Ce 5 décembre était marqué par une journée de mobilisation nationale pour la défense des services publics. Dans la région Pays de la Loire, des organisations et travailleurs de la culture, notamment du livre, ont rejoint le cortège pour protester contre les coupes budgétaires drastiques promises par la présidente du Conseil régional, Christelle Morançais.
Le 06/12/2024 à 11:38 par Antoine Oury
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06/12/2024 à 11:38
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La pluie n'aura pas découragé, ce jeudi 5 décembre : un peu avant 10 heures, travailleuses et travailleurs du livre se sont réunis devant la librairie Durance, pour rejoindre ensemble le cortège des manifestants mobilisés pour la défense des services publics. Cette journée de grève nationale a pris une résonance particulière dans la région Pays de la Loire, où l'austérité budgétaire prônée par le gouvernement Barnier a été embrassée avec enthousiaste par la présidente du Conseil régional, Christelle Morançais.
L'élue encartée dans le parti politique d'Édouard Philippe, Horizons, a annoncé en octobre dernier une réduction des dépenses de la région de 100 millions €, répondant à une demande gouvernementale de 40 millions € « seulement » en y ajoutant 60 millions € supplémentaires. Un choix qu'elle justifie par la situation économique de la collectivité, et qui vise plusieurs secteurs, dont la culture.
Dans ce domaine, la réduction du budget oscillerait entre 66 et 73 % du montant de l'année 2024, même si les coupes restent à l'état de projections. Le budget sera en effet soumis au vote les 19 et 20 décembre prochains et, dans l'intervalle, les acteurs culturels comptent bien alerter, manifester et lutter contre la politique régionale qui s'annonce.
Arrivée très tôt à la mobilisation, l'autrice Lou Darsan ne décolère pas : autrice, elle se sent concernée à plus d'un titre par les coupes annoncées en Pays de la Loire, puisqu'elle milite également au Planning familial — des réductions budgétaires dans les actions pour l'égalité femmes-hommes sont prévues. « Ces coupes toucheront tout le monde, tous les publics, même si l'on ne s'en rend pas compte au premier abord : les prix des spectacles, des livres, des événements pourraient augmenter, au point que la seule chose qu'il restera à faire, c'est payer son abonnement Netflix et rester chez soi. »
« Dans les pays où notre système de subventionnement est absent, l'uniformisation de la culture est à l’œuvre, avec une domination des plus grands groupes », poursuit-elle. Marion Gicquiaud Legrand, libraire et cogérante de Lise & Moi, à Vertou, suit le cortège ce matin « pour défendre la culture, défendre nos acquis, et aussi le fait que la culture n'est pas rentable, mais que nous en avons tous besoin. »
Un même sentiment d'urgence, doublé d'une évidence de la cause à embrasser, réunit les participants interrogés ce 5 décembre. « C'est un devoir d'être ici », relève ainsi Benoît Albert, gérant de La Géothèque (Nantes), « je représente la librairie, mais je suis là pour toute la culture, cet élément incontournable de nos vies ».
Nolwenn Caillet, médiatrice du livre, s'inquiète des « emplois qui vont disparaitre » en même temps que les subventions, mais également pour son petit garçon, âgé de 4 ans, qui l'accompagne ce matin : « Pour moi, un avenir sans culture, sans vie associative, sans solidarité, n'est pas envisageable, ce sont des valeurs aussi importantes que le fait de se nourrir ou de se vêtir. »
Auteurs, éditeurs, libraires, bénévoles et autres travailleurs de la chaine du livre ont aussi retrouvé les bibliothèques, doublement mobilisés en cette journée de défense du service public. « Nous sommes bien à notre place, ici, ce matin », note un bibliothécaire nantais, « mais je suis plus inquiet encore pour la culture, car le gouvernement vient de tomber, mais la région reste, et risque de s'obstiner dans ses coupes budgétaires. »
À ses yeux, « la conjonction des luttes qui s'observe ce matin est aussi une réponse à la conjonction des attaques envers tout ce qui peut favoriser l'émancipation des individus, envers un service public comme l'héritage de ceux qui n'en ont pas ».
