Les premiers titres de la rentrée littéraire ont fait leur apparition sur les tables des librairies, et ont lancé le coup d’envoi du bouillon littéraire qui accompagne cette fin de mois d'août et ce début de mois de septembre. Pour l’occasion, les principaux intéressés ont fait la promotion des ouvrages de leurs confrères et consœurs sur les réseaux sociaux. ActuaLitté a établi une sélection (non exhaustive) des titres qui ont attiré l’œil des auteurs en cette nouvelle rentrée littéraire.
Le 26/08/2024 à 17:03 par Louella Boulland
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Publié le :
26/08/2024 à 17:03
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Partager au monde ses satisfactions, ses déconvenues, ou un morceau de sa vie : voilà l’objectif même des réseaux sociaux, et surtout d’Instagram. Alors, quand nos auteurs favoris l’investissent, il devient évident, pour eux, d'y partager leurs aventures littéraires.
Et cette rentrée littéraire ne fait pas exception. Si les réseaux sociaux sont désormais un outil commercial puissant, servant la promotion d’un ouvrage, c’est aussi un espace d’échange culturel dont les écrivains et écrivaines prennent possession pour en dire plus sur leurs découvertes.
À ce titre, la rédaction — qui a déjà répertorié ses recommandations de la rentrée dans un dossier consacré — diffuse une partie des critiques mises en ligne par les écrivains, qui peuvent vous aider à choisir vos lectures de la rentrée.
Mohamed Mbougar Sarr, qui a remporté le prix Goncourt 2021 avec son roman La plus secrète mémoire des hommes (coédition Philippe Rey/Jimsaan, 2021) a récemment publié 3 chroniques de romans de la rentrée.
Parmi ses recommandations, on retrouve Jacaranda, de Gaël Faye, publié aux éditions Grasset.
Quels secrets cache l’ombre du jacaranda, l’arbre fétiche de Stella ? Il faudra à son ami Milan des années pour le découvrir. Des années pour percer les silences du Rwanda, dévasté après le génocide des Tutsi. En rendant leur parole aux disparus, les jeunes gens échapperont à la solitude. Et trouveront la paix près des rivages magnifiques du lac Kivu. Sur quatre générations, avec sa douceur unique, Gaël Faye nous raconte l’histoire terrible d’un pays qui s’essaie malgré tout au dialogue et au pardon. Comme un arbre se dresse entre ténèbres et lumière, Jacaranda célèbre l’humanité, paradoxale, aimante, vivante.
– Résumé de l’éditeur de Jacaranda
Si le lauréat du prix Goncourt décèle une « sincère tendresse », il regrette néanmoins ce qui « eût donné plus de force à son livre (...) : maintenir le silence sur l’histoire de Venancia ». Il raconte avoir retrouvé « la signature poétique de l’auteur : une langue légère, sans accrocs (j’avoue l’avoir quelquefois voulue plus… râpeuse), mais qui se confronte quand il le faut à l’insoutenable », faisant de Jacaranda une œuvre qui suscite « une belle émotion ».
Guillaume Sire trouve également sa place sur le compte officiel de l’auteur, avec son nouveau roman Les grandes patries étranges publié aux éditions Calmann-Lévy.
À la mort de son père, tombé au champ d’honneur, Joseph Portedor emménage avec sa mère sur l’île de Tounis, à Toulouse. Le garçon est d’une sensibilité extrême. D’une pression de la main, il peut deviner une grossesse, un cœur qui s’épuise, la composition d’un objet, son histoire. On se passe le mot. Il consulte le samedi dans un bordel où sa mère fait le ménage. Et il y a sa voisine du dessous : Anima Halbron, une juive. Elle a des oreilles de lutin et une langue venimeuse. Son père lui a appris à jouer Schumann. Quand Joseph la rencontre, il a beau n’être qu’un enfant, sa vie bascule.
