Le 19 novembre 2024, l’Académie des lettres du Québec a dévoilé les lauréats de ses prix littéraires. Poésie, théâtre, essai et roman étaient à l’honneur lors de la cérémonie tenue à Montréal, mettant en lumière des œuvres marquantes de la scène québécoise.
Fondée en 1944, l’Académie des lettres du Québec distingue chaque année des écrivains et écrivaines ayant contribué à l’enrichissement de la culture québécoise. Ses prix, dotés de 2 000 $, visent à mettre en lumière des œuvres marquantes dans plusieurs catégories, de la poésie au théâtre en passant par l’essai et le roman.
Cette année, la cérémonie de remise des prix s’est déroulée dans le cadre du Salon dans la ville, à Montréal. Animée par Michel Désautels, elle a eu lieu dans la salle Joseph-Rouleau de la Maison André-Bourbeau. En plus de la bourse, les lauréats ont reçu une œuvre offerte par l’artiste Serge Murphy, représenté par la Galerie Blouin Division, et seront éligibles à une tournée internationale sous l’égide de l’Association Internationale des Études Québécoises (AIEQ).
Vincent Lambert pour La troisième à partir du soleil (Éditions Le Quartanier)
Depuis l’enfouissement des histoires qui nous magnifient, l’idée d’une machine à aimer le monde a été avancée. L’engrenage tourne plus ou moins comme prévu. Quelque chose est à l’envers. Nous ne savons pas ce qui nous arrive, nous les fruits d’une plante imperceptible, perdus dans le temps, hantés par une autre source d’énergie. Une force désirante. Elle rayonne aux tréfonds de ce vieux rêve matériel, ne nous laisse pas dormir, nous renvoie chaque jour au vide premier. Au quotidien mystère. C’est de là que j’écris.
— résumé
Pierre Nepveu, Paul Bélanger et Frédérique Bernier siégeaient au sein du jury.
Olivier Choinière pour La dernière cassette (Atelier 10)
Après avoir brulé la vie par les deux bouts, AB vit désormais isolé dans son appartement, cloué à son fauteuil roulant, incapable de poursuivre la passion qui l’aura habité toute sa vie : faire du théâtre. Presque entièrement privé de contacts avec le monde extérieur, entouré de ses fantasmes et de ses remords, cet infatigable questionneur décide d’affronter sa mémoire pour faire le bilan de l’artiste et de l’homme qu’il a été.
Nourri par de nombreuses heures d’entretiens avec André Brassard lui-même à la fin de sa vie, Olivier Choinière choisit la voie de la fiction pour nous parler d’un des plus grands metteurs en scène québécois et rendre justice à son legs artistique immense.
— résumé
Les membres du jury étaient Carole Fréchette, Jean-Marc Dalpé et Lise Vaillancourt.
Andrea Oberhuber pour Faire œuvre à deux. Le livre surréaliste au féminin (Presses de l’Université de Montréal)
Qui connaît aujourd'hui Aveux non avenus, Dons des féminines, Hexentexte, La Dame ovale, La Maison de la Peur, Le Coeur de Pic, Le Livre de Leonor Fini, Le Poids d'un oiseau, Oiseaux en péril ou Oracles et spectacles, autant d'oeuvres hybrides réalisées entre 1930 et 1975 selon l'idéal surréaliste du travail collaboratif, à l'instigation d'une écrivaine ? Véritable changement de paradigme éditorial, le Livre surréaliste, objet à part entière, qui prend son origine dans l'écriture à quatre mains, n'a presque jamais un seul auteur. Il déploie des rapports texte/image d'une grande variabilité et appelle une lecture croisée entre l'écrit et le pictural. Cet ouvrage se propose de combler une lacune de recherche en s'intéressant à un corpus à tort négligé par la critique littéraire et artistique.
Dix cas de figure emblématiques sont analysés quant aux modalités de démarche collaborative (« au féminin », « mixte » ou « en dualité créatrice ») afin de répondre à la question suivante : qu'en est-il d'une esthétique avant-gardiste au féminin, d'une communauté d'auteures et d'artistes qui s'est constituée malgré elle grâce au livre, espace de rencontre et creuset de partage ?
— résumé
Le jury était composé de Joël Des Rosiers, Bernard Andrès et Pierre Hébert.
Louis-Daniel Godin pour Le compte est bon (Éditions La Peuplade)
Les enfants naissent dans les choux, on peut acheter des choux à l’épicerie, on peut acheter des enfants.
L’enfant arrive dans sa famille à l’âge de cinq jours. Très jeune, amour et argent le taraudent. A-t-on une dette envers quelqu’un lorsqu’on a été adopté? Il ne cesse dès lors de compter de manière obsessive les pertes et les gains : un chocolat chapardé, un billet de vingt dollars confisqué, le lot d’un jeu télévisé, des cadeaux à sa mère comme des actes manqués. Mais comment y trouver son compte? Comment compter jusqu’à soi quand un écart, une brèche, un trou, apparaît entre les souvenirs de l’enfance et ce qui fut vraiment, entre son milieu social et ses nouvelles passions? Comment combler ce trou que représentent les cinq premiers jours de la vie où l’on flottait entre deux noms?
Impitoyablement observateur, pince-sans-rire parfois et toujours émouvant, Le compte est bon est un puits de style vivant. Louis-Daniel Godin conte en comptant, saute de chiffre en chiffre, de lettre en lettre, afin de mettre le compteur à zéro, de dire l’idée d’écrire un livre pour être quitte avec la vie, un livre sur l’impossibilité de devenir soi.
— résumé
avec Audrée Wilhelmy pour Peau-de-Sang (Leméac Éditeur)
Isolée dans le froid et la solitude des forêts, la ville de Kangoq est figée dans le temps. Ici, on vit de peu, du labeur des ouvrières dans les filatures et des hommes dans les champs. Mais une femme différente donne un secret équilibre à ce monde. Dans sa boutique, selon les heures, elle déplume de grandes oies des neiges, initie discrètement de jeunes filles aux élans de leur corps, ou accueille les hommes qui cherchent, dans sa chair, un impossible repos.
Peau-de-Sang est le cinquième roman d’Audrée Wilhelmy, et celui de la maturité. Portrait d’une femme extraordinaire à la fois mère, sorcière et prostituée, ce roman est habité d’une force rare, incantatoire, à la croisée de la liberté de Goliarda Sapienza et de la poésie de Bérengère Cournut.
— résumé
Le jury était composé de Gérald Gaudet, Marie Bélisle, Christian Guay-Poliquin et Monique LaRue.
Avec ses prix, l’Académie des lettres du Québec valorise des œuvres qui témoignent de la vitalité de la littérature québécoise. Ces récompenses permettent à leurs auteurs de rayonner tant localement qu’internationalement. Depuis sa création, elle s’efforce de célébrer et de perpétuer l’héritage littéraire québécois.
Retrouver la liste des prix littéraires français et francophones
Crédits Image : Prix de l’Académie des lettres du Québec
Par Dépêche
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