La 7e édition du Choix Goncourt de l'Algérie est suspendue. L'Académie Goncourt, réunie le 3 décembre 2024, a en effet décidé à l'unanimité de le suspendre. Elle n'accepte pas « que Houris de Kamel Daoud, l'un des romans de la liste Goncourt sur laquelle les jurés doivent voter, soit interdit dans ce pays et son éditeur banni du Salon du Livre d'Alger », explique-t-elle dans un communiqué.
Le 03/12/2024 à 18:33 par Hocine Bouhadjera
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Publié le :
03/12/2024 à 18:33
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En octobre dernier, Antoine Gallimard révélait à ActuaLitté que la participation au salon d'Alger était refusée sans explication. La raison : la publication de Houris de Kamel Daoud, un roman qui a retenu l'attention des jurés du Prix Goncourt 2024, et qui examine sans faux-semblants la place des femmes dans l'islam et les sociétés musulmanes. Un roman qui s'inscrit dans le contexte de « la Décennie noire » en Algérie, critique les dérives religieuses opprimant la liberté des femmes.
Le groupe Madrigall, en solidarité avec Gallimard, avait alors décidé de ne pas participer à l'événement. Cette année, comme les précédentes, les interdictions continuent de marquer le salon, affectant d'autres maisons d'édition comme Koukou éditions d'Arezki Aït Larbi.
Kamel Daoud est par ailleurs confronté à des accusations d'une Algérienne, Saâda Arbane, qui prétend que l'auteur a utilisé son histoire traumatisante, divulguée sans son consentement par son épouse psychiatre, Aicha Dehdouh.
Deux plaintes ont été déposées en Algérie pour violation du secret médical et diffamation. Gallimard, l'éditeur du livre, soutient son auteur en affirmant que les éléments du roman sont purement fictifs, malgré leur fondement sur des événements historiques.
Cette controverse surgit dans un contexte de relations tendues entre la France et l'Algérie, autour de la question du Sahara occidentale, exacerbées par des débats politiques et des restrictions sur la discussion publique de périodes historiques sensibles comme la « Décennie noire ».
L'Académie Goncourt ajoute, dans son communiqué : « Au moment où l'écrivain Boualem Sansal est arbitrairement incarcéré en raison de ses écrits et propos, elle réaffirme sa condamnation de toute atteinte à la liberté d'expression. »
Ce dernier a été arrêté le 16 novembre dernier à Alger, inculpé pour « atteinte à l'unité nationale ». Placé sous mandat de dépôt, il est retenu pour ses propos sur les frontières historiques entre l'Algérie et le Maroc, considérés comme une menace à l'unité nationale.
La réaction internationale ne s'est pas fait attendre, avec des appels à sa libération par de nombreux intellectuels et organisations, incluant quatre lauréats du Prix Nobel. L'écrivain Kamel Daoud a publié un appel à la solidarité dans Le Point.
La situation de Boualem Sansal a également été abordée au gouvernement français, où l'arrestation a été qualifiée d'attaque contre la liberté d'expression. Les services consulaires français se disent à présent engagés pour assurer, au maximum de leur capacité, la protection de l'Algérien, dont la détention suscite une vive inquiétude.
Crédits photo : © Francesca Mantovani, Gallimard / Boualem Sansal, en 2018 (ActuaLitté, CC BY SA 2.0)
Par Hocine Bouhadjera
Contact : hb@actualitte.com
9 Commentaires
Edco
03/12/2024 à 19:23
Ben oui , c est le minimum .....
Demain le 1
https://le1hebdo.fr/journal/qui-veut-faire-taire-les-ecrivains/524/article/boualem-sansal-est-en-prison-6930.html
Article en accès libre ....
NAUWELAERS
04/12/2024 à 00:55
Merci Edco et pas de «oui mais» pour le soutien total et inconditionnel à Sansal !
Insupportable, les petits procureurs politiques qui ne nous lâchent pas les baskets...
J'espère la libération de ce très grand écrivain et essayiste.
Il pense ce qu'il pense, cela le regarde, loin des inquisiteurs politique et son combat est juste, noble et courageux.
Point barre.
CHRISTIAN NAUWELAERS
Cyril Balcon
04/12/2024 à 01:50
c'est très bien que l''Académie Goncourt soutient Daoud et Sansal
Aurelien Terrassier
04/12/2024 à 09:38
A savoir si l'Académie Goncourt est sur la ligne neo-reac du Printemps républicain ou celle qui est aussi la mienne de Nedjib Sidi Moussa et de Faris Lounis...
Félix Dumortier
04/12/2024 à 10:56
L'Académie Goncourt ce ventre pensu de la "vie" littéraire françoyse, sorti de table, tout ce petit monde est solidaire... et ensuite onze mois de sieste...
Anteversus
04/12/2024 à 10:58
Boualem Sansal n'est qu'un supplétif tirailleur indigène chargé de tirer sur les siens par l'ancien colon. Le fait que ce scribe d’extrême droite soit vomi par les Algériens de tous bords, religieux ou athées, manuels ou intellectuels, nationalistes ou opposants devrait amener à se poser des questions.
Aurelien Terrassier
04/12/2024 à 12:58
Anterversus entièrement d'accord avec vous en rajoutant quand même que Boualem Sansal doit être libéré au plus vite sans condition aucune.
Edco
04/12/2024 à 11:08
https://www.sciencespo.fr/fr/actualites/la-lettre-a-un-etudiant-anonyme-de-kamel-daoud/
Lire cette belle lettre.. . Même si c est ...long...!
Jean Drogo
04/12/2024 à 11:28
Hommage de Barbey d'Aurevilly à Boualem Sansal :
- Les grands hommes sont comme les plus belles fleurs. Ils croissent sous le fumier et à travers le fumier que jettent sur eux les envieux et les imbéciles.