D’inconnue à autrice de best-seller : Vicky Ball, 48 ans, a ému la toile après un post sur le réseau social X. Bien installée sur son stand, à l'occasion d’un énième salon du livre, l’autrice se réjouit : « J’ai vendu deux livres. » 25 millions de vues plus tard, ses ouvrages ont trouvé un nouveau public, bien plus large.
Un simple post peut transformer une vie. C’est ce qu’a vécu Vicky Ball, ex-enseignante britannique originaire de l’Essex. En parallèle de son métier, cette quadragénaire passionnée d’écriture a publié Powerless aux éditions Burton Mayers Books, un thriller Young Adult sur le retour inattendu d’une sœur disparue dans des conditions mystérieuses.
Elle a poursuivi avec Abandoned, toujours au sein de la même maison. Ce roman suit Maddie, confrontée aux démons de sa mère alcoolique, au moment où elle découvre une vérité qui bouleverse son identité, et son histoire, à jamais.
Un hobby qui n’était, jusqu’alors, pas très lucratif. Dans une interview accordée à Sky News, l’autrice confie avoir déjà participé à des événements littéraires sans avoir vendu aucun livre. Alors, lorsque Vicky Ball conclut 2 ventes lors du salon littéraire au Galleywood Heritage Centre, à Chelmsford, elle partage immédiatement son engouement sur son compte X.
Une photographie d’elle-même, assise sur son stand, un sourire aux lèvres, accompagne la légende : « J’ai vendu deux livres 😁😁 ». Quelques minutes plus tard, l’écrivaine annonce même en avoir vendu un troisième. « J’étais heureuse, je trouvais cette journée très fructueuse », explique-t-elle.
« J’ai laissé mon téléphone de côté jusqu’au lendemain matin », poursuit l'autrice. « Je me suis retrouvée avec plus de “J’aime” qu’à l’accoutumée », ironise-t-elle. Son post cumulait alors plus de 20 millions de vues, et son roman Powerless, sorti en 2021, se retrouvait propulsé dans le classement des meilleures ventes de sa catégorie sur Amazon. « J’ai été totalement prise de court, c’était presque écrasant — j’étais simplement stupéfaite et incapable d’y croire », confie-t-elle à la BBC.
Une popularité inespérée pour cette maman de deux enfants, qui voit à ce jour son roman Powerless classé troisième des ventes Amazon dans la catégorie : « fiction pour adolescents et jeunes adultes sur les abus sexuels ».
L’autrice, qui a enchaîné les plateaux de télévision et les interviews pour divers médias, a partagé sa surprise auprès de The Guardian : « Je reçois des messages sur Instagram de personnes disant : “Je viens d’acheter votre livre depuis la Colombie”, ou encore : “Je suis à Salt Lake City” ou “en Belgique”. C’est incroyable, vraiment — c’est inimaginable. »
Richard Mayers, directeur de la maison d’édition Burton Mayers Books, basée à Dundee, se dit stupéfait : « Elle m’a simplement envoyé un message disant : “Je suis devenue virale ! 25 millions de vues”, et j’ai répondu : “C’est fou !” »
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« Comme beaucoup d’auteurs indépendants, ils participent à ces salons… où l’on vend parfois un ou deux exemplaires. Alors, être propulsée ainsi sous les projecteurs, c’est vraiment positif », ajoute l'éditeur. « Je dis toujours aux auteurs que c’est un marathon, pas un sprint : le maître mot, c’est la persévérance. »
L’histoire de Vicky Ball demeure exceptionnelle et ne reflète en rien la réalité économique de la majorité des auteurs au Royaume-Uni. Une étude menée par le Creative PEC en 2022 dresse un tableau alarmant : le revenu médian des auteurs pour qui l'écriture est l'activité principale plafonne à seulement 7000 £ par an (environ 8400 €), bien en dessous du salaire minimum britannique. À cela s’ajoute une donnée révélatrice : la moitié des auteurs interrogés déclarent n'avoir jamais reçu d’avance de la part d’un éditeur.
Cette précarité, en nette augmentation, contraint la plupart des auteurs à exercer une activité complémentaire pour subvenir à leurs besoins. Seuls 19 % d’entre eux vivent exclusivement de leur plume, contre 40 % en 2006, une baisse qui témoigne de la difficulté croissante à faire de l’écriture une profession viable.
Les inégalités, elles, restent criantes dans ce milieu. Les 10 % d'auteurs les mieux rémunérés captent près de la moitié des revenus totaux. Les femmes et les auteurs issus de minorités sont particulièrement défavorisés : selon l’étude, les autrices gagnent en moyenne 41 % de moins que leurs homologues masculins, un écart qui s’est encore creusé par rapport aux 33 % enregistrés en 2017.
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Le parcours atypique de Vicky Ball met paradoxalement en lumière un système qui laisse une part importante de la profession sur le bas-côté. Pour la plupart des écrivains, la détermination évoquée par son éditeur est indispensable pour évoluer dans une profession marquée par une précarité croissante, et des chances de réussite aussi limitées qu’inégalement distribuées.
Crédits image : © Vicky Ball
Par Louella Boulland
Contact : lb@actualitte.com
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