Depuis l'annonce de Christelle Morançais en octobre dernier, les acteurs de la culture reçoivent, petit à petit, des réponses quant à leurs demandes de subvention pour 2025, mais le flou demeure. Le niveau exact des coupes budgétaires et le nombre de bénéficiaires concernés restent imprécis. Les pôles de coopération culturelle des Pays de la Loire, parmi lesquels Mobilis, qui fédère les acteurs du livre et de la lecture, tente de réunir et faire circuler les informations.
À cette fin, les pôles ont réalisé en quelques jours une enquête pour estimer les conséquences des coupes budgétaires promises par la présidente de région. 2443 emplois seraient directement menacés « suite à une diminution ou à un arrêt des financements publics en 2025 en Pays de la Loire », indiquent les résultats de cette enquête, à laquelle 736 structures ont répondu.
« C'est une photographie à un instant T », précise Adèle Spieser, directrice de Mobilis, « qui devra être complétée, car la plupart des structures de la région n'ont pas encore reçu de réponse du conseil régional quant à leur subvention : certaines demandes, notamment celles concernant les festivals ou les résidences d'auteurs, se font en 2024, mais d'autres en cours d'année 2025 ».
Autrement dit, s'il est massif, ce chiffre est a minima, car il ne peut refléter exactement « l'effet domino » craint par les professionnels du secteur. « Parmi les artistes auteurs et les indépendants, un quart envisage déjà une réduction ou un arrêt de leur activité suite aux retraits de partenaires touchés par le recul des subventions », souligne la directrice de Mobilis.
Nolwenn Caillet, la médiatrice du livre, entre dans ce cas de figure : « En tant que prestatrice extérieure, je vais être la première à sauter en cas de financements moindres, et certains partenaires m'ont déjà prévenu. » À la tête d'une microentreprise, La voix est livres, elle a bien conscience que ce statut ne lui offrira pas de protection face à la réduction de son activité. « Je préfère me dire que je rebondirai, que je trouverai peut-être du travail en bibliothèque, où j'ai déjà travaillé. Mais je ne vais sans doute pas être la seule à chercher un emploi dans les prochains mois. »
Au sein des structures associatives, la question de la pérennité des emplois se pose avec une certaine urgence. Mobilis, qui devrait perdre la totalité de sa subvention régionale en 2026, craint des suppressions de postes, quand la rémunération de la salariée du collectif des éditrices et éditeurs indépendants des Pays de la Loire, Coll.LIBRIS, est remise en cause.
Outre la hausse prévisible du taux de chômage, les coupes budgétaires décidées par la présidente de région pourraient sensiblement entamer la dynamique culturelle des Pays de la Loire, pointent les professionnels.
« Nous avons fêté nos 10 ans d'existence cette année, avec un programme de rencontres avec des auteurs assez exceptionnel, pour lequel nous avons sollicité la région. Sans cette subvention, rien n'aurait été possible : les rencontres en librairie sont généralement déficitaires, l'objectif est avant tout de créer du lien, de faire vivre des lieux », remarque Marion Gicquiaud Legrand, libraire et cogérante de Lise & Moi (Vertou).
Même constat du côté de La Géothèque, qui organise le festival Nature Nomade, dont la dernière édition s'est déroulée en novembre avec un budget de 40.000 €, dont 1/8 est couvert par une subvention régionale. « Cette aide nous permet de sortir des carcans commerciaux, de faire venir des auteurs de l'étranger. La région nous avait d'ailleurs demandé de travailler la professionnalisation du festival, de rémunérer auteurs et modérateurs, afin de l'obtenir. Nous avons joué le jeu, et, d'un coup, plus rien. Nous commençons à chercher des solutions, mais nous risquons d'accueillir moins d'auteurs, ou de proposer un accueil moins qualitatif. »
Aux manifestants de ce jeudi 5 décembre, la volonté de réduire les dépenses publiques de la région parait à courte vue. Subventionner la culture aurait en effet de multiples effets positifs sur les territoires, en matière de créations d'entreprises, de parts des actifs occupés ou encore de salaire net moyen, mais aussi de retombées économiques, lors de festivals et autres événements.