– Résumé de l’éditeur de Les grandes patries étranges
« C’est couillu, aujourd’hui, d’écrire un livre ouvertement catholique, et scandaleux de le réussir », attaque Mohamed Mbougar Sarr. Pour lui, pas de doute : cet ouvrage est « un excellent roman d’aventures spirituelles », en raison d’une écriture percutante : « Chaque phrase a été reprise ; pas une page qui m’ait paru lâche ou fatiguée. C’est très écrit et ce n’est pas une injure », relève-t-il.
Seule ombre au tableau : « l’Anima méridionale du premier tiers, son venin, son danger, sa méchanceté, son talent, son instinct, son regard de Gorgone toulousaine, nous a été comme volée ».
La plume d’Anne-Sophie Stefanini semble également avoir resonné dans le cœur de l’écrivain. Son nouveau roman, Une femme a disparu, édité chez Stock, a eu droit à sa critique personnelle.
Constance a 17 ans lorsqu’elle découvre Yaoundé et rencontre Jean-Martial. Elle tombe amoureuse de sa façon unique de marcher à travers la ville, de l’emmener danser dans des cafés révolutionnaires et de lui confier l’histoire du Cameroun, son indépendance, ses luttes. Il lui raconte aussi comment l’université s’est embrasée quelques années avant leur rencontre, qu’une professeure qu’il admirait a disparu.
– Résumé de l’éditeur d’Une femme a disparu
« La limite de ce roman pourrait également être sa force : il contient trop de fantômes », débute Mohamed Mbougar Sarr, avant de commenter la finesse de sa plume : « Comme toujours, tout se joue dans l’écriture, introspective, saturée d’interrogations, humble comme une prière, vêtue de l’élégance de la mélancolie ».
Lauréat du prix Goncourt du premier roman en 2022, Étienne Kern participe aussi à cette rentrée littéraire. Si son nouveau roman, La vie meilleure (Gallimard), est à retrouver en librairie, l’auteur en a profité pour commenter les nouveaux titres de la rentrée. Parmi ses 8 publications, ActuaLitté en a retenu 3.
À commencer par Ceux du lac, de Corinne Royer, publié aux éditions du Seuil. La rédaction partage l’engouement de l’écrivain, au travers d’une avant-critique disponible en cliquant ici.
Un père veuf et solitaire, une fratrie de six, un vieux chien nommé Moroï. À quelques kilomètres du centre-ville de Bucarest, les Serban habitent une cabane au bord d’un lac où la nature a depuis longtemps repris ses droits. Sasho, Naya et leurs frères grandissent en toute liberté, assumant le choix âpre et singulier d’une vie en marge. Jusqu’au jour où les autorités, pour créer une réserve naturelle, les somment de quitter ce coin d’eau et de terre. Face à l’hostilité du monde, reste alors une ultime promesse, lumineuse : celle faite par Sasho à sa petite sœur Naya de marcher sur les traces des bisons des Carpates.
– Résumé de l’éditeur de Ceux du lac
Étienne Kern dévoile sa citation préférée, qu’il juge idéale pour illustrer un roman « fait de douleur, de grâce, de vieilles légendes et d’échappées superbes dans la nature », avant de conclure : « bravo et merci, chère Corinne Royer. »
Un autre m’attend ailleurs, de Christophe Bigot (La Martinière), n’a pas laissé l’auteur insensible.
Au tournant des années 1980, Marguerite Yourcenar est la première femme à entrer à l’Académie française. Tous les yeux sont rivés sur celle qui fait désormais figure de symbole. Pourtant, que sait-on d’elle ? Qu’elle vit sédentaire sur une île de la côte Nord-Est des États-Unis. Et qu’elle vient de perdre sa compagne de quatre décennies, Grace Frick, traductrice en langue anglaise de Mémoires d’Hadrien. À près de soixante-seize ans, Yourcenar semble ne plus rien avoir à attendre de la vie.
