« Conséquent, je crois que ça va être le mot de cet entretien », assène Juan Branco – utilisant le terme à une dizaine de reprises. “Conséquent”, l'avocat et auteur s'efforce de l'être dans son engagement à « protéger la faiblesse », ligne politique « fondamentale » . Une idée qui l'a changé en révolutionnaire, assumant cette posture jusque dans ce nouvel ouvrage : Comment fabriquer une guillotine ?, manuel d'insurrection révolutionnaire.
Le 15/09/2024 à 15:37 par Ugo Loumé
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15/09/2024 à 15:37
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Après Abattre l’ennemi et Coup d’État, Juan Branco dégaine un nouveau titre qui ne cache pas ses intentions : « C’est une violente attaque contre une partie d’une pseudo-gauche, pseudo-révolutionnaire, qui s’est pâmée l’année dernière devant un ouvrage qui s’appelle Comment saboter un pipeline (Andreas Malm, trad. Étienne Dobenesque, éditions La Fabrique). Je l’avais acheté avec pas mal d’enthousiasme et, en fait, tout l’ouvrage consiste en une forme pacifiste de transgression de petit-bourgeois de salon. »
De la conséquence, c’est d'ailleurs ce que Branco réclame à quiconque se prétend « révolutionnaire. Il s’agissait aussi d’interroger ces gens-là dans leur inconséquence et leur rapport à la violence. Êtes-vous réellement dans une velléité révolutionnaire ou est-ce que c’est juste une posture pour coucher avec des filles ou des garçons et faire société de façon alternative ? », lance-t-il. Pour lui, l’engagement radical s’accompagne d’une question cruciale : « Est-ce que je considère vraiment que le système est à ce point dysfonctionnel que je suis prêt à me sacrifier ou, pire, à sacrifier des gens, pour le changer ? »
Si la réponse est négative : « redevenez conséquent, mettez ça de côté, engagez-vous au PS ou chez LFI et arrêtez de prendre cette position moralement distinguante ». Dans le cas contraire, « je vais vous donner véritablement un manuel ».
Pour lui, les choses ont commencé au début des années 2010. Après avoir été approché par Dominique de Villepin pour le suivre dans une hypothétique campagne qui n'aura finalement pas lieu, Juan Branco, qui débute à peine sa vingtaine, est embarqué en tant que conseiller d’Aurélie Filippetti pour la campagne de François Hollande.
« J’essayais de porter un projet politique sur un sujet précis », en l'occurrence celui de licence globale qu’il avait théorisé « avec quelques amis » contre Hadopi et le système d’abonnement que nous connaissons aujourd’hui. Et ce, pour rendre la production culturelle et intellectuelle accessible à tous.
Très vite, la réalité du politique le rattrape, et l’idée est écartée « à la dernière minute. Je n’avais pas encore la formation politique suffisante pour comprendre que ça mettait bien trop en tension un appareil politique traditionnel comme le PS à l’époque ».
« Ces orientations essentielles qui auraient changé la production culturelle du pays font l’objet d’arbitrages, liés à des manoeuvres politiciennes au sein d’un petit monde », analyse-t-il. Conclusion, on lui a proposé d’autres postes, loin de la mission originelle, qu'il a refusés, avant de révéler son éviction et celle du programme dont il était responsable. C’est à ce moment qu’il est entré en rapport frontal avec le système politicien.
Sa prochaine — et dernière en date —expérience électorale se déroule en 2017, sous étiquette LFI. « La France Insoumise c’était un truc plus affectif, j’avais rencontré Mélenchon sur le plateau du Supplément en 2016, j’avais été très ému par ses discours, notamment celui de Marseille »
Il affirme que cette campagne était expérimentale : « J’ai pris une circonscription dont je savais qu’elle n’était pas gagnable. J'étais intéressé de voir à quel point les législatives étaient une non-élection : une pure reproduction des rapports de forces qui existent dans l’espace institutionnel et médiatique. Il n’y a pas de réelle dynamique avec les gens. »
Après cette aventure, il publiera coup sur coup Contre Macron et Crépuscule. Le premier est un essai théorique sur la macronie « où je dis que c’est une nouvelle variante d’une forme de fascisme et qu’il va falloir être très attentif à la manière de le débrancher », qui passa plutôt inaperçu. « C’est un texte qui a été très peu lu parce qu’il est très exigeant » — qui affiche tout de même près de 20.000 ventes (donnée Edistat, grand format et poche).