Delphine Ripoche, la directrice adjointe de la librairie Durance (Nantes), évoque les travaux d'agrandissement et d'aménagement récemment effectués au sein du vénérable établissement, un des plus anciens de la ville. « Nous avons reçu 20.000 € de la région dans le cadre de ses travaux : sans cette subvention, il n'y aurait pas eu de monte-charge, qui va aider les libraires au quotidien. » Un autre exemple des bénéfices de la circulation de l'argent public : le paiement de l'entreprise chargée de l'installation, de meilleures conditions de travail pour des salariés, et une librairie à l'activité plus importante.
À LIRE - Subventionner la culture, gabegie ou levier de croissance ?
« L'économie n'est pas non plus l'alpha et l'oméga de notre vie », tient à rappeler Frédéric Fourreau, président de Coll.LIBRIS et fondateur de Patayo Éditions. Une observation à laquelle fait écho celle du bibliothécaire nantais mobilisé ce matin-là : « Je travaille dans un établissement municipal, sans recherche de rentabilité, mais on connait la plus-value économique de l'installation d'une bibliothèque. Et nous ne sommes pas systématiquement obligés de nous justifier avec un argument économique ! »
Un autre apport de la culture, moins facilement mesurable, se retrouverait mis en cause par les coupes budgétaires : son apport social, et les retombées positives sur le bonheur national brut, cette fois. La crise sanitaire du Covid-19 semblait pourtant avoir rappelé l'aspect essentiel des activités culturelles pour faire société. Et, si cela n'était pas suffisant, nombre d'études soulignent les apports bénéfiques pour la santé : amélioration de la qualité de vie, bien-être psychologique, engagement social plus important, recul des périodes de dépression et d'anxiété, entre autres...
Les acteurs et actrices du secteur font bloc, estimant que l'attaque d'un maillon équivaut à une menace pour l'ensemble de la fameuse « chaine » du livre. Jérémy Fabre, directeur de la Maison Julien-Gracq (Saint-Florent-le-Vieil), met en évidence cette interdépendance : « La Maison Julien-Gracq est touchée par ces coupes [réduite de moitié en 2025, la subvention serait supprimée l'année suivante, NdR], mais nous travaillons en lien avec une multitude de structures, des petites, des grandes, et si l'une d'elles disparait... Nous, sans les auteurs, les auteurs sans les libraires, les libraires sans les éditeurs, cela n’a aucun sens », termine-t-il.
« Un tissu de librairies qui est attaqué, cela aura un impact sur nous et sur l'accès à la lecture, sa pratique aussi », remarque le bibliothécaire nantais, « plus inquiet pour le tissu culturel que pour la vie des bibliothèques » devant les coupes budgétaires promises.
La suppression des subventions dédiées aux résidences d'auteurs aurait ainsi des conséquences concrètes sur l'accès à la culture dans un certain nombre de lieux. Ainsi, si la Maison Julien-Gracq met à disposition des auteurs un « lieu à soi » pour écrire, ces derniers s'investissent en retour dans des actions de médiation, entre 4 et 6 mensuellement par auteurs accueilli.
« Ces actions s'effectuent auprès du grand public, dans les lycées, prisons, EHPAD, instituts médico-éducatifs, à l’attention de nombreux publics, universitaires et scolaires, éloignés de la lecture », détaille ainsi Jérémy Fabre.
