Depuis 2015, l’Agence régionale du Livre Provence-Alpes-Côte d’Azur mène une mission spécifique auprès des personnes placées sous main de justice, autour des bibliothèques en milieu carcéral. Ce programme intitulé Parenthèse repose sur deux axes principaux : renforcer les bibliothèques carcérales via des partenariats culturels, et promouvoir la lecture avec les services pénitentiaires d’insertion et de probation (SPIP) et la Protection judiciaire de la jeunesse.
Le 12/12/2024 à 15:32 par Hocine Bouhadjera
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Publié le :
12/12/2024 à 15:32
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Cette initiative s’inscrit désormais dans le cadre du 4ᵉ protocole Culture/Justice signé en mars 2022, en collaboration avec la Direction interrégionale des services pénitentiaires (DISP Marseille), la Direction interrégionale de la Protection judiciaire de la jeunesse (DIRPJJ Sud-Est) et la Direction régionale des affaires culturelles (DRAC PACA).
La région Provence-Alpes-Côte d’Azur compte 13 établissements pénitentiaires, dont un pour mineurs, ainsi que deux unités distinctes à Aix-Luynes (Aix-Luynes I et II). Ces établissements comprennent quatre quartiers mineurs situés à Grasse, Le Pontet, les Baumettes et Aix-Luynes I. De plus, trois structures d’accompagnement vers la sortie (SAS) ont été établies à proximité des établissements des Baumettes, d’Aix-Luynes et du Pontet, une quatrième étant prévue à La Farlède d’ici fin 2024. Ainsi, la région totalise 21 entités distinctes réparties sur 13 sites, accueillant une population carcérale de 8140 détenus, dont 97,3 % sont des hommes.
Les répondants étaient principalement des coordinateurs d’activités, des conseillers d’insertion et de probation (CPIP) ainsi que des éducateurs pour mineurs.
Les bibliothèques carcérales reposent sur des référents (CPIP, coordinateurs d’activités), des auxiliaires détenus (rémunérés ou bénévoles), des partenaires externes et des bibliothécaires professionnels. Parmi les 21 établissements, 13 n’ont pas de référent dédié SPIP ou PJJ, mais 12 postes de coordinateurs pour majeurs ont été créés depuis 2020. Concernant les auxiliaires, 9 établissements comptent 2 postes rémunérés, 4 en ont un seul, et 4 utilisent des auxiliaires bénévoles. Les quartiers mineurs n’ont pas d’auxiliaires, sauf à Aix-Luynes, où un adulte intervient pour les mineurs.
Les bibliothèques en milieu carcéral de la région Provence-Alpes-Côte d’Azur bénéficient aussi de divers partenariats et ressources humaines pour assurer leur fonctionnement et dynamisme. Huit établissements signalent la présence, bien que ponctuelle, de bibliothécaires professionnels issus de bibliothèques municipales partenaires. À Grasse, un personnel municipal est présent chaque semaine, facilitant un meilleur suivi des bibliothèques pour les adultes et un accès hebdomadaire au quartier mineur, contrairement à d'autres quartiers mineurs de la région.
Deux établissements bénéficient de la présence régulière de bénévoles extérieurs, chargés de la gestion quotidienne et de l'ouverture des bibliothèques. Depuis 2019, deux postes de bibliothécaires à temps plein, salariés d'une association, ont été créés lors de l'ouverture des nouveaux établissements pénitentiaires des Baumettes II et d'Aix-Luynes II. Ces bibliothèques, gérées par des professionnels externes, se distinguent par leur dynamisme particulier. De plus, les bibliothèques des établissements de Gap et des Structures d’Accompagnement vers la Sortie (SAS) d’Aix-Luynes et de Marseille sont prises en charge par des médiateurs du livre rémunérés par ces structures.
