Aimez Gil, de Shane Haddad

S’il se trouve quelque chose de L’Étranger dans le dernier roman de Shane Haddad, c’est autant que le roman de Camus nous a marqués profondément, que par ce sentiment d’absurdité face à l’existence qui règne dans celui d’Haddad. Et de confrontation avec l’isolement. 

Gil, Mathieu et Mathias, un trio qui se dessine à travers les introspections du premier, dans des dialogues pétris de répétitions et opacifiés par la fumée de cigarettes, devenues personnage en soi — symboles aussi d’une tristesse omniprésente.

Aimez Gil est un terrible miroir des luttes internes que nous affrontons tous, un récit poignant et magnifiquement écrit qui nous force à confronter notre propre vulnérabilité face à l’inévitable.

Haddad puise dans une écriture fragmentée, qui joue sur les non-dits et les ellipses pour capturer l’essence de moments intimes et souvent douloureux. Le texte est empreint de gestes quotidiens qui prennent une dimension presque sacrée, révélant les fragilités des personnages. 

Un roman qui interroge sur l’amour, l’amitié, et les frontières floues entre les deux. Shane Haddad nous offre une œuvre intense et introspective, où la complexité des émotions humaines est explorée avec une finesse remarquable.