L'autrice Lou Darsan, qui a récemment bénéficié d'une résidence au sein de la Maison Julien-Gracq, relève l'importance de ces dispositifs « pour gagner sa vie, en tant qu'auteure », mais aussi leur rôle social : « J'ai animé des ateliers d'écriture, notamment dans des lycées, parfois professionnels, où les jeunes n'ont pas toujours l'habitude d'aller vers le livre, la poésie. Les activités peuvent ouvrir des vocations », souligne-t-elle, permettant à des élèves de « rencontrer un monde qui n'est pas le leur », d'échapper au déterminisme social et d'envisager, pourquoi pas, de nouvelles passions, de nouvelles orientations professionnelles.
La remise en cause des subventions attribuées aux structures interprofessionnelles du livre, comme Mobilis, Coll.LIBRIS, mais aussi l'Association des librairies Indépendantes en Pays de la Loire (ALIP) révolte particulièrement les manifestants. « Nous assisterions à la destruction d'une structuration qui a mis une vingtaine d'années à se construire », note Delphine Ripoche, de la librairie Durance. « Pourquoi mettre à mal ce qui a été fait par des agents du conseil régional, des permanents et des bénévoles pendant des années ? »
L'ALIP gère notamment le portail des librairies indépendantes en Pays de la Loire, qui permet aux clients de réserver facilement des ouvrages dans les points de vente. « Beaucoup de clients utilisent ce portail, qui affiche d'une manière claire nos coups de cœur et les livres disponibles. C'est une visibilité que nous allons perdre si ce portail disparait. Pour une librairie seule, supporter les coûts d'un tel site de ecommerce est très difficile », remarque Julie, salariée de la Librairie du Quai (Indre).
Ces associations interprofessionnelles ont l'intérêt de porter, financer et mener des projets trop complexes pour leurs membres, si ces derniers étaient isolés. « L'association se permet de faire ce que chacun, seul, ne peut pas faire », résume en une formule Frédéric Fourreau, le président de Coll.LIBRIS.
« Sidéré. » Le terme apparait régulièrement dans les conversations avec les professionnels de la lecture mobilisés ce matin du 5 décembre. Tous s'accordent à dire que la méthode choisie par la présidente de région revient à « un dénigrement total de notre travail », comme l'exprime Benoît Albert, de La Géothèque.
Frédéric Fourreau se souvient pour sa part des circonstances de l'annonce de la suppression de Coll.LIBRIS : « Plusieurs semaines avant l'annonce des coupes, j'avais un rendez-vous avec une représentante non élue de la région pour discute du budget prévisionnel associatif, au cours duquel aucune baisse n'a été évoquée. Deux semaines plus tard, la présidente de région annonçait ses économies drastiques. »
« Ensuite », poursuit-il, « j'ai moi-même dû contacter notre élu référent pour le livre et la lecture à la région pour qu'il sorte une liste et m'annonce la suppression de notre subvention l'année prochaine. Il me semble que les élus sont en train de décrédibiliser la valeur politique de leur parole. » Il pointe aussi l'impréparation visiblement à l’œuvre : « À un mois du vote du budget, ces gens s'apercevraient qu'un déficit se profile ? Et ils prétendent nous donner des leçons d'économie ? Si, en tant qu'entrepreneur, je me livrais à ce constat dans les mêmes conditions, mon banquier saurait m'accueillir... »
L'argument de la dette invoquée par la présidente de la région pour justifier la coupe des dépenses parait spécieux à de nombreux interlocuteurs. « Il serait valable si on allait au moins chercher l'argent là où il est, chez ceux qui ont le plus de moyens, si l'on s'occupait sérieusement de la fraude fiscale [au coût estimé entre 60 et 80 milliards € par an, au minimum], par exemple », note le bibliothécaire nantais.
« On peut se poser la question de la dette », concède Frédéric Fourreau, « mais je crois que des députés ont bien montré, avant que ce ne soit retoqué, qu'il y a des possibilités pour récupérer des milliards et passer sous la barre des 3 % de déficit ». Une référence au projet de loi de finances 2025, largement amendé par les députés, à l'Assemblée nationale, mais rejeté par la coalition gouvernementale.
