Ce 29 novembre dernier, à la Cité internationale de la langue française, Raphaëlle Lacord a reçu le prix Pierre-François Caillé de la traduction pour sa version française de Trois âmes sœurs, roman de Martina Clavadetscher publié aux Éditions Zoé. Ce prix, organisé par la Société française des traducteurs (SFT), récompense les traducteurs et traductrices en début de carrière dans l’édition.
Créé en 1981, le prix Pierre-François Caillé met en lumière le travail des traducteurs. Doté de 3 000 euros, il est décerné par un jury composé de traducteurs professionnels, sous la présidence de Bernhard Lorenz.
Lors de la cérémonie, ce dernier a souligné l'objectif principal, qui est de « récompenser un traducteur ou une traductrice de talent en début de carrière dans l’édition, attirer l’attention du grand public sur le métier de traducteur et contribuer à la reconnaissance de celui-ci. »
Cette année, le jury a examiné 12 ouvrages traduits depuis des langues variées, parmi lesquels 5 finalistes ont été retenus. La traduction de Raphaëlle Lacord s’est distinguée par sa capacité à restituer la complexité narrative et stylistique du texte original.
Le jury a salué l’audace de l’œuvre de Martina Clavadetscher, qui tisse trois récits à travers le temps et les continents. Avec une narration fragmentée et une écriture expérimentale, Trois âmes sœurs questionne les frontières entre l’humain et la machine.
Iris dans la prison dorée de son penthouse new-yorkais ; Ling en Chine, ouvrière d'une usine de poupées à taille humaine ; Ada Lovelace, fille de Lord Byron et mathématicienne de génie bien à l'étroit dans l'Angleterre victorienne : elles vivent à des époques et dans des lieux différents, mais toutes trois sont unies par un lien mystérieux, une quête commune qui les font braver l'ordre établi. Roman gigogne, Trois âmes soeurs brouille les frontières entre l'humain et la machine et bouleverse nos a priori sur l'intelligence artificielle.
Pour acclamer le pouvoir de l'imagination et activer la mécanique de la désobéissance.
— résumé
Selon Virginie Buhl, membre du jury, « Raphaëlle Lacord a su se mettre au service d’un récit empreint d’une “inquiétante étrangeté” en respectant les ambiguïtés et les zones d’ombres du texte original […], sa traduction reproduit la façon dont les émotions et les sentiments des personnages sont mis sous le boisseau et dissociés de leur ressenti ».
Dans un entretien mené par la SFT après la cérémonie, Raphaëlle Lacord revient sur son parcours. Après des études de lettres à Lausanne et Paris, elle a débuté la traduction en indépendant, notamment dans des contextes culturels et institutionnels. En 2015, elle a participé au programme franco-allemand Georges-Arthur Goldschmidt, qui l’a initiée à la traduction littéraire.
Au-delà de la traduction littéraire, Raphaëlle Lacord diversifie ses activités. Elle participe à des projets collectifs, comme la traduction d’un ouvrage universitaire, et s’implique dans des initiatives inclusives, telles que le programme Écrire encore Suisse, qui soutient les écrivains en exil.
« C’est essentiellement pour cela que j’aime traduire, je crois : pour vivre pendant une période donnée dans un monde parallèle fait d’une musicalité singulière. »
Retrouver la liste des prix littéraires français et francophones
Par Dépêche
Contact : depeche@actualitte.com
Paru le 31/08/2023
272 pages
Editions Zoé
22,00 €
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