Jean Meckert (alias Jean Amila, 1910-1995) est mort il y a trente ans… Pas tout à fait mort, car ses romans ont continué d’être réédités et nous n’avons pas manqué dans parler dans nos colonnes (1). Cette fois, c’est la courageuse Ronces éditions (2) qui republie Le boucher des hurlus paru chez Gallimard en 1982 et signé du nom Jean Amila qu’il avait adopté pour ses romans publiés dans la Série Noire. Par Hervé BEL
Le 02/02/2025 à 19:38 par Les ensablés
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02/02/2025 à 19:38
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L’éditeur a eu la bonne idée d’assortir le texte de belles illustrations de Saint Molotov et d’une postface à lire absolument de Stéfanie Delestré et de Hervé Delouche (tous deux chargés de la réédition de l’œuvre de Meckert aux éditions Losfeld) qui fait un point complet sur l’œuvre de Meckert.
D’abord qu’on nous permette un mot sur le livre lui-même. En tant qu’objet à placer dans sa bibliothèque, il est magnifique à voir et à toucher : caractères Garamond, papier ivoire, couverture cartonnée, illustrations originales inspirées des gravures du Moyen-Âge (mais Meckert n’a-t-il pas un côté Villon ?). Rien que cela, tenir ce livre, le caresser, le regarder, est un plaisir.
Mais venons-en à ce roman qui se déroule en 1919 et dont les héros sont des enfants. Prisme assez inédit, il faut le dire.
Comme nous l’apprend la postface, l’histoire est inspirée de l’enfance de Jean Meckert. Plus ou moins d’ailleurs, car Meckert, contrairement à son héros, le petit Michou, n’a pas eu un père fusillé pour cause de mutinerie : il a tout simplement abandonné sa femme…
Michou est un brave gosse qui vit avec sa mère dans un immeuble de la rue Bagnolet. Par malheur, les voisines savent que son père a été fusillé, après avoir refusé de monter à l’assaut de Perthe-les-hurlus (ne cherchez pas, l’endroit n’existe pas) que le général Des Gringues (quel nom !) avait ordonné.
La médiocrité et la cruauté des petites gens sont sans limites. La pauvre mère de Michou est harcelée par le voisinage :
« Et les pires de ces rombières étaient encore celles dont l’homme était embusqué en usine à tourner les Obus de la Victoire. »
Mais la pire des pires est encore la Venin et son misérable mari qui ne cessent de la poursuivre de leur vindicte, tant est si bien que la pauvre femme en devient neurasthénique. Elle est envoyée à l’hôpital, et l’enfant doit être placé dans une école religieuse.
Au moment où on emmène Michou, la Venin s’essaye à la bonté :
« Et c’était elle, incroyable faux cul qui prenait des mines apitoyées, qui disait : “mon pauvre enfant !” Monstrueux culot. D’abord il n’avait pas su réagir, gorge serrée, cerveau en passoire qui laissait filer les répliques. Mais comme ils entraient dans la salle et qu’elle se penchait sur lui, il lui avait craché à la gueule : “Je vous tuerai, je le jure !”
Là commence vraiment l’histoire. Michou qui n’a que huit ou neuf ans n’aura plus qu’un but : venger son père et sa mère, laquelle, comme le petit garçon le découvrira, est devenue quasiment folle.
À l’école religieuse (que Meckert, c’est étonnant de sa part, décrit sans trop de férocité), Michou ne tarde pas à devenir la mascotte d’une bande de copains un peu plus âgés, de braves et malheureux garçons eux aussi. C’est que Michou attire l’attention. Il est mignon, malin, et même surdoué, capable de calculer les opérations arithmétiques les plus complexes.
La petite bande rêve de voyage, d’évasion.
Lui, Michou la prépare avec sérieux, car il ne perd de vue son objectif : tuer la Venin, mais aussi le général Des Gringues qui a fait fusiller son père.
Il parviendra à entraîner ses amis dans son projet. Il leur fera prendre le train pour visiter les régions dévastées par la guerre, un voyage au bout de la nuit :
Dehors la sale aube montait lentement au loin par tribord, laissant voir des bouquets d’arbres déchiquetés, quelques ruines, et d’autres baraques de camps, ceux-là̀ militaires. La guerre était finie, mais on entrait cependant en zone interdite. Et par deux fois le car avait été arrêté par des chicanes en travers, et un sous-off qui éclairait l’ordre de mission dressé contre le pare-brise. Ça commençait à devenir impressionnant. Depuis plu — sieurs mois déjà on avait signé l’Armistice, mais le terrain semblait appartenir aux forces armées, pour l’éternité́. Le jour demeurait blême comme mamelon de nana, perdu dans la brouillasse. On pouvait apercevoir des canons disloqués et quelques restes de ces fameux boyaux et tranchées où, comme disait le haut bourrage de crâne, nos braves Poilus démerdards se trouvaient comme des rois dans des palaces. Main — tenant, le ton avait changé. On disait : “Ils ont des droits sur nous !”, histoire de les empaqueter par urnes interposées.
