Jean-Guy Boin, économiste et sociologue, est décédé après une carrière marquante dans le monde de l'édition française et internationale, apprend ActuaLitté.
Le 15/09/2024 à 16:58 par Nicolas Gary
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15/09/2024 à 16:58
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Directeur général du Bureau international de l'édition française (BIEF) pendant 17 ans, il a largement contribué à la promotion de l’édition française à l’étranger, facilitant les échanges commerciaux et culturels entre les éditeurs français et le reste du monde. Il a quitté cette fonction en 2018, après avoir consolidé le rôle du BIEF comme un acteur incontournable du développement international du livre français.
Jean-Guy Boin a également exercé d’importantes fonctions dans le secteur du livre avant son passage au BIEF. Il a notamment été directeur financier et commercial des éditions La Découverte en 1988. Il a également été chercheur spécialisé en économie du livre et a dirigé le département "Économie du livre" au ministère de la Culture, un poste qu'il a occupé dès sa création en 1992.
Fort d’une expertise tant économique que sociologique, il a contribué à des réflexions profondes sur les enjeux de l’édition dans un monde en transformation. Son parcours s’est également distingué par une volonté constante de favoriser les échanges intellectuels entre les cultures, illustrée notamment lors de ses interventions dans des salons internationaux comme celui de Francfort.
Il a contribué à des réflexions majeures sur les défis économiques de l'édition, publiant plusieurs ouvrages et articles influents dans diverses revues spécialisées. Il avait par ailleurs fortement influencé le plan de sauvegarde et de relance de la librairie pendant et après Covid : au plus près des estimations et des calculs, il avait budgétisé un montant nécessaire de 80 millions d’euros – peu ou prou ce qui fut obtenu.
Côté librairie, il fut à l’origine de la création de l’ADELC, l’Association pour le Développement de la Librairie de Création, dont il occupa le poste de vice-président. Fondée en 1988 par plusieurs maisons d’édition françaises (Gallimard, Le Seuil, Minuit, et La Découverte), la structure avait pour objectif de préserver et d’accompagner les librairies de création.
Jean-Guy Boin soulignait en effet que la loi Lang, qui fixe le prix unique du livre, était essentielle, mais insuffisante pour garantir la survie des librairies. À ce titre, l’Adelc apportait une réponse concrète en offrant des aides financières et des conseils aux librairies pour qu’elles puissent continuer à jouer leur rôle central dans la diffusion de la littérature.
« L’Adelc est un outil au service des libraires grâce auquel la diversité du livre existe pour la diversité des lecteurs », assurait-il, un message qui reste aujourd’hui apposé sur le site de l’organisme. Il fut ainsi l'un des moteurs de l'association, avec Henri Causse, directeur commercial des éditions de Minuit, décédé mi-juillet.
Tout au long de sa carrière, il a œuvré pour renforcer la place de la culture française sur la scène internationale, se consacrant à la défense de la diversité culturelle. Il a également enseigné et formé de nombreux professionnels du secteur, participant activement à la transmission des savoirs, que ce soit à l'université ou lors d'ateliers professionnels
Son travail, discret mais essentiel, a laissé une empreinte durable sur l’industrie de l’édition, faisant de lui une figure respectée et appréciée dans ce domaine. Jean-Guy Boin laisse derrière lui un parcours remarquable, marquée par son engagement en faveur de la culture et sa volonté d'ouvrir les horizons de l'édition française.
Il restera dans les mémoires comme un fervent défenseur du livre, un promoteur infatigable de la culture française à l’international, et un intellectuel engagé dans le partage des savoirs.
Le Syndicat de la librairie française a diffusé un communiqué en hommage, intégralement reproduit ci-dessous :
Professionnel discret, Jean-Guy Boin n’en fut pas moins, depuis les années 80, un acteur essentiel de la plupart des projets et des dossiers de l’interprofession du livre.
La défense de la création éditoriale, le soutien à l’édition indépendante, la nécessité d’un réseau de librairies pour la porter auprès des lecteurs, la promotion d’une approche interprofessionnelle liant les intérêts des différents acteurs de la filière, l’importance du livre, tout simplement, furent autant de sujets qui l’animèrent sans relâche et qu’il sut transmettre dans les nombreuses formations et cercles professionnels qui profitèrent de son expertise.
