À une semaine de la fin de l’année, les librairies s’attendent ou espèrent une dernière semaine de folie. Deux jours avant le 25 décembre, ce sont encore des ventes qui se profilent et une grande surprise cette année : c’est une écrivaine britannique qui occupera la première place du podium 2024.
Le 23/12/2024 à 17:31 par Clément Solym
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Publié le :
23/12/2024 à 17:31
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Chaque année les deux poids lourds de la francophonie rivalisent aux confins du sublime, flirtant avec l’Olympe des Ventes : Guillaume Musso et Joël Dicker, les hommes forts de l’industrie du livre en France. Et comme ils comptent généralement plusieurs livres publiés au cours de la même année, un grand format, quelques poches et éventuellement un ou deux audiolivres, les voici triomphants tel Héraclès des volatiles du lac Stymphale…
Sauf que cette année, non — enfin, si : Dicker devrait cumuler près de 600.000 exemplaires vendus avec Un animal sauvage et L’affaire Alaska Sanders. Musso, lui, a déjà explosé ce score, avec 746.000 petits pains déjà écoulés – cumulant Angélique en poche et Quelqu’un d’autre en grand format.
Des chiffres cumulés qui donnent le tournis, mais qu'une nouvelle entrante va passablement bousculer avec quelque 465.000 ventes depuis mars dernier sur un seul roman : La Sage femme d’Auschwitz (trad. Maryline Beury, publié chez J'ai Lu). En un titre, voici Anna Stuart qui prend la tête des ventes et tient tête sans rougir aux cadors qui roulaient déjà des mécaniques.
Qui est Anna Stuart alors ? Cette écrivaine britannique s’est spécialisée dans les romans historiques — notamment pendant la Seconde Guerre mondiale. Et grand bien lui en a pris, si l’on regarde le succès de ses romans, que représente désormais Kate Shaw de la Shaw Agency, fondée en 2019.
Une collaboration entre les deux femmes qui aura joué un rôle déterminant : en signant avec l’éditeur Bookouture, Kate Shaw, ancienne de Aitken Alexander Associates et The Viney Agency, a frappé fort. Natasha Harding, directrice de Bookouture, n’avait pas caché son enthousiasme à l’idée de publier davantage de romans d’Anna Stuart, soulignant le succès rencontré par The Midwife of Auschwitz et l’anticipation des futures œuvres de l’autrice.
Diplômée en littérature anglaise de l'Université de Cambridge, elle a d'abord travaillé comme planificatrice de production avant de se consacrer pleinement à l'écriture. Sous le pseudonyme de Joanna Courtney, elle a publié une trilogie historique débutée avec Queens of the Conquest entre 2015 et 2017.
Sous son nom de plume actuel, Anna Stuart a écrit plusieurs romans acclamés, dont La sage-femme d'Auschwitz – paru sous le titre The Midwife of Auschwitz en 2022, et inspiré d'une histoire vraie. Ce livre met en lumière le courage et la résilience des femmes pendant l'Holocauste.
Il fut suivi de The Midwife of Berlin, l'année d'après, qui poursuit cette exploration des épreuves post-guerre, centrée sur une mère survivante d'Auschwitz en quête de sa fille perdue dans une Europe dévastée.
Or, deux autres romans sont déjà parus : en mars 2024, The War Orphan, suivi en août de The Secret Message, toujours dans le même univers. Le premier se déroule en 1944 en Pologne, où la vie de toute une famille ne tient qu’à un fil et un secret. Le second relate, en 1945, le devenir d’une femme délivrée du camp d’Auschwitz : « Mais que se passera-t-il maintenant ? »
Pour son agente littéraire, c’est le carton plein et chez J’ai Lu, l’opulence : Kate Shaw avait déjà découvert des auteurs qui ont figuré avec le temps sur les listes des best-sellers du New York Times et du Sunday Times. Elle représente des œuvres ayant remporté des prix majeurs et vendu des millions d’exemplaires dans le monde. La réputation n’est plus à faire : l’exemple d’Anna Stuart en atteste amplement.
