Dans son Histoire algérienne de la France (P.U.F, 2022), l’historien Nedjib Sidi Moussa rappelle que la dénégation de l’inhumanité du passé colonial français et sa séparation des politiques menées en Métropole est inséparable de la radicalisation extrême-droitière d’une grande partie de l’élite politique, journalistique et intellectuelle.
Le 12/09/2024 à 12:12 par Faris Lounis
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12/09/2024 à 12:12
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L’événement était orwellien. Le langage servait à détruire le réel. La raison était jugée criminelle. La dissolution de l’Assemblée nationale, cette grande débâcle du 9 juin 2024, et la périlleuse vague brune ayant failli emporter les institutions de l’État français entre les deux tours des élections législatives (ceux du 30 juin et du 7 juillet), sont des événements qui obligent à un retour sur les origines coloniales des passions racistes qui motivent l’adhésion et le vote pour des formations politiques d’extrême droite.
De l’obsession paranoïde pour les binationaux au combat acharné contre le droit du sol, tout en passant par une haine de l’islam qui rappelle l’âge sombre des guerres de Religion en Europe, l’histoire coloniale travaille et agite, aujourd’hui plus que jamais en France, aussi bien certaines politiques menées envers les « indésirables » de la République que les luttes d’émancipation sociale et citoyenne contre la légitimation d’un tel arbitraire contre la dignité et le droit des personnes.
Historien et docteur en science politique, professeur d’histoire-géographie dans le secondaire, Nedjib Sidi Moussa a consacré un livre important à la centralité refoulée des questions coloniales dans les politiques françaises, Histoire algérienne de la France (P.U.F, 2022) ; a raconté aussi, en homme de terrain, dans Le remplaçant (L’échappée, 2023), l’abandon des classes ouvrières et des services publics au temps d’un néolibéralisme éminemment agressif et autoritaire. Il a accepté de répondre aux questions d’ActuaLitté à propos d’un sujet politique et citoyen préoccupant, objet d’un déni séculaire.
Faris Lounis : Entre le triomphe de l’extrême droite aux Européennes, la périlleuse dissolution de l’Assemblée nationale le 9 juin 2024 et la grande débâcle des législatives, quel regard portez-vous sur les actuelles configurations politiques en France et en Europe ?
Nedjib Sidi Moussa : Le Parti populaire européen (droite conservatrice) est le groupe qui compte le plus grand nombre de députés à Strasbourg, ce qui ne change guère par rapport aux dernières élections. En revanche, pour la France, l’arrivée en tête de la liste du Rassemblement national – ce qui était déjà le cas en 2019, sauf que cette formation a amélioré son score de 8 points en juin – a été le prétexte d’une crise institutionnelle avec la dissolution de l’Assemblée nationale.
Par-delà la question des résultats, je rejoins l’analyse du chercheur Hans Kundnani qui rappelle, dans un article paru dans Foreign Affairs, la convergence – sans doute contre-intuitive pour les plus « europhiles » – entre le projet « civilisationniste » de l’extrême droite (avec sa vision d’une Europe blanche et chrétienne) et celui de l’intégration européenne promue par des élites libérales qui ne sont pas forcément en faveur du cosmopolitisme.
Il suffit pour s’en convaincre de constater que le thème d’une « Europe forteresse », selon lequel l’Union européenne devrait renforcer ses frontières, au détriment d’une politique d’accueil pour les migrants et réfugiés, fait consensus parmi les différentes composantes de la droite européenne, voire au-delà. Rappelons encore le meeting, tenu en mai à Madrid, à l’initiative de Vox, et où ont pris la parole, à la tribune ou par visioconférence : Amichai Chikli, Marine Le Pen, Giorgia Meloni, Javier Milei, Mateusz Morawiecki, Viktor Orbán, Roger Severino, André Ventura, etc.
Avec la fulgurante ascension des extrêmes droites et le déchaînement du racisme anti-Arabes, anti-Noirs, islamophobe et l’obsession complotiste pour les binationaux, la question coloniale, et en son centre celle de la perte de la colonie algérienne, est vite revenue sur les devants de la scène politique et médiatique française. Que pouvez-vous nous dire à propos de cette exploitation du refoulé algérien ?
