Délicieuse remise en place de l’actrice Gillian Anderson dans les colonnes du Guardian ! Parcourant toute une vie de lectrice, depuis son plus jeune âge, elle rédige bien plus qu’un vibrant plaidoyer féministe, expression usée jusqu’à la corde. Un véritable encouragement aux femmes : vivre et parler de leurs fantasmes en totale liberté.
Le 04/02/2023 à 16:50 par Victor De Sepausy
4 Réactions | 320 Partages
Publié le :
04/02/2023 à 16:50
4
Commentaires
320
Partages
L’Américaine, née en août 68, n’avait que 5 ans lors que l’ouvrage de Nancy Friday sort aux États-Unis Secret Garden: Women’s Sexual Fantasies. Il sera suivi en 75 d’une suite, mais n’arrivera en France chez Balland qu’en 76 sous le titre Mon jardin secret. Les femmes et leurs fantasmes sexuels (le nom du traducteur s’est hélas perdu dans les limbes).
L’essai « témoignait de ce que les femmes jouissaient d’une vie intérieure érotique aussi riche et variée que les hommes », se souvient Anderson. Rêves, désirs, masturbation : « Dans leur esprit, rien n’était interdit, pas même le voisin. »
Prise de conscience : les fantasmes avaient un pouvoir plus stimulant que tout rapport physique. « Libérées des contraintes sociales intériorisées […] nous pouvions, dans notre imaginaire, nous laisser aller à nos envies les plus cachées et les plus sales. C’était révolutionnaire, voire provocateur au début », note-t-elle.
Puis, l’ouvrage devint un best-seller, écoulé à des millions d’exemplaires, donc un classique. Or, malgré une enfance dans une maison loin d’être puritaine, Gillian Anderson n’imagine pas qu’on aurait laissé sur une table basse le texte de Nancy Friday. Sa mère en avait-elle un exemplaire ? Nul ne le sait…
Quelques années plus tard, encore trop jeune pour ce type de découverte reconnaît-elle, elle découvre à la télévision un couple en plein ébat. Chaste, mais sans place au doute. Une révélation pour elle, qui socialement se retrouvait avec l’essor du féminisme pro-sexe, mouvement apparu dans les années 80.
Mais sa rencontre avec le texte de Nancy Friday n’interviendra que tardivement : début 2018, elle est retenue pour le casting de Sex Eduation. Elle incarne une sexothérapeute libérée, franche et sans retenue. Pour préparer le rôle, elle plonge alors dans My Secret Garden, pour la première fois.
Elle découvre des lettres et entretiens « incroyablement intimes et très directs ». Sans chercher à être littéraires, les récits avaient avant tout la franchise pour eux. « Ce qui m’a saisie, avec plus que de la tristesse, c’est la frustration sexuelle qu’exprimaient ces femmes dans les années 70 (malgré la révolution) ! »
Elles admettent n’avoir jamais eu d’orgasme, témoignent d’un sentiment de culpabilité et de honte à l’égard de leurs fantasmes. Et redoutent d’être seules à éprouver de telles choses – le tout avec un soulagement déchirant d’enfin parvenir à en parler…
Le monde a-t-il changé ? Peut-être pas. Il est différent. « Nous pouvons parler de cela avec nos contemporains. Je pense que c’est l’un des éléments que l’on trouve si libérateurs dans l’éducation sexuelle », reprend l’actrice. Dans ses rôles, les personnages luttent avec leurs aspirations sans pour autant les taire à leurs amants. En somme, des séries comme Sex Education « mettent tout sur la table et permettent de s’en ouvrir ».
Pourtant, les mentalités bénéficient-elles de la fiction, pour que dans le réel, devienne possible de s’exprimer librement, de se confier ? Pour elle, l’émission a suscité l’envie d’écrire un livre qui serait le My Secret Garden du XXIe siècle, « révélateur, profond et inclusif à tous niveaux ».
Et d’envoyer cet appel à toutes les femmes du monde — toutes, sans exception ni classification —, pour qu’elles lui écrivent et se racontent. Fantasmes, frustrations, explorations, interdits, fétichisme, culpabilité, instabilité : tout. « Cinquante ans plus tard, les frontières se sont estompées », mais les femmes gardent-elles le silence ?
Le texte sera publié sous le titre Dear Gillian, chez Bloomsbury et une adresse mail a été mis en place pour que les envois soient traités anonymement et intégrés. « Bien entendu, j’inclurai ma propre lettre, de manière anonyme. J’ai hâte de lire la vôtre. »
Les soumissions peuvent être adressées jusqu’au 28 février ici, quelle que soit la langue dans laquelle on la rédige.
Crédits photo : averie woodard/ Unsplash
4 Commentaires
Cathilili
05/02/2023 à 17:58
Article très intéressant !
Cathilili
05/02/2023 à 18:47
Éduquée par des parents très stricts, j ai découvert une vraie libération sexuelle tardivement. Tout d abord après mon 1er divorce, j ai découvert un pouvoir de séduction aupres des hommes, que je ne soupçonnais pas et j ai eu beaucoup d aventures. Je me suis remariée et les premières années je me suis totalement épanouie sexuellement avec mon mari mais au bout de 10 ans, l'usure du couple est arrivée. J ai redécouvert une nouvelle fois que beaucoup d hommes me draguaient et que j avais envie de sexe avec d autres hommes que mon mari. Je lui en ai parlé et à ma grande surprise il m a incité à prendre des amants. Nous n avions presque plus de relations sexuelles et il voulait que je m épanouisse totalement. J ai donc eu quelques aventures qui m ont véritablement fait devenir quelqu'un d'autre. J adore donner du plaisir à un homme notamment par la fellation. Ça me rend encore plus femme. Plus je vois un homme jouir et plus ça m excite. Quand j ai eu 50 ans, ma libido est montée en flèche et je me suis décidée à m inscrire sur un site de relations extra conjugales. Je savais que beaucoup d hommes mariés étaient malheureux dans leur couple. C est à ce moment là que j ai rencontré un homme avec qui il y avait une alchimie totale sexuellement mais aussi émotionnellement. Le meilleur amant que j ai jamais eu. On pouvait faire l amour pendant des heures. Son corps semblait fait pour le mien et réciproquement. Je ne pensais qu à une seule chose, le faire jouir le plus possible. Je n avais jamais ressenti une libération et un abandon aussi total. J étais passionnée, je ne pouvais pas détacher ma bouche de sa bouche ou de son sexe. J ai même posée nue à cette époque On faisait l amour en forêt. C était tellement excitant. Des que je touchais sa peau, je perdais tout contrôle. Tous mes fantasmes se réalisaient avec lui.
Alors voilà c'est ça la vraie vie et je souhaite a toutes les femmes de vivre une telle passion charnelle sexuelle et surtout de vivre librement ses envies sans craindre le jugement d'autrui.
jujube
06/02/2023 à 04:37
Bravo pour le fantasme!
Aradigme
06/02/2023 à 11:20
L'auteur écrit: "Le monde a-t-il changé ? Peut-être pas. Il est différent."
Comment le monde peut-il être devenu différent s'il n'a pas changé?
D'un point de vue logique, cela me paraît curieux...