opposition aux dérives du wokisme ne signifie pas: extrême droite, d'office.
Assez de cette «reductio ad hitlerum» dont certains petits esprits -pas vous -se font une spécialité, vu leur totale impuissance intellectuelle.
CHRISTIAN NAUWELAERS
NAUWELAERS
15/03/2025 à 14:53
Rebonjour madame,
Mais je suis d'accord avec presque tout ce que vous écrivez !
Avec au moins un sens des nuances et des développements que j'apprécie chez vous.
Simplement, les auteurs de ce livre à publier ailleurs sont des gens sérieux, dont Pierre Vermeren qui a déjà publié de nombreuses chroniques, comme contributeur externe, dans «Le Figaro».
Et pas des panégyriques d'extrême droite.
Ce qu'ignorent ceux qui le diabolisent en n'ayant pas lu une seule ligne de cet intellectuel de haut niveau.
Le titre est peut-être mal choisi, en mettant tout le mouvement woke dans le même panier, certes...
Et merci de me lire complètement: j'admets que le financement de ce livre -pour des enquêtes ? Je ne sais -pose problème.
Mais un vrai obscurantisme woke fait des ravages niés par des autruches (dont vous n'êtes pas) ou approuvés par des comités d'épuration modernes.
Notamment dans de nombreux musées qui font passer leur devoir de transmission derrière les convictions à afficher...au détriment de la transmission.
En jugeant le passé avec les lunettes du présent.
Un nouveau livre à ce sujet vient de paraître, qui a évité les ciseaux d'Anastasie !
Le wokisme très concrètement à l'oeuvre (funeste) dans des musées.
On pourra qualifier cela de «fumeux», de «peur de l'autre» etc.
Vacuité intellectuelle déplorable -pas vous !
Je ne déforme pas vos propos et je vous saurais gré -pas serais gré, excusez-moi- de l'admettre.
Pour éviter tout malentendu fâcheux (périssologie !).
Et dans le camp d'en face, avec notamment l'administration Trump et ailleurs, les mêmes méthodes sont appliquées...
Mais en les imitant soigneusement et avec un zèle de petits commissaires à l'éducation ou rééducation du peuple, ces méthodes, les wokes abusifs poussent des cris d'orfraies peu crédibles !
Et ce n'est pas cela, défendre les minorités: contrairement à tous ces gens qui pratiquent l'amalgame et baignent dans la confusion intellectuelle la plus totale.
C'est même totalement contre-productif, cette infantilisation du public.
Qui risque de réagir avec excès...qui l'a cherché ?
Enfin admettez que ce livre, qui paraîtra ailleurs, bénéficiera d'une auréole de livre-martyr qui dopera sans doute les ventes !
Un éditeur qui reprendra l'ouvrage se frottera les mains !
Qu'il partage ces convictions ou ne voie que les ventes comme on mise sur un pur-sang auquel on croit.
Stupide censure à front de taureau, comme Gribouille se jetant dans la rivière pour éviter la pluie !
Quel formidable pub gratuite et inespérée !
Aveu d'impuissance intellectuelle des censeurs: s'ils laissaient publier le livre, ils pourraient user de leur droit à le critiquer.
Mais pour débattre...il faut une grande rigueur intellectuelle au-delà des simples imprécations habituelles, des coquilles vides.
Ce qui n'est pas votre cas, sinon jamais je ne vous répondrais si longuement.
Bonne continuation.
CHRISTIAN NAUWELAERS
Relou Le Renard
14/03/2025 à 19:04
Qu'en savez-vous, que cet ouvrage n'est pas digne des PUF ?
Vous l'avez lu ?
S'ils avaient décidé de le publier, c'est que ça leur convenait ou correspondait, non ?
Et comme les procès d'intention, c'est comme les trains, un peut cacher l'autre, c'est parce que derrière l'ouvrage il y aurait tel think tank et que celui-ci serait libéral-conservateur - or libérale-conservatrice, c'est la droite française, ni plus ni moins - et qu'il voudrait promouvoir des idées qualifiées d'office par vos soins de problématiques que ça justifierait sa mise au ban. Alors là, si vous commencez à supposer que la droite française doit être interdite de cité, ça va loin...
Cerise sur le gâteau : la ligne éditoriale des PUF devrait s'aligner sur ce que vous pensez qu'elle doit être.
Au point où la liberté d'expression en est arrivée dans ce pays, j'ai envie de vous dire, comme Milei :
- Viva la libertad carajo !
Le médiathécaire
15/03/2025 à 11:46
Bonjour Monsieur,
Je crains que vous ayez lu mon post un peu trop rapidement... Ce n'est pas grave, cela arrive à tout le monde.
Tout d'abord je me permets de vous répondre car vous m'accusez, à tort, de vouloir mettre au ban les idées qui ne sont pas le miennes et de vouloir également censurer la droite. Ceci est totalement faux ! La preuve en est dans le dernier paragraphe où j'ai écrit "Cet ouvrage doit être édité car je m’oppose à la censure, y compris pour les ouvrages ne correspondant pas à mes idées."
Je déplore que dans ce débat vous déformiez mes propos.
Ensuite, une maison d'édition est une entreprise avec une réputation à tenir et une ligne éditoriale, c'est un fait. Elle peut être féministe ou masculiniste, de gauche ou de droite, liée à un parti politique ou apolitique.