Quant à Anna Stuart réside dans le Derbyshire avec son mari et leurs deux enfants. Ses romans, traduits en plusieurs langues, sont reconnus pour leur profondeur émotionnelle et leur précision historique, offrant des perspectives poignantes sur des périodes tumultueuses de l'histoire mondiale.
En France, l’aventure débute avec City Editions, qui publie La Sage-femme d’Auschwitz en mars 2023 et enregistre plus de 38.000 ventes en grand format. Chez J’ai Lu, ce seront 464.000 exemplaires en moins d’un an. Et la suite arrive avec La Sage-femme de Berlin, déjà à plus de 39.000 ventes chez City en grand format : le poche est prévu pour le 5 février 2025…
Depuis mars que La Sage-femme d’Auschwitz est arrivé en poche et en librairies (ouh, le zeugma de fin d'année !), les ventes ont continuellement grimpé, avec des volumes de l’ordre de 7 à 10.000 exemplaires chaque semaine… jusqu’au début des grandes vacances. On a assisté à une envolée lyrique phénoménale, durant 13 semaines consécutives avec plus de 12.000 ventes hebdomadaires.
Le bouche-à-oreille, certainement, les campagnes publicitaires, aussi, mais le lectorat, en France, s’est montré particulièrement sensible à la manière dont Anna Stuart aborde des sujets historiques. Le tout avec délicatesse et précision, pour servir un récit qui a amplement résonné. De la littérature populaire, au sens le plus louable du terme.
Nous aurions peut-être dû commencer par là, en effet. À son arrivée à Auschwitz, sous un ciel bas et gris, Ana est convaincue qu’elle ne survivra pas à l’enfer du camp. Cependant, elle possède une compétence recherchée par les nazis : elle est sage-femme. Sa mission consiste à assister les autres prisonnières lors de leurs accouchements. Cette tâche est d’autant plus éprouvante que, dès leur premier cri, les nouveau-nés sont arrachés à leurs mères pour être confiés à des familles allemandes.
Malgré la détresse des femmes à qui l’on vole leurs bébés, Ana s’efforce d’apporter un peu de réconfort autour d’elle. Un jour, elle réalise qu’elle peut faire davantage. En secret, elle tatoue les nourrissons avec les numéros de déportation de leurs mères. Ce geste représente une lueur d’espoir dans un monde d’une infinie noirceur : et si, après l’horreur de la guerre, grâce à cette initiative, ces enfants et leurs mères se retrouvaient ?
Les données présentées dans ce papier sont susceptibles d’évoluer — et si elles sont susceptibles, on ne sera pas rancunier pour autant. D’autant que les variations n’évolueront pas de manière totalement inverse à la tendance présentée dans cet article, mais quelques précisions s’imposent.
Le calcul effectué à partir des données de notre partenaire Edistat est simple : les chiffres ne reflètent pas encore la totalité des 52 semaines de l’année 2024. Les informations de vente, à cette heure, s’arrêtent aux métriques de la semaine 50 : deux manquent encore à l’appel, mais on considérera que la 52e, post-Noël, ne fouettera pas bien fort les résultats finaux.
Les nouvelles informations indiquent que le roman d'Anna Stuart a passé les 491.186 exemplaires, loin devant Joël Dicker, avec 395.619 ventes pour Un animal sauvage (en grand format) et 387.018 pour Angélique de Guillaume Musso (en poche).
Reste alors à attendre les résultats de la semaine 52, puisque Noël s'est déroulé ce mercredi, entraînant certainement une ruée dans les librairies les lundi 23 et mardi 24... Mais difficile d'imaginer que Musso ou Dicker parviennent à dépasser la réussite de la romancière britannique.
