Le rapport 2024 de la Publishers Association sur la diversité, l’inclusion et le sentiment d’appartenance dans le secteur de l’édition britannique, met en lumière une représentation élevée, au regard des chiffres nationaux, des femmes et des LGB+. Tout en soulevant des préoccupations persistantes. Bien que la diversité géographique et féminine progresse, la représentation des minorités ethniques et des milieux défavorisés stagne.
Le 06/12/2024 à 16:26 par Hocine Bouhadjera
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Publié le :
06/12/2024 à 16:26
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Depuis 2017, la Publishers Association mène des enquêtes annuelles sur la socio-démographie de la main-d'œuvre de l'édition au Royaume-Uni, afin de suivre l'évolution de la représentation dans le secteur.
Un total de 9707 employés de l'édition, provenant de 52 entreprises, ont participé à l'enquête UK Publishing Workforce : Diversity, inclusion and belonging in 2024.
Cette collecte a été réalisée par Savanta, une agence de recherche indépendante, de mars à juillet 2024, avec des données supplémentaires fournies par certaines grandes entreprises. Les résultats ont été comparés au recensement de 2021 et aux précédentes enquêtes annuelles de la Publishers Association.
Ont été analysés les répondants en fonction de leur lieu de résidence, à Londres ou en dehors, ainsi que de leur genre, milieu socio-économique, appartenance religieuse, origine ethnique et orientation sexuelle.
Premier constat : le profil socio-économique et éducatif des employés de l'édition reste majoritairement issu de milieux privilégiés.
Le milieu socio-économique a été évalué selon la profession du principal soutien de famille durant l'enfance, avec trois catégories : milieux professionnels (cadres et administrateurs), milieux intermédiaires (professions cléricales et petites entreprises), et milieux socio-économiques inférieurs (professions techniques, manuelles ou chômeurs de longue durée).
Deux tiers des répondants (65%) viennent de milieux professionnels, bien supérieur aux industries créatives en général (52%) et à la population du Royaume Uni (37%). 12% des répondants proviennent de milieux intermédiaires, un chiffre stable depuis 2021 et 2022, inférieur aux 24% pour la population nationale. Enfin, environ un répondant sur cinq (22%) vient de milieux socio-économiques inférieurs, face aux 39% pour la population nationale.
En outre, 16% des répondants ont été éduqués dans une école privée ou payante, une baisse de 1 point par rapport à 2022 (17%), mais bien au-dessus de la moyenne nationale (7%). Le niveau d'éducation dans l'édition est plus généralement élevé : 79% des répondants ont un diplôme universitaire (postgraduate ou undergraduate), bien plus que la population active du Royaume-Uni (34%). Les répondants plus jeunes sont les plus nombreux à détenir un diplôme universitaire, illustrant l’essor de l’éducation supérieure au Royaume-Uni.
En termes de représentation des personnes handicapées ou ayant des problèmes de santé à long terme, la proportion dans le secteur reste stable par rapport à 2022 (15% contre 16% en 2022), bien que légèrement inférieure à celle de la population de l'Angleterre et du Pays de Galles (18%). La présence de personnes handicapées est plus élevée chez les femmes (15% contre 12% chez les hommes) et les répondants LGB+ (31% contre 12% chez les hétérosexuels).
Par ailleurs, en 2024, 62% des répondants résident à Londres et dans le Sud-Est, en baisse par rapport à 80% en 2021. 35% vivent à Londres, une chute de 10 points depuis 2022, tandis que 27% habitent le Sud-Est, en hausse par rapport à 21% en 2022. Près d’un répondant sur quatre (23%) vit dans la région de son enfance.
Les répondants plus jeunes (18-34 ans) ont plus de chances de vivre à Londres, ce qui suggère que les opportunités de carrière dans l’édition sont davantage concentrées dans la capitale. Parallèlement, les répondants âgés de trente ans et plus montrent une tendance à quitter la ville, en accord avec les tendances générales de migration de la population.
Parmi les participants, plus de deux répondants sur trois (68%) s’identifient comme femmes, soit une légère hausse par rapport à 2022 (66%). Une tendance qui reste stable d'année en année. Comparée aux données du recensement de 2021, la proportion de femmes dans l'édition dépasse celle de la population générale (51%), tandis que les hommes demeurent sous-représentés (30%), avec une baisse de 3 points par rapport à 2022.
16% des répondants s'identifiant comme LGB+ (contre 15% en 2022), bien au-dessus de la population générale du Royaume-Uni (3%). Cette proportion a progressivement augmenté au fil des ans, avec un accroissement constant des répondants s'identifiant comme bisexuels. Les proportions les plus élevées de répondants LGB+ se trouvent en Écosse (25%), dans le Yorkshire (22%) et à Londres (21%), tandis que le Sud-Ouest, l'Est de l'Angleterre et le Sud-Est regroupent les plus hauts pourcentages de répondants hétérosexuels (83%, 82% et 80%, respectivement).
