La méduse noire, Yann Queffélec raconte le retour d'Algérie

Yann Queffélec

Avril 1962. Soldat ayant passé deux ans et demi en Algérie, Eddie Poujol revient à Marseille : à 19 ans, ce retour au pays sent l’échec : Samuel, un père autoritaire et malade — un cancer au larynx —, ne partage pas le goût de liberté qui anime Eddie. Le ressentiment du fils est exacerbé par l’expérience de la guerre, autant que le mépris avec lequel son père le traite.

L’arrivée sur le sol français commence par une confrontation avec un douanier : l’autorité, quelle qu’elle soit, rejetée, parce qu’elle rappelle la figure patriarcale, sans amour ni pardon.

Samuel Poujol est obsédé par les affaires familiales et l’héritage qui restera : jusqu’à son dernier souffle, il entend le contrôler. Et le désintérêt de son fils, entretient ce ressentiment qu’il nourrit depuis sa naissance. Traître, Eddie est un traître.

Yann Queffélec nous plonge dans un univers tourmenté, écrasé entre responsabilités et non-dits familiaux. Le récit dévoile peu à peu les secrets enfouis de la famille Poujol, où les liens se distendent sous le poids des rancœurs et des espoirs brisés.

Des personnages brisés, comme Agnès, femme ambitieuse, dont l’enfance fut difficile. Ou Jack, le frère d’Eddie, qui enseigne en Afrique et semble vouloir l’évincer du patrimoine familial…

Famille, passé, échecs et luttes intérieurs, La Méduse noire dépeint une fresque complexe, parfois au détriment d’une fluidité dans le récit. Mais les personnages, finement ciselés, fascinent : prisonniers de leurs contradictions, ils en deviennent touchants. Pas incontournable, certes, mais ambitieux.

 
 
 
 
 
 
 
 

 

 

 

Une michronique de
Victor De Sepausy

Publiée le
30/08/2024 à 09:18

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La méduse noire

Yann Queffélec

Paru le 21/08/2024

279 pages

Calmann-Lévy

20,90 €