Pour vendre Editis, faut-il museler ActuaLitté ?
Quiconque parcourt nos colonnes l'a constaté : ActuaLitté attache la plus grande importance à ce que l’information objective et plurielle du public soit respectée. Des règles déontologiques gouvernent notre profession, à raison : notre journal se fait un devoir de les suivre.
Le 06/01/2023 à 09:50 par Nicolas Gary
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Publié le :
06/01/2023 à 09:50
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L’éthique du journalisme implique une rigueur professionnelle que nous revendiquons.
Autant que notre indépendance.
Parmi les nombreux articles quotidiens d'ActuaLitté, certains furent consacrés ces dernières années à Editis (interviews, relais d’information, enquêtes, analyses…). Quand d’autres hurlaient avec les loups, nous avons salué ses audacieux développements et souvent cherché à dépasser le manichéisme qui a frappé d’opprobre cette société. Surtout quand le principal reproche était de compter parmi les filiales de Vivendi, donc de Vincent Bolloré.
Nous avons également abordé des sujets qui ne tournaient pas à l’avantage du groupe éditorial : grèves, mouvements sociaux, contestations, crises éditoriales. S'il en était besoin, cette pluralité, à elle seule, réfuterait toute accusation de partialité, de position pro-Editis ou de complaisance. Ce qui n’a pourtant pas manqué.
Ainsi, deux récents articles ont mis en exergue des tensions en interne (voir ce papier et ce papier). Ils détaillent ce que l’on préférerait garder sous le tapis, particulièrement dans un contexte où l’actionnaire Vivendi tente de céder la structure. Chacun sait combien la finance déteste toute publicité durant les tractations — plus encore quand la Commission européenne s’immisce dans les projets.
Des personnes concernées ont pris l’initiative de partager leurs opinions et témoignages dans nos colonnes, en commentaires. Or, ces propos ont conduit à des interventions de la direction d'Editis qui nous interrogent.
Notre journal n’alimente pas une vocation de censeur : pas plus de la parole d’Editis que du malaise qu’exprimeraient celles et ceux qui peinent à se faire entendre.
Qui sait si ces messages découlant de ce droit à une libre expression ne mériteraient pas l’ouverture d’un dialogue social ? Dans un premier temps, il nous fut demandé de retirer l’un des deux articles, puis de supprimer les commentaires, prétextant en vrac leur caractère blessant, injurieux et diffamatoire. Point d’orgue : la directrice générale, Michèle Benbunan, a contacté ActuaLitté, en avançant le nom de l’avocat personnel de Vincent Bolloré : « Le groupe va mandater Maître Baratelli. »
Qu’est-ce à dire ?
L’hypothèse d’un avertissement préalable à une procédure paraît peu probable : comment imaginer que le milliardaire nous accorde autant d’importance ? Plus vraisemblablement, Vincent Bolloré serait ici érigé par la DG d’une filiale en potentiel Père Fouettard. Et ce, en jouant sur la réputation de son patron, prompt aux poursuites en diffamation.
Devons-nous nous attendre à un rendez-vous devant la 17e chambre ? Qu’en pensent Vivendi, son directeur général Yannick Bolloré, et son père et actionnaire principal du groupe, Vincent Bolloré ?
ActuaLitté ne s’effacera jamais devant les agendas financiers, fût-ce dans la phase d’un calendrier connu de tous, et garantira tant qu’elle respecte le droit, une libre expression dans ses colonnes. C’est notre honneur.
Crédits photo : Le Retour, René Magritte (détail) - ActuaLitté, CC BY SA 2.0
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64 Commentaires
Fabienne Germain
06/01/2023 à 17:56
Editis perdrait-il ses nerfs ? Ce vilain désir de censure rappelle des temps obscurs, voilà bien une façon de se mettre tout le monde à dos... On dirait du Poutine !
Actualitté, défendez votre liberté d'expression, continuez à informer comme vous le faites, vos lecteurs sont derrière vous et les chiens n'ont qu'à rentrer à la niche !
Bonne année 2023 à toute l'équipe ;-)
Henri Mojon
06/01/2023 à 18:17
Faire passer une telle menace pour une initiative maladroite et personnelle est faire preuve d'une totale méconnaissance du fonctionnement des grands groupes et de leurs actionnaires.
Imaginer que Madame Benbunan aurait divulguer à Nicolas Gary une "information confidentielle" dans le dos de Monsieur Bolloré avec la bonne intention de le préserver est totalement grotesque.
Non c'est une menace et le plus probable est que la Directrice Générale d'Editis a agit sur instruction.
C'est d'ailleurs l'habitude de Monsieur Bolloré de mettre les journalistes au pas et Reporters sans frontières a dénoncé ses méthodes contre l’information dans ce court documentaire : https://www.youtube.com/watch?v=NiLrN7QBnDE.
