Les finalistes de la première édition du Prix Ada, soutenu par la Maison des Arts de Sciences Po et Hugo Micheron, chercheur, ont été révélés. Devant son nom à Ada Lovelace, pionnière de la science informatique, il récompense un roman et un essai parus dans l’année qui éclairent les enjeux technologiques contemporains et réfléchissent au monde de demain.
La première édition du Prix s’inscrit dans le prolongement du séminaire « IA et démocraties » lancé à Sciences Po Paris en septembre dernier. Un jury paritaire composé de huit personnalités reconnues pour leur expertise dans les enjeux technologiques contemporains sélectionnera les gagnants dans deux catégories : roman et essai. Les lauréats recevront un chèque de 5 000 euros.
Le Prix Ada, hommage à la vision avant-gardiste de la pionnière Ada Lovelace, a pour mission de rapprocher les mondes de la technologie et de la littérature, en mettant en valeur des œuvres qui, par leur originalité et leur rigueur, enrichissent notre compréhension des bouleversements de notre époque. Les œuvres doivent être rédigées en français et publiées par un éditeur francophone. Elles doivent également être disponibles en librairie dès la première semaine de janvier 2024.
Le jury, présidé par Laurence Bertrand Dorléac (historienne de l’art, Présidente de la FNSP), est aussi composé de Giuliano Da Empoli (écrivain, Lauréat du Prix de l’Académie française 2022), Julie Girard (philosophe, écrivaine, auteure du Crépuscule des Licornes), Delphine Grouès (Directrice de la Maison des Arts de Sciences Po).
Le forment également Hugo Micheron (Docteur en Sciences Politiques, Lauréat du Prix Femina, auteur de La Colère et l’Oubli), Bruno Patino (Docteur en sciences politiques et professeur à Sciences Po, Président d’ARTE), Anne Rosencher (Directrice déléguée de la Rédaction de L’Express) ainsi que Chine Labbé (Rédactrice en chef Europe chez NewsGuard et membre du Comité relatif à l’honnêteté, à l’indépendance et au pluralisme de l’information et des programmes de Radio France).
Selcer Noham, Les Chaînes de Markov, Gallimard
Une chaîne de Markov est un processus mathématique dont se servent les météorologues, les physiciens pour prévoir des changements à partir de l'observation du présent. Ainsi Ezra, jeune enseignant en mathématiques, pense-t-il anticiper les aléas de sa vie amoureuse en appliquant ces calculs au couple qu'il forme avec Eve. Leur histoire est récente, encore pleine d'incertitudes, de maladresses, qui sont attisées par leur éducation dans des milieux culturels différents.
Les parents d'Ezra sont des Juifs ashkénazes qui exercent la médecine à Montpellier. Ceux d'Eve appartiennent à la vieille noblesse de Besançon et ils sont très attachés à leur patrimoine familial. Lassé d'enseigner, Ezra décroche un emploi rémunérateur de consultant pour le gouvernement, tandis qu'Eve continue d'être professeure de français. Les écarts entre leurs modes de vie exacerbent les tensions, alors même qu'ils envisagent d'avoir un enfant.
La théorie mathématique pourra-t-elle aider Ezra à surmonter les divergences avec Eve et éviter la dislocation de leur histoire d'amour ? Dans ce premier roman traversé par une ironie désopilante, l'auteur fait le portrait d'une génération confrontée à des injonctions contradictoires - épanouissement, générosité, cynisme, corruption - et qui cherche par tous les moyens à tenir en équilibre.
— résumé
Quentin Abel, Cabane, L’Observatoire
Berkeley, 1973. Département de dynamique des systèmes. Quatre jeunes chercheurs mettent les dernières touches au rapport qui va changer leur vie. Les résultats de l'IBM 36o, alias "Gros Bébé", sont sans appel : si la croissance industrielle et démographique ne ralentit pas, le monde tel qu'on le connaît s'effondrera au cours du XXIe siècle. Au sein de l'équipe, chacun réagit selon son tempérament ; le couple d'Américains, Mildred et Eugene Dundee, décide de monter sur le ring pour alerter l'opinion ; le Français Paul Quérillot songe à sa carrière et rêve de vivre vite ; et l'énigmatique Johannes Gudsonn, le Norvégien, surdoué des maths ? Gudsonn, on ne sait pas trop.
