Et si, cette année, Noël n’avait pas eu lieu ? Pire encore, si une loi l’avait soudainement interdit ? Comme pour Voldemort, le mot serait devenu imprononçable, et toute allusion à cette fête aurait été passible d’une amende. Un mauvais rêve ? Pas du tout. Car pendant 22 ans, Noël a bel et bien été banni...
Le 27/12/2024 à 17:37 par Sara Verrecchia
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Publié le :
27/12/2024 à 17:37
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« Tu sais, dans mon temps, on se contentait d'une clémentine comme cadeau... » Eh bien, pourrons-nous rétorquer, à une époque, beaucoup auraient bien souhaité une clémentine plutôt que... rien du tout.
Ce scénario semble presque irréel aujourd’hui, mais il a pourtant bel et bien eu lieu. Rassurons-nous, l’histoire reste assez lointaine pour que nous n’ayons pas à craindre de la voir ressurgir. Alors, en attendant, rien ne nous empêche de déjà réfléchir à la liste de nos cadeaux pour l’année prochaine.
Quoi qu’il en soit, en 1659, la colonie de la baie du Massachusetts a passé la grande annonce. Il n’y aura pas de Noël cette année. Ni celles d’après. À cette époque, la colonie anglaise était devenue le centre du puritanisme débarqué dans le Nouveau Monde. Elle est alors administrée par ces représentants, par l'entremise d'une charte accordée par la monarchie britannique.
Cependant, de nouveaux Anglais arrivent, et avec eux les coutumes du pays... Mécontents de l’influence grandissante de ces nouvelles pratiques, ils décidèrent de prendre une décision pour le moins drastique. Pourquoi continuer de tolérer une fête qui allait à l’encontre de leurs idéaux, alors qu’ils pouvaient tout interdire ? C’est donc ce qu’ils ont fait. Célébrer Noël devint un délit.
Le texte, partagé par le site du Commonwealth of Massachusetts, traduit en français : « Pour empêcher que des troubles ne surviennent dans plusieurs endroits de cette juridiction, parce que certains continuent à observer des fêtes qui étaient célébrées par superstition dans d’autres pays, au grand déshonneur de Dieu et au mépris des autres, il est donc ordonné par cette Cour et en vertu de son autorité que toute personne surprise en train de célébrer un jour tel que Noël, ou tout autre jour semblable, soit en s’abstenant de travailler, en festoyant ou de toute autre manière, pour les motifs susmentionnés, devra payer une amende de cinq shillings à la communauté pour chaque infraction. »
Ce qu'ils détestaient par-dessus tout, c'était le fossé entre la signification que les festivités étaient censées incarner et la réalité de ce qui s'y déroulait. Bien qu’il soit question de « Christ-mas », ils y voyaient davantage une excuse à la débauche qu’une célébration chrétienne.
Cette journée semblait surtout devenir un prétexte pour ne pas travailler, se gaver de nourriture et boire à l’excès. Un cocktail parfait de péchés... Face à cela, ils ont décidé qu’il fallait y mettre fin.
Et puis, il faut dire que ces festivités s’accompagnaient d’autres coutumes. Parmi elles, le fameux wassailing. Si cette tradition était perçue comme un moment d’harmonie et d’échange dans d’autres régions, à Salem, elle n’a pas du tout trouvé grâce aux yeux des puritains. C’est l’histoire que nous partage Mass Moments.
Noël 1679, Salem. Cette nuit-là, quatre joyeux lurons décidèrent de rendre visite à John Rowden, un fermier du coin. Armés de leurs voix et d’un appétit insatiable, ils s’introduisirent dans la maison, s’installèrent près du feu et commencèrent à chanter.
Tout aurait pu se terminer par une scène chaleureuse digne du Noël de Monsieur Scrooge reprise par Disney, mais... le fermier, peu coutumier des intrusions nocturnes dans son foyer, ne semblait pas enclin à accepter ces drôles de visiteurs. Ainsi, il dit « Non ».
Ils partirent... pour mieux revenir. Et demander, cette fois, de l’argent. Après une nouvelle expulsion, ils furent forcés de... revenir. Après tout, jamais deux sans trois. C’est ainsi que nos trois mousquetaires du crime, loin d’être démoralisés par ces refus, décidèrent de bombarder le foyer de « pierres, d’os et autres objets ». Et voler quelques pommes au passage.
Ils rejouaient en fait cette tradition anglaise du wassailing, où les classes populaires allaient chanter aux portes des plus riches en échange de nourriture, boisson ou argent. En Angleterre, cette coutume favorisait une certaine harmonie entre les différentes situations sociales, de par le renversement qui y était proposé sur une courte période. Mais à Salem, elle s’est rapidement transformée en un prétexte supplémentaire pour les puritains afin d’interdire toute forme de festivité.
Sous la pression du gouvernement britannique, le Massachusetts fut contraint d’abroger plusieurs lois. Et, parmi elles, celle interdisant les festivités en 1681, mettant ainsi fin à cette période de prohibition de Noël. Et c’est seulement en 1856 que le jour est devenu férié. Un combat de longue haleine.
Crédits : image générée par ChatGPT
Par Sara Verrecchia
Contact : sv@actualitte.com
4 Commentaires
alexandre
28/12/2024 à 10:09
J'espère que vous nous ferez aussi un article sur l'interdiction de Noël par l'URSS en 1925 et toutes les persécutions qui eurent lieu contre les croyants à l'époque.
C'est amusant cette constante facilité à trouver n'importe quel prétexte (même Noël !) pour taper sur les méchants américains (que je ne défend pas, loin de là) et à toujours épargner les gentils communistes.
Gaucho Marx
29/12/2024 à 08:32
Savez-vous que même en France, il existe des contrées où on ne souhaite plus "Joyeux Noël" mais "Bonnes fêtes" ?
Un autre genre de puritanisme, faut croire...
El72
30/12/2024 à 14:16
Oui, sans se reconnaître d'une croyance religieuse, l'esprit de Noël, c'est une occasion d'échanges (cadeaux et/ou repas). Un jour réservé à la famille et aux enfants. Ce n'est pas une fête comme les autres et reléguer cette période à juste "une fête", je pense que ces gens sont juste des grincheux qui n'aiment pas les autres en dehors d'eux-même.
Marioniet
30/12/2024 à 09:06
Il y a (bien) longtemps, le "petit Jésus" régnait sur cette fête religieuse avant que le père Noël ne le chasse. Aujourd'hui cette hyper" fête "de la consommation, indécente, est à gerber. Normal qu'on l'ignore parfois.