France Culture nous accompagne pour la dernière semaine avant les fêtes, du 16 au 22 décembre, avec un programme littéraire et culturel diversifié. Le traineau de la station portera les auditeurs entre dramaturgie, parentalité féministe, poésie d’enfance et grandes voix de la littérature comme Peter Handke ou Jón Kalman Stefánsson.
Du lundi au vendredi de 15h à 16h
Par les villages de Peter Handke : réinvention de nos pays natals
Avec Sébastien Kheroufi, le metteur en scène qui en propose une nouvelle mise en scène au Centre Pompidou jusqu’au 22 décembre. Aux côtés de la chercheuse Claire Lechevalier.
L’Algérie vue et racontée par Pierre Bourdieu
Avec Frantz Schultheis pour son ouvrage Pierre Bourdieu. Images d’Algérie (Actes Sud).
Le Goncourt des détenus 2024
Avec l’écrivaine Jane Sautière, autrice de Fragmentations d’un lieu commun (Verticales), ensemble de textes rédigés lorsque l’autrice était éducatrice en milieu pénitentiaire. Ainsi que Thomas Chardon et Catherine Le Faou, intervenants en milieu carcéral.
Nos enfants, nous-mêmes : un manuel de parentalité féministe
Autour du manuel Nos enfants, nous-mêmes (éditions Hors d’Atteinte, 2024), avec Marie Hermann, son éditrice et Anaïs Le Brun-Berry, membre du collectif qui a rédigé le manuel.
Dans la bibliothèque de Jane Evelyn Atwood
Du lundi au vendredi de 21h à 21h30
Le cœur de l’homme, d’après le roman de Jon Kalman Stefansson (épisodes 1 à 5 sur les 8)
Réalisation : Laurence Courtois
Adaptation de Gabriel Dufay
Traduction : Eric Boury
Conseillère littéraire : Emmanuelle Chevrière
Bruitage : Sophie Bissantz, Eleonore Mallo
Prise de son, montage, mixage : Antoine Viossat, Titouan Oheix
Assistantes à la réalisation : Eleonora Farade, Claire Chaineaux, Emily Jokiel
Musique originale : Quentin Sirjacq
« L’histoire affirme qu’ici, autrefois, presque au commencement des temps, la différence entre le mot et son sens était à peine mesurable, mais les mots se sont usés au cours du voyage de l’homme et la distance qui les sépare de leur sens s’est tellement allongée qu’aucune vie, aucune mort ne semble plus pouvoir la réduire jusqu’à la combler.
Mais voilà, les mots sont la seule chose que nous ayons. »
Entre ciel et terre, La tristesse des anges et Le cœur de l’homme composent une trilogie écrite par Jón Kalman Stefánsson. Située dans l’Islande de la fin du XIXe siècle, cette œuvre explore la place de la poésie dans le monde et met en scène le combat perpétuel entre la vie et la mort, entre la lumière et les ténèbres.
Dans le dernier volet de la trilogie, le gamin, rescapé d’une tempête de neige aux côtés de Jean, le postier, croise à nouveau les personnages des deux premiers romans, unissant les fils narratifs. Les femmes y jouent un rôle central, guidant le protagoniste dans son parcours initiatique et permettant à la poésie de s’épanouir. Ce récit d’apprentissage se conclut par des interrogations existentielles et une réflexion profonde sur le langage.
Les voix des morts et des vivants se mêlent, donnant à cette œuvre une intensité particulière. Peuplé de murmures, d’anges et de fantômes, Le cœur de l’homme trouve une résonance particulière à la radio, se déployant comme un chant poétique dédié à la mémoire des disparus, mais aussi à la célébration des vivants.
