Dès les premières pages de Le Rouge et Laure, Galien Sarde immerge son lecteur dans une atmosphère pesante, où la chaleur d’un été suffocant contraste avec l’ombre grandissante du mystère qui entoure la mort de Gaspard Vance.
Ce riche restaurateur rochelais, figure aussi charismatique qu’opaque, est retrouvé inanimé dans sa demeure de Lagord. Rapidement, l’hypothèse d’un infarctus cède la place à celle d’un crime soigneusement dissimulé. La police ouvre une enquête et les soupçons se portent sur son entourage : ses enfants, distants, mais intéressés, sa femme écartée, et surtout Laure, sa dernière compagne, jeune et troublante.
Avec une construction narrative habilement éclatée entre différents points de vue, le roman déroule un fil d’enquête aussi tortueux que les sentiments de ses protagonistes.
Entre la police, qui décortique le passé de Gaspard, et ses proches, dont la douleur se mêle à des intérêts cachés, Sarde tisse un récit où le lecteur oscille constamment entre doutes et révélations fragmentées. Qui aurait pu souhaiter la mort de cet homme au sommet de son empire personnel ?
Ici, chaque scène est peinte avec une précision cinématographique, jouant sur la perception des sens : la chaleur qui écrase, les odeurs d’eau chlorée et de sueur, le bruissement étouffé des conversations sous tension. L’auteur excelle à insuffler une aura trouble à chaque lieu, chaque détail semblant charger l’espace d’une signification latente, voire menaçante.
Le texte est aussi marqué par un usage singulier du rythme et de la structure. Sarde joue avec des phrases longues et sinueuses, multipliant les digressions intérieures des personnages pour mieux les cerner.
L’emploi du présent de narration, conjugué à une focalisation flottante entre les différents protagonistes, produit une sensation d’immersion totale. Cette manière de faire ressentir le poids des émotions intimes tout en maintenant une tension dramatique constante confère à ce livre une atmosphère oppressante, presque hypnotique.
Plus qu’un simple roman policier, se présente une réflexion sur la solitude, la culpabilité et les illusions du pouvoir.
DOSSIER - Albums, romans : une sélection de 20 livres jeunesse pour Noël 2020
Publiée le
17/02/2025 à 08:43
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Paru le 11/02/2025
230 pages
Editions Fables fertiles
18,60 €
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