Le manoir de Sutton House, dans le borough londonien de Hackney, a été bâti en 1535 et rénové à la fin des années 1980. Désormais propriété de l'association patrimoniale National Trust, le site ne semblait plus rien avoir à offrir d'inédit : c'était sans compter sur des éléments jamais répertoriés, qui dissimulaient de fameux trésors de papier...
Acheté par le National Trust dans les années 1930, le manoir fut reconverti, bien malgré elle, en club de rock dans les années 1980. Dans un état que l'on peut imaginer, la bâtisse avait besoin d'une sérieuse rénovation, dans le respect de son style Tudor, afin de lui rendre sa superbe et de l’adapter à l'accueil du public.
Au cours de ces travaux de rénovation, réalisés à la fin des années 1980, des centaines d'artefacts furent retrouvés sous les planchers du manoir, indique le National Trust. Gravats, morceaux de tissus, vieux papiers et même des os furent entreposés dans des sacs, en attendant un éventuel inventaire de ces trouvailles.
Finalement, les sacs furent ouverts et vidés par des volontaires, afin de recueillir les éléments les plus intéressants, susceptibles de faire l'objet d'études ultérieures. Quelle ne fut pas la surprise de retrouver au milieu de ces pièces disparates de minutieux découpages de papier, ainsi que des créations mêlant pliages et broderies.
Ces minuscules créations sont vraisemblablement celles d'écolières, au XVIIe siècle, qui apprenaient les arts manuels, dont le découpage, la peinture et la couture. Les experts estiment probables que leurs réalisations ont glissé entre les lattes du plancher d'époque, avant de parvenir jusqu'à nous...
Entre 1657 et 1700, Sutton House abrita en effet une école pour filles, dirigée par une certaine Sarah Freeman, une riche veuve. Ses élèves y apprenaient notamment le pliage et le découpage, ainsi que la couture et la peinture, autant de matières qu'une jeune femme de la classe supérieure se devait de maitriser afin de prouver à la fois son bon goût, dans l'agencement des couleurs, et sa dextérité, dans les tâches manuelles.
« Le découpage du papier à des fins décoratives était un sujet abordé dans divers ouvrages ménagers destinés aux femmes au XVIIe siècle, notamment ceux de Hannah Woolley, A Guide to Ladies (1668) et A Supplement to the Queen-Like Closet (1674) », explique la Dr. Isabella Rosner, experte historique, spécialisée dans les travaux d'aiguille. « Elle y décrit la “découpe d'estampes et la décoration de pièces, de cabinets ou de comptoirs avec ces estampes” comme des compétences qu'elle est “prête à transmettre à celles qui souhaitent apprendre”. »
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Comme l'illustrent les réalisations retrouvées à Sutton House, certaines gravures étaient découpées dans des livres, avant d'être peintes ou brodées par les jeunes élèves. Les pliages, eux, servaient de base à l'art de dresser la table, en proposant notamment des serviettes élégamment présentées...
Les découvertes de Sutton House sont exposées dans le lieu patrimonial jusqu'en décembre prochain. Elles seront ensuite précieusement conservées : en raison de leur fragilité, ce type de pièces a tendance à rapidement se dégrader.
Photographie : Sutton House, Hackney, Londres (illustration, KotomiCreations, CC BY-NC 2.0)
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