Avec Grégoire Monsaingeon (Narrateur et chœur des anges), Loup Balthazar (Chœur des anges), Philippe Loffredo (Chœur des anges), Tom Boyaval (Le Gamin), Gabriel Dufay (Jens), Myriam Ajar (Geirþrúður), Blanche Cluzet (Helga), François Chattot (Kolbeinn), Diana Sakalauskaité (Andrea), Jean-Pierre Becker (Pétur), Damien Houssier (Friðrik), Olivier Cruveiller (Bjarni), Clara Noël (Ragnheiður), Julien Tortora (Hjalti), Tiphaine Rabaud-Fournier (Álfheiður), Matthieu Marie (Gisli), Pauline Lorillard (Mère du Gamin), Mathilde Charbonneaux (Asta), Jade Labeste (þordis), Régis Royer (Olafur), Margot Charon (Steinunn), Christian Huitorel (Pasteur Kjartan), Margot Abascal (Salvör), Régis Chaussard (Le Pasteur)
Et les voix de Johana Bacry, Charles Van de Vyver, Gabriel Dahmani, Raphaël Magnabosco, Louis Astier, Jeanne Bazelaire, Lili Cheng, Anne-Lise Kedvès, Emmanuel Ménard, Joëlle Zagoury, Lionel Mur, David Mallet, Coralie Tomi, David Sami, Manon Leroy, Pauline Nadoulek, Xavier Baur, Claire Guillamaud
Interprétation : Manuel Doutrelant (violon 1), Elodie Michalakakos (violon 2), Cynthia Perrin (alto), Caroline Boïta (violoncelle), Isabel Sörling (chant), Quentin Sirjacq (vibraphone), Sébastien Surel (violon), Violaine Despeyroux (alto), Eleonore Billy (nyckelharpa), Alexis Derouin (violoncelle), Yaoré Talibart (violon), Eva Zavaro (violon), le Quatuor Daphnis
Après le succès de sa triologie, il signe Ton absence n’est que ténèbres (Grasset, 2022), salué par la critique. Il écrit également un diptyque rassemblant D’ailleurs les poissons n’ont pas de pied et À la mesure de l’univers (Éditions Gallimard, 2015-2017), et ensuite Asta (Grasset, 2018). Il a plus récemment publié Mon sous-marin jaune aux éditions Bourgois.
En France, ses œuvres sont traduites par Éric Boury, reconnu comme l’un des grands passeurs de la littérature islandaise.
Épisode 6 : Ce maudit monde est habitable aussi longtemps que je t’aime
« Le monde n’est jamais bon, voilà pourquoi il est toujours douloureux de devoir se passer d’une personne bonne et douce. »
Épisode 7 : Un scintillement d’étoiles
« La vie… La vie doit être un scintillement d’étoiles et non un abîme de deuil et de souffrance. La vie est difficile, mais elle est tout de même plus facile que la mort, cette saloperie qui nous prive de tout. »
Épisode 8 : Où cesse la mort ailleurs qu’en un baiser ?
« Voilà, nous en avons fini, nous retournons au silence. Bientôt, quelqu’un pourra venir tourner la boîte à musique et là, on entendra peut-être les notes fragiles de l’éternité. »
Deux épisodes suivront : « L’univers et la robe de velours noir » et « Les larmes ont la forme d’une barque à rames », extraits de Lumière d’été puis vient la nuit de Jón Kalman Stefánsson.
Réalisation : Laurence Courtois
Traduction : Eric Boury
Extraits choisis par Gabriel Dufay
Conseillère littéraire : Emmanuelle Chevrière
Dans un petit village des fjords de l’Ouest, les étés sont courts. Les habitants se croisent au bureau de poste, à la coopérative agricole, lors des bals. Chacun participe à cette ronde de rêves et de désirs qui forment la vie. Mais leur quotidien bien ordonné se dérègle parfois : le retour d’un ancien amant qu’on croyait parti pour toujours, l’attraction des astres ou un chignon de cheveux roux — il suffit de peu pour faire basculer un destin…
Lu par Laurent Stocker
Musique originale : Quentin Sirjacq
Interprétation : Elodie Michalakakos, Caroline Boïta, Isabel Sörling, Manuel Doutrelant
Prise de son, montage, mixage : Antoine Viossat, Titouan Oheix
Assistante à la réalisation : Eleonora Farade, Emily Jokiel
Épisode 9 : L’univers et la robe de velours noir
« Il est fort probable qu’une chose se brise en vous, peut-être même la corde du cœur, lorsque celui que vous pensez connaître de fond en comble, qui vous a séduite et que vous avez épousée, devient un beau jour un parfait inconnu. »
Épisode 10 : Les larmes ont la forme d’une barque à rames
« La mer est profonde, elle change de couleur, on dirait qu’elle respire. Heureusement qu’elle est là, parfois, les journées s’écoulent sans que rien ne se passe, alors, nous observons le fjord qui bleuit puis s’assombrit comme une apocalypse. »
Lumière d’été, puis vient la nuit de Jón Kalman Stefánsson (trad. Eric Boury, Ed. Grasset)
Du lundi au vendredi de 21h30 à 21h35
En décembre, l’Instant poésie met à l’honneur les poèmes de l’enfance. Mathilde Wagman, chroniqueuse littéraire au Book Club de France Culture, présente et commente une sélection de vingt poèmes marquants, issus des souvenirs scolaires ou d’une mémoire collective. À travers ses anecdotes, elle éclaire leur inspiration, leurs auteurs et leur contexte historique.