Nedjib Sidi Moussa : L’exploitation de ce refoulé algérien revêt au moins deux dimensions. La première est directement liée à la décolonisation. L’extrême droite, qui s’était engagée dans une cause perdue, celle de l’ « Algérie française », cherche, au début des années 1960, à gagner en popularité sur le refus d’une chimère, celui d’une « France algérienne », et donc dans le rejet et la stigmatisation des immigrés algériens venus en nombre vendre leur force de travail aux patrons français.
Il s’agissait, par des campagnes de presse racistes, recyclant des schémas colonialistes, d’entretenir la suspicion sur cette catégorie du prolétariat et de l’isoler davantage des autres segments de la classe ouvrière. La deuxième tient à la « guerre civile » des années 1990 en Algérie et qui a donné lieu à un affrontement entre intellectuels français, entre un camp « éradicateur » (partisan de l’éradication militaire des islamistes) et un autre dit « dialoguiste » (favorable au dialogue politique avec les islamistes).
Le problème réside dans le fait que cette opposition transcende le clivage droite/gauche et qu’elle s’affirme au moment où l’accueil des réfugiés algériens devient urgent. Plus troublant, ces deux dimensions ont été réactualisées ces dernières années autour de la question musulmane. Il suffit de remplacer « France algérienne » par « France musulmane », « éradicateur » par « intégriste républicain » ou « dialoguiste » par « islamo-gauchiste » – autant d’expressions que je réprouve à titre personnel – pour identifier continuités, glissements et métamorphoses.
Si le régime de Vichy et le nazisme reviennent constamment dans les différentes critiques adressées au Rassemblement national, personne, dans les médias mainstream et même chez les universitaires, sauf quelques exceptions, ne rappelle les origines coloniales de ce parti, et notamment son passé algérien, mêlé du sang de la torture et des enlèvements. Pourquoi ?
Nedjib Sidi Moussa : Je vois plusieurs raisons à cet impensé ou plutôt à cette séparation malheureuse entre les enjeux qui relèvent de la collaboration et ceux qui renvoient à la colonisation, en particulier dans la dénonciation de l’extrême droite, même si le problème va bien au-delà de ce seul courant.
Certes, il y a eu un travail considérable pour documenter la persécution et la déportation des Juifs, conduisant à la reconnaissance de la responsabilité de l’État français en 1995. Mais est-ce qu’un travail similaire a été produit concernant la colonisation ? Si tel n’est pas le cas alors il faut savoir pourquoi… Le procès de Maurice Papon, jugé pour complicité de crimes contre l’humanité, a pourtant permis, en 1997, d’établir les liens entre la persécution des Juifs pendant la Seconde Guerre mondiale et la répression des sujets coloniaux durant la « guerre d’Algérie », à travers la carrière de ce haut fonctionnaire.
Cependant, force est de constater que les débats en la matière – ou plutôt les controverses – ressemblent davantage aux polémiques qui ont accompagné, dix ans auparavant, le procès de Klaus Barbie, sur fond de concurrence, de ressentiment, de judéophobie et de négationnisme. Ce sont là des écueils qu’il convient absolument d’éviter. On peut bien sûr déplorer l’amnésie des journalistes, politiques ou universitaires mais une des clés du problème se trouve peut-être dans l’amnistie générale garantie par les Accords d’Évian, sans oublier les mesures ultérieures qui concernent les membres de l’Organisation de l’armée secrète.
Selon vous, de quoi le ralliement de certains écrivains algériens « gallimardisés » – comme Boualem Sansal (membre du comité stratégique de la revue pro-Zemmour Livre noir – devenue Frontières) qui a signé la tribune du Figaro contre le Nouveau Front Populaire (04/07/24) et Kamel Daoud, devenu la caisse de résonnances des idées conservatrices du macronisme et du camp « néo-républicain » – aux idées des droites dures et extrêmes en France est-il le nom ?
