À l'occasion des Jeux olympiques 2024 à Paris, la boxeuse algérienne Imane Khelif a fait l'objet d'une polémique humiliante concernant sa qualification de genre, dans la compétition de boxe féminine des 66 kilos, qu'elle a remportée. Parmi ses détracteurs, J.K. Rowling et Elon Musk, tous deux cités dans une plainte déposée pour des actes présumés de « cyberharcèlement aggravé » visant l'athlète, confirme l'avocat de la sportive, Nabil Boudi.
Le 14/08/2024 à 12:50 par Hocine Bouhadjera
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Publié le :
14/08/2024 à 12:50
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Cette plainte portée contre X a été déposée ce 9 août, auprès du centre de lutte contre la haine en ligne du parquet de Paris. L'objectif de l'avocat et de la plaignante : permettre au « parquet toute latitude pour enquêter contre toutes les personnes », y compris celles utilisant des pseudonymes, qui ont participé à ce cyberharcèlement.
L'avocat a en outre expliqué, auprès de Variety, que la plainte, bien que déposée en France, pourrait bien cibler des personnalités à l'étranger, car le bureau du procureur pour la lutte contre les discours de haine en ligne peut demander une assistance juridique mutuelle avec d'autres pays, notamment les États-Unis.
Bien qu'elle soit née femme et ne se soit pas identifiée comme transgenre ou intersexe, et malgré le soutien du Comité International Olympique qui affirmait que « scientifiquement, ce n'est pas un homme combattant une femme », l'Algérienne a subi une vague d'accusations et de harcèlement sur son genre.
La majorité de ces attaques ont eu lieu sur les réseaux sociaux. J.K. Rowling a été particulièrement virulente à cette occasion, avec plusieurs messages sur X, dont un où elle accuse la boxeuse d'être un homme qui « se réjouit de la détresse d'une femme qu'il vient de frapper à la tête ». Le 7 août encore, elle s'appuyait sur les assertions d'autres utilisateurs, afin de marteler ses convictions : Imane Khelif serait un homme, concourant parmi des femmes.
Elle a ainsi souligné : « Ceux qui pointent les critiques du comité international olympiques en affirmant qu'ils pensent que Khelif est transgenre, sur la base de documents plutôt que d'un contrôle de genre sont malhonnêtes. Je ne prétends pas que Khelif est transgenre. Ma critique, comme celle de beaucoup d'autres, est que la violence masculine contre les femmes est en train de devenir un sport olympique. »
Une version plus policée d'un post du 2 août, qui disait : « L’idée selon laquelle ceux qui s’opposent à ce qu’un homme frappe une femme au nom du sport s’y opposent parce qu’ils croient que Khelif est "trans" est une plaisanterie. Nous nous y opposons parce que nous avons vu un homme frapper une femme. »
Dès le 1er août dernier, date du premier combat d'Imane Khélif, elle partageait sur les réseaux sociaux : « Une image pourrait-elle mieux résumer notre nouveau mouvement pour les droits des hommes ? Le sourire narquois d'un homme qui se sait protégé par un ordre sportif établi et misogyne, se délectant de la détresse d'une femme qu'il vient de frapper à la tête et dont il vient de briser l'ambition de vie. »
Ceux qui se sont élevés contre l'Algérienne s'étaient notamment appuyés sur la décision de l'International Boxing Association (IBA), en mars 2023, d'exclure Imane Khelif des mondiaux, pour des raisons hormonales. Une décision restée obscure, puisqu'aucune preuve n'a été apportée, à ce jour, pour la justifier.
À la suite de cette polémique, le CIO avait fermement défendu Imane Khelif, confirmant que tous les participants aux Jeux respectaient les critères d'admissibilité établis. L'Algérienne, qui souffre d'hyperandrogénie, soit une production élevée d'hormones masculines telles que la testostérone, a toujours concouru dans la catégorie féminine.
Cette condition lui confère des caractéristiques physiques souvent associées aux hommes, mais elle n'est pas considérée comme une forme de tricherie si la production hormonale est naturelle.
Le comité international olympique (CIO) s'opposait ainsi aux conclusions de l'International Boxing Association, dont le président, Umar Kremlev, est un proche du Kremlin, comme le rappelle Le Monde.
