Paru chez Delcourt, Le Chant de la femme parfaite est signé du scénariste Makyo et le dessinateur Bruno Cannucciari : un album singulier, mêlant science-fiction et histoire d’amour, dans un mélange de genres peu commun en BD. Thomas Jacquart, directeur de BDfugue décrypte cette aventure avec nous.
iriL’histoire suit Alan, un cryptologue travaillant pour l’armée française, dont la vie bascule lors d’une mission en Afghanistan. Responsable d’une erreur fatale, il quitte l’armée et se retrouve atteint d’une forme mutante et incurable du paludisme. Pour couronner le tout, sa compagne Catherine le quitte, incapable de l’accompagner dans la maladie.
Condamné, désœuvré, Alan assiste alors à des phénomènes inexpliqués : des objets qui lévitent, des anomalies magntétiques. Jusqu’au jour où, en plein champ de blé, une femme identique à Catherine fait son apparition.
Cette femme, qui semble être le parfait sosie de son amour perdu, n’est autre qu’une entité extraterrestre, venue avec une mission bien précise. Elle détient le pouvoir de guérir Alan, mais en échange, elle attend de lui qu’il sauve son peuple en voie d’extinction.
L’histoire prend alors un tournant inattendu : il ne s’agit pas seulement d’une expérience scientifique, mais bien d’une réflexion sur l’amour, le salut et la transmission. Comme l’explique Thomas Jacquart : « On est en plein dans un premier contact extraterrestre, mais avec une résonance très humaine. Alan va devoir choisir entre son propre salut et celui d’un monde entier. »
L’album repose sur trois personnages centraux : Alan, son ami Franck, médecin et figure rationnelle, et la femme venue d’ailleurs. Ce resserrement narratif apporte une grande intensité au récit, comme l’indique Jacquard : « Raconter une histoire aussi dense avec seulement trois protagonistes est un vrai tour de force. Mais Makyo, fort de son expérience, maîtrise l’art du récit concentré. »
Graphiquement, Bruno Canova Thierry propose un dessin réaliste et fluide, dans la lignée de la bande dessinée franco-belge classique. La mise en page varie peu, mais quelques planches surprennent par leur audace. L’usage des couleurs est particulièrement marquant, notamment dans les scènes clés où la monochromie souligne l’évolution du héros et l’intensité de ses émotions.
Si la science-fiction explore souvent des thèmes technologiques et sociétaux, Le Chant de la femme parfaite prend le pari audacieux d’y ajouter une histoire d’amour intense et charnelle. Cette audace rappelle le travail de certains auteurs qui ont réussi à allier le réalisme sentimental à la fiction futuriste. « Ce n’est pas juste une aventure spatiale, c’est une réflexion sur l’intimité, la confiance et le sacrifice », souligne Thomas Jacquart.
EXTRAIT – Le Chant de la femme parfaite
L’album se destine aux amateurs de bandes dessinées classiques et de science-fiction, mais il pourrait également surprendre ceux qui cherchent des récits où l’amour est traité de manière originale. Comme l’explique notre interlocuteur : « Ce n’est pas si courant d’avoir une romance aussi forte en SF. Cela en fait un album atypique, mais justement très rafraîchissant. »
Le podcast est à découvrir ci-dessous :
L'avis de la rédaction : Avec son scénario atypique et son esthétique travaillée, Le Chant de la femme parfaite s’impose comme une bande dessinée singulière. Un album qui, sous couvert de science-fiction, questionne notre rapport à l’amour, à la maladie et à la rédemption. Un récit qui s'adresse autant aux passionnés du genre qu'à ceux en quête d'une belle histoire humaine, et qui pourrait bien surprendre plus d’un lecteur.
Par Nicolas Gary
Contact : ng@actualitte.com
Paru le 05/02/2025
102 pages
Delcourt
22,50 €
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