La Commission européenne valide le rachat de Lagardère par Vivendi
Vivendi annonce avoir obtenu aujourd’hui l’autorisation de la Commission européenne de réaliser son projet de rapprochement avec le groupe Lagardère. Elle est subordonnée à la réalisation des deux engagements proposés par Vivendi, à savoir la cession de 100 % du capital d’Editis, pour laquelle le Groupe a conclu une promesse d’achat avec International Media Invest a.s. le 23 avril dernier, ainsi qu’à la cession intégrale du magazine Gala qui fait d’ores et déjà l’objet de nombreuses marques d’intérêt.
Le 09/06/2023 à 17:54 par Hocine Bouhadjera
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Publié le :
09/06/2023 à 17:54
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La Commission européenne, qui agit en tant qu’autorité de la concurrence dans les 27 pays de l’Union européenne, a déclaré que Vivendi avait accepté de vendre son unité d’édition Editis et le magazine de célébrités Gala pour répondre aux préoccupations réglementaires concernant l’accord, nous apprend Reuters. Vivendi est à présent confiant de pouvoir finaliser ces deux opérations d’ici la fin octobre.
Arnaud Lagardère reste PDG
Le groupe « se réjouit de cette autorisation qui lui donnera une toute nouvelle dimension. Avec le groupe Lagardère, Vivendi comptera dorénavant 66.000 collaborateurs contre 38.000 sur la base des effectifs à fin décembre 2022, avec une présence renforcée sur des marchés-clés tels que la France, le Royaume-Uni, l’Espagne et les États-Unis ».
Son chiffre d’affaires annuel atteindra environ 17 milliards d’euros sur base des résultats 2022, contre environ 10 milliards aujourd’hui, affirme Vivendi.
Ce rapprochement « répondra à l’objectif stratégique que le Groupe s’est fixé de développer sa présence internationale et lui permettra de devenir le troisième groupe mondial de l’édition grand public et d’éducation tout en intégrant une nouvelle activité en forte croissance, le travel retail », peut-on encore lire dans le communiqué du groupe présidé par Yannick Bolloré.
Enfin, Arnaud Lagardère demeurera le Président Directeur général du groupe qui porte son nom.
Un acteur mondial de référence
Yannick Bolloré, Président du Conseil de surveillance de Vivendi, a déclaré : « La décision de la Commission européenne est une excellente nouvelle pour Vivendi qui va pouvoir mener à bien son projet ambitieux de développement avec le groupe Lagardère. »
Et d’ajouter : « Ce rapprochement répondra à notre ambition stratégique d’internationalisation de nos activités et à notre volonté d’être un acteur mondial de référence de la culture et du divertissement. Nous tenons à saluer Arnaud Lagardère pour la confiance qu’il n’a cessé d’exprimer en faveur de notre projet et nous nous réjouissons de rencontrer prochainement les talents du groupe. »
À LIRE:La Commission européenne validera le projet de Vivendi
Arnaud de Puyfontaine, Président du Directoire de Vivendi, continue : « Ce rapprochement sera profondément transformateur pour nos deux groupes. Nous avons bien l’intention de faire valoir nos forces respectives pour écrire ensemble une nouvelle page de l’histoire de nos entreprises. Nous avons hâte de voir les équipes de nos deux sociétés mettre en commun leur savoir-faire et capitaliser sur les complémentarités entre elles pour accélérer le développement de nos activités et offrir de nouvelles perspectives enthousiasmantes aux nombreux talents qui nous font confiance. »
mise à jour 18h30 :
Yannick Bolloré et Arnaud de Puyfontaine ont adressé un message aux équipes d'Editis, reproduit ci-dessous :
Chères toutes, chers tous,
C’est avec beaucoup d’émotion que nous vous partageons la décision de la Commission européenne qui autorise Vivendi à réaliser son projet de rapprochement avec le groupe Lagardère. La cession d’Editis, ainsi que celle de Gala, en sont les conditions préalables, que nous regrettons amèrement.
La cession d’Editis devrait être effective une fois le repreneur validé par la Commission et la documentation juridique finalisée. Dans quelques mois s’ouvrira ainsi une nouvelle ère pour Editis, après une période de transition particulièrement longue et inconfortable pour vous toutes et vous tous.
