Le Prix Rimbaud 2024 est décerné à Grégory Rateau pour Le Pays incertain à la Rumeur libre éditions. Dédié à la jeune création poétique, tous les ans, il était décerné à un jeune poète de 18 à 25 ans, mais a désormais évolué, saluant l’aspect novateur d’une œuvre. « Une gerbe incandescente que l’on attendait depuis Rimbaud, Vaché, Desnos, Jouffroy et Borer », Sylvestre Clancier, président de la Maison de poésie.
Le 07/11/2024 à 22:35 par Dépêche
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Publié le :
07/11/2024 à 22:35
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Loin des gesticulations littéraires et des célébrations de salon, il y a encore aujourd’hui une poésie qui sent le soufre, qui brûle la pensée et les nerfs, qui vous jette, haletant et hagard, sur des chemins inconnus où l’on marche avec « des sacs remplis de colère » et dont parfois, mentalement ou physiquement, on ne revient pas, tels Nerval, Crevel, Duprey, Bosc, Rodanski, Artaud, Prevel.
Ces « suicidés de la société » n’écrivent pas pour écrire, mais pour ouvrir des brèches dans l’être et dans la vie, avec le couteau du désespoir et de la révolte. Souvent, on les rejette comme des pestiférés. On ne les entend pas. On ne les écoute pas. Il est vrai qu’ils ne parlent pas pour l’audience et les honneurs, mais pour quelques-uns, poètes et lecteurs qui forment ainsi une « société secrète de l’écriture », comme l’écrivait naguère le regretté Alain Jouffroy.
Si Grégory Rateau fait référence et rend hommage à Jacques Prevel, poète largement méconnu, c’est dans l’esprit d’un compagnonnage posthume. Se reconnaissant des affinités, l’impression d’être lui aussi un « paria de naissance », il entremêle au fil des textes son destin au sien.
Il y a ce même constat, implacable : la vie n’est pas la vie, du moins elle n’est pas ce qu’elle devrait être. Et il y a cette impuissance à pouvoir la changer, Rimbaud l’avait si bien compris. Que reste -t-il aux désœuvrés de l’existence ? Les paradis artificiels, l’alcool, qui aident à fuir pendant quelques heures. Et puis il y a la poésie qui, à défaut de transformer le monde, a le pouvoir de révolutionner le regard.
C’est cette voie qu’arpente Grégory Rateau. Il peut y exprimer sa compassion pour les damnés baptisés par la poisse, sa colère contre tous ces rois vaniteux de la culture, assis sans le savoir sur des trônes de paille, sa rage, sa révolte et sa soif absolue. Désespéré ? Certes ! Mais un homme qui crie son désespoir dans une société à bout de souffle est un homme vivant parmi les morts. (tiré de la préface, par Alain Roussel)
Par Dépêche
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Paru le 18/07/2024
64 pages
La rumeur libre Editions
17,00 €
Paru le 17/11/2022
71 pages
Conspiration
9,00 €
Paru le 31/03/2022
82 pages
Editions Unicité
13,00 €
5 Commentaires
jean-yves kernaflen
09/11/2024 à 18:35
J'ai l'extrait que vous publié de Le Pays incertain, et le moins que l'on peut en dire, c'est que cela ne vaut pas un sous troué !
Stan
10/11/2024 à 18:23
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Louis
13/11/2024 à 10:49
N'hésitez pas à le partager ici pour que nous puissions nous faire une idée et à réviser au passage l'orthographe de votre phrase.
Dana
14/11/2024 à 15:15
J'ai lu le Pays Incertain. Une prose indispensable, un concentré de révolte, un long poème jaculoire.
Gabrielle
18/11/2024 à 13:13
Un recueil magnifique, un hommage à Prevel mais avec cette construction proche d'une Saison en enfer, alliant prose poétique et des poèmes taillés à l'os. L'évidence du Prix Rimbaud !