LECFestival2024 – Paddy Donnelly… Un nom qui ne vous dit peut-être rien, mais ses univers colorés peuplés d’animaux ont sûrement déjà éveillé l’imaginaire de vos enfants. Et pour cause, l'illustrateur irlandais a vu 7 de ses 24 histoires traduites en langue française, et en breton. C'est dans un couvent de Cognac qu'ActuaLitté a rencontré celui qui s'inspire de ses terres natales, et des mythes qui la peuplent, pour divertir nos lecteurs en herbe.
Avec sa moustache soignée et son accent irlandais, Paddy Donnelly est un illustrateur au talent enchanteur. Originaire d’Irlande, il a posé ses valises en Belgique par amour, avant de faire escale à Cognac pour le festival des littératures européennes.
Pour cette 37e édition, il a dessiné l’affiche du festival : un moyen pour lui de représenter fièrement les couleurs de son pays, invité d’honneur, tout en faisant découvrir son univers artistique. Il en a profité pour sillonner les écoles locales, à la rencontre de ses jeunes lecteurs charentais.
Entre deux déplacements, l’artiste s’est accordé une pause au Couvent des Récollets, où l’une de ses illustrations a été reproduite en 39.000 pièces de Lego. C’est dans ce cadre original et chaleureux que Paddy Donnelly, sourire aux lèvres, nous a accueillis.
ActuaLitté : D’où vous vient cette passion pour l’illustration ?
Paddy Donnelly : Quand j’étais enfant, je faisais beaucoup de dessins. J’ai même créé mes propres comics. J’adorais dessiner des animaux, chose qui est restée, et en particulier les éspèces éteintes, comme les dinosaures ou les dodos. Et puis je suis devenu un adolescent... Et je me suis dirigé vers la création numérique.
J’ai travaillé en tant qu’artiste web et ce, de nombreuses années. Mais, lorsque je faisais un site web, l’année suivante, il était redessiné et tout le travail était perdu... Donc j’ai voulu faire quelque chose de plus concret.
Et les histoires, ça reste pour toujours. Certaines ont des centaines, voire des milliers d’années ! Elles se passent de mains en mains. Surtout avec les livres pour les enfants, auxquels on s’attache tout particulièrement. Puis on les passe à nos enfants, nos petits enfants, et ainsi de suite... C’est magique.
J’espère que d’ici 30 ou 40 ans, les enfants que j’ai rencontrés cette semaine se diront : « oh, je me rappelle de cette drôle d’histoire de cheveux jaunes et de géants ! », c’est pour ça que je fais ça.
Quelles sont vos principales sources d’inspiration ?
Paddy Donnelly : Et bien, la plupart du temps, j’illustre des histoires que je n’ai pas écrites. Dans ces cas-là, je travaille avec des auteurs, et je trouve ça génial, car ils écrivent des choses auxquelles je n’aurais jamais pensé.
Mais j’ai quand même écrit et illustré 4 de mes livres, et j’adore ça, car je peux décider de tout moi-même. Dans ces cas-là, je m’inspire beaucoup de mon enfance, et de l’endroit où j’ai grandis : Ballycastle, en Irlande du Nord, proche de la très connue Chaussée des Géants.
J’ai par exemple écrit et illustré un livre sur une histoire que seuls les locaux connaissent, car ce n’est pas très touristique. C’est une plage qui disparaît et réapparaît. Et à l’arrière de ce livre, nommé L'étrange mystère du lac perdu (Kimane), vous pouvez voir des photos de la vraie plage qui disparaît et réapparaît tout le temps.
J’imagine que c’est un endroit plein de légendes... En quoi cela nourrit-il votre travail ?
Paddy Donnelly : Le paysage irlandais revient beaucoup dans mon travail. J’aime beaucoup la texture et les couleurs qu’il me permet d’ajouter dans mes dessins. Mais, ce que j’aime par-dessus tout, c’est donner vie aux légendes qui peuplent mes terres d’origine.