Merci à Nicolas Gary, merci à Actualitté car il faut un sacré courage pour avoir résisté à cette menace et publié cet article.
Chapeau bas
Pascha
06/01/2023 à 18:32
Bonjour,
A propos de Poutine et plus largement des mécaniques plus ou moins subtiles, mais toujours perverses, du pouvoir, il faut lire "Le mage du Kremlin" : magistral (et très instructif). Cela étant, je doute que les dirigeants d'Editis manifestent dans cette piteuse affaire autre chose qu'une grande bêtise (c'est à croire qu'ils n'ont rien de mieux à faire).
Bon courage à Actualitté.
Fabienne Germain
06/01/2023 à 19:46
Excellent livre.
jujube
06/01/2023 à 19:21
Ce n'est pas la première fois qu'un "quelqu'un" s'acharne sur les doigts d'ActuaLitté pour l'empêcher
d'écrire ce que ses journalistes ont dans le ventre. C'est perdre son temps, sa voix ou son encre car lesdits doigts (les dix doigts des deux mains et les dix orteils - en cas de manque), qu'on les écrase ou les coupe, curieusement renaissent en un clin d'oeil, s'ornent d'ongles plus longs et, avec nouvelle vigueur, saisissent n'importe quel accessoire qui leur permette de continuer à écrire, jusqu'à la fin, le message en cours.
En avant, ne changez rien de ce que vous êtes. Et que 2023 ne vous casse pas les pieds.
C'est pas tous les jours qu'on a la chance de lire des textes intelligents et originaux comme les vôtres!
Oulala
06/01/2023 à 20:37
Il faut. Que Bolloré arrête ses menaces, se prend t-il pour Kim Jong-un ? On devrait lui décerner le record des menaces sur les médias. Inquiettant que cette pratique se fasse Dans un groupe qui au contraire devrait prôner la liberté d'expression. Je plains Hachette qui va devoir se le coltiner maintenant. Faites gaffe à ce que vous dites maintenant les salariés d'Hachette
Julien_g
06/01/2023 à 21:44
Courage l'équipe d'actualitté ! Continuez le bon taf.
Mr Bolloré
06/01/2023 à 22:05
Monsieur Bolloré vous ne pourrez pas prendre notre façon de penser et vous ne ferez pas taire ceux qui veulent parler et témoigner. Que cela reste gravé dans votre tête. Intelligent, si vous l'êtes c'est de contrôler votre pouvoir et ceux que vous managez afin que tout reste dans une sereine atmosphère
Bravo
07/01/2023 à 05:39
Il est triste, effrayant et très inquiétant de voir qu'une société cherche à museler la liberté d'expression en France en 2023.
DRH retraité
07/01/2023 à 08:11
Là où vous avez taper juste Bolloré demande de vous taire ? Dites vous à la base que les personnes qui harcèlent sont toujours protégées, sinon elles ne pourraient pas le faire. Vous avez déjà vu des petits employés harcelés ? Si c’était le cas Bolloré demanderait illico presto à Michèle Benbunan de le dégager. par contre dans votre situation là il vous demande de le garder bien au chaud afin qu’il puisse continuer ses actions malsaines. Vous savez c’est comme certains papes qui ont protégé pendant des centaines d’années certains membres de sa grande église catholique. Il est toujours protégé celui qui rapporte à n’importe quel prix. Mais j’ai quelque chose qui me titille l’esprit, j’ai entendu parler que Monsieur Bolloré était un très bon chrétien, qu’il allait à l’église etc… il devrait donc s’acheter une bonne conduite, être sage et prendre des décisions elles aussi sages mais certainement pas de menacer un journaliste pour protéger des salariés au prix de la santé d’autres salariés. Tout est maintenant entre ses mains, c’est à ce grand homme qui je le pense et j’espère a un brin d’humanité pour prendre de bonnes décisions et d’arrêter ses menaces avant qu’il soit complice de peut-être l’irréparable.
Et les autres ?
07/01/2023 à 08:27
C’est bizarre votre histoire, comment se fait-il que ActuaLitté parle de ce problème de harcèlement et que les autres journalistes comme le Monde, Livrehebdo, média participation etc…qui sont plus connus ne parlent de rien ? On peut même se poser la question si Michèle Benbunan via le père Bolloré n’est pas passer par là ? Je trouve tout cela vraiment dégoûtant, à vomir
Billy
08/01/2023 à 12:48
Livreshebdo ne publiera jamais contre la direction d'Editis car il paraît que tous les salariés sont abonnés gratuitement, vous imaginez qu'ils publient et que Michèle Benbunan dit à livreshebdo : enlevez moi cet article sinon monsieur Bolloré retire tous les abonnements aux salariés (qui doit rapporter un sacré pognon) :-))))'
Rose
07/01/2023 à 08:38
Bonjour,
Meilleurs vœux pour une sympathique année 2023, Actualitte va continuer tranquillement son honnête chemin. Ce n'est pas un sale type cupide qui va déranger la vérité, d'autant qu'il n'a rien à faire dans l'édition ni dans la littérature, il est intellectuellement vulgaire.