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Le second est un pamphlet plus concret, « le résultat d'une investigation solide, vérifiée, argumentée et libératrice », si l’on en croit la quatrième de couverture. Juan Branco y dévoilait les liens entre l’oligarchie française et les pouvoirs politiques et institutionnels du pays, qui menèrent Macron au pouvoir.
Commercialement, l’ouvrage est un succès avec 170.000 exemplaires (poche et GF), alors même que le texte est disponible gratuitement sur internet : il devient un des étendards du mouvement des gilets jaunes. Au niveau critique, les réactions sont plus mitigées. Certains lui reprochent sa prose qui déforme la langue, d’autres parlent d’une fausse enquête-révélation qui fait défaut aux impératifs de sources et vérification de l’information. Ou qui ne révèle finalement que ce que tout le monde savait déjà.
D’autres encore iront plus loin, mettant en avant une possible jalousie qu’entretiendrait Branco avec Gabriel Attal depuis l’enfance, lui reprochant son outing en dévoilant sa relation avec Stéphane Séjourné. L'auteur se défend de la moindre inimitié personnelle : « À chaque fois ils pensent que je suis l’ennemi individuel et personnel de tout le monde. Les gens que je vise ne sont que les incarnations transitoires assez insignifiantes, et symptomatiques de forces profondes que j’ai tenté de mettre au jour. »
Alors qu’il vient d’acter sa rupture avec « le système », ses écrits, ses interventions sur les réseaux sociaux, ainsi que sa personnalité seront largement décriés et moqués par une partie de l’espace médiatique français.
Pour ActuaLitté, il revient sur cet épisode : « Avec Crépuscule j’y suis allé la fleur au fusil. J’ai tiré à balle réelle sur mon espace social sans protection aucune. Les gilets jaunes sont venus me sauver par miracle, c’est presque un cadeau divin. Seul, c’était la mort. »
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Le vocabulaire mortuaire, il ne l’utilise pas à la légère, lui qui affirme être « être beaucoup plus au bord de la mort qu’autre chose ». Comme l’ultime étape dans un parcours de révolutionnaire : « La radicalité politique est nécessairement un rapport à la mort. Quand on se confronte réellement à un appareil de pouvoir avec toute la puissance qu’il peut avoir, nécessairement on met sa vie en jeu. »
Il éprouve pourtant quelques difficultés à poser des mots lucides et précis sur sa propre expérience : « Ce sont de vrais rapports de dévastation. C’est compliqué de résumer quelque chose de tellement multiforme, tellement intense, qui se déroule depuis cinq ans. On a l’impression que notre vie nous échappe. Je regarde ces années et je vois un continuum d’agression, de rapport de violence effective à mon égard, qui crée psychiquement un étau extraordinaire. »
Mais cette dévastation, selon lui, est le lot de toute trajectoire révolutionnaire. « Si on le fait sérieusement, on se fait nécessairement détruire. C’est seulement en étant inconséquent qu’on survivra : ça signifierait qu’on a pas eu besoin de vous abattre. La seule alternative c’est d’avoir une sphère sociale qui vous protège, c’est ce que j’essaye de construire. Une force sociale qui fasse que le coût de nous frapper devient structurellement plus élevé. »
Loin d’être le résultat d’une opération mystique, l’image que véhicule Branco est explicable : « Les services de renseignements, les agences de communication — Havas, Publicis, Image7 — les boites d’intelligence économique — Axis, Adit, Avisa — ce sont des choses que très peu de gens connaissent, mais ce sont des sources d’information pour les analystes qui les répercutent dans l’espace public. Ça façonne la manière dont vous êtes perçu. Et les oligarques recrutent les journalistes, les directeurs de rédaction etc. »