Pourtant, à l’heure où l’institution littéraire menace de la figer en icône, Yourcenar est en passe de traverser le plus inimaginable bouleversement existentiel. Quelques mois plus tôt, elle a rencontré un photographe américain homosexuel de quarante-six ans son cadet : Jerry Wilson.
Bouleversée par la beauté de celui qui lui rappelle un amour de jeunesse impossible, heureuse de se découvrir des points communs avec ce passionné d’ornithologie et de musique afro-américaine, Marguerite fait de lui son secrétaire, son chauffeur, bientôt l’organisateur de voyages au bout du monde. Commence alors un roman d’amour aussi improbable que dangereux, aussi destructeur que littérairement fécond.
– Résumé de l’éditeur d’Un autre m’attend ailleurs
Charmé par la plume de Christophe Bigot, Étienne Kern a été bouleversé par cet ouvrage riche de « tendresse et d’émotion ». « Malicieux et virevoltant dans les premières pages, le récit se fait soudain déchirant », probablement ce qui en fait, à son sens, « un roman superbe et passionnant, que seul un amoureux des lettres comme Christophe pouvait écrire ».
Place aux essais, avec Aucun respect, d’Emmanuelle Lambert, publié aux éditions Stock.
Une jeune femme idéaliste comme on peut l’être à vingt ans arrive à Paris à la fin des années 1990. On la suit dans sa découverte d’un milieu intellectuel qui a tout d’une caste d’hommes. Elle y rencontre l’écrivain Alain Robbe-Grillet, imposant “Pape du Nouveau Roman”, et son épouse Catherine, maîtresse-star de cérémonies sadomasochistes. Ils incarnent une certaine idée de la littérature et de la liberté sexuelle.
Toutes choses auxquelles l’héroïne s’affronte tant bien que mal. Raconté avec impertinence depuis aujourd’hui, son apprentissage, d’une drôlerie irrésistible, est un conte contemporain. Sa leçon est que la liberté s’exerce dans le jeu avec les autorités établies. Et sa morale, qu’il ne faut jamais sous-estimer les jeunes femmes.
– Résumé de l’éditeur d’Aucun respect
L’auteur recommande vivement ce « passionnant, subtil et savoureux récit sur le couple Robbe-Grillet ». « À lire, vraiment, ne serait-ce que pour ce mot merveilleux de Catherine Robbe-Grillet (maîtresse de cérémonie sadomasochiste, NDLR) à la narratrice : “Vous êtes très normale, tout de même”.»
Autrice de romans jeunesse, et dont le premier tome de la série Les autodafeurs a été vendu à plus de 70.000 exemplaires (source : Edistat), Marine Carteron a, elle aussi, parlé de ses lectures. Avec 6 chroniques publiées à ce jour, ActuaLitté en a retenu la moitié.
Le chroniqueur a donc été chroniqué. Et La vie meilleure, d’Étienne Kern, s’est frayé un chemin jusqu’au domicile de l’écrivaine.
Nous sommes la somme de nos amours. Et c’est la seule chose qui restera de nous. » On l’a comparé à Gandhi, à Einstein, à Lénine. Des foules l’ont acclamé. Des milliardaires lui ont tapé sur l’épaule. Les damnés de la terre l’ont imploré. Aujourd’hui, son nom nous fait sourire, tout comme son invention : la méthode Coué. Singulier destin que celui d’Émile Coué, obscur pharmacien français devenu célébrité mondiale, tour à tour adulé et moqué.
La vie meilleure retrace l’histoire de ce précurseur du développement personnel qui, au début du XXe siècle, pensait avoir découvert les clés de la santé et du bonheur. Un homme sincère jusque dans sa roublardise, qui croyait plus que tout au pouvoir des mots et de l’imagination. Avec ce roman lumineux aux accents intimes, Étienne Kern rend hommage à ceux qui cherchent coûte que coûte une place pour la joie.