Certains disent qu'il est devenu fou.
— résumé
Gaillard Raphaël, L’Homme augmenté, Grasset
Faut-il anticiper un affrontement entre l'homo sapiens et la machine, ou relever le défi de notre hybridation avec cette nouvelle intelligence, dite artificielle et née en imitant notre cerveau ? D'ores et déjà, les interfaces cerveau-machine permettent à un homme paralysé de marcher ou de transmettre ses pensées. Demain, nous utiliserons L'IA à la manière d'un smartphone, partout et tout le temps, comme un appendice de nous-même, voire en l'incorporant.
Faut-il en avoir peur ? Nous avons déjà connu une grande hybridation avec l'avènement de l'écriture, signant notre passage de la Préhistoire à l'Histoire. Déposer hors de soi notre savoir par l'écriture, et se le réapproprier par la lecture, n'était pas si différent de ce que la technologie nous promet. Puisque cette aventure fut une réussite pour l'humanité, nous ferions bien de nous en inspirer.
Dans cette vaste fresque qui fait dialoguer sciences et littérature, il est notamment question du neurone d'une star américaine et de Don Quichotte, d'écrivains caféinomanes et du renouveau des psychédéliques, d'amoureux inconsolables et des fruits de l'arbre de la connaissance, de la truie d'Elon Musk et de la sieste d'Einstein. Au fil de cette épopée captivante, une révélation : il est enfin démontré scientifiquement pourquoi lire rend plus intelligent.
— résumé
Mhalla Asma, Technopolitique, Seuil
Intelligence artificielle, réseaux sociaux, implants cérébraux, satellites, métavers... Le choc technologique sera l'un des enjeux clés du xxie siècle et les géants américains, les "BigTech", sont à l'avant-garde. Entités hybrides, ils remodèlent la morphologie des Etats, redéfinissent les jeux de pouvoir et de puissance entre nations, interviennent dans la guerre, tracent les nouvelles frontières de la souveraineté.
S'ils sont au coeur de la fabrique de la puissance étatsunienne face à la Chine, ils sont également des agents perturbateurs de la démocratie. De ces liens ambivalents entre BigTech et "BigState" est né un nouveau Léviathan à deux têtes, animé par un désir de puissance hors limites. Mais qui gouverne ces nouveaux acteurs privés de la prolifération technologique ? A cette vertigineuse question, nous n'avons d'autre choix que d'opposer l'innovation politique !
— résumé
La remise du prix aura lieu le 16 janvier 2025, au Théâtre de la Concorde, en présence des lauréats.
Ada Lovelace, née Ada Byron, est une mathématicienne britannique et une figure de proue de la science informatique. Fille du poète Lord Byron et d’Anabela Milbanke, elle reçoit une éducation scientifique rigoureuse, inhabituelle pour une jeune femme de la noblesse.
À 17 ans, elle rencontre Charles Babbage, mathématicien visionnaire, avec qui elle développe des travaux sur la machine analytique. Ada est la première à concevoir un algorithme exécutable par une machine, marquant ainsi la naissance de la programmation informatique. En hommage à son héritage, le langage de programmation « Ada » a été créé dans les années 1980.
Par Dépêche
Contact : depeche@actualitte.com
Paru le 14/03/2024
304 pages
Editions Gallimard
21,50 €
Paru le 21/08/2024
477 pages
Editions de l'Observatoire
22,00 €
Paru le 10/01/2024
347 pages
Grasset & Fasquelle
22,00 €
Paru le 12/02/2024
275 pages
Seuil
19,90 €
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