Nedjib Sidi Moussa : Il y a des choses qui tiennent à leur évolution personnelle – le vieillissement biologique étant rarement synonyme de radicalisation à gauche –, à celle de la société française – dont le champ politico-médiatique a inexorablement glissé vers la droite – et à celle de la société algérienne – qui n’offre que peu de perspectives à des romanciers francophones, sans parler de la fermeture de l’espace public.
Si l’on ne pense pas conjointement ces différents aspects, on risque de passer à côté d’une compréhension objective du phénomène pour mieux s’enfermer dans les schémas du chauvinisme français, du nationalisme algérien ou de l’autoritarisme globalisé, sans offrir d’alternative. Dans leurs entretiens ou tribunes – laissons de côté ici l’analyse strictement littéraire –, ces deux auteurs correspondent chacun à l’exploitation du refoulé algérien évoquée plus haut, soulignant la continuité entre « guerre civile » en Algérie et guerres culturelles en France.
À cela s’ajoute un rapport ambivalent à la décolonisation qui sert surtout de prétexte au dénigrement – plutôt qu’à la critique – de la « propagande islamiste, woke ou décoloniale » chez Kamel Daoud ou à la dénonciation des menaces constituées par « l’islamisme, le wokisme et le consumérisme » pour Boualem Sansal. Or, ces éléments de langage sont largement partagés par d’autres publicistes de droite.
Mais en jouant sur les incohérences de certains discours à gauche, le principal atout de ces deux écrivains réside dans leur origine qui les autorise à faire le récit, en négatif, de l’histoire de leur pays de naissance, et par extension de l’Orient, afin de mieux valoriser la France, et l’Occident par extrapolation, menacés par les périls susmentionnés.
Plus profondément, on peut y lire une forme de désenchantement de certaines élites algériennes quant aux promesses de l’indépendance, du Printemps arabe ou du hirak en 2019. Plus prosaïquement, on peut y voir une nouvelle distribution des rôles entre des « blédards » en quête de respectabilité et des « beurs » ingrats qu’il faudrait remettre au pas.
« On ne parle pas avec les extrêmes. » L’équivalence faite par nombre de politiques et de journalistes français entre les extrêmes droites les gauches représentées par le Nouveau Front Populaire est le summum de la criminalisation du conflit en politique, du débat d’idées tout court. Sommes-nous dans une démocrature ?
Nedjib Sidi Moussa : Cette fausse équivalence illustre le confusionnisme qui règne en maître dans le champ politico-médiatique français. Le Nouveau front populaire est une coalition réformiste. De la même façon, la France insoumise reste social-démocrate dans son ADN. Il n’y a rien d’extrémiste là-dedans, à moins de réviser toute l’histoire de ce pays.
Sauf que, concernant ce brouillage des clivages et des enjeux – qui comprend aussi les termes du débat –, les états-majors des principales formations de gauche, tout comme de nombreux intellectuels, journalistes ou éditeurs associés à cette famille politique, ont leur part de responsabilité dans la mesure où ils expriment surtout les préoccupations – pour ne pas dire les obsessions – de milieux privilégiés, loin des aspirations des classes populaires dans toute leur diversité.
Que peut l’école, l’université et la connaissance historique au milieu des brumes de ce périlleux moment politique ?
Nedjib Sidi Moussa : Un service public mis à mal par plusieurs années d’austérité débouche sur la reproduction des inégalités, voire leur aggravation. Mais je crois aux vertus de la connaissance dans la mesure où elle peut nous éclairer sur les possibilités offertes par l’histoire, sans chercher à l’instrumentaliser. En cela je rejoins la conclusion d’un article de l’universitaire Daniel Johnson paru dans New Politics.