Ces poèmes, tombés dans le domaine public, incluent des œuvres de figures majeures comme Victor Hugo, George Sand ou Paul Éluard, mais aussi de poètes moins connus tels que Catulle Mendès ou Sabine Sicaud, sans oublier les fables de La Fontaine. Que l’on les récite de mémoire, qu’on les redécouvre ou qu’on les transmette à la nouvelle génération, ces textes offrent des instants à partager en famille, propices à la douceur et aux souvenirs en cette période de fêtes.
Une collection conçue par Camille Renard
Conseillère littéraire : Céline Geoffroy
Prise de son, montage et mixage : Djaisan Taouss, Titouan Labarre
Assistante à la réalisation : Sophie Pierre
Réalisation : Tidiane Thiang
Demain dès l’aube de Victor Hugo, lu par Moanda Daddy
Dans Paris de Paul Éluard
Le lièvre et la tortue de Jean de La Fontaine, lu par Élodie Vincent
Ô lumineux matin d’Anna de Noailles
Le Chat de Charles Baudelaire, lu par Morgane Nairaud
Du lundi au vendredi de 21h35 à 22h
Simone de Beauvoir, Entretiens avec Jean-Paul Sartre, août-septembre 1974 (épisodes 1 à 5 sur les 10)
Lecture par Sami Frey
Réalisation Jean Couturier
Le comédien Sami Frey prête sa voix aux Entretiens avec Jean-Paul Sartre, août-septembre 1974 de Simone de Beauvoir, publiés par Gallimard à la suite de La Cérémonie des adieux. Cet enregistrement, réalisé par Jean Couturier à l’École normale supérieure de la rue d’Ulm en septembre 2001, lors du festival d’Automne, explore les échanges entre Beauvoir et Sartre.
À travers ces discussions, Sartre analyse les liens entre sa philosophie et ses œuvres littéraires, notamment La Nausée et Les Mots. Il aborde également son rapport complexe à l’écriture, qu’il perçoit à la fois comme un outil de diffusion de ses idées philosophiques et un acte de résistance.
La Cérémonie des adieux et Entretiens avec Jean-Paul Sartre (août-septembre 1974) aux éditions Gallimard.
Partie 6 : La gloire et la haine
« Quand vous avez eu cette gloire qui a déferlé sur vous après la guerre, vous avez dit que ça a été une expérience curieuse parce que la gloire, c’était la haine en même temps. »
Partie 7 : La postérité
« Derrière mon rêve d’écrire pour le voisin qui allait me lire, il y avait l’idée d’une postérité. »
Partie 8 : Les inachevés
« Je m’étais lassé de faire de la philosophie. Vous savez, ça vient toujours comme ça la philosophie, chez moi en tout cas. J’ai fait L’Être et le néant et puis je me suis fatigué ; là aussi il y avait une suite possible, je ne l’ai pas faite. »
Partie 9 : L’amour du théâtre
« Il y a quelque chose d’urgent dans une pièce. De sorte que le théâtre qu’on écrit vous met, quand il est joué, dans une espèce d’état d’urgence tous les jours. Un livre c’est mort, c’est un objet mort. »
Partie 10 : L’amour de la lecture
« La lecture, c’est une manière de s’approprier le monde culturel, en même temps qu’un plaisir. Je m’appropriais le monde, c’est-à-dire essentiellement la planète. »
Le samedi de 15h à 16h
Discussion avec Philippe Vasset autour de Journal intime d’un maître-chanteur (Flammarion).