Je m’explique : dans mon petit coin d’Irlande, il y a beaucoup de mythes et légendes. Je cite par exemple le Giant Causeway (Chaussée des Géants). L’Histoire raconte qu’un géant irlandais était épris d’une étoile nommée Ailith, qui descendait chaque nuit éclairer Rathlin Island.
Pour lui témoigner son amour, elle laissait tomber des cheveux d’or, mais dès que le géant tentait de les saisir, ils disparaissaient. Déterminé à la rejoindre, il construisit la Chaussée des Géants, guidé par l’éclat des cheveux d’Ailith. Mais son rival écossais détruisit le pont par jalousie. Le géant, désespéré, découvrit un dernier cheveu doré sur Rathlin Island, qui brille encore certaines nuits, symbolisant l’amour éternel entre la Terre et les étoiles.
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Je m’en suis inspiré pour créer Golden Hare qui, je l’espère, sortira bientôt en français. Sinon, on a aussi l’histoire des enfants de Lyre, qui ont été transformés en oiseaux pendant 300 à 900 ans. Ils ont vécu près de Valais Castle, d’où je viens. Voilà ce qui m’inspire au quotidien...
Prenons un peu de recul : si vous deviez illustrer une scène capturant l’essence de Cognac, laquelle serait-elle ?
Paddy Donnelly : Je suis ici depuis dimanche dernier, soit presque une semaine. Et j’ai été dans de nombreuses écoles, où j’ai partagé mes histoires. Les enfants étaient tellement fantastiques et impliqués ! Ils connaissaient mes livres et avaient beaucoup de questions.
Je me souviens par exemple de cette petite fille qui a raconté toute l’intrigue d’un de mes ouvrages à ses camarades... À seulement six ans, elle en savait beaucoup sur les mythes, et sur mon travail d’illustrateur. C’était très impressionnant !
On a ensuite dessiné des animaux ensemble, et j’ai été étonné par leur imagination. J’ai par exemple vu des éléphants avec des jambes d’espoir et les girafes qui volent... Si je devais dessiner un moment passé à Cognac, ce serait celui-ci. Des enfants entrain de dessiner, de créer, d’imaginer.
Si l’un de vos personnages devait explorer le monde à travers la littérature, quel livre découvrirait-il, et pourquoi ?
Paddy Donnelly : Je vais faire un petit pas de côté pour cette question. Il y a peu, j’ai écrit une histoire avec des renards qui n’ont pas de queue : Goupil & fils, queue-stumiers, édité chez Kimane (j’adore le jeu de mots qu’ils ont réussi à retranscrire ici). Dans ce livre, le père et le fils sont très intelligents, alors ils fabriquent des queues pour tous les autres animaux.
Et j’ai créé une boutique voisine à la leur, dans un autre livre qui sortira l’année prochaine, dans laquelle un petit renard s’aventure régulièrement à la recherche d’un livre qui n’existe pas... Alors, le commerçant, un blaireau un peu ronchon, lui propose de la créer ensemble. Le blaireau est à l’écriture, et le renard au dessin.
J’ai donc, d’une certaine façon, donné vie à cette idée : le blaireau, qui a tendance à être de mauvais poil, redécouvre la littérature à travers ce livre, qui est celui de tous les possibles, et en ressort changé.
Quels sont vos projets à venir ? Y a-t-il des réalisations prochaines qui vous enthousiasment particulièrement ?
Paddy Donnelly : J’ai plein de livres en attente, dont celui du blaireau... Mais j’aimerais vraiment voir un de mes livres transformé en dessin animé. Voir mes personnages s’animer pour de vrai ce serait magnifique pour moi, comme une sorte de rêve.
Lequel souhaiteriez-vous voir transformé en dessin animé ?
Paddy Donnelly : Sûrement Goupil & fils, queue-stumiers. C’est celui qui me plaît le plus en termes de textures, de créativité, de style... Les animaux sont reconnaissables et assez uniques, ça pourrait être un bon projet. Peut-être un jour, qui sait ?
Crédits image : ActuaLitté / CC-By-SA 2.0
DOSSIER - L'Irlande pose ses chaudrons, ses lutins et ses légendes à Cognac
Par Louella Boulland
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