Bonne journée.
Soutien
07/01/2023 à 09:28
Tout mon soutien à Actualitté, vous avez du mérite de tenir tête à Bolloré. Vous pouvez vous au moins vous regarder dans la glace, il ne pourra pas en dire de même pour lui. Ça serait bien que tout ce bordel passe à la télé dans le journal du 20h, je vais essayer d'en parler à mes connaissances. Il faut que tout ce bordel eclate au grand jour.
Aurelien Terrassier
07/01/2023 à 13:04
Je vous soutiens à 300 pour cent face à un milliardaire roi de la cancel culture et proche de l'extrême droite. S'il y a un site internet qui parle de culture et en particulier les livres et les BD ainsi que les informations sur les bibliothèques, c'est bien Actualitte. Ce n'est pas Bollore qui va changer une ligne à ce que vous faîtes très bien. D'allleurs, les commentaires ici le prouvent bien. Bon courage face à l'empire Bollore qui tente sa main mise sur Editis.
Curieux
07/01/2023 à 15:33
Je suis curieux de savoir comment tout ça va se terminer. Comme cette histoire de harcèlement va finir ? Est-ce qu’ils vont garder les éléments nocifs pour les salariés ou bien les garder et continuer à les protéger ? Quelle est la situation actuelle des salariés en ce moment ? Que font les instances avec toute cette pression ? Et toute la presse à part ActuaLitté va-t’elle continuer de se taire face à la menace Bolloré ? Tant de questions qui méritent des réponses et bien plus. Bon courage à tous et ne lâchez rien je pense que vous pouvez constater que derrière vous il y a un sacré paquet de gens qui vous soutiennent
Questions
08/01/2023 à 10:53
Est-ce que les salariés ont interpellé monsieur Bolloré ? Ça serait bien qu'il nous dise ce qu'il pense de tout ça, c'est quand même lui le premier concerné dans cette histoire. Qui ne dit rien consent et donc c'est qu'il est d'accord sur tout ce qu'il dit ? A moins que ce n'est plus lui le boss mais vraiment madame Benbunan. Vous me direz, c'est les femmes qui gouvernent maintenant :-)
C'est politique
08/01/2023 à 11:54
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Stupéfiant
09/01/2023 à 10:08
Cet article me stupéfait ! Comment peut-on se permettre de demander une telle aberration ??? Ne lâchez rien devant ces patrons qui se prennent pour dieu, on est derrière vous. Pourquoi ne pas appeler les salariés de tout le groupe Bolloré à manifester devant leur siège avec la télévision pour leur apprendre les bonnes manières ? Tu veux faire taire les gens et boum voilà on va faire pire, on fait le contraire :-)
NAUWELAERS
10/01/2023 à 01:17
Stupéfiant,
Non: cet article vous laisse stupéfait !
Ou bien: vous stupéfie...
CHRISTIAN NAUWELAERS
LIBERTUS
09/01/2023 à 10:31
LIBERTE CHERIE DE PENSER ET S'EXPRIMER PARTOUT ET TOUT LE TEMPS DANS LE RESPECT DE LA PERSONNE HUMAINE
VIVE L'HUMANISME
Patou
10/01/2023 à 15:54
C’est inimaginable que Bolloré envisage de garder et de vendre Editis avec madame Benbunan qui menace les journalistes via son nom et monsieur Goncalves qui détient le palmarès des problèmes chez Editis. Il a été avec Éric Lévy le fondateur de copernic qui est un gouffre financier et qui ne fonctionne pas quand je me réfère à un ancien article dans la presse, à Malesherbes il n’aurait pas brillé et là dans l’autre article il est avec la drh Interforum à la source de harcèlement moral dans son service. Comment peut-on vendre une boîte avec autant de problèmes ? Ce n’est pas un long fleuve tranquille chez Editis. Je pense que les salariés ne doivent pas s’ennuyer avec tous ces problèmes et je compatis à leur tourment
Un élu
10/01/2023 à 17:10
Ce n'est pas la 1ere fois que des membres de la direction essaie de museler les elus dernière en date chez sejer voir article dans lettre À, aussi en Nao interdiction de diffuser aux salariés les avancées des négociations et maintenant la cerise sur le gâteaux les journalistes c'est devenu une habitude chez Editis dirigé par Bolloré ne l'oublions pas. Et puis si monsieur goncalves est si bien que ça Bolloré n'à cas le prendre avec lui chez Hachette