– Résumé de l’éditeur de La vie meilleure
« Avec ce roman c’est lui qu’on découvre, Émile, mais pas que. On découvre aussi (un peu) Étienne, l’auteur », confie Marine Carteron. « C’est doux, c’est plein de bonheur et ça donne envie de se répéter que, oui, tous les jours, à tous points de vue, je vais de mieux en mieux », divulgue-t-elle sur son compte Instagram, signe d'une complicité évidente entre les deux auteurs.
Célèbre, de Maud Ventura (L’iconoclaste), a autant amusé l’autrice que la rédaction, qui en a aussi publié une avant-critique.
La célébrité est ma vie. Est-ce que j’étais préparée à un tel succès ? Bien sûr que oui. Cléo grandit dans une famille dont elle déplore la banalité. Dès l’enfance, elle n’a qu’une obsession : devenir célèbre. Au fil des années, Cléo saute tous les obstacles qui s’imposent à elle, arrachant chaque victoire à pleines dents, s’entaillant la cuisse à chaque échec. À la surprise de tous, sauf d’elle-même, Cléo devient une star mondiale, accumulant les millions de dollars, les villas à Los Angeles et les récompenses.
Bienvenue dans les coulisses de la célébrité, un monde où règnent l’artifice et l’impunité.
– Résumé de l’éditeur de Célèbre
L’écrivaine compare volontiers Cléo, personnage principal du roman, à Miranda Priestly, de Le diable s’habille en Prada (2006, David Frankel). À quelques différences près : « À côté de Cleo, Miranda est une Sainte, un ange de douceur et d’empathie...» . Elle confie avoir « pris un plaisir délicieux », bien qu’un poil coupable, à la lecture ce roman.
Cette vieille chanson qui brûle, d'Alexandre Lenot (Denoël) a trouvé sa place parmi les lectures d’été de la romancière.
Sur cette route, je reviens vers toi, mon Père, toi qui es l’autre nom de ma colère, parce que là-bas, au creux de la forêt, dans ta large Demeure, à l’annonce du non-lieu, dit-on, tu es tombé, et il n’y a plus que moi sur cette terre pour t’aider à te relever”. Les jumeaux Jérémie et Noé ont grandi sans mère dans une maison isolée.
La forêt était leur royaume, la rivière leur amie, les arbres leur refuge. Jusqu’à ce qu’on leur impose une vie scolaire et sociale à laquelle ils ne se sont jamais habitués. Maintenant que son frère est mort en défendant ce territoire, Noé va retrouver un père courbé sous l’amertume et la solitude.
– Résumé de l’éditeur de Cette vieille chanson qui brûle
Marine Carteron met en garde quiconque approche cet ouvrage : « Celui-ci est du genre à ne pas se laisser aborder facilement. » Avant de poursuivre : « Il est magnifique, mais le lire est comme gravir un sentier de montagne, ça tire, ça se mérite. »
L’autrice regrette ainsi des premiers chapitres qui l’ont « laissée un peu en dehors », avant de trouver pleinement sa place dans ce roman à « l’écriture parfaite, flirtant avec la poésie », qu’elle confie même être l’une « de ses plus belles rencontres ».
Crédits image : ActuaLitté / CC-By-SA 2.0
Paru le 26/08/2021
160 pages
Editions Gallimard
16,00 €
Paru le 21/08/2024
240 pages
Editions Denoël
20,00 €
Paru le 21/08/2024
224 pages
Stock
20,00 €
Paru le 21/08/2024
230 pages
Stock
20,00 €
Paru le 14/08/2024
281 pages
Grasset & Fasquelle
20,90 €
Paru le 01/02/2023
565 pages
LGF/Le Livre de Poche
9,70 €
Paru le 22/08/2024
540 pages
Iconoclaste (l')
21,90 €
Paru le 21/08/2024
360 pages
Calmann-Lévy
21,90 €
Paru le 23/08/2024
320 pages
Editions de la Martinière
20,00 €
1 Commentaire
Questin Leblanc
28/08/2024 à 17:28
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