Évocation de L’Œuvre poétique complète de Friedrich Hölderlin (Belles Lettres) avec le poète Guillaume Métayer, auteur du recueil Mains positives (La Rumeur libre).
Le dimanche de 17h à 18h
Forough Farrokhzâd (1934-1967), incarner la lumière de Michel Pomarède avec à la réalisation Franck Lilin
Dans un pays où la poésie classique et masculine prédomine, elle impose sa voix singulière, exprimant à la fois son désir et son désarroi face aux ténèbres qui l’habitent. Une véritable rébellion.
Née en 1934 à Téhéran dans une famille nombreuse, Forough, dont le prénom signifie « lumière », grandit dans un Iran en pleine modernisation. En 1936, l’école devient mixte et les femmes accèdent à l’université, tandis que le port du voile et des habits religieux dans l’espace public est interdit.
Son père, officier strict, impose une discipline militaire à la maison, mais la jeune fille s’affirme : elle grimpe aux arbres, défie les règles et découvre la nature comme refuge. Très jeune, elle commence à écrire. Dans un poème, elle compare la rose rouge de son jardin à « un drapeau dans une révolution ».
Après le lycée, Forough entame des études dans une école d’art à 16 ans. Elle tombe amoureuse de Parviz Chapour, un cousin de 12 ans son aîné, futur caricaturiste célèbre. Elle lutte pour l’épouser et quitter sa famille. À 18 ans, elle obtient gain de cause et publie son poème scandaleux Le péché.
« J’ai péché, péché dans le plaisir
dans des bras chauds et enflammés.
J’ai péché, péché dans des bras de fer, dans des bras brûlants et rancuniers. »
S’ensuivent La Captive, Le Mur et La Rébellion, œuvres qui choquent la société, mais innovent par l’introduction de termes du quotidien – balai, cuisine, corde à linge – dans un univers poétique teinté de métaphysique. Ses poèmes mêlent lumière et ténèbres, vie et mort.
Forough quitte son mari en 1955, le jugeant trop conventionnel, et divorce. « Tout mon être est un verset noir », écrit-elle. En 1958, elle rencontre Ebrahim Golestan, écrivain et cinéaste, qui devient son second grand amour. Ensemble, ils travaillent sur son recueil majeur Une autre naissance, où son regard cinématographique émerge.
« La vie c’est peut-être une rue sans fin où
passe tous les jours une femme avec son panier.
La vie c’est peut-être une corde
avec laquelle un homme se pend à un arbre. […]
La vie c’est peut-être allumer une cigarette
à un moment d’assoupissement entre deux étreintes. »
En 1962, après trois tentatives de suicide, elle réalise La Maison est noire, un documentaire sur la léproserie de Tabriz, salué par Chris Marker et primé en Allemagne. Cette reconnaissance, en Iran comme à l’étranger, la protège des critiques. Fidèle à la poésie, elle déclare : « C’est une chose sérieuse, une responsabilité, une réponse à la vie. ».
Forough meurt tragiquement en février 1967 dans un accident de voiture, à 32 ans. Son recueil posthume, Croyons à l’aube de la saison froide, paraît en 1974. Traduit par Laura Tirandaz et Ardeschir Tirandaz, il s’ajoute aux œuvres Une autre naissance et Croyons à l’aube de la saison froide publiées chez Héros-Limite.
Son héritage est porté par des figures comme Sorour Kasmaï, romancière et éditrice (Actes Sud), Maryam Madjidi (Marx et la poupée), Niloufar Sadighi (Je suis la flamme), et Agnès Devictor, spécialiste du cinéma iranien, entre autres. Forough reste une icône de la poésie iranienne.
Crédits Image : France Culture
Par Dépêche
Contact : depeche@actualitte.com
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