#PEPLP2024 – « Nous avons la chance extraordinaire que la Fondation La Poste et l’ensemble du réseau des établissements et des postiers, aient résisté à la mondialisation du livre », ouvrait Olivier Poivre d’Arvor, président du jury du prix Envoyé par La Poste. Décernée ce 3 septembre à Anatole Edouard Nicolo, pour À l’ombre des choses (Calmann-Levy), la récompense célébrait sa 10e édition. Symbolique.
Premier prix décerné de la saison littéraire d’automne, mais également premier à dévoiler sa sélection lors du Marathon des mots à Toulouse, le prix Envoyé par La Poste reste « tout à fait unique », assure son président. « Et les librairies, grâce au prix unique du livre qui a préservé une diversité exceptionnelle, permettent à ces nouveaux auteurs d’arriver sur scène. »
Avec sept primo-auteurs retenus dans la sélection, c’est bien entendu un lauréat qui est à l’honneur, mais sans escamoter les six autres — tous invités, lors de la soirée de ce 3 septembre, à lire un extrait de leur ouvrage. Hélas, toutes et tous n’ont pas eu la liberté de venir du fait d’impératifs professionnels.
Or, s’il s’agit bien d’honorer un auteur ou une autrice, depuis maintenant 10 ans, « c’est également le travail qu’effectuent l’édition française que nous saluons : les comités de lecture qui œuvrent souvent à fond perdu, cherchant à ne pas rater une œuvre, l’accompagnement des éditrices, des éditeurs… on ne retrouve pas cela partout dans le monde », insiste Olivier Poivre d’Arvor.
Alors oui, quand on regarde de loin, « l’industrie donne l’impression de n’être qu’un combat de titans entre grands groupes — bien entendu, c’est cela aussi. Mais avant tout, les maisons investissent un temps considérable en lecture ».
Un prix qui partage d’ailleurs un trait commun avec le Goncourt (lequel dévoilait les 16 romans de sa sélection 2024 ce même jour) , notera Anne-Marie Jean, Déléguée générale de la Fondation d’entreprise La Poste : « On ne le remporte qu’une seule fois ! » En effet, ce dernier a entériné de ne jamais récompenser deux fois un auteur — exception faite de l’imposture magnifique de Romain Gary/Émile Ajar —, elle précise : « On est primo-romancier qu’une seule fois dans sa carrière. »
Avec À l’ombre des choses, Anatole Edouard Nicolo offre justement « un premier roman saisissant », avait reconnu ActuaLitté. Il raconte l’histoire touchante du plus jeune des frères, un adolescent déboussolé en quête de son identité, tandis que son aîné semble avoir trouvé sa voie à travers la musique. C’est aussi le parcours d’un jeune homme délicat, qui découvre que même dans l’obscurité, une lueur d’espoir peut émerger.
Anatole et G. grandissent dans une ville de taille moyenne, au sein d’une famille d’artistes, bercés par un quotidien rythmé de musique, de rires et de créativité. Leur univers s’effondre lorsque leurs parents divorcent. Désormais partagés entre la précarité d’un foyer social avec leur mère et le cadre inhabituel d’un « squat de luxe » chez leur père, les deux frères perdent progressivement leur innocence. Toutefois, un lien profond continue de les unir.
Un lauréat « touché et ému » d’être ainsi distingué. Mais qui n’oublie en rien les autres titres retenus. « Je tiens à saluer les autres candidats… parce que nous avons tous une passion commune : la littérature. » Et d’ajouter en souriant : « Quand je regarde la liste de celles et ceux qui ont remporté ce prix au cours des 10 dernières années, ne ne peux pas m’empêcher de rêver plus loin, plus fort. » De fait, Jean-Baptiste Andrea, devenu prix Goncourt 2023, avait obtenu ce prix pour Ma Reine, paru en 2017 et repéré par le jury du prix Envoyé par La Poste.
« Il y a cette phrase de Cocteau : “Écrire est un acte d’amour. S’il ne l’est pas, il n’est qu’écriture.” Ecrire m’a permis de me rapprocher des gens que j’aime, la littérature m’a donné d’observer le monde et de prendre plaisir à le raconter », conclut-il. La Poste passera commande de 600 exemplaires, distribués dans l’entreprise et Anatole Edouard Nicolo repart, lui, avec un chèque de 2500 €.
« Parce que nous aimons la littérature, notre Fondation accompagne plusieurs autres prix littéraires », Philippe Wahl Président-directeur général de La Poste. Le Wepler, le Clara, le Sévigné, le Vendredi, couvrant une vaste partie des champs littéraires. « Pourquoi cet engagement ? Parce que notre conviction profonde est que La Poste, c’est le réseau de ceux qui n’en ont pas. Et par définition, on compte plus d’écrivains débutants qui n’en possèdent pas. »
Une manière également, continue-t-il avec humour, « de garder une utilité à La Poste, alors que l’usage du courrier s’effondre ». Et si l’on a coutume de pointer chaque année le très grand volume de livres qui paraissent, de même que le nombre de prix littéraire, « eh bien, multiplier les prix, c’est parler des autrices et des auteurs ».
Car même les plus grands ont débuté un jour. « Chaque année, nous organisons des rencontres et au cours de l’une d’elles nous avons reçu une Prix Nobel… Oui, Annie Ernaux. Et lors de son intervention, elle nous a confié que son tout premier roman, elle l’avait envoyé par la poste. »
Cette implication dans la Rentrée littéraire se prolongera certainement : la Fondation réfléchit à la création d’un club réunissant les lauréats, de même qu’à une résidence d’écrivains. « Tout cela prend du temps, mais nous y travaillons », garantit Anne-Marie Jean.
Crédits photo : Anatole Edouard Nicolo - ActuaLitté, CC BY SA 2.0
DOSSIER - Prix Envoyé par La Poste 2024 : l'art délicat du premier roman
Paru le 28/08/2024
253 pages
Flammarion
19,00 €
Paru le 04/01/2024
132 pages
Tristram Editions
16,50 €
Paru le 23/08/2024
182 pages
Quidam Editeur
18,00 €
Paru le 28/08/2024
272 pages
Les Avrils
21,10 €
Paru le 22/08/2024
224 pages
Livres Agités
19,50 €
Paru le 21/08/2024
157 pages
Calmann-Lévy
18,00 €
Paru le 22/08/2024
192 pages
Liana Levi
19,00 €
Commenter cet article