Cette dernière aura subi la censure, ce 4 décembre au soir, ce qui devrait déboucher sur une reconduction du budget de l'État de 2024 sur l'année suivante. Les larges économies réclamées par le gouvernement aux collectivités territoriales ne seraient plus au programme : « Je ne fais pas de politique nationale », note Jérémy Fabre, « mais je suppose que la demande de baisse budgétaire de 40 millions € pour la région n'est plus d'actualité, puisque le budget n'est pas voté ».
Rappelons que les économies réclamées par le gouvernement aux collectivités territoriales (régions, départements et communes), au prétexte du déficit public, s'inscrivaient dans un contexte de réduction des recettes fiscales de ces mêmes collectivités, suite à des décisions des gouvernements successifs de la présidence d'Emmanuel Macron... Soulignons aussi que les collectivités, contrairement à l'État, sont contraintes par la loi de présenter un budget à l'équilibre (sauf pour les dépenses d'investissement).
Faut-il s'attendre à un recul de Christelle Morançais, dans ces conditions ? Interrogée, la région s'est refusée à tout commentaire : « Les arbitrages budgétaires sont encore en cours et le vote du budget interviendra le 19 décembre. Les prises de paroles n’auront pas lieu avant la fin de ces arbitrages », nous indiquent les services de la région. Néanmoins, auprès de Presse Océan, du Courrier de l’Ouest et du Maine Libre, la présidente de région persiste et signe : « J’assume totalement de baisser les dépenses. »
Sa stratégie semble ainsi s'inscrire dans une logique néolibérale de désengagement de la puissance publique, notamment par les subventions, afin de laisser le champ libre aux initiatives privées et au marché, sans considération pour les propositions non marchandes ou les cultures alternatives à la logique de l'audimat. La méthode, quant à elle, permettrait de sabrer le dialogue social et les négociations — les recours des gouvernements aux fameux articles 49.3, pour éviter le débat parlementaire, s'inscrivent dans cette même logique.
On retrouve par ailleurs une certaine parenté entre l'annonce radicale de Christelle Morançais et, de l'autre côté de l'Atlantique, l'extrémisme de Ron DeSantis, gouverneur de la Floride. En juillet 2024, cet homme politique plus trumpiste que Trump avait, d'un seul coup, supprimé toutes les subventions culturelles versées par l'État. Adepte des infox, ce Républicain avait pointé le cas d'un « festival sexuel » — en réalité un spectacle, au sein d'une manifestation, qui comportait des éléments sexuels, mais était réservé à un public âgé de plus de 18 ans — pour justifier cette annihilation de la politique publique culturelle.
À LIRE - Libraires, éditeurs, festivals : en Pays de la Loire, l'inquiétude gagne
De nombreux acteurs de la culture estiment que Christelle Morançais « ne reculera pas », engagée dans « une opération de publicité politique » raccord avec les positionnements du chef de son parti (Horizons), l'ancien Premier ministre Édouard Philippe, chantre de l'austérité au prétexte de la dette. Et craignent désormais un phénomène qui s'étende aux autres régions de France.
« D'une certaine manière, la position outrancière de Christelle Morançais aurait relevé le seuil de tolérance », nous explique une proche du dossier. « Des présidents et présidentes, dans d'autres régions, commenceraient ainsi à se positionner, en disant : “Nous allons devoir faire des coupes budgétaires, mais pas à la hauteur de la région Pays de la Loire, pas d'inquiétude.” Ce qui permettrait de faire “passer la pilule”. » Toujours selon cette source, d'autres collectivités territoriales envisagent aussi des baisses de dépenses, notamment des départements bretons.
La composition du Conseil régional des Pays de la Loire ne présage pas d'opposition majoritaire au projet de Christelle Morançais. Au sein du conseil régional, qui réunit 93 membres, le groupe de Christelle Morançais, Aimer et Agir pour les Pays de la Loire, n'est pas majoritaire (43 membres), mais devrait bénéficier du soutien de l'Union Centriste (14).