1% des répondants dans l'édition s'identifient comme transgenres lorsqu'on leur demande si leur identité de genre correspond au sexe assigné à la naissance. La majorité (97%) indique que leur identité de genre est la même que celle assignée à la naissance, et 2% ont préféré ne pas répondre à la question.
Les répondants issus de groupes ethniques minoritaires représentent 15% de l'ensemble des participants en 2024, soit une légère diminution, mais statistiquement significative, par rapport à 2022 (17%) et au chiffre du recensement de 2021 (18%). Cette baisse de 2 points de pourcentage concerne principalement le groupe des Asiatiques ou Asiatiques britanniques, dont la proportion est passée de 9% en 2022 à 7% en 2024.
En revanche, la proportion de répondants se déclarant comme Noirs, Britanniques noirs, Caribéens ou Africains reste stable à 3%, chiffre constant depuis 2019 (3%) et comparable à celui de la population générale d'Angleterre et du Pays de Galles (4%). 4% des répondants s'identifient comme faisant partie d'un groupe ethnique mixte ou multiple, proportion identique à celle de 2022 et de la population générale (3%). Enfin, 1% des répondants se classent dans la catégorie des « autres groupes ethniques »,
À Londres plus spécifiquement, la représentation des minorités ethniques a augmenté à 23 % en 2024, contre 17 % en 2022, bien que toujours inférieure à la population générale de Londres (46 %). La proportion de répondants s'identifiant comme Asiatiques ou Asiatiques britanniques est passée de 7 % en 2022 à 11 %, mais reste en dessous de la moyenne londonienne de 21 %. Les répondants s'identifiant comme Noirs, Noirs britanniques, Caribéens ou Africains sont restés stables à 5 %, contre 4 % en 2022, bien en dessous de la population londonienne (14 %).
Côté religion enfin, comme en 2022, la majorité des répondants (61%, contre 60% en 2022) se sont identifiés comme non-religieux, bien au-dessus de la moyenne nationale de 37% selon les données du recensement de 2021. Le non-religieux est particulièrement fréquent chez les jeunes répondants (63% chez les 18-44 ans contre 50% chez les 45 ans et plus). Les chrétiens représentent un cinquième des répondants (22%), en légère baisse par rapport à 2022 (25%). Les proportions de répondants musulmans (2%), hindous (1%), juifs (1%), bouddhistes (1%) et sikhs (moins de 1%) restent similaires à celles de 2022 et 2021.
Selon Dan Conway, CEO de la Publishers Association : « Les résultats de 2024 montrent une forte représentation des femmes et des personnes LGB+, et les données montrent que davantage de salariés vivent en dehors de Londres. Cependant, cela met aussi en évidence des domaines qui nécessitent une attention particulière de la part de l’industrie. Nous savons que nous devons travailler dur en tant que secteur pour encourager davantage de personnes issues de milieux socio-économiques moins favorisés à rejoindre l’industrie. Nous devons également comprendre la décevante diminution du nombre de personnes asiatiques et britanniques asiatiques depuis l'enquête de 2022. »
Et de conclure : « Cela n’est pas seulement un impératif moral, mais également un sens des affaires. Une main-d'œuvre qui reflète le Royaume-Uni permettra à l’industrie de raconter des histoires authentiques, convaincantes et originales, pertinentes pour notre société. En collaboration avec Creative Access et notre Diversity Working Group, nous nous concentrerons sur des actions spécifiques et ciblées pour soutenir le secteur de l'édition dans ces domaines en 2025 et au-delà. »
Crédits photo : ActuaLitté (CC BY-SA 2.0)
Par Hocine Bouhadjera
Contact : hb@actualitte.com
3 Commentaires
Anna
09/12/2024 à 13:29
Intéressant.
Mais il manque des détails sur la répartition en fonction de la hiérarchie.
Et puis surtout, que publient-iels ? La sociologie des auteurices et des personnages publiés serait intéressante à comparer à ces chiffres.
Et puis, quid de la France, Actualitté ?!
Morgan
19/12/2024 à 10:45
Bonjour,
Je vous remercie pour cette étude, savez-vous s'il en existe de telles pour la France ?
Bien à vous,
Morgan
Team ActuaLitté
20/12/2024 à 09:18
Bonjour
Nous avons sollicité différents acteurs pour le savoir.
Pour l'instant, il semble que cela n'ait pas encore été réalisé.