Nous souhaitions vous remercier pour la résilience et l’engagement qui ont été les vôtres depuis l’annonce du projet de cession. Nous n’aurions pas imaginé il y a 4 ans, au moment de l’intégration d’Editis dans le groupe, vivre ce moment. Si nous sommes déçus de ne pas pouvoir accompagner plus longtemps le développement d’Editis, nous sommes fiers du chemin parcouru.
Sous l’impulsion de Michèle Benbunan et grâce au remarquable travail que vous avez toutes et tous effectué, Editis s’est considérablement transformé :
• Ses maisons se sont développées avec succès, grâce à des investissements massifs dans les contenus (droits d’auteur et création éditoriale), d’environ 200 millions d'euros sur 4 ans ;
• De nouvelles maisons d’édition ou sociétés ont été acquises ou créées ;
• Près de 100 millions d'euros ont été investis entre 2019 et 2023, essentiellement dédiés à la modernisation de l'outil logistique et des solutions informatiques. Ces investissements font d’Editis l'acteur le plus avancé du marché ;
• Editis s’est positionné sur les métiers de demain en accélérant les développements numériques : eBook, livre audio, B2C/Data et plateformes numériques pour l'éducation ;
• Nous avons également développé le groupe dans la Francophonie, à travers notamment la création de maisons d’édition au Sénégal, en Côte d'Ivoire et au Québec ;
• Sans oublier les relations de confiance que nous avons renforcées avec tous nos auteurs et éditeurs partenaires.
Bravo à toutes et à tous pour le travail accompli. Editis sort de ces 4 années plus fort et plus solide encore.Le groupe CMI fondé par Daniel Kretinsky, dès l’agrément reçu de la Commission européenne, deviendra propriétaire d’une société exceptionnelle, dotée d’une bonne solidité financière et d’équipes de grande qualité.
Réciproquement, il était primordial pour nous de choisir un futur actionnaire de culture industrielle, un entrepreneur prêt à investir. C’est une garantie essentielle pour le futur développement d’Editis. Nous sommes certains que la nouvelle phase qui s’ouvrira bientôt offrira à Editis de très belles opportunités de croissance.
Nous vous souhaitons le meilleur à chacune et chacun d’entre vous dans l’ouverture de ce nouveau chapitre.
Yannick Bolloré et Arnaud de Puyfontaine
mise à jour 10/06 - 10h30
Arnaud Lagardère, PDG du groupe éponyme, s'est lancé dans une grande déclaration adressée à Vivendi.
À LIRE - “Bienvenue à la famille Bolloré”.
mise à jour 10/06 - 15 h
Retrouver l'analyse complète de la décision européenne, ainsi que les répercussions pour le marché du livre en France et le devenir d'Editis.
À LIRE - Bolloré acquiert Hachette Livre, aux conditions de Bruxelles
Crédits photo : ActuaLitté, CC BY SA 2.0
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8 Commentaires
Glachant didier
09/06/2023 à 19:49
L’OPA de Vivendi sur le groupe Lagardère autorisée par la Commission européenne.
Une bien triste nouvelle pour l’indépendance des médias, celle de l’édition et le pluralisme du débat public en France 🥲
Isabelle Ménil DSC
09/06/2023 à 19:51
Et bien moi c’est avec une grande émotion que j’ai appris que les salariés d’Editis ne méritaient pas, après ces 4 années, d’avoir une prime de PPV au moment de se dire au revoir, que de 500 euros !!.
ByeBye
09/06/2023 à 22:52
Vivendi se débarrasse d'Editis sans trop de scrupules. Business as usual. DK a sorti son carnet de Tchèque
Mazon
10/06/2023 à 04:24
En lisant les déclarations des uns et des autres on se demande s'ils savent que c'est de création littéraire, de culture, d'écrivains, de poètes dont il est question ?
Non, bien sur, ils parlent le même langage que la commission européenne : milliards, dividendes, stratégie, part de marché et donc on peut le dire les deux piétinent la création pour le profit et favorisent la concentration capitaliste contre la création.
Les deux livrent le monde de la littérature a un individu nommé Bolloré dont ils connaissent parfaitement le pouvoir de nuisance.
Les deux mettent en danger les libertés publiques et la démocratie.
Aurelien Terrassier
10/06/2023 à 13:36
@Mazon Je suis entièrement d'accord avec vous Lagardère et surtout Bollore représentent de vrais dangers pour la democratie, la liberté d'expression et d'information et aussi la culture et l'éducation!