Crédits photo : Anna Stuart
Par Clément Solym
Contact : clements@actualitte.com
Paru le 06/03/2024
480 pages
J'ai lu
8,60 €
Paru le 21/02/2024
428 pages
City Editions
22,00 €
12 Commentaires
patrice laurencin
23/12/2024 à 22:09
Attention
Gérard de Villiers
n'a pas dit
son dernier mot
Irene Didier
24/12/2024 à 04:04
Bonjour
J ai lus les deux livres .fantastique 📚 j ai adorer j adore les livres 📚 sur le seconde guerre mondiale recits vécu etc a lire franchement.
Bravo madame.
Joyeux Noël 🎅 🤶 et bonne année
Aurelie
24/12/2024 à 07:59
Acheter par hasard cet été, je l'ai dévoré en quelques jours et acheter la suite " la sage femme de Berlin" un livre dur mais magnifique à la fois
ARMAND TORRES
24/12/2024 à 09:10
Jamais je n'ai cru en des femmes avec des chevelure opulantes et flamboyante dans ce roman.toutes étaient traité comme moins que rien, destinée au four crématoire.ce roman m'a laissé de glace,car j'ai lu pas mal sur ces sombres périodes,l'auteur se moquent des historiens,rien ''est vrai dans cette fiction !!
MortAuxCons
24/12/2024 à 14:29
Wow.....🤦♂️
Charette roselyne
24/12/2024 à 09:36
J ai lu ce livre , j ai été très touchée par la précision des faits , mais que de larmes versées, l écriture est simple , et je dirai reposante, que de recherche .... ! J ai les 2 livres de cette écrivaine, j avoue avoir eu du mal à me plonger dans d autres histoires , je voudrais dire à tout le .monde de lire ce livre ..
Merci madame continuez d écrire, vous faites des heureux .
Anne Gaelle Désirée
26/12/2024 à 11:26
ça doit toujours être moins naze qu'un bouquin de Yann Moix c'est rassurant
Leanne
26/12/2024 à 12:06
Petite-fille de déportés massacrés à Auschwitz, ce type de livres me dégoûte profondément. Alors en plus, que ce type de romances soit dans les meilleures ventes, c'est le pompon! Vous voulez en savoir plus sur la Deuxième Guerre mondiale? Lisez les historiens. Sur les camps? Lisez les témoignages de Primo Levi, Elie Wiesel, Charlotte Delbo, Jorge Semprun, etc. Ils sont très nombreux et vous donneront une meilleure idée de la réalité. Enfin, si c'est ça que vous cherchez.
Samuel DUffay-HOUNKPE
30/12/2024 à 11:34
Précisément pas, j'en ai peur... :/
Lenormand
06/01/2025 à 14:56
Bonne nouvelle personne ne vous oblige à lire ce roman qui n'est pas une romance à ma connaissance ni un ouvrage d'historien en effet (même s'il s'inspire d'une histoire vraie celle de Stanisława Leszczyńska) mais à le mérite de traiter un sujet que beaucoup hélas ne connaissent que par la fiction.
Les meilleurs ventes sont rarement les meilleurs livres mais à choisir entre Devilliers Bardella et Stuart le choix est rapide en ce qui me concerne :-)
Marie
30/12/2024 à 09:15
Cette présentation me fait fuir : "Tout autour de la guerre"? J'attends "tout autour de la paix". Et un art d'écrire qui ait de la tenue. Viens de découvrir une femme écrivain qui ose sur 500 pages honorer les ...cimetières : Valérie Perrin. Quant à Musso, un seul bouquin m'a suffi.
Istique
09/01/2025 à 15:25
Bonjour,
Je pense qu’il y a un problème d’objectivité et de bon sens à comparer deux livres qui, de par leur nature respective (un grand format à 23 euros et un poche à 8,60 euros), ne peuvent pas être comparés.
Et quand bien même vous souhaiteriez maintenir cette comparaison, elle devrait également être faite en termes de chiffre d’affaires.
Ce type d’article contribue à un flou autour de nos métiers, ce qui nuit à la compréhension de notre travail par une grande partie de vos lecteurs.
Cordialement,