Quand on entend le nom vitrier, on pense sans doute à Charles Baudelaire, et à son poème sur le personnage du même nom. Peut-être avant même d’avoir à l’esprit le professionnel qui, aujourd’hui, s’occupe de remplacer une vitre, une fenêtre, voire une porte ou une vitrine, selon les compétences de l'artisan ou de son entreprise.
Le 07/01/2023 à 11:00 par Victor De Sepausy
1 Réactions | 274 Partages
Publié le :
07/01/2023 à 11:00
1
Commentaires
274
Partages
Originellement, le vitrier était un terme qui désignait aussi bien le fabricant que le marchand de verre à vitre. Mais ce mot pouvait aussi caractériser l’ouvrier chargé de peindre le verre, ou bien encore celui qui avait pour mission de poser des vitres. Sur un plan plus humoristique, on utilisait aussi l’expression « Ton père n’est pas vitrier », pour demander à quelqu’un qui vient bloquer notre champ visuel de s'écarter…En littérature, c’est aussi un personnage que l’on retrouve dans de nombreuses œuvres.
S’il est assez facile aujourd’hui de faire appel à un vitrier quand on habite une grande métropole comme Paris par exemple, avec le développement de services rapides à la demande, autrefois il existait des vitriers ambulants qui se promenaient à travers les rues pour intervenir selon les besoins. Au lieu d’aller sur Internet retrouver une entreprise de vitrerie spécialisée et réactive, avec souvent des logiques de start-up à l’œuvre, on devait auparavant héler un colporteur dans la rue. Encore fallait-il qu'il y en ait un qui passe !
Dans les Petits Poèmes en prose de Charles Baudelaire (recueil publié de façon posthume en 1869), on peut lire une curieuse petite histoire qui prend presque la forme d’une courte nouvelle. Intitulé « Le mauvais vitrier », ce poème présente une scène typiquement parisienne du XIXème siècle. Le narrateur à son balcon entend le vitrier crier dans la rue pour appâter les clients.
Après avoir fait monter l’artisan au sixième étage (sans ascenseur et avec ses vitres dans le dos !), le narrateur s’insurge contre un vitrier qui n’a pas « de verres de couleur ? des verres roses, rouges, bleus, des vitres magiques, des vitres de paradis ? » Même pas de « vitres qui fassent voir la vie en beau ! » Bien puni, le vitrier finit par recevoir du haut du sixième étage un pot de fleurs qui vient briser toutes ses vitres ! Que penser d’une telle anecdote où un certain sadisme ressort à l’encontre du pauvre artisan. C’est bien l’antagonisme qui ressort ici entre l’artiste et l’artisan. Le premier s’inscrit dans des rêves utopiques que ne peut satisfaire l’artisan malgré toute sa bonne volonté !
Baudelaire serait bien désarçonné face au développement de services qui, s’ils ne peuvent encore permettre exactement de « voir la vie en beau », y contribuent tout de même en cherchant à satisfaire la demande des clients au plus vite et ce quelles que soient les contraintes de poses, de dimension et de déplacement. Qu’on pense par exemple aux nouvelles structures qui voient le jour, en mettant à profit une longue expérience du métier tout en tirant parti de la réactiver des interfaces numériques disponibles. Ainsi de artisanvitrier.paris qui garantie efficacité, réactivité, transparence et excellence, que ce soit pour un volet roulant, une installation vitrerie, une fenêtre ou un passage en double vitrage.
Dans la nouvelle Histoire de ma lampe (parue en 1886 sous le titre Lettres de ma chaumière), un petit texte d’Octave Mirbeau que l’on fait souvent lire aux élèves du primaire, on découvre une autre facette de cet artisan dont le métier est presque ancestral tant le verre fait partie de nos vies pour illuminer nos intérieurs comme les vitrines des magasins. L’écrivain dépeint un sacré personnage, celui d’Albaret qui est tout aussi bien « boulanger, bourrelier, charpentier, épicier, quincaillier, peintre, mercier, libraire, menuisier ». Et ajoutons vitrier !
Au cœur de la nouvelle, on assiste à une scène de changement de vitre sur une fenêtre qui permet de voir l’artisan, accompagné de deux aides, dans un amour du métier bien fait. La difficulté principale est d’arriver à couper le verre pour qu’il vienne parfaitement s’inscrire dans l’interstice de la fenêtre. Et Albaret semble persuader qu’il s’est trompé de « cinq millimètres ». Ce qui est une erreur somme toute petite, mais qui peut s’avérer bien problématique. En réalité, la vitre est parfaite. A travers le personnage d’Albaret, et dans la suite de la nouvelle que vous pouvez découvrir, c’est un hymne au travail bien fait, à l’amour du travail minutieux qui se développe, avec un artisan qui redoute plus que tout de ne pas satisfaire la demande de son client.
Pour celles et ceux qui voudraient en savoir un peu plus sur la fenêtre et la vitre en littérature, vous pouvez faire un tour du côté du splendide ouvrage que leur a consacré Andrea Del Lungo : La Fenêtre. Sémiologie et histoire de la représentation littéraire (2014, Seuil, 520 pages, 28 euros). C’est une très belle réflexion sur les fonctions multiples de la fenêtre en littérature, du Moyen Âge au XXème siècle.
Crédits illustration Pexels CC 0
1 Commentaire
AGATHE
08/01/2023 à 06:50
Super !