Ce dernier avait organisé en urgence un simulacre de conférence de presse, à Paris, où il a notamment insulté directement le président du CIO, Thomas Bach, de « sodomite en chef »... Plus largement, une attaque virulente contre le CIO a été réalisée, accusant l'organisation de promouvoir des valeurs occidentales décadentes et de « détruire le sport féminin ».
Le docteur Ioannis Filippatos, présent à Paris aux côtés du secrétaire général et directeur de l'IBA, Chris Roberts, a affirmé que les tests réalisés à l'occasion des mondiaux 2023 [sur Imane Khelif, notamment, NdR] « suggèrent que les boxeuses sont des hommes ».
Dans une séquence surréaliste, le père d'Imane Khelif avait dû montrer le livret de famille de sa fille, pour prouver qu'elle était bien de genre féminin...
Le cas d'Imane Khelif rappelle celui de Caster Semenya, une athlète sud-africaine également hyperandrogène, qui a été au cœur de controverses similaires. La spécialiste du 800 mètres, après avoir été contrainte par la Fédération Internationale d’Athlétisme (aujourd'hui World Athletics) à prendre des médicaments pour réduire son taux de testostérone en 2019, a refusé et a été interdite de compétition dans certaines épreuves. Elle avait alors déclaré, défendant son droit à concourir sans traitement médical : « Dieu m'a créée comme je suis, je m'accepte et je suis fière. »
Un sujet qui a, dans le cas Imane Khelif, été rapidement politisé, comme en avaient témoigné les déclarations de figures politiques de droite radicale, telles que Matteo Salvini et la première ministre italienne Giorgia Meloni.
Parmi les autres figures qui avaient commenté la présence d'Imane Khelif, on peut citer Elon Musk, qui avait affirmé dans un post sur son réseau social que « les hommes n'appartiennent pas aux sports féminins ». Donald Trump a également été impliqué, affirmant qu'il maintiendrait les hommes hors des sports féminins.
Le multi-casquette Logan Paul a également participé aux attaques en ligne contre Imane Khelif, postant après sa victoire contre l'Italienne Angela Carini que « c'est la forme la plus pure du mal qui se déroule sous nos yeux. Un homme a été autorisé à battre une femme sur une scène mondiale, brisant le rêve de toute une vie tout en combattant pour son père décédé ». Il a par la suite supprimé son post et reconnu qu'il « pourrait être coupable de propagation de désinformation ».
Pedro Diaz, entraîneur de Khelif au Mundo Boxing Gym de Miami depuis février 2023, a décrit l'impact significatif du harcèlement sur Imane Khelif et son entourage durant les Jeux Olympiques. Il a partagé son horreur face à la situation, affirmant n'avoir « jamais rien vu d'aussi répugnant de ma vie ». Il a conseillé à son athlète d'éviter les réseaux sociaux pour rester concentrée sur son objectif, qui était de remporter l'or. « Elle est tellement intelligente et a une motivation incroyable », a-t-il encore déclaré, ajoutant que la victoire de Khelif était « la plus gratifiante de ma carrière d'entraîneur ».
À LIRE - Bientôt en prison ? J.K. Rowling provoque les autorités écossaises
Début août, une pièce de théâtre, TERF, a été présentée lors du festival Fringe à Édimbourg, qui explorait les tensions entre J.K. Rowling et les acteurs des films Harry Potter suite aux déclarations controversées de l'auteure sur les personnes transgenres.
L'œuvre, qui propose une révolte fictive de ces derniers contre J.K. Rowling soulève des questions sur l'intersection des droits trans et l'impact des réseaux sociaux dans les débats sociétaux. Elle aborde également le conflit émotionnel des fans qui apprécient ses écrits tout en désapprouvant les positions de l'artiste.
J.K. Rowling fait polémique depuis plusieurs années maintenant, avec des messages et des commentaires publics souvent qualifiés de transphobes. Elle conteste ces accusations, arguant que sa position est basée sur des préoccupations pour la sécurité des femmes cisgenres et des enfants dans les espaces genrés.
Crédits photo : ALGÉRIE PRESSE SERVICE | وكالة الأنباء الجزائرية (CC BY 3.0) / BBC
18 Commentaires
Mr Vérité
14/08/2024 à 15:35
Ce commentaire a été refusé parce qu’il contrevient aux règles établies par la rédaction concernant les messages autorisés. Les commentaires sont modérés a priori : lus par l’équipe, ils ne sont acceptés qu'à condition de répondre à la Charte. Pour plus d’informations, consultez la rubrique dédiée.
