« … Enfin, pour très peu de gens, comme la petite, une simple pensée suffit. Une pensée dangereuse, menaçante, apparue dans un instant de faiblesse. Je vous parlerai de cette idée, vous raconterai quand elle a surgi. Maintenant, arrêtez tout ce que vous faites et écoutez-moi. »
Dès les premières lignes, le ton est donné. Voici une histoire dont on connaît déjà la fin : la fillette meurt. Comment ? Pourquoi ? Ces questions ne trouveront leur réponse que bien plus tard, au fil de ce récit fascinant. Ici, c’est la domestique qui retrace chaque moment, qu’il soit anodin ou essentiel à cette terrible conclusion.
Estela García a choisi de quitter son petit village du Sud du Chili et sa mère, figure phare de sa construction personnelle, pour la capitale. Ici, elle commence ce travail en tant qu’employée de maison pour une famille excessivement riche. Monsieur, Madame et la petite. Une petite qu’elle voit naître, grandir, évoluer, changer. Une petite qui, très vite, se voit noyée par les attentes de ses parents.
L’excellence, toujours, en tout point. Elle saura nager, elle saura jouer du piano, elle saura tout mieux que ses camarades. Une vie de luxe, certes – mais une vie a priori étouffante. Estela nous raconte tout. Elle s’assure d’ailleurs que nous sommes attentifs, à chaque instant. Même des divagations sont en réalité des moments de grande lucidité.
Alia Trabucco Zerán nous offre ici un roman psychologique captivant. Si la fin est connue, inéluctable, le pourquoi est à déchiffrer au fil des pages. Classe, argent, histoire de pouvoir… mais aussi, constamment, la définition de ce qu’est une famille. Une famille qui s’aime, beaucoup ou mal. Une famille qui sait s’écouter ou se faire confiance… ou qui ne sait que se détruire, petit à petit.
Un magnifique travail de traduction signé par Anne Plantagenet !
Publiée le
24/08/2024 à 08:48
Paru le 22/08/2024
272 pages
Robert Laffont
20,90 €
1 Commentaire
Marie
29/08/2024 à 08:44
Au figuré?