Puis, à la suite de plein d’aventures (dont l’amère et belle rencontre de prostituées hautes en couleur), Michou pourra se venger, et on sera bien content. Nous ne dirons ici comment.
Le roman, vous l’aurez compris, ne fait pas dans la dentelle. Il possède un côté célinien incontestable : utilisation de l’argot et de l’injure, description apocalyptique. Mais contrairement à Céline, Meckert ne nous laisse goûter aucun moment de grâce où notre cœur pourrait fondre. Tout est noir ici, sans nuance, et c’est donc très drôle, ironique, intelligent. Les portraits des méchants sont faits à gros traits cruels et drôles.
Dans tout ce texte, grondent la révolte de son auteur et son antimilitarisme absolu. Bref, il ne fait pas dans la nuance, et on aime quelle que soit son opinion politique… De la vraie littérature, quoi !
Hervé BEL (janvier 2025)
(1) Voici la liste des différents articles publiés par les Ensablés sur Jean Meckert-Amila (1910-1995) :
Je suis un monstre —Carl Aderhold, Abîme —Hervé Bel, L’homme au marteau —Hervé Bel, La tragédie de Lurs —Hervé Bel, Jusqu’à plus soif —Hervé Bel, Nous sommes tous des assassins —Hervé Bel
(2) Nous avons déjà parlé (Denis Gombert) de cette maison à l’occasion de sa publication d’un roman de Denis Belloc “Les aiguilles à tricoter” (ici).
Par Les ensablés
Contact : ng@actualitte.com
Paru le 16/01/2001
223 pages
Editions Gallimard
7,60 €
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Il y a des livres qui tiennent du vertige. Cet étrange dérangement, dernier roman de François Vallejo, en fait partie. Dès les premières pages, le lecteur est happé par une atmosphère étrange, entre énigme et malaise diffus, où l’absurde et le tragique se frôlent sans jamais vraiment s’accorder.
04/02/2025, 09:01
Nous subissons les répercussions d’un capitalisme qui ignore les ravages qu’il provoque. Les conflits se multiplient, la planète vacille sous les crises climatiques. L’État-nation, pris dans ses propres limites, peine à répondre à ces bouleversements. Une autre dynamique devient nécessaire : repenser l’internationalisme en s’affranchissant des cadres traditionnels pour ouvrir la voie à des formes nouvelles d’organisation collective.
04/02/2025, 08:30
De l’ombre à la lumière, l’espionne antiroyaliste se retrouve propulsée à la tête du royaume de France. Mais la disparition de Louis XXII n’apporte aucun répit : isolée, inexpérimentée et sous pression, Gabrielle voit sa régence vaciller… et sa vie menacée.
04/02/2025, 07:30
Sibi, narrateur en proie au doute et candidat à l'élection présidentielle d'un pays d'Afrique de l'Ouest, nous entraîne dans les coulisses d'une campagne où son avenir, ainsi que celui de sa famille, repose sur un fragile équilibre : celui du secret. Le Dernier des arts est un roman profond et intimiste qui interroge le véritable sens de l'engagement. Par Oriane Prevost.
03/02/2025, 17:09
Dans son dernier roman, La Tendresse des autres, Sophie Tal Men raconte une fresque touchante et vibrante de résilience familiale. Avec sa plume délicate et sincère, l'autrice explore les méandres de la vie quotidienne après un bouleversement majeur : un enfant confronté à la rééducation physique et les répercussions de cette situation sur ses proches.
03/02/2025, 11:27
Pauline Bilisari signe un roman d’une intensité rare, où la sensibilité et la poésie des mots illuminent les zones les plus sombres de l’âme adolescente. À travers le récit croisé de Céleste et Côme, l’autrice nous plonge dans les tumultes de la santé mentale, abordant avec une justesse saisissante des thématiques complexes telles que l’anxiété, les pensées suicidaires et les violences intrafamiliales.
31/01/2025, 12:36
Le Désir de nouveautés : L’obsolescence au cœur du capitalisme (XVe-XXIe siècle), interroge cette notion construite, manipulée et exploitée par le capitalisme à travers les siècles. Jeanne Guien démontre combien cette “nouveauté”, loin d’être une tendance ou un attrait naturel, repose avant tout une construction idéologique et économique. Ou comment perpétuer un modèle consumériste basé sur l’achat, le rejet et le remplacement constant des biens...
31/01/2025, 12:32
Freida McFadden continue de dominer le classement des meilleures ventes, conservant la première place avec La Femme de ménage (50.338 exemplaires écoulés) et s’offrant également la troisième place avec La Femme de ménage voit tout (34.014) deux traduction de Karine Forestier. Mais cette semaine (du 20/01 au 26/01), c’est la littérature française qui s’impose : Pierre Lemaitre réalise un coup de maître (sans mauvais jeu de mots) en prenant la deuxième position, avec 41.202 exemplaires vendus dès sa première semaine pour Un avenir radieux.