Du côté de l'opposition, Les Écologistes, La France insoumise, le Parti socialiste et le Parti communiste français devraient s'y opposer, mais ne comptent que 24 membres. Quant au Rassemblement national, il pourrait très bien se prononcer pour l'austérité, comme l'ont montré les propositions et votes des députés de ce parti lors des discussions sur le volet culture du PLF 2025.
Néanmoins, rien n'est joué, martèlent les professionnels de la culture et du livre. « Les élus sont des représentants des citoyens de leurs territoires, c'est donc à eux de considérer ce qui est important pour ces citoyens, et de voter en conscience », veut croire Frédéric Fourreau, de Coll.LIBRIS.
À LIRE - Pays de la Loire : Madame Morançais, “renoncez à votre projet de budget 2025”
« Nous avons fait remonter aux élus nos préoccupations », note pour sa part Jérémy Fabre, de la Maison Julien-Gracq, persuadé que les 15 jours prochains seront décisifs pour « des enjeux qui nous dépassent et qui auront des répercussions, non pas sur un mandat, mais sur les décennies à venir ».
Adèle Spieser, directrice de Mobilis, croit elle aussi à « une marge de manœuvre auprès des élus » et appelle en particulier « à la reprise du dialogue, que le secteur culturel entretient depuis plus de 20 ans avec la région, et qui n'a pas précédé les décisions prises récemment. » Depuis plusieurs semaines, les communications des acteurs culturels autour de la situation budgétaire se succèdent. Elles se poursuivront auprès des élus comme du grand public dans les prochains jours : le temps presse.
Photographies : à Nantes, le jeudi 5 décembre 2024 (ActuaLitté, CC BY SA 2.0)
Par Antoine Oury
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14 Commentaires
Gaucho Marx
06/12/2024 à 17:23
On pourrait croire que la gauche aime la culture et que la droite ne l'aime pas.
Mais imaginons que ce conseil régional sabre dans (d'hypothétiques) subventions au Puy du fou.
Ces braves gens descendraient-ils dans la rue ? Réponse inutile.
Donc la gauche aime surtout la culture de gauche, une forme de propagande, de préférence subventionnée par l'argent public.
Dans ces conditions, je ne vois pas pourquoi la culture échapperait à la loi du marché, et pourquoi elle ne tirerait pas avant tout ses revenus des offres, biens et services qui intéressent le public.
Sauf à considérer qu'il faut tenir le "cultivé" par la main, et qu'on doit l'emmener vers des horizons qu'il serait incapable de découvrir par lui-même.
Vision élitiste ?
Kostik
06/12/2024 à 20:42
Si la loi du marché était l'alpha et l'oméga de l'offre culturelle française, le Puy du Fou aurait depuis longtemps laissé la place à un Disneyland.
Gaucho Marx
07/12/2024 à 00:21
Et Ferrari à Toyota, SuperU à Walmart...
Allons voyons !
Marioniet
07/12/2024 à 07:39
+++++++++++++
Luna
07/12/2024 à 08:08
Je veille chez moi sans Netflix, sans télé mais pas sans livres, sans vinyles, sans cinéma, ni sans spectacles.
La télé n'a rien d'indispensable, l'accès à la culture oui.