« Vous vous êtes au milieu, vous dévoilez les mécanismes. Mais dans le meilleur des cas vous allez toucher deux millions de personnes sur 67. Les gens ne voient que par l’image façonnée par les structures que vous venez de dégommer, ignorant que vous venez de le faire. C’est pour ça que ça me rend révolutionnaire : pour une révolution vous n’avez pas besoin d’une majorité de la population. »
Arrive alors ce nouvel ouvrage, que Branco imaginait comme un petit manuel à visée très pratique, à ranger dans une poche. « Dans les livres Coup d’Etat ou Abattre l’ennemi il y avait des éléments pratiques, mais englués dans une prose révolutionnaire un peu romantique et analytique. Là on a réduit à l’os et on propose juste un manuel. »
« Crépuscule m’a donné de l’argent, donc du temps pour réfléchir. Et ce privilège profondément bourgeois, ajouté à ceux de mon passé – qui m’ont permis de faire des études –, j’ai voulu le réinvestir dans un prolongement de ma démarche. »
En ressortent près de 250 pages, dont un vrai manuel de fabrication de guillotine à la manière d’Ikea — la giljotinen, donc —, dans lesquelles sont données des informations (parfois très) précises concernant les possibilités de sabotages et de prises des lieux de pouvoir dans le cadre d’une hypothétique révolution.
Et, le moins qu’on en dira, c’est que Branco ne perd pas de temps en avant-propos justifiant son geste. « Ce livre prend le revers de tout dispositif qui vise à expliquer au peuple pourquoi il doit se rebeller. Les gens n'ont pas besoin qu’on leur explique pourquoi ils doivent le faire, au mieux ça les conforte », nous explique-t-il. « Pour beaucoup de gens, 20 euros c’est pas rien, il faut que ça puisse leur apporter quelque chose. »
« Je me suis beaucoup interrogé sur la valeur ajoutée des intellectuels. Là je me suis dit qu’il fallait mettre ça de côté, mais juste donner des instruments et qu’ils fassent ce qu’ils veulent avec, sans me transformer en l'apôtre de leur révolution. »
Ses premiers mots, qui débutent le chapitre 1, intitulé « Frapper » sont alors directs : « Voici, selon nous et d’expérience, ce à quoi il faudra s’attaquer ». Et de continuer sur plus de 50 pages décrivant, partout en France, comment les lieux de l’État sont prenables, leur moyen d’alimentation et de communication sabotables, quels instruments utiliser à cette fin et comment les utiliser.
La cinquantaine de pages qui suivent propose des moyens de construire de nouvelles institutions, structures, et manière de gouverner. Puis un chapitre entier traite de la surveillance et de la fabrication de l’information en France. Enfin, une dernière partie insiste sur la nécessité d’une organisation sérieuse et d’un sens du timing à même de mener à bout le geste révolutionnaire.
Fini, donc, de se demander : « La révolution, pourquoi ? » Pour Juan Branco, être conséquent c’est répondre à l’interrogation : « La révolution, comment ? » Dans ce « comment », vient évidemment la question de la violence. Sur sa quatrième de couverture, l’avocat et auteur reprend une citation de Jean Genet : « Il n’y a plus violent que la rose qui nait »
Il regrette ainsi qu’il y ait un « impensé dans la notion de violence de la part des forces progressistes, qui sont souvent issues de classes bourgeoises et qui n’ont aucun rapport à ces questions là ».
