C’est en Seine-et-Marne, à Esbly, qu’une librairie a décidé de déployer un nouveau système économique pour pallier les difficultés rencontrées. Ultime recours avant la fermeture définitive de l’établissement, La barque aux livres compte bien redresser la barre en instaurant des cartes d’abonnement, rendues obligatoires dès le mois de septembre.
Le 26/08/2024 à 12:45 par Louella Boulland
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Publié le :
26/08/2024 à 12:45
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Voilà trois ans que La barque aux livres a ouvert ses portes à Esbly, devenant ainsi la seule librairie indépendante de Val d’Europe. Installée dans le centre-ville, cette enseigne littéraire également présente à Ulis en Essonne, pourrait bien tirer le rideau d’ici septembre.
En cause ? Un manque de clientèle régulière au sein de l’établissement. Pourtant, à la création de cette librairie, Joël Broulou pensait s’assurer une économie diversifiée consolidée par les marges procurées par la présence d’un salon de thé. Il dit d’ailleurs avoir reçu un grand soutien de la part des quelque 6500 Esblygeois au lancement de son projet.
Mais l’effervescence de la nouveauté a rapidement laissé place à la réalité. Pour Actu.fr, il confie : « Les gens fantasment le fait d’avoir une librairie en ville. Quand vous leur en parlez, ils disent waouh. Mais après, ils n’y viennent pas », déplore le directeur de La barque aux livres.
Malgré l’enthousiasme lié à l’ouverture de son commerce, et les bons conseils prodigués aux habitués, La barque aux livres n’a pas su concurrencer les mastodontes du livre installés à proximité. De fait, le Centre commercial Val d’Europe, situé à seulement 13 minutes en voiture, accueille en son sein la Fnac, offrant aux lecteurs et lectrices un point de vente de livres aux moyens de loin supérieurs à ceux de la librairie indépendante du centre-ville. Même constat à 14 minutes de La barque aux livres, où se trouve un Cultura situé au centre commercial du Clos du Chêne.
Une concurrence des grands centres commerciaux qui écarte de potentiels clients du centre-ville, et ce, malgré l’expansion de la ligne de bus entre Jossigny et Esbly. Avec une base solide de 500 clients réguliers, c’est le panier moyen de sa clientèle qui pose problème : 11 € ou 12 € par personne.
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Couplé à une « hausse des coûts énergétiques, des charges d’exploitation et des frais de transport, des loyers », vendre des ouvrages « avec seulement 33 % de marge est devenu insoutenable », précise-t-il sur Linkedin. Résultat : Joël Broulou ne parvient plus à joindre les deux bouts.
Pour sauver son commerce, celui qui fut jadis ancien accompagnateur de porteurs de projets a créé un système de cartes d’abonnement, qui permet à l’enseigne d’augmenter le panier moyen de ses clients, et ses bénéfices sans pour autant attenter au prix unique du livre.
« En devenant membre, vous participez à une incroyable aventure pour maintenir des commerces de qualité ouverts dans nos villes, au nom de la culture et de la formation professionnelle », se targuent-ils sur leur site internet.
Les lecteurs et lectrices ont la possibilité de souscrire à l’une des trois cartes proposées, chacune offrant un crédit équivalent au montant choisi, utilisable pour l’acquisition de nouveaux ouvrages. La première carte, assortie d’un abonnement annuel de 30 €, permet de recevoir « deux livres de poche au choix en librairie, la reprise de vos livres d’occasion, l’accumulation de points à chaque passage en caisse, ainsi qu’un cadeau pour les fêtes de fin d’année ».
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Le deuxième abonnement, impliquant une contribution annuelle de 100 €, offre trois livres de poche au choix, deux livres brochés, et les mêmes avantages que l’abonnement classique. Cette formule se distingue par son engagement à soutenir financièrement le commerce, en permettant aux adhérents de faire un don de 40 € à la librairie. « C’est comme de la love money, c’est une façon de dire : je soutiens le commerce local », indique Joël Broulou, toujours à Actu.fr.
Enfin, les clients peuvent opter pour la carte membre, proposée au tarif de 60 €, qui se décline ainsi : « 50 € pour leurs achats et 10 € pour soutenir la librairie », comme l’explique l’équipe. Ce modèle offre au client un délai de trois mois pour dépenser son crédit, tout en contribuant par un don de 10 € à la pérennité du commerce.
« À partir de septembre, nos formules de cartes d’abonnement deviendront obligatoires », dévoile Joël Broulou sur Linkedin, avant de poursuivre : « Ce changement est essentiel pour notre survie ». Cela permettra ainsi au directeur d’assurer le paiement de ses deux employés, régler le fournisseur à temps, améliorer « la gestion de nos stocks », et donc, la satisfaction des clients.
Le créateur de La barque aux livres se laisse jusqu’à mi-septembre pour constater, ou non, une évolution sur les ventes. Si elles ne sont pas au rendez-vous, alors le passionné de livres sera contraint de fermer boutique, renonçant ainsi à l’unique librairie indépendante de Val d’Europe.
Crédits photo : Image d'illustration, librairie dans Paris / Exilexi, CC BY 4.0
7 Commentaires
Sator Rotas
26/08/2024 à 16:26
"Mais la réalité a rapidement laissé place à l’effervescence de la nouveauté"
Ou réciproquement ?
moundy
26/08/2024 à 18:10
C'est dommage de ne pas plus creuser plus et de préciser que le propriétaire a racheté une autre librairie aux Ulis en offrant le même concept. C'est étrange d'ailleurs si les affaires ne sont pas bonnes.
monsieurp
27/08/2024 à 07:57
2 employés pour une librairie d'une si petite ville, avec un panier moyen si léger, c'est pas plutôt ça le problème ?
Sator Rotas
27/08/2024 à 10:09
Venir en ville faire ses courses est devenu un sacerdoce. Les tracasseries faites aux automobilistes (plan de circulation, vitesse réduite, parking payant, amendes potentielles, zones piétonnes métastasées, ...) constituent autant d'armes de dissuasion massive.
Alors que l'herbe est vraiment plus verte ailleurs, à la périphérie de la ville. The place to be.
Voilà la réalité !
Comme dit WC Fields : la réalité est une fiction qui se produit en raison du manque d'alcool.
Et donc cette librairie est condamnée, plus encore qu'un sex shop dans un village mormon.
Aurelien Terrassier
27/08/2024 à 13:03
Si c'est le prix à payer pour contribuer à sauver une librairie qui est un commerce de proximité. Je ne suis pas favorable à un abonnement je préfère à la limite acheter des livres d'occasion.
Tacata
27/08/2024 à 17:42
Son dernier projet taxer ses clients fidèles avec un abonnement d'un an...pour fermer juste après...en se privant des clients de passage.
Une véritable escroquerie
Olivier
27/08/2024 à 22:27
Cette librairie est un vrai bazar et le libraire n'y connaît pas grand-chose