En 2023, le nombre total de postes d'auxiliaires de bibliothèque s'élève à 25, soit une légère augmentation par rapport aux 23 postes recensés en 2020. Cette progression est principalement due à l'augmentation des postes rémunérés, passant de 7 en 2020 à 21 en 2023, sans compter les SAS qui disposent de 2 postes pour 3 entités, dont un seul est rémunéré. Ainsi, bien que le nombre total de postes ait légèrement augmenté, la hausse significative des postes rémunérés constitue un développement notable.
Il est à noter que certains comptabilisent comme annexes des chariots ou étagères de livres dans les quartiers arrivants, disciplinaires ou d’isolement, bien que ces dépôts ne soient pas inclus dans le décompte officiel. Malgré les défis persistants, l'augmentation du nombre de lieux dédiés au livre est encourageante.
Concernant les espaces dédiés, 64 % des répondants estiment que les bibliothèques sont « confortables, adaptées à l’emprunt et à la consultation sur place », une légère amélioration par rapport aux 62 % de 2020. Environ 14 % des bibliothèques centrales disposent d’une superficie égale ou supérieure à 100 m², reflétant une meilleure considération des bibliothèques en milieu carcéral. En revanche, les annexes sont majoritairement perçues comme « peu confortables et peu accueillantes », avec une superficie inférieure à 27 m², à l'exception de deux annexes significatives au Pontet. L'augmentation de la superficie des bibliothèques centrales s'explique notamment par la création de deux nouvelles bibliothèques de 28 à 36 m² dans les Structures d’Accompagnement vers la Sortie (SAS).
En région Provence-Alpes-Côte d’Azur, 64 % des personnes détenues accèdent à la bibliothèque centrale selon des créneaux horaires spécifiques à chaque bâtiment, un chiffre stable par rapport à 2020. Dans 27 % des cas, l'accès s'effectue sur demande ou lors d'activités, notamment lorsque la bibliothèque est située dans les secteurs « activités » ou « scolarité ». Seule la bibliothèque centrale de la Structure d’Accompagnement vers la Sortie (SAS) d’Aix-Luynes offre un accès libre. À l'établissement du Pontet, les bibliothèques centrale et du quartier mineur restent difficilement accessibles, voire fermées, en raison d'un manque de personnel.
L'accès aux bibliothèques annexes se fait principalement sur demande. Dans deux « bâtiments respect », les détenus bénéficient d'une plus grande liberté de circulation, leur permettant de se rendre librement aux activités ou à la bibliothèque. D'autres modes d'accès aux livres incluent le passage de chariots (dans quatre cas) ou sur demande spécifique (cinq cas). Il existe également des prêts informels entre détenus ou en marge d'autres activités menées au sein de la bibliothèque (quatre cas). Globalement, la situation en matière d'accès aux bibliothèques n'a que peu évolué depuis 2020.
Les fonds documentaires des bibliothèques en milieu carcéral de la région Provence-Alpes-Côte d’Azur présentent une grande diversité en termes de volume. Cette variabilité s'explique en partie par l'absence d'informatisation dans certaines bibliothèques, rendant les estimations précises difficiles. En 2023, le centre pénitentiaire d’Aix-Luynes II a enregistré le plus grand nombre d'acquisitions de livres. Les quartiers mineurs disposent généralement de collections comprises entre 300 et 600 ouvrages, à l'exception notable de celui de Grasse, qui en compte environ 1500.
Depuis 2015, des efforts de réévaluation et de désherbage des collections ont été entrepris, en collaboration avec les partenaires locaux. Notamment, en 2023, une acquisition significative a permis de constituer un fonds d'environ 1200 ouvrages pour l'ouverture de la Structure d’Accompagnement vers la Sortie (SAS) du Pontet, équivalant à celui de la SAS de Marseille. Cette augmentation reflète une politique volontariste menée conjointement par la Direction Interrégionale des Services Pénitentiaires (DISP), la Direction Interrégionale de la Protection Judiciaire de la Jeunesse (DIRPJJ), la Direction Régionale des Affaires Culturelles (DRAC) et l'Agence régionale du Livre, avec le soutien constant du Centre National du Livre (CNL).
