Le Centre national du livre (CNL), opérateur du ministère de la Culture, et l’Académie Goncourt sont heureux d’annoncer que le Prix Goncourt des Détenus 2022 est attribué à Sarah Jollien-Fardel pour son roman Sa préférée (Éditions Sabine Wespieser).
Le 15/12/2022 à 12:47 par Dépêche
1 Réactions | 524 Partages
Publié le :
15/12/2022 à 12:47
1
Commentaires
524
Partages
Ce jeudi 15 décembre, dix personnes placées sous main de justice, choisies comme déléguées nationales pour les délibérations finales, étaient réunies à huis clos au Centre national du livre. Après plus de trois mois de lectures assidues des 15 livres en lice pour le Prix, issus de la première sélection de l’Académie Goncourt, et à la suite de rencontres avec les auteurs conduites dans les centres pénitentiaires, les délégués nationaux ont choisi de décerner le premier Prix Goncourt des Détenus à Sarah Jollien-Fardel pour son roman Sa préférée, paru aux éditions Sabine Wespieser.
Régine Hatchondo « salue le choix des détenus : Sa préférée est un livre fort, qui montre la violence qu’un homme peut exercer sur sa femme et ses enfants, et les ravages que cette violence engendre à vie sur eux, au plus profond de leur être ».
Créé en 2022, le Prix Goncourt des Détenus est porté par le Centre national du livre et l’administration pénitentiaire, sous le haut patronage de l’Académie Goncourt. Ce Prix donne l’opportunité à près de 500 personnes placées sous main de justice de lire et de débattre autour d’ouvrages de littérature contemporaine. Le jury national était issu cette année de 31 établissements pénitentiaires (centres de détention et maisons d’arrêt).
Le résumé de l'éditeur pour Sa préférée :
Dans ce village haut perché des montagnes valaisannes, tout se sait, et personne ne dit rien. Jeanne, la narratrice, apprend tôt à esquiver la brutalité perverse de son père. Si sa mère et sa sœur se résignent aux coups et à la déferlante des mots orduriers, elle lui tient tête. Un jour, pour une réponse péremptoire prononcée avec l’assurance de ses huit ans, il la tabasse. Convaincue que le médecin du village, appelé à son chevet, va mettre fin au cauchemar, elle est sidérée par son silence.
Dès lors, la haine de son père et le dégoût face à tant de lâcheté vont servir de viatique à Jeanne. À l’École normale d’instituteurs de Sion, elle vit cinq années de répit. Mais le suicide de sa sœur agit comme une insoutenable réplique de la violence fondatrice.
Réfugiée à Lausanne, la jeune femme, que le moindre bruit fait toujours sursauter, trouve enfin une forme d’apaisement. Le plaisir de nager dans le lac Léman est le seul qu’elle s’accorde. Habitée par sa rage d’oublier et de vivre, elle se laisse pourtant approcher par un cercle d’êtres bienveillants que sa sauvagerie n’effraie pas, s’essayant même à une vie amoureuse.
Dans une langue âpre, syncopée, Sarah Jollien-Fardel dit avec force le prix à payer pour cette émancipation à marche forcée. Car le passé inlassablement s’invite.
Sa préférée est un roman puissant sur l’appartenance à une terre natale, où Jeanne n’aura de cesse de revenir, aimantée par son amour pour sa mère et la culpabilité de n’avoir su la protéger de son destin.
La création de la récompense remonte au mois de mars 2022, à l'occasion d'un nouveau protocole passé entre les ministères de la Justice et de la Culture. « Cette initiative vient rapprocher deux mondes considérés à tort comme éloignés, celui de la création littéraire et celui de l’univers carcéral », précisait Roselyne Bachelot-Narquin, alors résidente de la rue de Valois.
Dans un communiqué commun, les ministres saluent la lauréate :
Eric Dupond-Moretti, garde des Sceaux, ministre de la Justice et Rima Abdul Malak, ministre de la Culture, félicitent Sarah Jollien-Fardel,lauréate du 1er Prix Goncourt des détenus
Aujourd’hui marque l’aboutissement de la première édition du Prix Goncourt des détenus, organisé conjointement par Eric Dupond-Moretti, garde des Sceaux et ministre de la Justice et Rima Abdul Malak, ministre de la Culture, alors que la lecture a été déclarée « grande cause nationale » de l’année 2022 par le président de la République.
