Parfois, on aimerait se contenter d’un « phénoménal » ou « somptueux ». On ajouterait « brillant, subtil, émouvant ». Parce que ça suffirait : paru en 1948, La Neige était sale plonge dans une ville occupée — pas des nazis, mais probablement pas loin… Simenon n’en avait pas fini avec la Seconde Guerre mondiale.
Frank Friedmaier, 17 ans, réside dans un bordel que tient sa mère, et profite d’une vie oisive, insensible aux étrangers qui régissent la vie des autres. Lui fréquente des voyous, pimentant son existence de délits et combines minables, voire d’un meurtre — pour étrenner un couteau… Il trahit, trompe, séduit, sans s’interroger : il cherche la mort, qu’importent les conséquences de ses actes.
« Le métier d’homme est difficile », faisait dire Simenon au père d’une jeune fille humiliée par Frank, mais amoureuse. Quand l’univers autour de soi se délite, quelle responsabilité l’individu peut-il bien endosser ?
S’appuyant sur ce roman culte, Jean-Luc Fromental propose un scénario de rêve à Bernard Yslaire. Qui lui nous offre un Frank à la gueule d’ange, entre couleurs grisées, décors minutieux et lumières blafardes. Le tout dans une narration à la deuxième personne : Frank qui s’interpelle lui-même, autant qu’il est apostrophé par le lecteur.
L’album offre une fidélité impeccable, mais enrichit l’histoire d’une touche personnelle, pour une adaptation qui bouleverse.
Âmes sensibles… eh bien, trop tard…
Publiée le
09/02/2024 à 14:03
Paru le 20/02/2008
285 pages
LGF/Le Livre de Poche
6,40 €
Paru le 26/01/2024
104 pages
Dargaud
23,50 €
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