Aurelien Terrassier
08/12/2024 à 11:07
Entièrement d'accord avec vous Luna! En fait Christelle Morancais veut simplement que les gens restent chez soi devant Netflix et Spotify tout en méprisant des milliers d'artistes de sa région et privant ainsi les gens de spectacles avec un grand S. Les spectacles c'est la vie pas besoin de smartphone pour prendre des photos ou des films pour s'en rendre compte. Chaque spectacle est un moment unique. J'ai toujours détesté les vedettes du show-biz ou du moins admiratif du talent au cas par cas mais les artistes petits, grands ou moyens sont bien plus importants que ces vedettes que l'on dans des films au top du box-office ou dans les prime de télé et cerise sur le gâteau certains sont aussi ridicules sur les réseaux sociaux et pire encore dans la presse people que je ne cautionne pas.... Non les artistes et le spectacle vivant c'est la vie les écrans c'est bien surtout en semaine c'est parfois optionnel mais cela ne vaut en rien le plaisir du spectacle vivant bien réel n'en déplaise à Christelle Morancais qui se contente de mépriser les artistes tout en vénérant la beauté des abbayes tout ça puyr
Luna
08/12/2024 à 12:28
Elle veut surtout comme le dit si bien Henri Troya dans la case de l’oncle Sam, faire sa cuisine à l’américaine, comme " la cuisine d’Olga, petite et propre qui me paraît, au premier coup d'oeil, en tous points identique aux cuisines françaises.
Seules m'étonnent les dimensions colossales du frigidaire électrique...
Des boîtes de conserve, dressées en murailles, reproduisent à s'y méprendre la silhouette des buildings new-yorkais.
Un gigot exceptionnel, drapé dans une gelée blonde, voisine avec quelques fromages pasteurisés.
Quatre bouteilles d'un lait compact montent la garde autour d'une botte de radis géants.
Et les lampes invisibles versent à l'ensemble une clarté d'aurore boréale.
Un goût de neige et de sauce me remplit la bouche. Mon émerveillement attendrit mes hôtes."
Un goût de neige, autant dire un goût d’eau, sans parfum et sans odeur, je préfère passer mon chemin de cette cuisine là !
Aurelien Terrassier
08/12/2024 à 18:38
D'ailleurs ça peut paraître étonnant de voir Christelle Morancais et son camarade Frank Louvrier au Hellsfest l'an passé. Mais s'agissant de cette droite bourgeoise réactionnaire c'est évidemment un joli coup de com' comme on dit https://www.ouest-france.fr/pays-de-la-loire/presente-au-hellfest-christelle-morancais-se-fait-tancer-sur-les-reseaux-sociaux-f896c192-0db0-11ee-b0a0-b08373475784
Aurelien Terrassier
08/12/2024 à 11:09
Christelle Morancais veut surtout faire plaisir avec son goût pour les abbayes à un électorat réactionnaire voir d'extrême droite en piquant des voix au Rn en vue de se rassurer de sa potentiel réélection!
bcarminan
07/12/2024 à 10:13
Perfusé à base de subventions, le monde de la culture doit se réinventer : faire aussi bien avec moins.
Et puis, dans tout ce discours, il ne faut pas oublier d'où vient l'argent. Il vient du CONTRIBUABLE. Ce dernier a droit aussi de voir son pouvoir d'achat maintenu par une évolution moindre de la pression fiscale. Cela créera également de l'emploi.
Cyril Balcon
08/12/2024 à 03:35
Mouais priver 150000 personnes d'un emplois ne va surement pas "créer des emplois", ces personnes vont toucher le RSA ou le chômage ; sans subvention il pourrait y avoir une inflation localisée des biens et services culturels (sauf du livre) donc pas de création d'emplois là non plus.
bcarminan
08/12/2024 à 11:46
Bonjour,
150 000 personnes représentent un budget minimum de 4 Milliard d'Euros. Il ne me semble pas que cela représente les sommes en jeu.
Il n'empêche que rester arc-bouter sur les positions actuelles ne fait pas avancer.
La diminution des budgets parait inéluctable, autant l'accompagner pour construire le futur.
Cyril Balcon
09/12/2024 à 01:40
https://actualitte.com/article/120556/politique-publique/pays-de-la-loire-150-000-emplois-menaces-la-culture-se-rebiffe
"l'accompagner" avec une baisse de 73% LOL c'est plus une saignée c'est une hémorragie artérielle.
Aurelien Terrassier
07/12/2024 à 15:27
C'est un bel élan de mobilisation légitime du monde de la culture à Nantes contre l'autoritarisme et l'obscenite budgétaire de Christelle Morancais!