Quand on sort du schéma dominant de l’hétérosexualité, il est parfois difficile de se retrouver dans les publications qui émanent précisément de ce modèle. La galaxie LGBTQ publie de nombreux ouvrages qui aujourd’hui permettent à tout un chacun d’entrer dans la fiction et dans le processus d’identification sans se sentir mis à l’écart. Finalement, quelque part, tout le monde se sent en réalité différent des autres…ce qui explique le succès de L’Etranger à travers le monde en l’occurrence…
Le 25/10/2022 à 09:58 par Victor De Sepausy
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25/10/2022 à 09:58
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Derrière le sigle LGBTQ, ou encore dans sa version élargie LGBTQIA+, se retrouve la communauté des personnes lesbiennes, gays, bisexuelles, trans, queers, intersexes et asexuelles. Mais le + final montre bien l’ouverture, et que la liste n’est pas close. Les artistes, et d’autant plus quand ils sont reconnus, ont plus de facilité que le commun des mortels à revendiquer leur différence. Cependant, il faut attendre une époque récente pour pouvoir commencer à faire tomber de telles barrières, et les victimes d’une morale rétrogrades ont été nombreuses, ainsi d’Oscar Wilde qui termina sa vie isolé et ruiné à Paris après avoir connu la prison en Angleterre.
L’ambiguïté est de mise en France au début du siècle dernier, et Proust ne revendique pas son homosexualité. De son côté, André Gide ne la cache pas…tout en étant marié ! Du côté des femmes, Colette, Marguerite Yourcenar ou encore Virginia Woolf vont contribuer, chacune à leur manière, à la lente évolution des mentalités. Désormais, il existe des sites de rencontres qui sont tout particulièrement dédiés aux communautés LGBTQ, ainsi de Taimi. C’est la marque que, même si dans de nombreux pays les écarts par rapport à une norme sexuelle sont encore condamnés, dans le monde occidental, une forme de normalisation est à l’œuvre.
Retour à Reims (2009), Didier Eribon
L’ouvrage Retour à Reims est incontournable en France autour de la question gay. Le sociologue et philosophe Didier Eribon revient dans sa ville d’origine pour s’interroger sur son parcours, en faisant le récit de son histoire et de son devenir en tant que transfuge de classe. Cet ouvrage à haute portée sociologique a été un véritable tournant. Dans l’édition de poche disponible dans la collection Champs Flammarion, cet essai est suivi d’un entretien avec Edouard Louis qui a publié, de son côté un fracassant En finir avec Eddy Bellegueule en 2014.
Les deux livres ont connu un très grand succès, ce qui montre à quel point la société a pu évoluer sur la question de l’homosexualité tout en faisant ressortir, par la même occasion, une forme d’obscurantisme qui continue de perdurer dans une partie considérable de la population, avec des préjugés concernant les genres qui relèvent d’un autre siècle.
La Chambre de Giovanni (1956), James Baldwin
Né en 1924 dans le quartier de Harlem à New York, James Arthur Baldwin questionne très régulièrement dans ses œuvres l’intégration des noirs mais aussi des personnes gays ou bisexuelles. Dans La Chambre de Giovanni, il fait le récit, dans le cadre de l’Après-guerre, de la vie d’un certain David qui, à Paris pense d’abord rejoindre sa fiancée en Espagne. Mais c’est sans compter sur le fait qu’il tombe amoureux d’un homme, Giovanni, un Italien quelque peu désargenté.
L’écrivain s’inspire de ce qui l’entoure et de son propre parcours, lui qui a choisi de s’expatrier en France où il a vécu la majeure partie de sa vie, notamment à Saint-Paul-de-Vence, se liant d’amitié avec Yves Montand et Marguerite Yourcenar. Chef-d’œuvre de Baldwin, La Chambre de Giovanni vient décrire avec profondeur mais aussi une grand pudeur les questionnements du personnage principal quant à son orientation sexuelle, partagé entre Giovanni et Hella.
Orlando (1928), Virginia Woolf
Remontons une nouvelle fois dans le temps, avec Orlando. Ce roman qui se présente comme une biographie à la fois imaginaire et parodique nous fait suivre le destin quelque peu étonnant du personnage d’Orlando qui traverse quatre siècles au sein de la société anglaise. Figure androgyne qui parfois se réveille femme au cours de ses métamorphoses multiples, Orlando vient interroger les rapports entre les hommes et les femmes en arrivant jusqu’à la date de publication, 1928. Devenu à ce moment-là une poétesse connaissant le succès, Orlando continue de remettre en cause la société patriarcale et ses injonctions insupportables.
Adaptée à l’écran, mais aussi au théâtre et à l’opéra ainsi qu’en bande dessinée, cette œuvre reste une source d’inspiration incontournable dans la création artistique, ce qui est la preuve du retentissement très important de ce roman. En forme de clin d’œil, Orlando est dédié à la poétesse Vita Sackville-West, personne avec laquelle Virginia Woolf a eu une importante histoire d’amour. On peut d’ailleurs construire de nombreux parallèles entre le personnage d’Orlando et Vita Sackville-West.
Des prix existent aujourd’hui autour des publications LGBTQ afin de mieux faire connaître ces œuvres. On peut notamment citer le Prix du roman gay (à l'initiative de l'Association Verte Fontaine et des Éditions Du Frigo), qui récompense, en plus du roman, des ouvrages parus dans de nombreuses autres catégories (récit autobiographique, œuvre théâtrale, roman historique, premier roman…).
Crédits illustraion Pexels CC 0
Par Victor De Sepausy
Contact : vds@actualitte.com
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