Glachant didier
10/06/2023 à 09:44
L’OPA de Vivendi sur le groupe Lagardère autorisée par la Commission européenne.
Une bien triste nouvelle pour l’indépendance des médias, celle de l’édition et le pluralisme du débat public en France 🥲
Bof
10/06/2023 à 15:11
Je ne me souviens pas avoir entendu quiconque (notamment le monde de la culture et ses syndicats) se plaindre de la tentative d'opa de Lagardère sur Editis voici 20 ans. Heureusement que des éditeurs courageux sont montés alors au créneau et ont obtenu que ce projet soit bloqué par la commission européenne. Bis repetita, c'est l'Europe qui a empêché Bolloré de conserver Editis en achetant Lagardère, c'est une excellente nouvelle pour le pluralisme. Continueront donc à co-exister plusieurs groupes assez puissants face à Lagardère Vivendi : Editis adossé à CMI (Fnac, Elle, Marianne, etc...), Madrigall, Albin Michel, Média Participations, Humensis et une multitude d'éditeurs indépendants. Quant aux précédents propriétaires d'éditeurs qui ont vendu leurs filiales, les familles Wendel, Lagardère, Lara, Berlusconi..., en quoi étaient-elles plus fréquentables que Bolloré ? Non. Ce n'était pas mieux avant !
Kujawski
12/06/2023 à 08:32
Avec le dénouement du dossier Editis-Vivendi-Hachette, les bizarreries et propos à l'emporte-pièce tombent comme de la mauvaise pluie. Quelle importance, finalement : la structuration du marché du livre est inchangée, avec deux entreprises leader, des maisons de taille intermédiaire qui sont toujours là, la petite et moyenne édition toujours aussi nombreuse... Et puis, heureusement, la Commission européenne était là pour mettre de la régulation là-dedans, et où étiez-vous, les protestataires, quand Lagardère a voulu absorber Editis. Avec un summum : "non, ce n'était pas mieux avant".
Traduisez : il n'y a rien à dire ni à voir, subissons en silence et soyons heureux.
Heureux que la grosse majorité de l'édition-diffusion-distribution soit aux mains de ploutocrates, qui allongent leurs performances à l'international, les synergies avec la communication de masse et de divertissement, et in fine susurrent le mot "création" comme par accident. Heureux que l'édition moyenne réfléchisse aux moyens de sa survie en termes de concentration, comme l'ont fait Flammarion et Gallimard (de la concentration comme seule issue possible), heureux que la petite et moyenne édition se débatte tous les jours avec ses coûts, sa rentabilité, ses chances de trouver une diffusion et une distribution, quand sa force de frappe auprès des réseaux de distribution et de revente ne lui laisse que trop peu de chances de percer.
Heureux, enfin, qu'un petit éditeur effectue des parcours du combattant pour obtenir un rendez-vous en centrales d'achats, GMS ou GSS, ou, s'il en obtient, voie devant lui s'étirer les sourires un peu narquois des acheteuses et acheteurs, qui lui font comprendre (parfois avec courtoisie, voire compréhension) qu'il s'est trompé de monde.
La "bonne économie" du livre, aurait pu dire Serge-Christophe Kolm, laisserait la même chance de percer à toutes ses composantes, auteur(e)s et éditeurs. L'actuelle, hyper-concentrée, relègue à la marge tout espoir des composantes petites et moyennes de grandir un jour, au-delà des limites consenties par les mastodontes.
Et on ne rappellera pas ici quel danger M. Bolloré fait peser sur le pluralisme, de l'édition mais aussi au-delà. Pour tel(le) ou tel(le) éditeur(trice) du groupe Hachette, son irruption peut ne pas porter que des bonnes nouvelles.
En résumé, seul(e)s peuvent se satisfaire de la situation en cours les benêts et béats de toutes sortes, qui agitent le "hin-hin, c'était mieux avant ?" comme un hochet made in China aux mains d'un nourrisson. Ou voient comme une promesse de bonheur que la Commission, qui a entraîné l'Union européenne sur la voie de la concurrence "libre" (?) et non-faussée (re-?), s'adjuge seule les moyens de la réguler. Il est vrai que les pires pyromanes peuvent parfois être les pompiers eux-mêmes, mais c'est dans ce cas le signe qu'ils ont complètement perdu la boule.