Au terme d'un fantastique défilé alternant le passage des athlètes sur les péniches qui coulaient au fil de la Seine, des séquences où l'invité mystère porteur de la flamme parcourait la Ville et des représentations de danses ou de chants, sont ouverts les Jeux olympiques 2024 de Paris. Riche en surprises, cette cérémonie réservait une place à la littérature, entre clins d'oeil et coups de théâtre.
Le 26/07/2024 à 21:56 par Nicolas Gary
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Publié le :
26/07/2024 à 21:56
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Dire que cette cérémonie s’était gardé quelques secrètes animations relève du doux euphémisme. Qu’Aya Nakamura chante en duo avec… la Garde républicaine un mix entre ses propres chansons et la chanson For me formidable de Charles Aznavour relevait déjà du défi. « On l’a fait », clamait Daphné Bürki, Directrice Stylisme et Costumes des quatre cérémonies des Jeux de Paris 2024 au micro de France 2.
En effet, la seule polémique qui avait sévi en France voilà quelques semaines a pris une grande claque : les organisateurs l’ont fait, pour le plus grand plaisir des spectateurs trempés (mais qu’on espère heureux) et des téléspectateurs, plus au sec chez eux.
Cérémonie plurielle, diversifiée, inédite, où les femmes françaises occultées ou invisibilisées ont eu droit à dix sculptures sorties des eaux pour leur rendre hommage — depuis Olympe de Gouges à Simone Veil… Et à ce titre, la littérature avait une place de choix.
La soirée s’articulait en effet autour de 12 tableaux illustrant de grands thèmes : celui de la Liberté a été repris à travers la pièce Les Misérables, une comédie musicale à découvrir au théâtre du Châtelet entre novembre et janvier 2024. Sur un livret d’Alain Boubil et mise en scène Ladislas Chollat
Bien entendu, Lady Gaga chantant sur les quais de sein le Truc en plume de Zizi Jeanmaire, ou Gojia, le groupe de métal français, installé sur la façade de la Conciergerie pour le chant patriotique… tout cela avait de la gueule.
Mais parcourir la salle ovale de la BnF avec des jeux de réponses entre auteurs, dont les ouvrages étaient parcourus par trois comédiens incarnant un amour libre à trois, assurément le livre était à l'honneur… Musset, Verlaine, certes, Leila Slimani (co-autrice de la cérémonie) également, mais tout cela devait s’achever avec Marivaux et Le Triomphe de l’amour.
Et puis, parmi toutes les représentations de la France, de sa culture tant dans les clichés que les stéréotypes, il fallait évidemment des références patrimoniales.
L’arrière-petit-neveu d’Antoine de Saint-Exupéry, Thomas Rivière, avait discrètement travaillé en amont pour qu'au cours de la cérémonie, surgisse un petit garçon blond habillé en vert sur un astéroïde.
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Et pour cause, l’ayant droit de la succession qui gère la marque déposée Le Petit Prince et l’ensemble de ses produits dérivés, a réalisé un joli coup en plaçant, parmi les multiples références à la culture française, le célèbre blondinet.
Alors que la pluie tombait drue sur les athlètes, une séquence vidéo s’intercale : on y découvre le monde du cinéma, avec les réalisations des frères Méliès – amplement inspirée de romans de Jules Verne, notamment dans le Voyage vers la Lune – apparaît en effet le petit garçon, avec, à ses côtés le Renard qu’il fallait apprivoiser…
« La cérémonie met en scène toutes les icônes françaises et c’est tout naturellement qu’ils ont fait appel à nous pour que le Petit Prince fasse partie d’un tableau. C’est le livre français le plus traduit et le plus lu dans le monde, Saint-Exupery fait rayonner la France et la Francophonie partout dans le monde », ajoute Thomas Rivière auprès de ActuaLitté.
Le 6 février 2014, l'équipe de France de patinage artistique par équipe se retrouvait sur la glace de Sochi. Nathalie Péchalat et Fabian Bourzat présentaient un programme inspiré du conte Le Petit Prince d'Antoine de Saint-Exupéry, explorant de manière émouvante les relations entre le Petit Prince et sa rose. Ce thème, déjà couronné de succès, leur avait permis de remporter la coupe de Chine avec des scores de 102,08 et 165,68.