Claude Dominique
14/08/2024 à 19:46
Raison hormonale (testostérone)... et génétique si j'ai bien compris (chromosomes XY)... Ca commence à faire beaucoup.
Ceci dit, on a fait des catégories par poids (coqs, plumes, légers...). Pourquoi pas des catégories par niveau de testostérone ?
Les autres combats, macho-IBA vs woke-CIO, comme Khelif vs Rowling, ne présentent guère d'intérêt sauf pour les faiseurs d'histoire.
Anna
18/08/2024 à 16:27
Vous avez mal compris, ou plutôt sciemment choisi de ne pas comprendre.
L'ensemble des "journalistes", de votre côté, vous y aident en toute impunité.
Ne vous gênez pas, messieurs.
Et chouinez qu'on vous déteste, qu'on le dise avec de moins en moins de pincettes. Prenez toute la place, donnez des leçons à celles que vous censurez. Pourquoi se gêner ?
Fif
14/08/2024 à 20:50
Est-ce que Madame Rowling pourrait être issue d'une manipulation de type FIV entre Dolores Ombrage et Tom Jedusor ?
NAUWELAERS
15/08/2024 à 18:53
Une suggestion: alors que le réchauffement climatique est une calamité avérée (sauf pour des autruches), que la guerre fait rage en Ukraine, au Soudan, dans la guerre de Gaza, que les microplastiques envahissent les océans et jusqu'à l'eau minérale que nous croyons pure et que nous buvons, que des incendies terribles font des ravages comme en Grèce en ce moment...ne pourrions-nous enfin foutre la paix à J.K. Rowling et s'occuper de ce qui importe, malgré la crétinisation totalitaire des réseaux dits sociaux et l'obsession des questions de genre qui occultent ce qui est important voire essentiel ?
Merci.
CHRISTIAN NAUWELAERS
gilles
16/08/2024 à 13:22
Dès qu'elle arrêtera ses saillies transphobes, on arrêtera de lui mettre le nez dans ses propos, promis.
C'est elle qui continue.
"That is provocation" comme disait le Chi.
Lyo
14/08/2024 à 21:36
Va falloir accepter que des femmes n'entrent pas dans les standards de féminité de la société. Et oui il y a des femmes qui ressemblent à des hommes, il me semble qu'elles avaient hérité du surnom de "femmes camioneuses" en français et "bitch women" en anglais. Ça a toujours existé.
On peut citer le phénomène des femmes à barbe, qui sont des femmes malgré qu'elles aient une barbe.
Pareil, il y a des hommes qui ressemblent à des femmes: le chevalier d'Eon par exemple.
J'ai un ami de mon grand-père, il avait une poitrine et il était policier. C'est incroyable mais il s'est fait harcelé sexuellement. Pourtant au niveau du reste des organes c'était un homme. Il s'est marié avec une femme, ils ont eu des enfants et des petits enfants. C'est une question d'hormone tout simplement.
S.P.U.D.S.
16/08/2024 à 11:30
Une question d'hormones tout simplement ? Sauf qu' à l'évidence il n'y a rien de simple dans les hormones.
Anna
18/08/2024 à 16:36
Y'a PAS de question d'hormones ici. Quelles sont vos sources ?
Juste une femme grande, à la peau foncée, musclée, sans maquillage. Et des hommes qui refusent d'admettre qu'elle puisse être une femme cisgenre, car ils n'éprouvent pas d'attirance sexuelle envers elle. Qui relaient donc les diatribes transphobes d'une femme qui juge du genre des gens selon son ressenti (raciste et transphobe), que les médias refusent toujours de qualifier pour ce qu'elle est ("souvent qualifiés de transphobes" : tu ne sais pas te prononcer ? La fameuse "neutralité journalistique" de mise, jusqu'à ce que ça vous touche vous, messieurs).
Vous êtes des séparatistes. On vous hait, pour cette raison. C'est dit. Ne faites pas les naîfs : vous n'avez que faire du sport féminin, de la représentation des femmes. Vous vous amusez, vous vous étalez. On vous déteste pour ces raisons, sachez-les. ne faites pas mine de ne pas le comprendre.
