Artiste majeur du 20e siècle, Alberto Giacometti, fréquenta divers cercles artistiques, incluant des photographes, après la Seconde Guerre mondiale, où évoluaient écrivains et philosophes. Il participe aux échanges intellectuels de l'époque, naviguant entre le surréalisme et l'existentialisme.
Dans sa jeunesse en Suisse, Giacometti est inspiré par la littérature romantique et les paysages alpins. À Paris en 1922, il s'éloigne de l'expression émotionnelle en explorant l'avant-garde néocubiste, puis se rapproche du surréalisme, créant des sculptures énigmatiques qui reflètent le mystère du réel.
Ses premières œuvres surréalistes, comme Femme qui marche et L'Objet invisible, sont hautement suggestives et énigmatiques. Cependant, Giacometti abandonne rapidement le surréalisme pour revenir à une représentation plus réaliste, explorant l'histoire de l'art pour des réponses à ses questions créatives. Il se concentre sur des sculptures de petite taille, intensément magiques, qui renouvellent le genre sculptural en jouant avec l'échelle, le socle, la surface et l'espace environnant.
Durant la Seconde Guerre mondiale, il crée des silhouettes et bustes minuscules, tandis que le socle de ses œuvres devient plus massif et architecturalement diversifié. Après la guerre, Giacometti revient à des sculptures de grande taille, s'inspirant de la statuaire antique, notamment égyptienne, pour créer des figures féminines allongées et des figures masculines en mouvement, comme L'Homme qui marche, qui, bien que réalistes, s'éloignent des canons traditionnels.
C’est toute cette histoire que retrace Le temps de Giacometti (1946-1966), que publie la Fondation consacrée au sculpteur et peintre.
Connu pour sa technique de dépouillement, où il simplifie et réduit ses œuvres à leur essence, il développa cette approche en un motif récurrent dans son travail. Il a passé des mois à refaire les mêmes têtes, éliminant progressivement les éléments superflus, jusqu'à atteindre une forme qui, selon lui, était la clé de toutes les autres.
Homme emblématique de son époque, figure paradoxale, il a légué un art où les sculptures figuratives flirtent avec l’abstraction : bien qu'elles soient souvent basées sur des modèles vivants, elles s'inspirent des civilisations anciennes. Il recommence ses sculptures chaque jour si elles ne le satisfont pas, tout en intégrant les "accidents" qui surviennent, reflétant son admiration pour les objets archéologiques.
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Il cherche à capturer la ressemblance de modèles familiers, mais les déforme par des altérations de masse et de surface. Ses portraits, tout en se concentrant sur le corps humain, semblent parfois être des hybrides entre le modèle, les paysages de son enfance, et des statues égyptiennes.
Publiée le
20/11/2023 à 18:30
Paru le 28/09/2023
215 pages
Editions Gallimard
35,00 €
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