Nantes : la librairie Vent d'Ouest annonce sa "fermeture prochaine"
En novembre 2022, la librairie Vent d’Ouest perdait, avec l’enseigne Durance, ses ventes à destination de la bibliothèque universitaire de Nantes. Cette dernière se tournait vers Decitre après près de 40 ans de collaboration avec la structure généraliste et indépendante du centre-ville nantais. Quelques mois plus tard, cette dernière annonce sa « fermeture prochaine », sans donner de date précise.
Le 01/09/2023 à 18:12 par Hocine Bouhadjera
7 Réactions | 1669 Partages
Publié le :
01/09/2023 à 18:12
7
Commentaires
1669
Partages
« Nous sommes tristes et quelque peu désolés vis-à-vis de vous de cet échec. Nous vous souhaitons toujours de bonnes lectures », confie l’équipe de la librairie sur sa page Facebook, et de remercier « chacune et chacun d’entre vous pour votre participation à notre cagnotte », mais aussi « toutes celles et tous ceux qui, pour nous aider, nous ont acheté un livre ou deux même si ce n’était pas leur priorité ».
Cinq mois après
Après la perte de ce marché public pour la fourniture de livres à la bibliothèque universitaire de Nantes, avoisinant les 300.000 € selon Ouest France, une cagnotte avait été lancée en juin sur la plateforme On Participe (cagnotte aujourd’hui indisponible) : « Grâce à vous, nous avons pu débloquer la plupart de nos créanciers et à nouveau acheter les livres que l’on nous demandait. Ce courant d’air nous a aussi permis de payer nos salaires. »
Une bouffée d’oxygène et l’ambition, sans succès, de récupérer le marché public pour les sept libraires et la comptable, qui n'aura permis de tenir que cinq mois : « Malheureusement, la situation malgré nos efforts communs ne s’est pas améliorée (baisse saisonnière des ventes avec les vacances d’été, absence de nouveautés sur nos tables depuis 3 mois, impossibilité de commander certains livres incontournables). »
À LIRE - Violette and Co : la librairie féministe et LGBTQI+ (r)ouvrira en septembre
Dans ces conditions, la librairie nantaise invite ceux qui ont des commandes en cours « à venir les chercher rapidement ». Nombreuses sont les réactions à ce message, exprimant tristesse, regrets et incompréhension...
Crédits photo : Vent d’Ouest.
Par Hocine Bouhadjera
Contact : hb@actualitte.com
Plus d'articles sur le même thème
Autres articles de la rubrique Métiers
7 Commentaires
RUANIBES
02/09/2023 à 20:57
Je ne connais pas cet établissement mais j ai connu la fermeture d une librairie indépendante dans une petite ville en région Toulousaine (Auterive) , crée et portée par 2 frangines remarquables..... Très triste
Claire Lamy
03/09/2023 à 14:36
Faire travailler la librairie lyonnaise qui rafle beaucoup de marchés dans le sud est au détriment d'es librairies locales est une incohérence écologique et montrent une fois de plus les dégâts créés par les marchés publics dans le domaine du livre et des bibliothèques . Une ex professionnelle des bibliothèques publiques.
.
dominique 44
03/09/2023 à 18:26
je suis ecoeurée. avec le prix du livre unique, l'Université ne fera pas un centime d'economie par rapport à Decitre, qui fonctionne comme Amazon: promesse d'un stock plus grand (ce qui parait il a ezmporté la decision) , mais au prix d'un cout logistique et ecologique aberrant, d'autant que le livre n'est pas un produit d'urgence: si le livre n'est pas en stock localement, il arrivera rapidement, sans passer par un double circuit (livraison à l'entrepot decitre, puis livraison depuis l'entrepot).
c'est une catastrophe aussi pour les editions regionales et mlocales, que Decitre n'a pas en stock. enfin, la fermeture de la plus pointue en science sociale des librairies nantaises est une catastrophe pour les lecteurs. decitre, comme Amazon, fonctionnent sur des commandes de livres signalés dans la presse, les revues. or, pouvoir feuilleter les livres "en vrai" permet de decouvrir des livres qu'on n' pas forcement reperes, ou qui n'ont pas eté repérés par les critiques. c'est donc aussi une concentration au profit des plus gros, des plus connus
D. L.
04/09/2023 à 10:13
La politique du moins-disant est la mort du commerce indépendant.
Ça l'a toujours été, ça le sera encore.
Pour 0,5% de remise supplémentaire, on tue une entreprise locale pour gagner un bout de mèche de chandelle. Ce qu'oublient ces acheteurs, c'est qu'ils participent à 2 nuisances:
• Un commerce indépendant local fait vivre sa région et crée des richesses sur le territoire. Une librairie indépendante apporte la culture ailleurs que dans les grandes villes.
• La concentration des fournisseurs accentue la pollution. Quand un ouvrage est commandé dans le sud de la France, par exemple, le livre "monte" à Paris (pour la SFL, FNAC), et redescend à la collectivité qui a commandé. J'ai vu des livres qui multipliaient par 200 leur trajet pour être livré.
