L’ouvrage 50 ans de couvertures depuis 1975, du magazine Fluide Glacial, dirigé par Jean-Christophe Delpierre, ancien rédacteur en chef du célèbre magazine d’« Umour et Bandessinées », est avant tout un colossal travail d’archivage visuel. L'occasion de revisiter cinq décennies de dessins qui ont marqué une génération de lecteurs, en replaçant chaque couverture dans son contexte historique, et artistique.
Le 07/11/2024 à 17:04 par Clotilde Martin
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07/11/2024 à 17:04
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Les illustrations sont présentées en lien avec les événements marquants de l'époque, et le parcours des auteurs. Elles offrent un témoignage unique sur l'évolution de l'humour et de la satire en bande dessinée, à travers les décennies et grâce au talent de figures emblématiques.
Pour commencer en beauté ce retour sur cinquante ans de couvertures, comment ne pas évoquer la première. Le fakir, personnage emblématique et absurde du magazine, est déjà là. 25 ans plus tard (mais aussi pour les 40 ans), il est toujours vivant, rassurez-vous, toujours debout, mais quelque peu épuisé avec les années malgré tout... Marqué par le temps, affublé d’un code-barres et de quelques changements, mais toujours fidèle au poste.
L’aventure commence avec ceux qu'on ne présente plus : Gotlib, Alexis, Forest, Lacroix, Masse et Solé, qui signaient à l'époque, ensemble, 52 pages de bandes dessinées en noir et blanc.
L’ADN de Fluide Glacial au fil des années reste intact, et la mention « Réservé aux adultes » (retirée dès le numéro 4) donne d’emblée le ton imposé par Gotlib, que ce soit durant le temps où il était aux manettes, ou à travers ses successeurs.
Pour certains, cet ouvrage anniversaire aura le parfum des souvenirs de l’adolescence révolue, pour d’autres, il s’agira d’une découverte surprenante...
Chaque double-page sa couverture d’une année. L’idée : valoriser le travail d’une grande diversité d’auteurs et d’illustrateurs : « Les couvertures et les quatrièmes de couverture ont été scannées directement depuis les archives, pour une authenticité », assure Jean-Christophe Delpierre.
Choisir c’est renoncer, on le sait tous... Mais ne vous inquiétez pas, il n’y en a pour tous les types d'humour, du plus fin au plus graveleux.
Chaque couverture est accompagnée d’un texte qui éclaire le parcours et les inspirations de l’illustrateur : Reuzé, grand photographe et dessinateur, à l’humour noir que Fluide décrit comme proche du « non-sens anglo-saxon ». Il dresse des critiques de la société actuelle, avec subtilité et précision.
Edika aussi, figure majeure de Fluide Glacial, qui a vu dans le magazine, avant tout, un terrain de jeu. Comment parler de Fluide Glacial sans le nommer ? Son empreinte est immense, ses dessins, immédiatement reconnaissables, marqués par une expressivité extrême. Ses personnages, souvent déformés, capturent les situations les plus absurdes, de manière burlesque et provocante.
Mais aussi Coyote, qui invente son personnage emblématique (qui lui ressemble un peu...) : Litteul Kévin : un motard à la Marlon Brando de L'Equipée sauvage, ou tout simplement un motard-rockeur pour les plus jeunes.
Lui aussi, on le présente plus, Riad Sattouf, qui a fait partie de cette aventure, notamment en 2006 où il a eu l’honneur de créer la couverture du numéro 358. Il y met en scène son opposé : une caricature d’un macho bodybuildé et vantard, appelé Pascal, connu à travers sa série Pascal Brutal : il réussit à « libérer son dessin et son humour ».
Et Blutch alors, grand virtuose du dessin devant l'éternel; C'est Gotlib qui un des premiers qui tomba sous le charme de son talent... Ce cinéphile et fou de dessin initiait les lecteurs à John Cassavetes ou les films de Robert Mitchum.
Charb encore, qui signe des illustrations plus brutes, à l’instar de ce qui se fait, par exemple, chez Charlie Hebdo. Des décors et des personnages minimalistes, mais avec des messages percutants et forts.
Un dernier pour la route... Giménez en 1980 signe par exemple sa première couverture pour Fluide Glacial. Emprunt de sa propre vie, son dessin tourne en ironie ses traumatismes. Il a été placé dans un orphelinat militaire à 6 ans, où les « maîtresses ressemblaient à des caporaux de l’armée franquiste ».
Cette sélection inclut bien sûr les couvertures emblématiques de Solé, ou de Kurtzman (fondateur du magazine américain MAD, rien que cela…). Un immense terrain de jeu, qui a permis à beaucoup d’artistes de se révéler, d’expérimenter, de provoquer, de faire rire, et de choquer.
Ces couvertures sont un condensé d’humour noir, de sexe, de grotesque. Elles explorent sans détour le corps et ses tabous. Toutefois, derrière cette apparente provocation, c’est un style unique qui s’affirme et perdure jusqu’à aujourd’hui : des planches brèves, percutantes, d’une drôlerie parfois brute, libidinale. Tout ce qu’on aime, en somme.
Un lecteur confie à ActuaLitté : « Ah la la ! Lucien, Carmen Cru, Jean-Claude Tergal, Les Bidochon, Superdupont, Litteul Kévin… Un régal. Gotlib, surtout Edika. Je ne suis pas un grand fan de BD, mais Fluide, c’était spécial : des histoires courtes, une ou deux planches, avec des personnages si drôles. J’aimais aussi acheter leurs hors-séries de temps en temps. » Ce « lecteur » a même reçu, de la part d’un véritable ami, un numéro à base de seuls dessins de Fluide Glacial, fabriqué de ses propres mains. Un véritable ami, on vous dit.
Crédits photo : 50 ans de couvertures depuis 1975, de Fluide Glacial (ActuaLitté, CC BY-SA 2.0)
Par Clotilde Martin
Contact : mc@actualitte.com
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