Jean-Guy Boin fut notamment l’un des animateurs de l’ASFODELP, école de libraires, de la SOCAUDELP, société de caution mutuelle de l’édition et de la librairie, directeur financier et commercial des éditions de la Découverte, aux côtés de François Gèze dont il était devenu un proche, chef du département de l’économie du livre au sein de la direction du livre et de la lecture du ministère de la Culture, directeur général du BIEF (Bureau international de l’édition française), au sein duquel il œuvra pour le rayonnement du livre français à l’étranger en soutenant notamment le réseau international des librairies francophones.
Dès sa création, en 1988 et jusqu’à ces derniers jours, il s’engagea dans le soutien et le développement des librairies au sein de l’ADELC (Association pour le développement de la librairie de création) dont il était l’un des pivots, aux côtés d’Henri Causse.
Reconnu comme l’un des meilleurs connaisseurs de l’économie du livre et de sa régulation, pour ne pas dire le meilleur, il participa à de nombreux ouvrages et études sur le sujet, qui firent date. Ses analyses étaient pertinentes et éclairantes, souvent sans concession tant il connaissait les rouages, l’histoire et la sociologie des professions du livre. Il était aussi un homme sensible, intègre et fidèle et, pour cela, un ami.
Le Centre national du livre a communiqué à ActuaLitté un texte en hommage :
Le CNL salue la mémoire de Jean-Guy Boin. Fervent défenseur du livre, Jean-Guy Boin a marqué le monde de l’édition et de la librairie par son engagement et ses convictions à travers son action au ministère, au BIEF et à l’Adelc.
Véritable spécialiste de l’économie du livre, il a continuellement œuvré à structurer le soutien de la puissance publique en faveur des professionnels du livre, en France et à l’international. Professionnel reconnu, il laisse un grand vide tant auprès des acteurs de la chaîne du livre que des personnels du Centre national du livre qui ont eu l’honneur de travailler à ses côtés.
Le Syndicat National de l'Édition a publié un communiqué en hommage à la figure du livre, intégralement reproduit ci-après :
Antoine Gallimard, président du Bureau International de l’édition française et Vincent Montagne, président du Syndicat national de l’édition, associés à l’ensemble de leurs membres et équipes, saluent la mémoire de Jean-Guy Boin, décédé le 13 septembre.
Économiste et sociologue ayant consacré l’ensemble de sa carrière au livre, Jean-Guy Boin était un immense connaisseur du secteur. Dans les différentes fonctions qu’il a exercées, il a toujours œuvré en faveur de l’action collective au service de l’édition et de la chaîne du livre.
Il avait notamment travaillé aux côtés de François Gèze aux éditions La Découverte avant de devenir Chef du département de l’économie du livre au sein du ministère de la Culture et Directeur général du Bureau international de l’Edition française (BIEF).
Figure de l’interprofession, il a été un ardent défenseur de la loi sur le prix unique du livre et de la librairie indépendante au sein de l’Association pour le Développement de la Librairie de Création – l’ADELC, créée en 1988 à l’initiative de Gallimard, Le Seuil et Minuit, La Découverte.
Antoine Gallimard souligne « Jean-Guy Boin avaient des qualités professionnelles reconnues par toutes et tous et une véritable profession de foi qui était la réussite de l’interprofession. Sa connaissance irremplaçable des marchés mondiaux du livre lui avait permis de tisser des liens étroits avec des centaines d’acteurs en France et à l’étranger. Son écoute, son attention le rendaient profondément attachant. »
« Nous garderons de Jean-Guy la mémoire d’un homme engagé avec conviction et générosité sur tous les grands enjeux du livre de l’édition. Je salue son action constamment guidée par la recherche de l’intérêt général et fondée sur une compréhension profonde des interdépendances de notre filière. » ajoute Vincent Montagne.
Antoine Gallimard, Vincent Montagne, Nicolas Roche et Renaud Lefebvre adressent leurs plus sincères condoléances à sa famille.
Hommage de Rachida DATI, ministre de la Culture, à Jean-Guy BOIN
Avec la disparition de M. Jean-Guy BOIN le 13 septembre à l’âge de 73 ans, le monde de l’édition française perd l’un de ses plus grands connaisseurs et un fervent défenseur du livre et des librairies.
Né à Madagascar d’un père gendarme, il avait rejoint le milieu du livre après ses études. Proche de François Gèze à la tête des éditions La Découverte, il fonda avec lui Le Monde-Éditions en 1990 et publia avec Jean-Marie Bouvaist un ouvrage de référence sur le monde de l’édition.