31/01/2025, 12:07
Philostrate, orateur et philosophe de l'Antiquité tardive, nous offre avec L'Art de la gymnastique un texte rare et fascinant qui dépasse le cadre strict de l'exercice physique pour explorer des notions philosophiques et sociales. Ce traité, traduit et annoté par Nicolas Waquet, se distingue par sa capacité à relier la gymnastique à des concepts comme la sophia (la sagesse) et la discipline de l'esprit, soulignant la connexion intrinsèque entre le corps et l'intellect.
31/01/2025, 09:00
Arnaud Manas propose, avec Histoire de la fausse monnaie en France, un ouvrage captivant et minutieux qui plonge au cœur d'une pratique aussi ancienne que la monnaie elle-même : le faux-monnayage. Ce livre publié aux Éditions du Cerf s’inscrit dans une perspective à la fois historique, sociologique et économique, offrant une exploration dense et érudite de ce phénomène.
31/01/2025, 07:00
Voici un auteur loin d’être inconnu dans nos colonnes : le journaliste et activiste canadien Cory Doctorow oeuvre dans deux genres qu’on différencierait à tort distincts. D’un côté la science-fiction, de l’autre, les droits numériques. Figure influente dans les domaines de la technologie, de la liberté d’Internet et de la culture libre, il revient avec Le Rapt d’internet (trad. Anne Lemoine), chez C & F Éditions.
30/01/2025, 15:11
Antonin Louchard revient en librairie avec son humour décalé et son goût de l’absurde. Pour le bonheur des enfants — mais surtout des parents, complices amusés — l’auteur renoue avec ses lapins anthropomorphes. Dans un album coloré, qui flirte avec la fable moderne, il s’attaque à une question existentielle : pourquoi les lapins ne portent-ils pas de culotte ?
30/01/2025, 10:52
Avec Jusqu'au bout de l'océan, Arthur Rogé propose une odyssée humaine et émotive, un roman où les destins croisés de personnages blessés se heurtent et se transforment. En alternant les points de vue entre plusieurs protagonistes, il dépeint avec habileté des luttes intimes et des questionnements universels sur la fuite, la rédemption et l’amour.
30/01/2025, 10:09
La publication de La femme au miroir et autres récits par les éditions Rivages nous invite à plonger dans l'univers fascinant de Virginia Woolf, à travers une sélection de textes courts traduits et préfacés par Fanny Quément. Ces récits, souvent méconnus, offrent une galerie des glaces littéraire où le reflet est bien plus qu'une surface : il devient un lieu d'exploration intime et universelle.
30/01/2025, 09:54
Thomas B. Reverdy nous offre avec 6 avenue George V un récit pétri d’émotions et de réflexions sur la mémoire, la perte et la quête d’identité. À mi-chemin entre un roman autobiographique et une exploration littéraire, voici un voyage à travers ses souvenirs et les vestiges d’un lieu qui a marqué son enfance.
30/01/2025, 09:47
Xavier Müller est un auteur français qui s'est fait un nom dans le domaine de la science-fiction et des thrillers scientifiques grâce à ses récits qui proposent des réflexions sur des thématiques contemporaines comme les dérives technologiques ou environnementales.
30/01/2025, 09:45
BONNES FEUILLES — Dans les abysses de l’océan, un péril insoupçonné se réveille. Alors qu’une équipe de chercheurs explore les fonds marins au large de l’Australie, elle met au jour un mystérieux corail noir, défiant toute explication scientifique. Traduit de l'anglais par Leslie Boitelle-Tessier.
29/01/2025, 17:50
Théâtres (Le Tripode), de Serge Kliaving regroupe de courtes histoires muettes toutes aussi étranges les unes que les autres. Qui ne connaît pas les précédentes œuvres de Serge Kliaving pourrait être déboussolé. Le dessinateur, qui signe son troisième livre au Tripode, construit depuis quelques années un univers dense composé de séquences oniriques en noir et blanc.
29/01/2025, 11:16
Polar à énigme et dénouement surprise dans une petite ville aux mains des plus riches. Une construction bien tordue pour ce crime dont on sait (presque) tout dès les premières pages. Morgan Greene c'est le nom de plume d'un auteur britannique, le gallois Daniel Morgan, et Tous des animaux est son premier roman traduit en français par Nathalie Peronny.
29/01/2025, 08:00
3 Commentaires
Quentin / Ronces
04/02/2025 à 10:24
Bonjour,
merci pour ce bel article.
Il s'agit de Ronces éditions et non de la maison d'édition Les Ronces comme indiqué dans le chapô.
Par avance, merci.
Team ActuaLitté
04/02/2025 à 18:22
Bonjour et navré de cette maladresse, désormais corrigée !
Herbert Dune
04/02/2025 à 18:55
On reste un peu sur sa faim mais c est le but. Que fera l enfant? Le côté pacifiste et décourageant n engage cependant pas à la lecture tant il a déjà été le fond de sauce de tant de livres, y compris recents; sur cette période qualifiée peut etre un peu vite de representarive de la lachete collective... merci pour cette honnête présentation!