Le Prix Jan Michalski 2024 a été remis à Kate Beaton pour son roman graphique Environnement toxique (trad. Alice Marchand, Casterman). Cette distinction, décernée par un jury présidé par Vera Michalski-Hoffmann, met en lumière un récit autobiographique sur l’industrie pétrolière canadienne.
Créé en 2010 par la Fondation Jan Michalski, le Prix Jan Michalski récompense chaque année une œuvre de la littérature mondiale. Ce prix multiculturel se distingue par sa capacité à honorer des ouvrages de fiction ou de non-fiction, quelle que soit leur langue d’écriture. Avec une dotation de 50.000 CHF (environ 53.000 €), il offre au lauréat ou à la lauréate les moyens de se consacrer davantage à leur travail d’écriture. En complément, une œuvre d’art spécialement choisie leur est également remise.
Le jury de cette édition 2024, présidé par Vera Michalski-Hoffmann (éditrice et présidente de la Fondation Jan Michalski), comptait également des écrivains et artistes tels que Jonathan Coe (romancier britannique), Kapka Kassabova (autrice bulgare et poète), Andrea Marcolongo (écrivaine italienne), Valérie Mréjen (romancière et plasticienne française), Gonçalo M. Tavares (écrivain portugais) et Sjón (écrivain islandais).
« Un roman graphique transperçant et audacieux qui éclaire un pan opaque des conditions de travail dans l’industrie pétrolière à travers le regard d’une jeune diplômée projetée par nécessité économique dans un univers toxique. Cette autobiographie visuelle, aux lignes claires et aux dialogues d’une grande puissance narrative, réussit à embrasser les questions les plus sensibles et douloureuses de notre époque — super-capitalisme, environnement, paupérisation, sexisme et harcèlement — sans que l’expérience traumatique n’entame sa profonde empathie. Un chef-d’œuvre bouleversant par son courage. »
— Le jury
Dans Environnement toxique, Kate Beaton revient sur ses deux années passées dans les exploitations de sables bitumineux de l’Ouest canadien. Contrainte par des impératifs financiers, elle décrit un univers impitoyable dominé par des conditions de travail délétères, un isolement social extrême, et un sexisme omniprésent. Les camps ouvriers, où les femmes sont en minorité, exposent quotidiennement les travailleuses au harcèlement et parfois à des violences plus graves.
L’autrice explore les dynamiques sociales dysfonctionnelles de cet environnement. Elle donne à voir les souffrances intimes et collectives infligées aux travailleurs, aux communautés autochtones et à la terre elle-même. Elle y dénonce les mécanismes d’un capitalisme effréné qui exploite à la fois les individus et l’environnement.
Née en Nouvelle-Écosse (Canada), elle s’est d’abord fait connaître par ses bandes dessinées humoristiques publiées en ligne. Diplômée en histoire et anthropologie, elle a travaillé pendant deux ans dans les camps pétroliers de l’Alberta pour rembourser sa dette étudiante. Cette expérience marquante nourrit son premier roman graphique, Ducks : Two Years in the Oil Sands, traduit en français sous le titre Environnement toxique. Son travail précédent, dont le célèbre Hark ! A Vagrant, lui a valu des distinctions comme les Prix Harvey et Eisner.
Elle succède ainsi à Karina Sainz Borgo, lauréate en 2023 pour son roman Le Tiers Pays (traduit par Stéphanie Decante, Gallimard). Avec Environnement toxique, elle inscrit son nom dans une lignée d’auteurs et d’autrices récompensés pour leur engagement littéraire et leur capacité à éclairer des réalités souvent passées sous silence. Le Prix Jan Michalski vise ainsi à célébrer des voix singulières capables d’allier puissance narrative et regard critique.
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Crédits Image : Kate Beaton, lauréate du Prix Jan Michalski 2024
Par Dépêche
Contact : depeche@actualitte.com
Paru le 08/03/2023
440 pages
Casterman
29,95 €
Paru le 17/08/2023
294 pages
Editions Gallimard
23,00 €
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