Crédits photo : Nedjib Sidi Moussa
Paru le 12/10/2022
236 pages
Presses Universitaires de France - PUF
19,00 €
11 Commentaires
mohammed guerriche
12/09/2024 à 13:10
pour coprendre la presente politique fraancaise ,il faut revenir non pas à 1830 mais bien avant,c'est à dire quand les algeriens et les francais avaient lerus meilleures relations dans tout le bassin mediterannée voire dans le monde,personne n'arrive dire et aux algeriens et aux francais que c'etaient les algeriens qui furent les premiers à reconnaitre la revolution francaise de 1789 et son emblème dans un moment où cette france etait sous embargo de tous les pays européens,qui craignaient que cette revolution du peuple francais ne s'etende à d'autres horizons européens...sans faire ce retour dans l'histoire des deux pays les problèmes resteraient ainsi et vont encore s'aggraver encore davantage pour non pas le bonheur des francais mais à leur malheur....la seule solution reste le regard en face des realités anciennes,presentes afin de toruver le meilleur chemin ou pont à batir entre les deux peuples pas seulement algero-francais mais maghrebo-francais voire arabo-francais...pour y arriver à ce stade le peuple francais doit prendre ses responsabilités et ne pas se laisser guidé par des partis ou des medias....les francais doivent comprendre que ni les algeriens ni les marocians ni les tunisiens ni les africains ou asiatiques n'etaient venus demandé du travail ou refuge avant que cette France ne soit venu chez eux pour les agressere chez eux,dans leurs propres pays..
Gaucho Marx
12/09/2024 à 16:04
C'est vrai. Nous aurions beaucoup à apprendre de l'Algérie. Surtout nos politiciens.
Comment, par exemple, réussir à se faire aimer par son peuple au point d'être élu avec 95 % des voix.
Ça fait rêver.
Alors que chez nous, c'est la chien-lit. Deux mois sans gouvernement. Impensable de l'autre côté de la Méditerranée. Là-bas, c'est le même parti au pouvoir depuis près de 60 ans. Mis à part une petite parenthèse qui ne compte pas, à la fin des années 90, c'etait les militaires qui dirigeaient le pays.
Qu'est-ce que j'aimerais que les Macron, Barnier et même les Mélenchon et les Bardella s'inspirent d'un si grand, si beau et si tolérant pays !
Gaucho Marx
13/09/2024 à 00:02
Il reste une dernière question.
Que se passerait-il si l'Algérie vivait la même situation ? Celle où un interviewer et un interviewé élaboraient sur leur pays des propos si durs et si noirs qu'un canal se pendrait ?
Le Pouvoir s'écroulerait-il, en son for intérieur, tétanisé, sous le double poids d'une culpabilité fantasmée et de sa propre faiblesse ?
Plus vraisemblablement, il me semble, par expérience, qu'il réagirait de la manière la plus vigoureuse possible pour démontrer aux deux compères combien ils se trompent !
Et c'est ainsi que l'Algérie est grande...
Quark
13/09/2024 à 03:03
Très "le grand remplacement c'est le bonheur" chez actualitte ces derniers temps.
Nicolas Gary - ActuaLitté
13/09/2024 à 08:13
Bonjour
Rien, me semble-t-il, ne vous oblige à venir consulter nos articles s'ils heurtent vos convictions profondes et alimentent vos craintes.
Rien, non plus, ne vous impose de venir baver de la sorte avec un commentaire bien gluant.
Surtout quand ledit commentaire en raconte bien plus sur votre vision du monde que sur la moindre forme d'évolution de notre rédaction, trop plurielle pour être résumée en un message si ramassé.
En somme, la porte est là, je ne vous retiens pas.
Mais vous, je vous en prie, retenez-vous.
Necroko
14/09/2024 à 02:08
plurielle façon votre gourou melancon
Nicolas Gary - ActuaLitté
14/09/2024 à 10:20
Bonjour
Répéter que nous sommes comme ceci, comme cela, soutiens de X ou de Y en dit en réalité bien plus long sur vous qui le laissez qu'il ne reflète la réalité de notre rédaction.
Mais ne définit certainement pas la rédaction dans son ensemble.
Maintenant, je ne peux empêcher personne d'être convaincu d'avoir trouvé la Vérité sur ActuaLitté. Et de le clamer haut et fort. Attention à ne pas s'égosiller.
