Le chanteur et vedette des réseaux sociaux Hero Alom a reçu la visite surprise de la police de Dacca, capitale du Bangladesh. La raison : son interprétation de classiques du patrimoine national signés par le grand poète Kazi Nazrul Islam et le Prix Nobel de littérature 1913, Rabindranath Tagore. Sorti de son interrogatoire, il a alors publié une vidéo, grimé en détenu et empreint de tristesse...
Le 04/08/2022 à 12:09 par Hocine Bouhadjera
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Publié le :
04/08/2022 à 12:09
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« De nombreuses plaintes ont été envoyées contre lui », a déclaré Harun ur Rashid, inspecteur en chef de la police de Dacca, afin de justifier cette décision pour le moins ubuesque. Et d’ajouter : « Il a totalement perverti le style traditionnel. »
Les policiers ont exigé qu’il cesse de chanter ces chansons du répertoire, mais également qu'il s’excuse par écrit. En outre, ils souhaitent qu’il n’apparaisse plus en uniforme de police dans ses vidéos, et même qu’il change de nom, confie l’artiste. Des allégations que nie Harun ur Rashid.
L’interprète et vidéaste de 37 ans est une star des réseaux sociaux. Il compte près d’1,5 million d’abonnés sur sa chaîne YouTube et près de 2 millions sur Facebook.
« Torturé mentalement »
À la sortie de l’interrogatoire, Hero Alom décrit auprès de l’AFP : « La police est venue me cueillir à six heures du matin et m’a gardé huit heures. Ils m’ont demandé pourquoi je chantais des chansons de Rabindra et de Nazrul ». Durant l’interrogatoire, il confie avoir été « torturé mentalement ». Et de conclure : « Il semble que l’on ne puisse plus chanter librement au Bangladesh. »
Un traitement qui a indigné nombre de ses fans sur les réseaux sociaux, mais également des figures du pays engagées dans la défense des droits humains, comme la journaliste Aditya Arafat. Depuis cette mésaventure, Hero Alom a publié une nouvelle vidéo, dans laquelle il se met en scène en forçat derrière des barreaux.
Rabindranath Tagore est un auteur, compositeur, peintre et philosophe qui modernisa la forme traditionnelle du Bengale pour en faire le Bengali. Deux chants composés par lui, Amar Shonar Bangla et Jana Gana Mana, sont les hymnes nationaux respectifs du Bangladesh et de l’Inde.
L’œuvre poétique de Tagore, notamment inspirée des ésotériques Upanishads et de la tradition vishnouite, a également été mise en musique par d’autres compositeurs, comme Alexander von Zemlinsky ou Leoš Janáček. Plusieurs de ces oeuvres ont été adaptées au cinéma par le réalisateur Satyajit Ray, comme la nouvelle Nastanirh (Le Nid brisé), devenue Charulata.
Kazi Nazrul Islam est de son côté considéré comme une des grandes figures de la poésie musulmane bengali. Il est notamment célèbre pour son poème Le Rebelle, caractérisé par un réalisme qui tranche avec la tradition dans laquelle il s’inscrit.
Crédits photo : Hero Alom Official (YouTube)
Paru le 13/05/2021
103 pages
Editions Gallimard
2,00 €
Paru le 07/04/2021
192 pages
Albin Michel
7,90 €
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