Alors que le film Le procès Goldman de Cédric Kahn est à l'affiche partout en France, j'ai ressorti de ma bibliothèque l'incroyable album qu'Emmanuel Moynot a consacré à la vie de Pierre Goldman chez Futuropolis, il y a dix ans de cela. L'album n'a pas pris une ride.
Documenté, fouillé, brillamment dessiné avec un trait qui est un hommage permanent au travail de Jacques Tardi, ce travail documentaire colossal donne à lire et à voir un pan beaucoup plus large de l'affaire Goldman que le long métrage.
Là où le film se conclut en signalant que le braqueur a été abattu par un commando de trois hommes peu après sa libération, la BD démarre sur cette fin brutale, ce règlement de compte commis par ceux qui avaient du mal à accepter qu'un condamné injurie la police au cours d'un procès et retrouve ensuite la liberté.
Si vous avez aimé le film, cette enquête d'Emmanuel Moyonot sera un véritable trésor que vous dévorerez pendant de longues heures. Et si le film vous a déçu, il se peut que ce panorama beaucoup plus large vous permette de saisir tout le sel qui a fait de cette affaire où le grand banditisme et la politique militante se mêlent un des grands procès de la décennie qui a suivi mai 68.
Un travail documentaire de titan, qui n'a pas pris une ride, dix ans après sa parution.
Publiée le
31/10/2023 à 18:09
Paru le 09/02/2012
208 pages
Futuropolis Gallisol Editions
24,00 €
1 Commentaire
luc nemeth
02/11/2023 à 14:10
(bonjour. Je retrouve un commentaire qu'en 2015 j'avais apposé sur un site et que ça me fait plaisir de réafficher en hommage à ce beau travail)
plus j'y pense et plus m'apparaît que ce livre, qui a eu la modestie de se présenter comme "bd", est un modèle du genre -et que tout candidat à l'écriture d'une biographie se devrait de commencer par lire... La tentation parfois est grande de multiplier les témoignages, pour épater le lecteur et se présenter comme bien documenté : c'est une autre histoire que de choisir les "bons" (comme en statistiques où il ne s'agit pas d'augmenter la taille de l'échantillon mais sa représentativité). Par ailleurs il s'agit toujours de ne pas leur faire dire plus qu'ils ne disent, tout en les faisant parler au maximum. Enfin et surtout dans le cas de Pierre, compte tenu de son parcours, personne n'était vraiment dépositaire de l'ensemble, et personne ne peut se dire totalement représentatif. Dès lors il y avait le risque que chaque interviewé donne la vision de "son", Pierre Goldman : et de ce point de vue on peut estimer qu'Emmanuel Moynot a parfaitement su maîtriser l'écriture.