Toto
05/09/2024 à 11:27
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Yannick
16/08/2024 à 09:56
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Anna
18/08/2024 à 16:08
L'assertion selon laquelle Imane Khelif "souffrirait d'hyperandrogénie" ne semble PAS NON PLUS étayée, alors que fait-elle dans cet article qui contredit pourtant les nombreux autres mensonges relayés en toute impunité par la quasi totalité des médias français ?!
Quelle est la source de cette affirmation ?
Pourquoi les commentaires propageant encore des mensonges sont-ils publiés ?
Doudou
19/08/2024 à 01:04
J.K. Rowling a parfaitement raison de poser ces questions.
Quant à Imane Khelif, elle a surtout le physique d'une sportive bel et bien femme mais qui prend des stéroïdes anabolisants : musculature masculine, menton et mâchoires carrés, acné, cou plus épais etc. Prendre ces substances est effectivement de la triche car ça permet d'avoir plus de puissance que les concurrentes qui n'en prennent pas.
J'espère que toutes les sportives aux JO étaient testées.
On trouve des articles troublants concernant Imane Khelif (voir par exemple l'article "Une boxeuse algérienne exclue des Mondiaux pour non-respect des «critères d'éligibilité»" sur Arabnews) et des photos d'elle il y a quelques années où elle présentait des caractéristiques physiques plus féminines. Alors oui, on peut raisonnablement se poser des questions...
Gilles
19/08/2024 à 09:18
En effet, on peut tout à fait se poser ces questions quand on est transphobe et mysogine.
Harry Cawl
27/08/2024 à 01:11
Depuis le scandale des nageuses est-allemandes, dont les médailles n'ont jamais été invalidées, car scandale découvert tardivement, les instances olympiques sont devenues très pointilleuses sur le dopage féminin à la testostérone (particulièrement efficace dans ce cas paraît-il). Et il se trouve qu'on peut arriver à distinguer la naturelle de la synthétique.
Il est donc quasi-certain que Khelif ne s'est pas dopée.
La question n'est pas là. Mais dans l'inégalité du combat entre deux femmes dont l'une détient, par nature, un avantage compétitif quasi insurmontable.
On fait bien des catégories pour le poids. Pourquoi pas pour la testostérone ?
Les gens de gauche devraient être particulièrement concernés par ce souci d'égalitarisme. A moins qu'il ne doive concerner que la politique, l'économie, l'entreprise, l'éducation, la fiscalité, la publicité, les métiers, les taches ménagères... mais pas le sport ?!
Mecha
23/08/2024 à 18:34
Quelle honte cette femme ! Elle dit défendre le droit des femmes mais en harcèle une publiquement ! Elle a vraiment un gros problèmes et on voit que le soucis n’a jamais été la transidentité puisqu’Imane est une femme ! Le véritable soucis c’est qu’elle ne ressemble pas aux stéréotypes qu’elle se fait d’une femme et qui pour le coups répondent parfaitement aux clichés fondés par la société patriarcale ! Femme forcément plus faible, fragile etc. En plus d’être misogyne c’est un jugement au faciès ! Ça lui arrive de lire des ouvrages ou de littérature scientifique avant de parler plutôt que d’écrire des bouquins kitchs pour enfants ?
jOX mORELL
03/09/2024 à 12:22
Ça va les incels ? pas trop dur de salir une femme devant son écran ? à l'abri hé hé hé... pas besoin d'etre ok avec elle ni contre mais stop les insultes plz
Mohamed
04/09/2024 à 18:33
Je me réjouis de la plainte d'Imane Khelif contre ses harceleurs.
Il est du devoir chaque citoyen soucieux de sa propre liberté d'exiger que ce harcèlement ignoble ne reste pas impuni, sinon notre monde va devenir un enfer.
D'autant ignoble que JK Rawling et ses tweets diffamatoires viennent du haut de son immense notoriété et influence sur le public de millions d'enfants et adolescents et leurs parents qui sont ses lecteurs et adorateurs !
Ne se basant que sur la rumeur imbécile comme on en connaissait sans la caisse de résonance numérique, la portée de cette haine délirante planétaire d'une grande auteure à l'influence tout aussi planétaire est immense. Elle doit être condamnée avec une sévérité à la hauteur de sa responsabilité et de son influence.
Mme Macron l'a subi -son silence est regrettable- et nul n'est à l'abri de cet obscurantisme haineux, cheval de Troie de l'idéologie totalitaire de l'extrême droite qui le diffuse.