Il explique lui-même avoir baigné dedans : « Je pars d’un habitus de bourgeois. Quand vous êtes bourgeois, il n’y a aucune violence visible autour de vous, à part dans des cas de violence intra-familiale dont j’ai été préservé. À partir de là, il y a tout un travail de mise à distance de cette pseudo-non -violence. On se rend compte que cette préservation de la violence dans laquelle j’ai grandi est le fruit de bien d’autres violences beaucoup moins visibles. »
Jusqu’à ses premières expériences professionnelles, à la Cour pénale internationale notamment, qui ont profondément changé son rapport à la question : « Stagiaire à la CPI à 20 ans, je me plonge dans des dossiers où la violence est omniprésente. Une des premières choses que j’y vois, c’est le témoignage d’un enfant soldat qui raconte comment on avait attaché un autre enfant soldat à un arbre devant lui, et lui avait demandé de lui arracher des morceaux de chair jusqu’à l’amener à céder sur un point. À partir de là mon interrogation fondamentale c’est : qu’est-ce qui provoque ça ? »
« D’un côté il y a 15000 personnes qui meurent du fait du chômage, une ville de Paris où y a pas un jeune qui peut vivre, pas une personne d’une classe populaire qui se permet de rentrer dans le centre. Et à côté il y a des jardins comme le Luxembourg où des gamins comme moi barbotent comme si c'était une extension de leur jardin. Comment renverser ça ? Non pas pour les imiter et leur ressembler, en évitant au maximum tout dommage collatéral, mais sans non plus se condamner à l’impuissance. »
Pour lui, cela passe par un action qui vient percer la bulle virtuelle dans laquelle se complait la bourgeoisie, qui se noie dans une abondance qui n’exige plus rien d’eux : « c’est comme la pourriture du fruit qu’on ne consomme pas, à un moment donné il va se dégrader pour donner potentiellement naissance à autre chose, mais en l'occurrence on est à mon sens dans une phase de pourrissement et il faut réordonner tout ça ». Leur tendre un miroir pour leur montrer leur laideur — ce qu’il a commencé à faire avec Crépuscule, puis entamer un rapport de force qui permette de reconnecter la classe dirigeante au reste de la population.
Dans cette classe, il englobe également les forces du Nouveau Front Populaire, qu’il appelle « la gauche Zara », qui ne seraient que des agents du prolongement de l’existant, en ce qu’ils se contentent de « proposer des politiques qui vont permettre de plus consommer dans le système mondialisé tel qu’il existe aujourd’hui. Leur idée n’est pas de se dire, par exemple, qu’il faudrait qu’on recommence à produire des vêtements ou accessoires dans les quartiers et reconstruire une identité qui réponde à la crise qui génère le vote RN. Peut-être parce qu’ils sont satisfaits du système tel qu’il existe aujourd’hui parce qu’ils font tous partie de cette élite qui peut voyager, avoir une maison de campagne… »
Ce retour à la réalité, à la matérialité du politique, pourrait passer, par exemple, par une réhabilitation de la guillotine : « La seule façon de répondre à ça c’est la recherche d’une matérialisation de la sanction qui permet de sortir de la phase moderne décrite par Foucault du système disciplinaire. Il faut trouver des instruments qui rétablissent ce rapport de force, et la réhabilitation symbolique de la guillotine a aussi une fonction révolutionnaire : si on commence à tous construire des guillotines dans nos jardins ou nos bureaux, tout de suite, en face, ils vont commencer à nous prendre au sérieux. C’est aussi un évitement du passage à l’acte et de la nécessité de la violence. »
Toujours dans l’objectif de servir les plus faibles, « la purgation de la violence doit se faire vers le haut. Ma ligne fondamentale d’engagement politique c’est de protéger la faiblesse ». De lui donner une place dans laquelle il parvient à exister, socialement et politiquement.
« On est dans un système tellement oppressif — j’ai vu des camarades noirs et colonisés en Guyane, qui sont allés en prison pour avoir brûlé un feu de palette devant une préfecture — qu’il s’agit de dégager cet espace pour offrir une respiration à des gens qui en ont besoin. Ça, c’est plus fondamental que la respiration matérielle que leur propose la gauche sociale. »
Alors, hors de question d’utiliser la violence n’importe comment et contre n’importe qui. Le rapport à la violence doit être vertueux, s’orienter vers la création, vers la beauté. Pour Juan Branco, elle n’est digne que lorsqu’elle vise à faire contrepoids à un pouvoir qui lui-même abuse de sa puissance pour faire violence sur les faibles.