Quelle est la logique?
Pour Nantes, 650 000 habitants dans l'agglomération, le marché est énorme, mais pensez à Saint-Hippolyte-du-Fort, dans le Gard, à peine 3800 habitants, qui perd le marché de la bibliothèque, c'est la catastrophe!
Puisque les pouvoirs publics ont créé le prix unique du livre, qu'ils ont réglementé les appels d'offre des collectivités, pourquoi n'imposent-ils pas simplement une remise fixe et une limite géographique du partenaire. Et sans biaiser, parce que si une chaîne de librairies possède un établissement à 50 km de la collectivité, cela ne veut rien dire, le colis sera livré à l'entrepôt central.
Maintenant, on peut aussi se tourner vers la conscience des acheteurs…
Éric
06/09/2023 à 20:43
Encore une fois, les grandes enseignes Decitre ou autre Mollat, viennent chercher des marchés au détriment des librairies locales et les mettent ainsi en difficulté, ou les font fermer.
En vantant dans les réponses aux appels d'offres leurs qualités de libraires pour faire exécuter leurs marchés par des logisticiens...
Tout en continuant à faire de grands discours de confraternité, à s'exprimer au nom des librairies indépendantes dans les médias, à faire partie du même syndicat...
Mais nous libraires, collectivement, nous acceptons ces comportements.
À moins d'une bonne surprise, un communiqué de notre syndicat professionnel appelant à une sorte de charte de bonne conduite...
Comme un premier pas vers une vraie condamnation de ces pratiques condamnables d'un point de vue écologique bien sûr, et éthique sûrement encore davantage.
Et professionnel puisque cela coupe en réalité l'acheteur du professionnel libraire alors bien trop éloigné pour travailler en collaboration réelle, montrant une bien piètre image de ce que peut réellement apporter un libraire à un acheteur !
Jef
05/10/2023 à 14:19
Bonjour,
Un mail transmis à la présidente de l'université de Nantes pour rappeler que les librairies dignes de ce nom ne sont pas que des lieux de vente mais bien plus.
"Madame la Présidente
C'est avec tristesse que je vois aujourd'hui disparaître une petite librairie indépendante qui ne semble plus être éligible à un partenariat avec l'Université d'après ce que j'ai lu.
Une librairie comme vent d'ouest qui meurt c'est aussi la disparition d'une certaine manière de vivre comme celle de pouvoir se familiariser avec des auteurs difficiles par l'intermédiaire de libraires compétents. Finalement c'est un lieu de vie culturel qui disparaît.
Peut être que ceux qui ont pris la décision de ne plus travailler avec cette librairie, avec les conséquences humaines, culturelles, économiques... que l'on pressent, auront un sentiment de gêne, se sentiront étrangers en poussant peut-être un jour, la porte d'une petite librairie indépendante.
Veuillez agréer, Madame la Présidente, l'expression de mes sentiments distingués."
Être intellectuel n'est pas une garantie pour faire perdurer les lieux de culture. En effet chez certains d'entre eux, les valeurs nécessaires à la défense de ces lieux n'ont pas été assez puissantes pour contrer d'autres forces hostiles à la culture. Cela signifie concrètement qu'un lieu, où j'ai pu compulser librement des livres en rayonnage, discuter avec le libraire pour avoir son point de vue afin de faire des choix éclairés, est fermé. Maintenant il faut "commander" son livre via le net !
La fermeture d'une petite librairie comme celle de "vent d'ouest" si elle n'est pas exceptionnelle est loin d'être banale puisqu'il y a quelque chose dont on sent bien que ça n'est pas bon pour la culture, les livres, les compétences, les lecteurs...
En revanche ce qui est d'une banalité déconcertante ce sont ces actions réalisées par des gens finalement très ordinaires. Ceux-ci ont fait l'objet d'études par des auteurs majeurs comme Hannah Arendt, Christophe Dejours ...
Ces gens ordinaires se dévoilent eux-mêmes par leurs manières de se défendre de ce qui leur est insupportable puisqu'ils savent bien que ça n'est pas bon (sauf pour les pervers que j'exclus de mes propos car ça reste la minorité). Leurs manières de se défendre contre le mal fait aux autres s'exprime souvent par une forme de discours où la fatalité est venue s'imposer au point de ne pas pouvoir faire autrement. Pour le dire trivialement "c'est pas nous, on n'y pouvait rien...".
Quand des choix se justifient par le fait de ne pas pouvoir faire autrement, cela permet d'escamoter la question de ce qui est juste de faire, permettant d'éviter la question de sa responsabilité. Non, il n'y a pas de causalité du destin mais bien une action humaine qui doit être dénoncée comme injuste.
Je suis de tout cœur avec l'équipe qui a fait vivre cette librairie.
GABILLET Geneviève
03/11/2023 à 19:51
Je trouve cela lamentable, une très triste nouvelle qui est le symptôme de la dégradation culturelle de Nantes.
C'est une vraie décadence de Nantes qui devrait révolter nos élus.
A Nantes le niveau baisse ; bravo à la maire de Nantes et à ses adjoints.