Près de 500 détenus, au sein de 31 établissements pénitentiaires, ont participé au 1er Prix Goncourt des détenus organisé par l’administration pénitentiaire et le Centre National du Livre (CNL), sous le haut patronage de l’Académie Goncourt. A l’issue d’ateliers, de rencontres avec les auteurs et d’une phase de délibérations interrégionales, la délibération nationale a eu lieu ce matin au CNL : un jury composé de 10 personnes détenues choisies par leurs pairs (bénéficiant d’une permission de sortir ou en visio-conférence) a élu son ouvrage favori parmi les 15 livres de la sélection 2022 du Prix Goncourt : le livre Sa préférée de l’auteur Sarah Jollien-Fardel, chez Sabine Wespieser éditeur.
La première édition du Prix Goncourt des détenus, a démarré début septembre 2022, avec l’annonce des 15 romans sélectionnés par l’Académie Goncourt. Ce projet a rencontré un véritable succès dans les établissements pénitentiaires, accompagné par la très forte mobilisation de l’administration pénitentiaire comme de l’ensemble de ses partenaires. Ainsi, dans chaque établissement, les personnes détenues participantes ont été accompagnées par des dizaines de coordonnateurs culturels, enseignants ou partenaires extérieurs (librairies, bibliothèques, associations, etc.) mobilisés en faveur de la réussite de ce projet.
Du 17 octobre au 10 novembre 2022, les personnes détenues ont pu rencontrer les auteurs sélectionnés par l’Académie Goncourt, dans les établissements pénitentiaires ou en visioconférence, et échanger avec eux sur les œuvres proposées. La qualité et la richesse de ces échanges ont été saluées par l’ensemble des partenaires. Être membre de ce prix littéraire a permis aux personnes placées sous-main de justice d’être valorisées dans leur capacité critique et leur engagement culturel, tout en ayant accès à des œuvres littéraires au cœur de l’actualité de la création artistique.
Entre le 21 novembre et le 1er décembre 2022, des délibérations interrégionales ont été organisées en visioconférence ou dans des lieux culturels. Deux ou trois personnes détenues, issues de chaque établissement, ont défendu leurs choix littéraires pour aboutir à la sélection de trois ouvrages par direction interrégionale de l’administration pénitentiaire.
Les délibérations nationales qui s’achèvent aujourd’hui viennent clôturer ce projet inédit, par son envergure comme sa qualité, au service l’accès à la culture en détention et de la réinsertion.
La culture pour favoriser la réinsertion
Le Prix Goncourt des détenus répond à l’engagement des ministères de la Justice et de la Culture de développer la pratique culturelle au sein des établissements pénitentiaires et de favoriser la lecture comme vecteur d’inclusion sociale et de réinsertion sociale et professionnelle. Lire, écrire, dialoguer avec les auteurs : le livre en prison peut contribuer à préparer le parcours de réinsertion des détenus, favoriser le dialogue et la confiance, comme l’ouverture des imaginaires.
L’organisation du Prix Goncourt des détenus s’inscrit dans le cadre du 4e protocole conclu entre le ministère de la Justice et le ministère de la Culture en 2022 : depuis 1986, date de la signature du premier protocole, les deux ministères œuvrent conjointement à renforcer l’accès de la population pénale aux différentes formes de pratiques culturelles.
Aux côtés de la formation, de l’éducation, des actions citoyennes ou encore de la pratique sportive, l’accès à la culture est plus que jamais au cœur du dispositif mis en œuvre par le ministère de la Justice pour lutter contre la récidive.
Retrouver la liste des prix littéraires français et francophones
Par Dépêche
Contact : depeche@actualitte.com
Paru le 25/08/2022
206 pages
Sabine Wespieser Editeur
20,00 €
1 Commentaire
rose
16/12/2022 à 05:02
Post formidable.
Sauriez-vous, Soleil Vert, quels étaient les choix en lice avant ce vote final ?
Très émue par ce prix Goncourt des détenus.