Aurelien Terrassier
20/09/2024 à 11:23
Necroko vu les idées nauséabondes que vous défendez vous devriez mieux vous occupez des animés et des mangas que de sujets que vous ne maîtrisez pas. A Actualitte, chaque rédacteur a sa sensibilité politique mais il est sûr qu'aucun d'eux n'est d'extrême droite sinon ce site n'aurai aucune raison d'être! L'extrême droite est contre la science, l'histoire, la culture et l'intellectualisme ces savoirs qui vous sont souvent étrangers à vous lire...
Jean F.
13/09/2024 à 10:37
"personne, dans les médias mainstream et même chez les universitaires, sauf quelques exceptions, ne rappelle les origines coloniales de ce parti, et notamment son passé algérien"
Probablement parce que c'est faux.
Le FN a été créé en 1972, dix ans après l'indépendance, par Ordre nouveau, ex-Mouvement Occident, qui se fout de la question algérienne comme de sa première chemise. C'est plutôt la guerre d'Indochine ou la guerre du Viêtnam sa référence. De fait, le mouvement est nationaliste, pro-occident et surtout farouchement anti-communiste.
Le Pen est choisi en 1972 pour incarner ce parti.
La confusion vient sans doute du fait qu'à de nombreuses reprises, Le Pen sera interrogé sur ses actes en Algérie. Et du fait qu'il finit pas prendre toute la lumière et à passer pour l'unique fondateur de ce parti.
Mais bon, chacun voit midi à sa porte, et l'auteur nous a averti dès son titre : Histoire algérienne de la France...
NAUWELAERS
15/09/2024 à 23:47
Ce serait bien de rappeler de temps à autre les tortures et exactions ignobles perpétrées par les fellaghas lors de la guerre d'Algérie !
Qui n'excusent pas du tout celles commises par la soldatesque française, notamment sous les ordres du général Bigeard de sinistre mémoire.
Défendre une cause n'autorise pas toutes les pires saloperies, y compris contre des civils innocents.
Je me souviens d'une anecdote révulsante: des ordures du FLN ont opéré un massacre dans une école...en crevant les yeux d'une pauvre fillette qui, de désespoir, se tapait la tête contre les murs...
Alors nier cela, cela me donne la nausée -même si c'est politiquement incorrect.
Mais c'est juste et je me fous du reste.
Mais là, motus et bouche cousue pour ces horreurs-là !
Ne pas stigmatiser ces crapules, c'est cela ?
Toute cette rhétorique à sens unique à prendre «cum grano salis» -ou l'idéologie qui se cache (bien mal) derrière u faux nez académique.
Et l'inévitable «reductio ad hitlerum» contre le esprits un tant soit peu critiques...
Le terrorisme intellectuel prendra toujours avec les gogos.
Tant pis pour eux...
Et bravo à Sansal et Daoud.
CHRISTIAN NAUWELAERS
Jean F.
16/09/2024 à 10:01
C'est vrai. Et depuis qu'il dirige le pays, en 1962, le FLN ne s'est pas beaucoup amendé. Sa détestation affichée de la France, érigée en bouc émissaire, est une manière d'inventer une raison aux échecs du pays, de se baisser pour éviter le boulet de canon d'un peuple qui n'en peut plus...
Un peuple qui n'a le choix qu'entre une dictature militaire et un totalitarisme islamiste (d'où la guerre civile des années 1990) et qui aspire pourtant à autre chose.
J'ai vécu un certain temps en Algérie, dans une autre vie. Et nombreux étaient les Algériens à me confier, à mots couverts bien sûr, qu'ils regrettaient le "temps des Français" !
A mon avis, la différence entre Daoud, Sansal et Moussa est que les deux premiers sont nés et ont vécu en Algérie, pas Moussa. De fait, ils ont une connaissance du pays "dans leur chair". Moussa a lui une vision fantasmée de l'Algérie comme de la France. Le plus étrange est que ces trois là se ressemble sur un point : la détestation du pays où ils sont nés.
Au point que tout aussi étrangement, Moussa prenne le point de vue de l'Algérie, qui n'est pas son pays, contre la France, qui est son pays...