Le Booker Prize équivaut au prix Goncourt : décerné outre-Manche, il consacre logiquement une œuvre, moins qu’une personne. Cette année, deux lauréates se le sont partagé, Margaret Atwood et Bernardine Evaristo. Déjà problématique. Mais une autre tempête pointe le bout de son œil…
Le 17/10/2019 à 14:50 par Nicolas Gary
Publié le :
17/10/2019 à 14:50
crédit Booker Prize
Dans une récente déclaration, au lendemain de l’attribution du prix, Afua Hirsch, membre du jury du Booker Prize, expliquait toute la difficulté du choix d'Atwood et Evaristo opéré pour l’édition 2019. En effet, les jurés devaient « juger la carrière titanesque, la contribution à la culture de Margaret Atwood ». Or, dans la logique du Booker, c’est bien une œuvre récente qui est saluée, non un corpus, et moins encore l’œuvre d’une vie.
Ainsi, récompenser Les Testaments, en tant que roman majeur de cette rentrée, pourquoi pas. Mais saluer le travail d’une vie d’écriture, ça ne marche pas.
La petite phrase, malencontreusement glissée, a provoqué la colère de Sam Jordison, éditeur de la maison Galley Beggar Press. Ce dernier comptait dans la liste une autrice, Lucy Ellman, avec un roman de mille pages, Ducks, Newburyport. « Nous avons été conduits à croire que c’était un prix pour un livre, pas un prix de carrière. C’est dévastateur. Pourquoi jouer ? », indique-t-il sur les réseaux. « En quoi est-ce juste ? »
Been trying to keep quiet, but this is not okay.
— Sam Jordison (@samjordison) October 16, 2019
We were led to believe it was a book prize, not a career prize. This is devastating to read. Why enter? (Also, did they read Lucy’s earlier novels? Or the rest of the shortlist? In what way is this fair?) https://t.co/Jq2W1LHovJ
Évidemment, la colère de l’instant incite à croire que son autrice, ou d’autres auraient pu être consacrés à la place d’Atwood, évidemment. « Lucy a traversé tant de choses, a travaillé très dur et participé à de nombreux événements. Nous avons dépensé des milliers de livres sterling que nous n’avons pas. Et nous n’avons pas eu le moindre espoir. Pourquoi leur avoir même envoyé des exemplaires du livre à lire ? »
Or, si des règles ont été bafouées cette fois-ci, comment ne pas remonter le temps, et envisager qu’elles aient pu l’être par le passé. Tout « semble indiquer que le terrain n’était pas le même pour tout le monde », déplore encore l’éditeur.
Atwood, elle, avait modestement accepté le prix, assurant qu’elle préférait le partager, parce qu’il aurait été « assez gênant » d’être l’unique lauréate.
Dossier : Margaret Atwood, l’auteure géniale
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