Chargé du département de l’économie du livre au ministère de la culture de 1992 à 2000, où il porta notamment la loi de 1995 sur le droit de reprographie, il fut par la suite directeur du Bureau international de l’édition française de 2000 à 2018.
J’adresse toutes mes condoléances à sa famille et à ses proches.
La Sofia publie ce jour un communiqué afin de saluer la mémoire de Jean-Guy Boin
C’est avec une immense tristesse que la Sofia a appris le décès de Jean-Guy Boin, survenu le 13 septembre 2024. Economiste et sociologue, Jean-Guy Boin fut directeur financier et commercial des éditions La Découverte en 1988, puis chef du département de l’économie du livre au sein de la direction du livre et de la lecture du ministère de la Culture dès sa création en 1992.
Il a ensuite dirigé le Bureau international de l’édition française (BIEF) de 2001 à 2018, œuvrant pour la promotion du livre français au-delà de ses frontières.
Profondément attaché à la sauvegarde de la librairie, il fut également, aux côtés d’Henri Causse, à l’origine de la création de l’ADELC, l’Association pour le Développement de la Librairie de Création, dont il occupa le poste de vice-président.
Il laisse derrière lui une contribution essentielle aux réflexions majeures du secteur de l’édition de ces dernières décennies, et le souvenir d’un engagement généreux et sans faille au service de l’interprofession du livre.
Le monde du livre perd un professionnel exceptionnel et beaucoup d’entre nous un ami véritable. Son humanisme et son humour vont cruellement nous manquer. Personne n’est irremplaçable, mais parfois c’est plus compliqué…
Le conseil d’administration et les équipes de la Sofia adressent leurs plus sincères condoléances à ses enfants, à sa compagne et à ses proches.
Crédits photo : Université du Luxembourg
5 Commentaires
Gilles Cohen-Solal
16/09/2024 à 07:58
Très triste nouvelle. Il incarnait non seulement le compétence , la connaissance des métiers de l’Edition ( peu de gens l’ont ou l’avait comme lui), une bonhomie bienveillante mais surtout un humanisme majuscule . Sa disparition est une perte pour l’Edition en général et pour ceux qui ont eu l’occasion de voyager à l’étranger avec lui en particulier . Il me manquera à Francfort , Jérusalem ou ailleurs …
Gilles Cohen-Solal
Kujawski
16/09/2024 à 09:14
Mesuré, sans discontinuer depuis près de 50 ans, le privilège d’avoir eu Jean-Guy comme professeur à l’Asfodel (future Asfodelp, futurs INFL et école de la librairie). Grâce à ses cours, des jeunes en attente d’un métier en librairie sortaient du brouillard de l’économie et de la gestion du livre, quand, au départ (c’était mon cas), on ne voulait voir dans les livres que des messagers d’un monde meilleur, surplombant les contingences matérielles pour aller librement élever les esprits.
Il y avait là-dedans, en même temps que le bagage technique, ce qu’il fallait de simplicité et de complicité pour que le cours passât sans trop rappeler les études universitaires classiques.
Jean-Guy se frottait au réalisme, même le plus dur. A La Découverte, encore considérée d’ « extrême-gauche », il n’hésitait pas à user du discours gestionnaire, voire du licenciement. Restait l’essentiel : le personnage toujours simple, direct, discrètement attentif aux autres, conscient de l’extrême étroitesse du chemin entre idéal et réel mais résolu à le tracer.
Il est des pertes que le temps aura toujours du mal à effacer ou réparer.
François
16/09/2024 à 09:52
Pour moi il reste le souvenir marquant du formateur passionnant et sympathique de l’Asfodelp de la rue Saint Dominique dans le début des années 1980. Sa carrière a confirmé toutes les qualités qu’il exprimait naturellement auprès des jeunes aspirants libraires que nous étions. Son enthousiasme et sa gentillesse associés à une compétence remarquable ont marqué je pense tous ceux qui l’ont côtoyé.
TIEMPOS FUTUROS
16/09/2024 à 10:30
Hommage lui soit rendu.
Lesaint
17/09/2024 à 18:40
Je garde de Jean-Guy Boin le souvenir d'un grand défenseur de la culture française à l'étranger à travers les actions qu'il a soutenu à la tête du BIEF. Sa disparition m'attriste profondément.