De là ce rapport dérangeant que la plupart des forces de gauche entretient avec la police : « Vous pensez vraiment que les policiers avaient en eux l'envie de fracasser des gilets jaunes qui sont des gens qui ont des conditions sociales très similaires à la leur ? On leur a demandé d’agir ainsi et ils ont obéi car ils sont payés pour et que c’est leur fonction. »
« Si on veut attaquer quelqu’un, il faut s’attaquer à la tête, chercher la noblesse. Si on ne s’attaque à un policier que parce qu’il est le plus vulnérable de l’appareil de pouvoir dans lequel il est, ce n’est pas loin de provoquer une forme de dégoût et de rejet absolu chez moi. »
Une autre chose qui provoque son dégoût, c’est le rapport de pillage de la richesse commune dans lequel se vautrerait une grande partie de l’élite française : « J’ai vu trop de gens piller, une fois qu’ils avaient été portés par le sacrifice de beaucoup de personnes. On finance des institutions universitaires pour vous permettre d’étudier pour vous rendre utile à la société. Ce sens éthique de la responsabilité, du “rendre” se perd. On est dans un rapport d’avidité qui est étrange. »
Pour clore cet entretien, nous avons voulu parler de la création littéraire contemporaine, et de sa capacité a, peut-être, changer le rapport au réel de la population : « La littérature, l’exploration du langage, de la capacité à communiquer, à échanger, à purger, c’est fondamentalement politique. Ils ont compris, intuitivement ou non, qu’il fallait maîtriser cet espace-là. »
L’avocat et auteur explique être lui-même en cours de rédaction d’un prochain ouvrage qui se voudrait plus intime, plus littéraire, sans pour autant que ce soit un roman, nous a-t-il confié : « Ce n’est pas un roman, c’est une exploration littéraire de l’intime. Il m’apparaissait fondamental de faire ce chemin introspectif et de l’intérieur déployer ce rapport à l’intimité », car au fond, avance-t-il, nous ne serions que « des corps déterminés par nos affects. Pour moi le politique est un espace de transformation du sentiment ».
Et de poursuivre : « Ce livre a été écrit par exemple contre Edouard Louis, son non-rapport à l’écriture, son rapport d’opportunisme à la classe bourgeoise, d’instrumentalisation de son parcours social ; ou, avec plus de respect, contre Annie Ernaux et son refus conscient, volontaire, de l’élaboration stylistique, qui fait écho à son appartenance sociale. Moi qui viens d’un autre espace social, c’est un livre qui vient en miroir ».
Une « sur-écriture » qui s’oppose à la « sous-écriture » qui règne selon lui sur la littérature contemporaine. « Je considère qu’il y a une telle médiocrisation de l’espace intellectuel en général et en particulier de l’espace créatif et littéraire en France, appauvrie à tous les niveaux — stylistique, émotionnel et ainsi de suite — que j’ai envie de faire un coup d’État à l’intérieur de ça. »
Et Juan Branco se montre sévère : « Il y a très peu d’écrivains aujourd’hui en France. » Mais combien en comptons-nous pour chaque époque ? « Il y a des petites traces chez Vuillard, chez Joseph Andras », admet-il. Pour le reste, « les œuvres qui sont sacrées sont souvent d’une pauvreté telle que je me réfugie dans un travail infini de rattrapage des grandes œuvres qui ont marqué l’histoire de la littérature, plutôt que de m’infliger un rapport de consommation à l’écriture existante qui risquerait paradoxalement de m’appauvrir et déteindre sur moi ».
