LECFestival2024 – Voilà 11 ans que le Prix ALÉ (Adolescent-e-s, Lecteurs-trices.. Européen-ne-s !) est décerné lors du festival des littératures européennes, à Cognac. Cette année, les jeunes jurés, venus nombreux, ont troqué leurs sacs à dos pour des livres, et ont jeté leur dévolu sur On ne sépare pas les morts d'amour (Didier Jeunesse, 2023), de Muriel Zürcher, qui remporte aujourd'hui le titre de lauréate de l'édition 2024.
Devant une salle comble, les trois autrices finalistes se sont prêtées au jeu des échanges avec leurs jeunes jurés. Car ce prix a ceci d’exceptionnel : il est décerné par des collégiens eux-mêmes, qui ont eu trois mois pour se plonger dans les trois ouvrages en lice et en travailler dessus.
Installés confortablement dans de larges fauteuils rouges, ce vendredi 15 novembre 2024, les élèves se relaient au micro, et posent des questions aux autrices pour élucider les quelques mystères qui demeurent encore après la lecture.
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Entre le choix du titre, le travail de réécriture ou la passion du métier, les élèves ont surtout fait part de leurs interrogations au sujet des intrigues. Notamment le roman de Vinciane Moeschler, Caraïbes amères (Le Muscadier, 2022), finaliste du prix, qui a laissé les collégiens dans le flou avec une fin ouverte. Elliot, du collège Anatole France, d’Angoulême, demande : « Est-ce qu’après, le personnage principal reste en République dominicaine, ou il rentre en métropole ? »
Une question qui a le mérite d’amuser l’autrice, qui répond avec un grand sourire : « Au départ, j’avais écrit une fin. Puis, mon éditeur m’a soufflé l’idée d’une fin ouverte, que j’ai trouvé très bonne, car elle vous permet de tout imaginer. Toi, par exemple, tu préférerais quoi, toi ? »
Suite à cet échange, les collégiens volontaires ont lu certaines parties de leur texte préféré, quelque peu intimidé par les regards du public et les projecteurs braqués sur leur visage. « Je suis un peu stressée... » pouvions-nous entendre dans la salle.
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Une dernière surprise a clos la cérémonie : la remise d’un trophée spécial, conçu par les élèves de la licence packaging, du lycée Louis Delage. Seul un projet a été retenu : celui d’Arthur Laroche, qui a représenté l’Irlande et la littérature sur son trophée. « Je me suis inspiré de la Chaussée des Géants, une réserve naturelle en Irlande du Nord, parce que pour moi ça représente tout à fait l’Irlande. J’ai rajouté un trèfle, avec marqué “Irlande 2024” », détaille-t-il. Et de poursuivre : « J’ai utilisé un logiciel 3D, puis je l’ai imprimé sur une imprimante 3D ».
Mais alors, a qui sera-t-il distribué ? « J’avais demandé des roulements de tambours, mais ce n’est pas possible... », lance avec humour Sophie Quetteville, qui anime la rencontre. Et c’est finalement les élèves, coopératifs, qui ont tapé des pieds dans la salle pour ajouter de l’ambiance.
Suspens donc, jusqu’à ce que l’animatrice annonce « La nouvelle lauréate du Prix ALÉ 2024 est... Muriel Zürcher, pour son roman On ne sépare pas les morts d’amour ! » L’ouvrage porté par Muriel Zürcher, a conquis les lecteurs par ses thématiques, puissantes. Elle aborde avec justesse la jeunesse et les histoires d’amour au sein des quartiers.
Avec Bakari et Erynn, elle donne vie à deux adolescents issus de cités rivales, et qui vivent un amour interdit. Leur histoire ne peut s’épanouir que dans l’ombre, loin des regards indiscrets. Pourtant, rien n’échappe à la cité, et un conflit éclate entre les deux camps...
« Vous, lecteurs et lectrices du prix ALÉ, j’ai un petit mot à vous dire : merci ! », s’est exclamée la lauréate. « C’est très précieux pour nous, les autrices et auteurs, d’avoir des personnes qui lisent nos livres et partagent nos histoires ! Bravo, on est en novembre, ça a pas du être simple de lire et choisir ces livres entre la rentrée et maintenant » a-t-elle conclu, prise par le temps.
Plus loin dans la salle, les élèves félicitent la vainqueure, quand d’autres expriment leur déception : « J’ai adoré le roman de Marie Boulic, j’avais voté pour lui, j’aurais aimé le voir gagner », souffle une collégienne. Son amie, elle, se réjouit : « Moi j’avais voté pour Muriel Zürcher, c’était vraiment mon préféré ».
2 autres romans étaient en lice pour le titre de lauréat du prix ALÉ 2024. À commencer par Le chant du bois, de Marie Boulic (Thierry Magnier, 2023). La journaliste et autrice a narré ici l’histoire d’un arbre, et pas n’importe lequel. Des côtes nord-africaines aux prisons italiennes, ce roman écrit en vers libres retrace l’incroyable odyssée d’un arbre à travers ses multiples vies.
Arraché à sa terre d’origine et transformé en barque de pêche, le bois traverse la Méditerranée, perdu dans les flots — écho saisissant aux destins brisés des migrants qu’il finira par secourir. Plus tard, abandonné dans le cimetière de bateaux de Lampedusa, il échappe à la décomposition grâce au projet Metamorfosi. Dans les mains d’un détenu, il renaît en violon.
Vinciane Moeschler a, quant à elle, défendu son roman Caraïbes amères (Le Muscadier, 2022) face au jury. À travers le personnage de Sacha, 15 ans, elle retrace le parcours d’un jeune parisien parti en exil forcé en en République dominicaine.
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Mais, derrière le décor idyllique des Caraïbes, l’adolescent va faire face à une réalité bien plus sombre : la misère du peuple des bateys. Ces travailleurs haïtiens des plantations de canne à sucre sont les derniers esclaves du XXIe siècle. Aux côtés d’Enrique, son nouvel ami, et de la jeune Patria, mère à seulement 17 ans, Sacha entame un voyage initiatique qui transformera profondément sa vision du monde.
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Crédits image : ActuaLitté CC-By-SA 2.0
DOSSIER - L'Irlande pose ses chaudrons, ses lutins et ses légendes à Cognac
Par Louella Boulland
Contact : lb@actualitte.com
Paru le 27/01/2022
192 pages
Le Muscadier
14,50 €
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