Ah, les classiques : ces œuvres qui ponctuent une scolarité, véritables jalons dans un apprentissage. Autant d’œuvres à lire, souvent plus par obligation que par plaisir. Eh bien, un certain Vyctor Ego diffuse depuis quelques jours une « traduc-parodie », où Le Cid de Pierre Corneille passe à la moulinette du « çaisfran ». Une modernisation et un dépoussiérage loin d’être déplaisants !
Le 02/05/2023 à 09:59 par Cécile Mazin
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02/05/2023 à 09:59
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L’auteur, Vyctor Ego, indique à ActuaLitté mettre « gratuitement à disposition des profs de français ce PDF de vulgarisation ». Quid ? Non Cid. Enfin, Dic, Le Dic, une version remaniée et réécrite de la tragédie cornélienne « en çaisfran ». Certes, mais qu’est-ce à dire ? Tout bonnement que le célèbre :
Rodrigue, as-tu du cœur ?
se change en :
Rod, t’en as dans le froc ?
Délicieusement scandaleux.
« Cet ouvrage est destiné aux profs qui ne savent plus quoi inventer pour intéresser leurs élèves au théâtre classique », poursuit l’auteur, qui sous-titre son projet Le Cid : épisode I, ou manifeste du clacissisme de rue. « J’ai réchauffé la poétique de Boileau, et je l’ai nappée d’une sauce wesh pour la servir à notre jeunesse rappisante », nous précise-t-il en guise de poétique.
À LIRE - Les classiques de la littérature résumés façon série Netflix
Relayé dans un groupe Facebook (privé), Pédagogie active lettres classiques et modernes, le texte semble connaître un certain engouement. Un extrait — contenant l’intégralité de l’Acte I — en est donc amplement diffusé, et pour accompagner le PDF, on se le procurera au format papier (impression à la demande), sur le site d’Amazon.
« Dans cet ouvrage à vocation linguisti-comique, Chimène est aux prises avec ses ballonnements, tandis que Rodrigue fait du rap », précise le sieur Ego.
« J’ai déconstruit la pièce de Corneille en transposant au mieux ses dilemmes, la clarté toute classique de leur énoncé, et surtout leur élévation d’esprit, stratosphérique, sans m’encombrer de la conservation du phrasé, du registre, ou du ton. Si ma parodie devait échouer dans sa vocation de pièce de théâtre, on pourrait toujours la lire comme une manière d’essai. Ou si l’on veut, de parodie d’essai.
C’est l’une des raisons pour lesquelles je me suis autorisé à publier seul le premier acte de ma traduc-parodie, qui satisfait en soi à mon objectif de manifeste. Je me défends par avance de la raison d’avarice, dont mon lecteur pourrait songer à me gratifier […]. »
– Vyctor Ego
Présenté comme un « marchepied à la jeunesse, que la hauteur du texte ancien rebute », ce texte interviendra aussi comme un pied de nez. À l’époque où des classiques sont réécrits et purgés de tout vocabulaire ou expression qui heurterait la sensibilité des lecteurs contemporains, Le Dic fait œuvre de résistance.
Il n’est cependant pas le premier à envisager de torpiller du classique pour le rendre plus lisible : en 2014, Stéphane Bou avait dirigé la collection Remake, chez Belfond, revisitant les oeuvres à la sauce Brian de Palma.
Citons également l’expérience, en juin 2018, de Ronan Le Breton, avec Malaria Bovary, où le scénariste agrémentait le roman de Flaubert d'une épidémie de zombies. Eh oui, grâce au domaine public, tous les coups sont permis !
Quand au Dic, en voici disponible au téléchargement, le premier acte. En attendant l'écriture de la suite, assurément.
Crédits illustration : La mort du comte de Gormas (acte II, tableau III) Lithographie parue dans L'Illustration (1885)
Par Cécile Mazin
Contact : cm@actualitte.com
1 Commentaire
Vivi❤️❤️9101
06/02/2025 à 18:44
Je trouve ça INCROYABLE !!!
J’adore vraiment !!!