Les bibliothèques cherchent à enrichir leurs collections avec des ouvrages en langues étrangères, bilingues, et des méthodes de langues, tout en développant des documentaires axés sur la réinsertion et des sections « Facile à lire ». Environ 43 % des dons de livres proviennent des bibliothèques municipales ou départementales, généralement moins de 100 ouvrages par donation.
Sur les 14 bibliothèques centrales pour adultes dans la région, seulement celles de Digne et Gap ne sont pas informatisées, ce sont aussi les plus petites. Dans les sections pour mineurs, seule la bibliothèque de Grasse bénéficie d'un système informatisé. Le logiciel Registar est le plus utilisé, présent dans huit bibliothèques, tandis que deux autres utilisent Orphée. Des logiciels tels qu’Atalante, Nanook ou Biblix sont également employés par quelques établissements.
Il n'existe pas de corrélation significative, met en exergue le rapport, entre le nombre de détenus et la fréquentation de la bibliothèque, mais l'accessibilité, le dynamisme, la qualité de l'accueil et la présence de professionnels influencent la fréquentation. Le faible nombre de prêts est lié aux difficultés d'accès dans certains établissements.
En 2023, toutes les bibliothèques carcérales de la région ont proposé des animations autour du livre. Les ateliers d'écriture sont les plus courants (24 %), suivis des ateliers de lecture à voix haute et des rencontres avec des auteurs (21 % chacun). Les ateliers de bande dessinée représentent 16 % des animations. Les Prix littéraires gagnent en popularité, notamment avec le Goncourt des détenus et le Prix littéraire des lycéens et apprentis de la région Sud. Les contes et clubs de lecture sont également proposés, enrichissant l'offre culturelle en milieu carcéral.
En 2023, 15 des 21 entités carcérales ont formalisé des partenariats avec des bibliothèques municipales (73 %) et départementales (33 %), marquant une augmentation par rapport aux 13 partenariats de 2020 et aux 8 de 2015. Cette croissance est encouragée par l'Agence et la mise en œuvre du programme du Centre national du Livre (CNL). Toutefois, à Salon-de-Provence, aucun accord n'a été conclu malgré une proposition, et les quartiers mineurs, à l'exception de Grasse et Le Pontet, ainsi que les Structures d’Accompagnement vers la Sortie (SAS) restent moins intégrés.
Le budget régional pour les bibliothèques carcérales s'élevait à 170 000 € en 2023, avec 161.600 € alloués aux majeurs et 12.900 € aux mineurs. Les achats de livres ont représenté 63.800 €, et les animations ont coûté 90.900 €, financés à 46,4 % (42.200 €) par le CNL. Les acquisitions de livres sont réalisées auprès des librairies indépendantes locales, et les animations sont conduites par des intervenants régionaux.
Pour l'avenir, les objectifs des bibliothèques carcérales incluent l'expansion des annexes dans les quartiers spécifiques (7 réponses), l'augmentation des animations et partenariats (7 réponses), l'amélioration du confort et de l'adaptabilité des espaces (5 réponses), le développement des partenariats sur le livre, en particulier pour les quartiers mineurs (3 réponses), et l'amélioration des collections disponibles (3 réponses). Un axe transversal propose d'améliorer l'accessibilité des bibliothèques pour les détenus.
L'Agence régionale du Livre Provence-Alpes-Côte d'Azur, à travers son initiative Parenthèse, se consacre à enrichir les activités liées au livre en milieu carcéral, en soulignant l'importance de la valorisation des œuvres produites en détention et en proposant des formations spécifiques pour les personnels pénitentiaires volontaires.
Crédits photo : Prison des Baumettes Lu-xin (CC BY-SA 4.0)
Par Hocine Bouhadjera
Contact : hb@actualitte.com
1 Commentaire
Marina Pollas ARL Provence
13/12/2024 à 14:19
Merci d'avoir fait le relais de notre publication ! Elle est accessible en ligne sur notre site !
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