Les éditions Sindbad, fondées par Pierre Bernard en 1972, profite d'un anniversaire pour renouveler leur ambition : rendre accessible aux francophones la littérature arabe contemporaine, comme ses grands classiques et ceux de la Perse. En 1995, la maison est rachetée par Actes Sud qui enrichit le catalogue de quelque 400 titres, dont près de 300 traductions couvrant une majeure partie des territoires du monde islamique. À l’occasion de ce demi-siècle d’existence, Sindbad se pare d’une nouvelle collection jeunesse et bilingue.
Le 22/10/2022 à 09:21 par Hocine Bouhadjera
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22/10/2022 à 09:21
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Sindbad, devenue département des éditions Actes Sud, est aujourd’hui dirigée par le franco-syrien, Farouk Mardam-Bey. D'abord bibliothécaire, il est directeur de la collection Mondes arabe chez Actes Sud à l’époque du rachat de la maison de Pierre Bernard, qui décède la même année. Sindbad ne publiait plus rien depuis 3 ans et se trouvait en situation de faillite.
“Une littérature qui mérite d’être connue”
C'est à ce dernier que Farouk Mardam-Bey rend tout d'abord hommage – instigateur de nombreuses traductions des textes arabes en France, dans un catalogue de près 160 titres. Parmi ses œuvres, on peut citer celles de l'Égyptien Naguib Mahfouz, « bien avant son obtention du prix Nobel de littérature en 1988 », les poèmes de l'Irakien Sayyâb et du Syrien Adonis, ou encore les romans du Soudanais Tayeb Salih ou de l'Égyptien Sonallah Ibrahim.
Aujourd'hui, Farouk Mardam-Bey suit avec assiduité les parutions du monde arabe, se rend à des salons dédiés, puis propose des ouvrages potentiels à la maison d’édition. Il nous présente l’esprit de la collection : « Notre politique, c’est exposer la littérature arabe dans sa diversité géographique – du Maroc à l’Irak –, thématique ou encore stylistique. »
Pour lui, « les littératures arabes classique et contemporaine méritent d’être connues en France », de par ce lien historique et culturel, que l'on parle des pays du Moyen-Orient, comme le Liban ou la Syrie, ou bien sûr du côté du Maghreb. Si les auteurs arabes francophones, comme Kateb Yacine, Mouloud Feraoun, Mohammed Dib ou Rachid Boudjedra, ont trouvé par eux-mêmes une belle place dans la littérature hexagonale, les éditions Sindbad ont été de véritables pionniers dans la mise en valeur de la littérature arabophone au pays de Molière.
En outre, alors que l’Islam et la culture musulmane sont souvent décriés en France, et plus généralement en Occident, « défendre cette littérature, c’est donner à découvrir la sensibilité profonde des Arabes », explique le directeur de la collection. Et d’ajouter : « Les thématiques sont les mêmes que partout ailleurs, l’exil, la mort, l’amour... Par l’entremise de la littérature, on peut saisir les désirs, la volonté des peuples, plus qu’en lisant un texte de sciences sociales par exemple. Les lecteurs réalisent à quel point le monde arabe est capable de transgresser les tabous, qu’ils soient sexuels, religieux... »
Dans le même sens, l'écrivain, traducteur et grand connaisseur de l'orient compliqué, Mathias Enard, affirmait en 2019 : « À l’époque des réseaux sociaux, des chaînes d’information en continue et des infoxs, seuls des projets éditoriaux comme Sindbad nous permettent encore d’approfondir notre connaissance des territoires de l’est et du sud, ainsi que de savourer, au fil des jours, le plaisir de ces littératures qu’on a trop vite fait de qualifier “d’étrangères”. »
Une riche littérature jeunesse
On entrevoit alors le “pourquoi” d'une nouvelle collection bilingue et jeunesse : « Je pensais à cela depuis pas mal de temps, car il existe une très intéressante production arabe pour la jeunesse à traduire. Face aux demandes récurrentes de parents, d’institutions ou de simples lecteurs, j’ai choisi de le faire. »
Cette collection accompagnera l’apprentissage de la langue arabe en France et inversement. Elle se compose de petits volumes illustrés, d’albums, de recueils de nouvelles, ou encore de contes.
En automne, Sindbad proposera par ailleurs différentes rééditions du fonds, « épuisés depuis longtemps et fleurons de la littérature arabe » : Bondarchah (trad. Anne Wade Minkowski) de Tayeb Salih, La Sirène (trad. Luc Barbulesco et Philippe Cardinal) du grand nouvelliste Youssef Idris, Étoile d’août (trad.Jean-François Fourcade), de Sonallah Ibrahim, et le recueil de poèmes, Le Sourire du dormeur (trad. Antoine Jockey), de Nouri Al-Jarrah.
A quoi s'ajoute un essai de la professeure de littérature comparée à l’université Paris Cité, Catherine Coquio, À quoi bon encore le monde ? La Syrie et nous.
En janvier, sortira un roman de l’Égyptienne, Mansoura Ez-Eldin, Les jardins de Basra, dans une traduction de Philippe Vigreux, « un des meilleurs traducteurs français de l’arabe ». Un texte entre deux villes, deux époques : Le Caire contemporain et la Basra irakienne du VIIIe siècle.
En outre, à partir du 22 octobre, et jusqu'au 20 novembre, l'Institut du monde arabe accueille, dans sa bibliothèque, une petite exposition qui retrace l'histoire de Sindbad à partir d'une sélection des grands titres de la maison. De quoi mettre en lumière la présence de la maison dans le paysage éditorial français et arabe.
Crédits visuel : Sindbad / Thesupermat (CC BY-SA 3.0)
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