Quand les éditions PUF, qui je le rappelle ont pour vocation de proposer des publications à vocation scientifique, proposent un ouvrage subventionné par un groupe rattaché politiquement, il n'y a plus l'objectivité. Il en aurait été de même si le projet avait été subventiotionné par un groupe proche de LFI ou SOS racisme ou encore SOS homophobie.
PAR CONTRE ce livre aurait pu être publié aux éditions du cerf où Xavier-Laurent Salvador (un des trois auteurs de "Face à l’obscurantisme woke") a publié "Petit manuel à l'usage des parents d'un enfant woke".
Je m'oppose aux idées qui ne sont pas les miennes par le dialogue car, comment s'opposer à des idées si elles ne peuvent pas être exprimées ? Et je n'ai pas la science infuse, il m'arrive d'être dans l'erreur et c'est pour cette raison qu'en échangeant avec ceux qui ne sont pas d'accord avec moi je peux changer d'avis.
Alors Monsieur, s'il vous plait, ne tombez pas dans la facilité de déformer mes propos et de me faire dire le contraire de ce que je dis. Je vous en serais gré.
Pour conclure, oui, il y a des extrémistes dans le courant woke (plutôt de gauche voire d'extreme gauche) penons l'exemple de ceux qui ont brulé les roman Harry Potter parce que l'autrice est considérée comme transgenre mais il y a aussi des extremistes chez la droite ou l'extême droite (rappelons-nous de l'attaque d’extrême droite contre le mouvement kurde à Paris). Ce n'est pas pour autant qu'il est juste de réduire une pensée ou un courant à une minorité. Au sein même des wokes il y a des désaccords (par exemple la transition chez les mineurs).
Pour rappel, le titre initialement prévu était "Manifeste contre le wokisme". Encore une fois, réduire un courant à ses dérives est dommageable. Le second titre n'est pas mieux car, par définition, l'obscurantisme est l'attitude de ceux qui s'opposent à la diffusion de l'instruction, de la culture. Je ne vois pas en quoi prendre conscience des discriminations sociales, religieuses, éthniques et sexuelles entre en opposition à la diffusion de l'instruction et de la culture.
Relou Le Renard
15/03/2025 à 16:19
Vous ne m'avez pas convaincu, en particulier sur votre vision des éditions PUF.
"Quand les éditions PUF, qui je le rappelle ont pour vocation de proposer des publications à vocation scientifique" dites-vous...
Ben non ! Pas que scientifique... Et même plutôt pas.
On y trouve de multiples collections aux sujets variés, politique, économie, psychanalyse, éducation, écologie, sociologie, littérature, etc.
Bref plutôt le monde des idées que celui des sciences. Ou alors celui des sciences dites molles...
Exemple, Les Care Studies :
"Enfin, la théorie du care propose un nouveau modèle des sciences humaines et sociales : abandon d’un rationalisme et d’un formalisme étroit, intégration des problématiques féministes et des études de genre ou post-coloniales, nouveaux partages du public et du privé. Pour toutes ces raisons, le domaine du care intéresse de plus en plus de disciplines : philosophie, sociologie, psychologie mais également droit, économie ou sciences politiques."
Bref, un ouvrage sur le wokisme y avait toute sa place, sauf à considérer sur seuls doivent être référencés aux PUF les ouvrages favorables au wokisme.
Les PUF en avaient jugé ainsi, avant de faire marche arrière sous la pression.
Ce qui en dit long sur le courage des PUF et la tolérance des wokes !
Et cela prouve que vous ne pouvez pas réduire le wokisme à leur combat contre certaines injustices. S'il n'y avait que ça, nous n'en parlerions même pas. Mais il y a leurs méthodes, leurs obsessions anti (mâle blanc hétérosexuel chrétien ou juif)...
Bref, un maccarthysme inversé.
C'est cela qui est inquiétant et qu'il est salutaire de dénoncer. Je ne peux accepter qu'un groupe de pression puisse censurer l'expression des idées (même si elles ne me plaisent pas)...
Alain C.
14/03/2025 à 11:43
"Annulé"... Qu'en termes galants cette chose là est dite. J'aurais plutôt parlé de censure...
A la réflexion, j'observe que la traduction anglaise de annulé, c'est cancelled.
Voilà donc à l'oeuvre la Cancel culture, le verso (berceau ? tombeau ?) du wokisme.
Bon la boucle est bouclée. Et par cette sinistre pirouette, les wokes qui luttent contre un ouvrage anti-woke, donnent hélas raison à leurs adversaires.
POINSOT P.
14/03/2025 à 17:48
Malaise aux Presses Universitaires de France sur la parution reportée d'un essai "Face à l'obscurantisme woke". Certains diraient censure, d'autres capitulation. Quoi qu'il en soit, je voulais vous informer que moi, simple citoyen, sans renom, sans réseau, ai pu faire éditer, il y a plus d'un an, cet essai "L'âge de la contre-raison ou Vers la victoire finale de l'obscurantisme ?" dans une petite maison d'édition: éditions Maïa, sans que cela ait provoqué le moindre remous médiatique.
L'obscurantisme revêtant plusieurs formes (pas seulement le wokisme), un point historique pour éclairer le débat, je terminais mon essai par un lexique général (que je qualifiais de "détestable") pour montrer l'ampleur du défi que doit relever tout citoyen pour mieux appréhender le destin qu'il se choisit par le vote libre, dans une démocratie véritablement pluraliste.
Citoyennement vôtre
Ph. POINSOT