#LaComedieDuLivre23 – Le monde se divise en deux catégories : ceux qui ont un sabre laser (re)chargé et ceux qui creusent. L’association montpelliéraine, Le Manoir du crime, offre aux visiteurs de la Comédie du livre, une initiation au jeu de rôle, à travers l’univers de Star Wars. Mais ce n’est là qu’une partie de son activité, largement tournée vers la valorisation du patrimoine… par le jeu.
Le Manoir du crime fêtera ses 10 années d’existence à l’automne : à l’origine, Florian Marquet et Stephan Barat, deux passionnés de jeux de rôle. Se retroussant les manches, ils fondent l’association pour promouvoir et partager le plaisir de ces parties : un monde de livres, de mots et de paroles, où l’imaginaire turbine à plein régime.
Le jeu de rôle, encore méconnu, s’articule autour d’un livre qui explore un univers, tout en définissant des règles de jeu, des contraintes, des limites. On réunit ensuite quelques personnes autour d’une table, on leur confie des dés, afin de résoudre les actions, le tout sous la vigilance d’un Maître de jeu — celui qui déroule cette aventure où les joueurs interviendront.
Plusieurs grandes sagas de la fantasy ont d’ailleurs leur version JDR — comme les romans de Michael Moorcock La Légende de Hawkmoon ou L’Appel de Cthulhu d’après la nouvelle de H. P. Lovecraft. Mais à l’origine des origines, se retrouve Dungeon & Dragons et son éternelle recette : entrer dans une pièce, tuer un monstre, récolter le trésor et recommencer. Un schéma simpliste, certes, mais qui résume le principe.
Sans remonter l’historique même, l’évolution des jeux a conduit à plus d'interaction et l’exploitation d’univers riches et variés (science-fiction, steampunk, etc.), aussi bien qu’en se centrant sur des créatures mythiques : vampires, loups-garous, sorciers et autres.
Marielle Sarran, directrice adjointe du Manoir, est salariée depuis 2 ans, après avoir pris part à l’activité comme bénévole durant trois ans. « Aux origines, le Manoir disposait d’un local associatif, où les parties se jouaient, ainsi que d’une boutique, pour vendre des livres de jeu de rôle. » Une première à Montpellier, que cet endroit 100 % dédié aux rôlistes, mais qui n’aura pas survécu au Covid, hélas.
Scénariste, Marielle se charge également des animations, car l’association développe depuis plusieurs années des spectacles, qui s’exportent dans la région. Ainsi, ce 7 mai, en ouverture des 10 journées de la Comédie du livre, Le Manoir a monté une enquête au Domaine d’O. « Le spectacle se plaçait dans le roman La passeuse de mots, donc une approche très littéraire, en présence des auteurs », poursuit la directrice adjointe.
Florian Marquet, le directeur, s’occupe régulièrement de l’écriture des enquêtes : une collaboration montée avec Le Plateau, école de formation d’acteurs, donne une vitalité professionnelle à ces événements. Ils réunissent tout aussi bien intermittents et bénévoles — d’autant que les sollicitations augmentent.
« Désormais, nous intervenons sur des sites historiques — que ce soit la Faculté de médecine de Montpellier, au musée d’Arles, sur le site archéologique Lattara (Lattes). Nous collaborons avec l’Office du Tourisme, en menant des projets qui associent jeu et patrimoine. »
Sans perdre de vue les origines : le jeu de rôle. « Avec le musée d’Arles, nous avons construit le Roll Festival : les 3 et 4 juin, une trentaine de tables de jeu seront installées dans l’établissement », reprend Marielle Sarran. « Nous apportons toute la diversité possible des jeux, mais certaines des enquêtes s’articuleront aussi sur un objet en particulier du musée. »
La présence de l’association sur l’esplanade du Peyrou cette année résonne comme un écho : « La première animation réalisée pour la Comédie, c’était en 2016 : le stand était un relais de la boutique, nous avions invité des joueurs – notamment Julien Moreau, créateur de Meute (John Doe éditions, 2018) », précise Leo Hashasoglu, Maître de jeu durant la journée. D’ailleurs, un escape game sur le thème d’Harry Potter sera proposé ce 14 mai sur l’espace du festival qu’occupe le département.
L’an passé, pour la Comédie, des séances furent mises en place à l’espace Rabelais. « Nous voudrions nous investir plus dans l'événement : il serait possible de mettre en place différentes sessions, de montrer plusieurs types de jeux », reprend Marielle Sarran. « Tous les samedis après-midi, avec la médiathèque départementale de Pierresvives, nous intervenons, cette fois avec des jeux de société. » C’est dire si Le Manoir du crime ne manque pas de ressources.
« Le Covid a changé nos activités : le magasin n’existe plus, même si nous avons préservé le local associatif. Avec l’augmentation de l’activité autour du spectacle, nous nous sommes finalement exportés dans des lieux culturels », souligne Marielle Sarran.
D’autant que cette dimension patrimoniale découle d’un intérêt personnel : « Florian a une formation en archéologie, moi en histoire : le patrimoine, nous l’avons dans le sang », reprend-elle. « Y associer le jeu, comme vecteur de vulgarisation de la culture, de l’histoire, c’était dans le sens logique. »
Pour exemple, la collaboration avec Arles depuis cinq ans, qui s’inscrit dans un temps long désormais. « La demande vient aussi bien des pouvoirs publics que de nos suggestions. Nous entrons dans une époque où les institutions souhaitent que cette offre pour le public se renouvelle. »
Mais ce samedi matin, c’est avec le jeu de rôle que Le Manoir du crime séduit les visiteurs. D’autant plus que les ouvrages de JDR entrent désormais dans le champ d’application de la loi sur le prix unique du livre. De quoi rapprocher ce champ éditorial définitivement de ses cousins de l’industrie du livre, plus traditionnelle.
En maître de jeu, Léo Hashasoglu, qui propose une initiation autour de Star Wars. « L’univers est connu, de par les films, les séries – le plus grand méchant de l’histoire du cinéma, ça reste Dark Vador », s’amuse-t-il.
En outre, le space opera permet un nombre infini de possibilités, ou presque. « Nous sommes dans une période après le film 3 et avant le film 4 : l’heure de Luke Skylwalker n’a pas sonné. Les Jedi attendent l’arrivée d’un sauveur, qui mettra fin à l’Empire. Ils doivent donc survivre, le temps que ce Messie arrive. »
Alors, en avant : immersion immédiate dans une partie :
Crédits photo : ActuaLitté CC BY SA 2.0
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