Ce jeudi 12 septembre, à l’occasion de l’ouverture du festival Extra! au Centre Pompidou, le jury du prix littéraire Bernard Heidsieck – Centre Pompidou, présidé par la poétesse Cia Rinne, a remis le prix d’honneur à l’artiste et poète italienne Tomaso Binga et le prix de l’année au poète américain Kenneth Goldsmith.
Le Prix d'honneur est décerné à Tomaso Binga (née Bianca Pucciarelli Menna en 1931, Salerne en Italie), artiste et poète italienne installée à Rome depuis les années 1960. Sa pratique comprend le collage, la peinture, la dactylographie, la performance, la vidéo-poésie.
Depuis 1971, la pratique de l’art comme écriture, à la fois verbale et visuelle, est au centre de ses recherches, ce qui fait d’elle une des figures de proue de la poésie sonore et de la performance en Italie, aux côtés par exemple de Giovanni Fontana ou Lamberto Pignotti (déjà récompensé en 2017).
Elle s’est choisi un pseudonyme masculin pour parodier les privilèges culturels réservés aux hommes. Ce jeu de discrédit, passant par une identité sexuelle travestie (thème qui occupe toute son œuvre), part de la démystification de la différence des sexes dans l’écriture et dans la langue. L’engagement féministe de Tomaso Binga joue ainsi un rôle central dans son travail. Tomaso Binga s’est toujours engagé en faveur des droits de l’homme, de l’égalité des sexes, mais aussi de la défense de la liberté et de la paix.
Le Prix de l'année salue le travail de Kenneth Goldsmith, poète américain né en 1961 à Freeport dans l’État de New York (USA). Il vit entre New York et la Croatie, et enseigne l’écriture à l’Université de Pennsylvanie.
Considéré comme une personnalité majeure de la création contemporaine et une figure de proue de la « poésie post-Internet », Kenneth Goldsmith a pris modèle sur l’art conceptuel pour développer ses textes selon de nouvelles formes d’installations et de diffusions, réfléchissant aux possibilités qu’offrent le numérique et internet, et participant activement à la transformation radicale que les nouvelles technologies génèrent sur notre appréhension de la littérature.
Plusieurs de ses livres ont été publiés par les éditions JBE Books, dont Patrimoine pirate. Archives, circulations et polémiques artistiques à l’âge numérique, traduit par Lionel Ruffel et Stéphane Vanderhaeghe, paru en 2023.
Le jury des récompenses, présidé par la poétesse Cia Rinne, réunissait Hubertus von Amelunxen, directeur d’Archivio Conz (Berlin) ; Michaël Batalla, directeur du Centre international de poésie de Marseille ; Jean-Max Colard, chef du service de la parole du département culture et création du Centre Pompidou et directeur artistique du festival Extra! ; Eduard Escoffet, poète et performeur (Barcelone) ; Mica Gherghescu, responsable programmation scientifique et accueil des chercheurs, Bibliothèque Kandinsky/Centre Pompidou ; Emmanuelle Heidsieck, écrivaine et fille de Bernard Heidsieck ; Christoph B. Schulz, professeur d’université, histoire culturelle, histoire du livre et de la littérature, et Lilou Vidal, curatrice, directrice artistique d’Archivio Gribaudo (Turin).
Chaque prix est doté à hauteur de 3000 €, en partenariat et avec le soutien d’Archivio Conz, Berlin, la collection de lettrisme, de poésie concrète et du mouvement fluxus établie par Francesco Conz.
Très singulier dans le monde des prix littéraires, créé en 2017 pour mettre à l’honneur des formes de création de la littérature autres que le livre, le Prix littéraire international Bernard Heidsieck – Centre Pompidou entend récompenser les meilleurs autrices et auteurs et les meilleures œuvres dans ce domaine élargi de la littérature, d’où le choix du poète sonore Bernard Heidsieck (1928-2014) comme figure tutélaire de ce prix.
L'année dernière, les prix avaient salué Charles Pennequin et Jiří Valoch.
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Photographie : Kenneth Goldsmith, 2015 © Renaud Monfourny pour JBE Books
Paru le 01/06/2023
304 pages
Jean Boîte Editions
24,00 €
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