Crédits photos : ActuaLitté, CC BY SA 2.0
Par Nicolas Gary
Contact : ng@actualitte.com
12 Commentaires
Bebel
27/07/2024 à 08:52
Sans oublier que Thomas Pesquet avait emporté le Petit Prince dans l'ISS ;-)
https://www.youtube.com/watch?v=LkAuEqtBDeU
Isa
27/07/2024 à 11:41
Excellent article ! Le petit prince, les misérables … bravo aux organisateurs d’avoir mis à l’honneur nos pépites
Laluguen
28/07/2024 à 07:40
On aurait pu s’attendre à ce que Actualitté ne confonde pas Simone Veil et Simone Weil. La littérature avait peut-être une place de choix « sur les quais de sein », mais les correcteurs n’ont manifestement pas une place de choix chez vous…
Team ActuaLitté
28/07/2024 à 08:53
Bonjour
Merci de votre remarque acerbe, de nous lire avec autant de passion et de faire honneur de la sorte aux Jeux olympiques :)
Eginhard
28/07/2024 à 10:33
Oh, comme c'est touchant.
Et pendant ce temps, des écoles sont bombardées à Gaza (la dernière à Deir al-Balah, voyez l'article c1e5y8ny1l4o de la BBC). Aucune sanction, même symbolique, contre les athlètes et journalistes des potes de la France au Proche-Orient. C'est plus grave de tuer un ukrainien qu'un palestinien? Non, mais on pense sans doute que la plèbe est incapable de voir qu'il y a "comme un défaut" dans l'humanisme à vitesse variable.
Nawak
05/08/2024 à 10:46
Et 12 enfants qui jouaient dans un stade en Israel tués par une roquette du Hezbollah... Et le 7 octobre... C'était déjà bien beau que des Palestiniens aient pu descendre la Seine...
Lola Frémon
28/07/2024 à 18:11
Jean-Paul Sartre était absent, totale déception.
Marie
29/07/2024 à 09:29
Qu'allait -il faire dans cette galère, air connu, aux côtés des horreurs féministes et féminines de la Cène et de cette pauvre Marie-Antoinette raccourcie en couleurs fluorescentes?? C'est tout ce que j'ai vu de cette cérémonie que l'Histoire oubliera, comme de juste, j'ai seulement apprécié qu'un journaliste utilise le mot, bien français de "moche" (C dans l'air).J'oubliais: bienheureuse pluie, très mauvais présage.
Teitelbaum
29/07/2024 à 12:18
Absences remarqués : Brel, Vian, Jarry, auteur de Ubu roi, mis d'actualité avec Macron.
Nous avons besoin d'un nouveau Pétrone pour écrire un nouveau Satyricon dans la France décadente d'aujourd'hui.
laetitia pacareau
31/07/2024 à 20:48
GojiRa, pas Gojia !
Jean Fume
05/08/2024 à 11:03
Aujourd'hui, dans le monde réel, on parle bien moins de Littérature que de Chrétienté sous le choc de quelques tableaux pas très catholiques...
Dont on a du mal à percevoir la symbolique recherchée : Cène ou pas Cène, Festin des dieux de l'Olympe ou pas ? Provocation, malentendu, ou provocation pas assumée devant la polémique ?
Je crains que nos drôles d'organisateurs, tout à leur wokisme militant ("si ça peut embêter Marion Maréchal, on aura gagné notre pari", "on veut faire l'anti Puy du Fou") aient perdu de vue l'essentiel : la France, la communion, le sport et les JO,...
J'espère, pour l'honneur de la France, que la postérité ne retiendra que le plus beau, par exemple :
- la déesse Sequana sur son cheval d'argent
- la flamme dans les mains du plus vieux champion olympique encore vivant...
Parce que pour l'instant, ces polémiques ont un peu gâché la fête...
Alex Vialatte
09/08/2024 à 06:45
Cette cérémonie ne semble pas avoir plus à certains compagnons de route des apprentis woke l'ayant organisée.
On apprend en effet dans le Parisien que plusieurs plaintes ont été déposées par ces personnes après avoir reçu des menaces, parfois de mort :
"Ces messages, reprenant un verset du Coran, indiquaient que le « châtiment d’Allah s’abattra sur les organisateurs à Saint-Denis »