« Les radicalités existent, mais elles ne sont soit pas publiées, soit publiées sans visibilité. Mon livre, c’est un vrai objet radical et porté par quelqu’un qui a une surface sociale », il avance alors que sa prochaine exploration littéraire sera aussi une expérimentation par rapport à lui-même, « voir dans quelle mesure j’ai ou non un talent, une capacité à faire de la littérature, du langage. J’ai essayé de pousser jusqu’au bout cette dynamique. C’est comme me transformer en bombe humaine pour voir l’effet que ça peut produire ».
Crédits image : Gaelle Daireaux
Paru le 19/06/2020
210 pages
La Fabrique Editions
14,00 €
Paru le 25/03/2021
255 pages
Michel Lafon
17,95 €
Paru le 03/10/2019
262 pages
Points
8,40 €
Paru le 12/09/2024
240 pages
Au Diable Vauvert
19,00 €
8 Commentaires
Yves
15/09/2024 à 16:35
La bombe humaine, tu la tiens dans ta main
Tu as l'détonateur juste à côté du cœur
La bombe humaine, c'est toi, elle t'appartient
Si tu laisses quelqu'un prendre en main ton destin
C'est la fin
Valérie Toranian
15/09/2024 à 17:12
Notre arbre à papillons était en grande souffrance suite à une invasion d’acariens rouges. Nous avons tenté des solutions naturelles sans effet. Avec ce produit l’invasion a été stoppée en seules jours. Merci!
Ernst Luppus
15/09/2024 à 19:13
"Avec Branco
je dis BANCO !"
Léon Trotski
Maître Yoda
15/09/2024 à 19:21
Extrait du code pénal :
"Article 411-9
Le fait de détruire, détériorer ou détourner tout document, matériel, construction, équipement, installation, appareil, dispositif technique ou système de traitement automatisé d'informations ou d'y apporter des malfaçons, lorsque ce fait est de nature à porter atteinte aux intérêts fondamentaux de la nation, est puni de quinze ans de détention criminelle et de 225 000 euros d'amende.
Lorsqu'il est commis dans le but de servir les intérêts d'une puissance étrangère, d'une entreprise ou organisation étrangère ou sous contrôle étranger, le même fait est puni de vingt ans de détention criminelle et de 300 000 euros d'amende."
Edco
16/09/2024 à 08:23
" Ce qu'on nomme communément envie est un vice qui consiste en une perversité de nature qui fait que certaines gens se fâchent du bien qu'ils voient arriver aux autres hommes."
René Descartes — Les passions de l'âme
Un si long article pour une si médiocre personne !!!!!!
Fred Otash
16/09/2024 à 08:47
Son constat sur la littérature actuelle est assez juste même s'il se trompe sur Louis et Ernaux et oui Vuillard est surement le meilleur écrivain actuel, mais nous ne sommes pas à un concours de beauté, il me semble... y a des trucs qui se font dans l'ombre, ignorées, car dérangeantes, ignorées par le Marché de l'édition qui jouit en vase clos, consanguin à mort... et tous ces prix stupides qui n'amusent que ceux qui les créent... bref le ronron risque de durer un paquet de temps encore...
perkeo
16/09/2024 à 09:52
Les médias manipulent l'opinion publique? On tombe des nues.
Les gens sont avides? (paraphrase en style filosofia povera de l'aphorisme immortel "On est dans un rapport d'avidité qui est étrange.") Nooooon? Les gens sont avides? C'est pas vrai! C'est vrai que c'est étrange. Et personne ne s'en était aperçu.
C'est merveilleux, cette lucidité.
De la série: «mon nombril est plus joli que le vôtre» et «moi je peux réciter les oeuvres complètes de Foucault à l'endroit et à l'envers et puis pas vous».
Pour ceux qui connaissent un peu l'Italie: La corazzata Potemkin è una boiata pazzesca, Fantozzi 1976.
Sylvie
26/09/2024 à 23:08
Excellent comme toujours Juan est un homme intègre et intelligent
Je soutiens totalement Juan
Ces livres nous font connaître comment les élites se moquent éperdument du peuple
Bravo bravo Juan et soyez prudent que dieu vous protège